Chapitre 23 : requête inattendue

- Putain, j'ai vraiment foiré !

Plein de rage, le jeune homme serra les poings. Sentant qu'à tout moment sa colère allait exploser, et que cela n'était pas une bonne nouvelle, il entreprit de respirer calmement. Une fois qu'il jugea s'être assez apaisé pour ne pas  envoyer balader une table ou une chaise, il se rassit et se prit la tête entre ses mains.

-J'enchaîne vraiment les bourdes...

-Je te le fais pas dire, confirma un autre garçon à côté en pianotant sur son portable. Vu le regard qu'elle t'a lancé, tu n'es pas près de la revoir.

- Merci Sting, j'avais pas remarqué, ironisa son interlocuteur. Pourquoi elle est venue jusque ici ? Elle n'a pas vu le texto que je lui ai envoyé ?

-Visiblement non, se moqua le blond. Raah, encore perdu !

-J'aime vraiment la façon dont tu compatis à mes problèmes.

-Écoute mon pote, tu t'es mis là dedans tout seul. Je suis déjà gentil de t'écouter te lamenter.

- Mais qu'est-ce que je peux faire maintenant ? gémit Natsu.

-Bah je sais pas, moi. Flûte, saloperie de glaçage !

-Merci de ton aide, ça me touche.

Il attendit quelques instants, puis les paroles du batteur semblèrent avoir fait leur chemin jusqu'à son cerveau.

-Attend, me dis pas que tu joues à ...?

Natsu se leva d'un bond pour aller voir ce que faisait le blond. Ce dernier tenta désespérément de cacher l'écran de son téléphone mais peine perdue : le rose avait déjà vu ce qu'il souhaitait cacher.

-Aha, sérieux, tu joues à Candy Crush ? Super viril ! s'exclama Natsu en éclatant de rire.

Le blond lui lança un regard noir et maugréa :

-Tu trouves ça viril de faire du mal à une femme sous prétexte que tu vas en prendre un coup derrière ? Arrête de faire le gamin cinq minutes et affronte tes responsabilités.

Il regretta aussitôt sa riposte. Ces paroles, qui semblaient anodines, eurent un effet considérable sur le chanteur. Il empoigna Sting par le collet et le releva jusqu'à ce que leur yeux s'affrontent. Le leader du groupe semblait prêt à l'étrangler. Une lueur flamboyante illuminait de rage ses pupilles onyx.

-Ne. Répète. Plus. Jamais. Ça, souffla-il en détachant chaque syllabe. Tu sais très bien ce qui est arrivé. Tu sais très bien que j'ai mon entière responsabilité là dedans !

Le blond semblait presque effrayé.

-Je... Sais... articula-il en tentant de faire lâcher Natsu. Excuse moi. Je voulais juste...

Le chanteur finit par le relâcher et se rassit à une chaise, les sourcils froncés. On sentait encore la tension de ses membres. Les jointures de ses doigts étaient blanches à force de serrer les poings. Ses muscles étaient crispés. Ses yeux flamboyaient de la rage qui l'habitait à peine quelque secondes avant. Il ne dit rien et Sting se rassit. Puis après une trentaine de secondes d'un silence à couper au couteau, Natsu reprit, sa voix vibrant d'émotions mélangées, colère, tristesse, inquiétude, regrets :

- Je sais bien que c'est de ma faute. Je fais ça pour la protéger. Je ne veux pas... Je ne veux pas qu'elle finisse comme L.

Sting connaissait cet initiale. Il était synonyme d'un passé que les membres du groupe auraient préféré oublier. Les souvenirs affluèrent brusquement dans sa mémoire.

-Lucy n'est pas L, objecta-il.

-Je sais, mais je préfère tout arrêter avant que ça commence.

-T'es donc idiot à ce point ? Tu n'as donc rien vu ? Ça a déjà commencé, Natsu. Elle est déjà amoureuse de toi.

-Ça peut disparaître... Les sentiments, ça s'évanouit avec le temps...

Il était peu convaincu.
"Si tu savais à quelle point je suis amoureuse de toi..."
Il ferma les yeux à la pensée de cette phrase. Il revoyait les yeux brûlants d'amour de Lucy. Le désir qu'il avait ressenti en l'embrassant sur ce toit. Son corps, la seule source de chaleur dans cette nuit froide. Mais visiblement, la nuit avait raison de tout...

-Je veux juste la protéger. Je ne veux pas la voir souffrir à cause de moi.

-Elle souffre déjà à cause de toi ! Elle a besoin de toi. Elle t'aime. Cesse d'être égoïste ! Cesse de croire qu'il n'y a que toi qui peut décider de ce qui est bien ou non pour les autres ! Cesse de te punir en refusant de la voir. Il n'y a pas que toi ici !

- Ce n'est pas moi que je punis !

- Bien sûr que si. Tu refuses de la voir souffrir, parce que c'est toi que ça blesse. C'est uniquement dans ton intérêt que tu la protège ! Tu ne supporterais pas de la voir blessée, ou pire, par ta faute. T'es tu déjà demandé, ce qu'elle souhaitait ?

-Je ne pensais pas que vouloir sauver les autres, c'était être égoïste, répondit froidement Natsu. Et ça m'étonnerait qu'elle souhaite être blessée.

Sting haussa ses sourcils. Il attendit quelques secondes, la tête négligemment appuyé sur son bras, puis finit par pousser un soupir et demanda :

-Qui souffres le plus à ton avis ? Celui qui meurt, ou celui qui a vu un proche mourir ?

Natsu ouvrit la bouche, puis la referma.

-Ça n'a rien à voir...et depuis quand t'es philosophe, toi ?

-Si, ça a à voir, le coupa Sting. Le jour où tu comprendras que c'est exactement la même chose, alors tu te rendras compte que ce que tu fais à Lucy, c'est égoïste.

➰➰➰

Un semaine s'était écoulée depuis l'incident de l'hôtel Plaza. On étais le jeudi 20 septembre et Lucy s'apprêtait à récupérer son téléphone portable auprès de Mr Grandoma. Le cours sur les vecteurs s'achevait. Par chance, le cours d'histoire censé se dérouler à la suite des maths avait été annulé, pour cause d'absence du professeur en voyage scolaire.
Le ventre noué à l'idée de lire les messages de Natsu, elle jetait des coups d'oeil angoissés à l'horloge murale. Les aiguilles semblaient avancer au ralenti. À côté d'elle, Yukino semblait également sur les nerfs, mais elle n'avait pas voulu avouer pourquoi aux filles. Elle tripotait nerveusement sa barrette en forme de rose bleue marine en tapotant du pied.

-Vous ferez donc les exercices 26, 27, 28 et 29 page 168 pour lundi prochain, étant donné que vous n'avez pas cours demain, claqua la voix sèche du vieux professeur.

À peine avait-il terminé sa phrase que la sonnerie retentit dans l'établissement, suivie de bruyants raclements de chaises, de conversations animés, de zippement de trousses et de sacs. Les élèves se dépêchaient de ranger leurs affaires pour profiter d'un week-end rallongé bien mérité. Trente secondes plus tard, la moitié de la salle était déjà vide.

-Pfouuuu, soupira Yukino en s'étirant.

Lucy s'était levée, comme électrifiée, dès que le cours s'était achevé. Elle s'approchait du bureau du professeur, tremblante d'émotion.

-Monsieur ? Excusez moi...

L'homme releva la tête de son sac devant lequel il était agenouillé et plissa les yeux. Il avait la peau ridée, qui se creusait au niveau des joues. Ses rares cheveux blancs couvraient bien peu son crâne taché. Il devait être âgé d'une soixantaine d'année. Péniblement, il se releva et épousseta sa veste.

-Oui, mademoiselle Heartfilia ?

La jeune fille tressaillit en entendant le mot. C'était le seul prof qui appelait les élèves par leur noms de famille. À chaque fois qu'il prononçait le sien, elle revoyait l'ancien manoir où elle habitait, et les domestiques de son père : "Bien sûr, mademoiselle Heartfilia. Comme vous le souhaiterez, mademoiselle Heartfilia. Par ici, mademoiselle Heartfilia. "
Elle chassa ses pensées et se concentra sur le professeur.

-Je souhaiterais récupérer mon portable que vous m'avez confisqué la semaine passée...

Mr Grandoma fronça les sourcils, puisune lueur éclaira ses yeux.

-Aaah, oui !

Il se renfrogna.

-Malheureusement, je crains de l'avoir oublié chez moi...

Un horrible noeud tordit le ventre de Lucy alors que toute son impatience s'échappait comme de l'air d'un ballon percé d'un trou. Elle expira et hocha la tête pour signifier qu'elle comprenait. Puis elle repartit ranger ses affaires. Reby se pencha aussitôt sur elle.

-Alors ?

-Il l'a oublié, gémit-elle. Je dois attendre jusqu'à lundi !

-Ouille, grimaça son amie.

-Je te le fais pas dire, ragea la blonde. Quel boulet !

-Allez viens Lu', on y va.

La jeune fille suivit son amie dehors. Yukino les attendait. Aussitôt, Lucy se souvint que cette dernière semblait nerveuse en cours.

-Yukino, ça va pas ? T'as l'air bizarre.

La blanche se mordit la lèvre.

-C'est à dire que...

-Tu peux tout nous dire, sourit Lucy alors qu'elles descendaient les marches menant à la sortie.

-C'est à propos du RCB...

-Ah ! C'est ce week-end non ? s'enthousiasma Reby.

-Oui...

-Et ? s'inquiéta Lucy.

-En apprenant que les Dragon Slayers seraient présent, un des membres du groupe de ma soeur les a quitté.

-Quoi ? s'écria Reby, alors qu'à côté la blonde se figeait.

-Ils sont privés de leur chanteuse... Ils ne peuvent donc plus concourir... acheva Yukino.

-Mais c'est vraiment dégoûtant de sa part ! Abandonner comme ça...

-Il est trop tard pour faire marche arrière ! gémit leur amie. C'est pour ça que je voulais... Oh, je n'ose pas...

-Mais vas-y ! insistèrent les deux autres alors qu'elles quittaient l'enceinte du lycée.

Yukino s'arrêta brusquement de marcher et regarda Lucy dans les yeux.

-Je sais que tu prenais des cours de chants avant. Tu as une magnifique voix. Lucy, est-ce que ça te dérangerais de participer au RCB en tant que remplaçante dans le groupe de Sorano ?

La blonde resta interdite. Son cerveau tournait à mille à l'heure.

-Participer.. Mais je ne sais pas chanter !

-Bien sûr que si Lu', tu chantes tellement bien ! s'écria Reby.

Yukino approuva.

-Contre les Dragon Slayers ... murmura la blonde.

Elle reverrait Natsu, et ça l'effrayait. Mais ne serait-ce pas l'occasion de se venger ? Elle pourrait lui faire payer son comportement. Mais ce n'était pas le seule problème. Chanter ne la dérangeait pas forcément, mais dans un concours national...

- Je ne sais pas, Yukino, avoua Lucy. C'est un peu précipité...

Déçue, la blanche se renfrogna.

-Bien sûr. Désolée.

Lucy réfléchissait rapidement. Elle pesa le pour et le contre.
Se venger de Natsu.
Chanter devant des centaines de personnes.
Elle savait qu'elle avait une belle voix, on lui avait répété, mais elle n'avait pas assez de confiance en elle. Elle secoua ses cheveux blonds, énervée de ne pas savoir que faire.

-Il y a une récompense de 10000 joyaux... soupira la blanche.

A ces mots, les yeux de Lucy s'agrandirent.

- C'est bon, je vais y aller ! finit-elle par s'exclamer.

Reby et Yukino se retournèrent, souriantes.

-Je vais y aller, et je vous jure qu'on veut a éclater ces petits prétentieux de Dragon Slayers ! Je vous en fais la promesse !

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