Chapitre un

Les écouteurs dans les oreilles, un air de blues dans l’air, Eijiro s’était séparé de Katsuki et Izuku pour partir à la recherche du département de journalisme et ainsi le panneau indiquant la direction des premiers cours. 

Une fois devant le tableau d’affichage, - un aîné le lui avait indiqué - il réfléchissait ou plutôt décryptait le noms des professeurs, des étudiants du conseils des élèves - pratiquement tous en dernière année - ou encore l'itinéraire à suivre pour se rendre à son premier cours de l’année et de son nouveau et dernier cursus scolaire. Et tandis qu’il lisait avec attention chaque nom, Eijiro sentit un regard insistant sur lui. Il s’imaginait peut être des choses mais il n’avait rien à perdre à tenter de regarder discrètement derrière lui. En revanche, il ne s’était pas attendu à le voir si proche de lui, les yeux étrangement brillants et quelques rougeurs sur le bout de son nez et ses pommettes. Le garçon du train se tenait à seulement quelques pas de lui, un drôle d’air sur le visage, comme s’il était choqué et heureux de le revoir. C’était un peu étrange. Eijiro le salua d’un geste de la main, ne voulant pas créer un malaise entre lui et celui qui le fixait. Ce dernier rougit de plus belle avant de partir. C’était vraiment étrange. 

Finalement, et sans s’en rendre compte, bien trop pris par la musique qui se jouait toujours dans ses écouteurs, Eijiro prit la même direction que celui qui avait semblé le fuir. Il avait pris le temps de mémoriser le plan de son département, s’y rendant sans difficultés. Sur le chemin, il croisa Katsuki et Izuku en pleine discussion, n’échangeant qu’un vague signe de tête lorsqu’il passa à côté d’eux, il se dit qu’ils se verraient le soir même de toute façon. Ses deux amis entraient dans le département de criminologie et de recherche tandis qu’il s’approchait de son propre département. Le bâtiment était immense vue de l’extérieur mais il l’était davantage à l’intérieur. Le hall était rempli d’étudiants, de multiples tables étaient disposées par-ci, par-là. Il y avait même une cafétéria ouverte sur le hall d’entrée. Eijiro crut s’être trompé de département jusqu’à ce qu’il ne remarque un écriteau géant au-dessus de l’escalier principal : communication et recherche, l’avenir du journalisme. Son rêve devenait de plus en plus concret à mesure qu’il prenait place dans sa nouvelle vie d’étudiant. 

Eijiro se dirigea vers l’escalier principal à la recherche du cours du professeur Aizawa Shota qui se trouvait apparemment dans l’aile ouest du bâtiment. Plus les marches défilaient sous ses baskets de sport, plus un stress naissait au creux de son estomac. C’était réel, il ne rêvait pas cette fois-ci. 

Il finit par arriver à son étage, arpentant le couloir dans lequel il était entré. Son esprit dans le vague, coupé du monde par sa musique, il n’entendit pas les pas rapides s’approcher de lui jusqu’à ce qu’il ne se fasse heurter brutalement, manquant d’échapper son téléphone de ses mains. Il se tourna vers son agresseur présumé en se frottant douloureusement la nuque. Il tomba à nouveau sur lui. Les fesses sur le sol et le visage crispé par la douleur de la chute, l’inconnu du train se mit à rougir à nouveau quand il vit Eijiro penché au-dessus de lui, une main tendue dans sa direction.

 – Ça va ? Fit Eijiro en offrant à l’autre un sourire sincère bien qu’il vienne tout juste de lui rentrer dedans

– Oui… je suis désolé… 

– Ce n’est rien. Tu es pressé ? 

– Je me suis trompé d’aile et de classe… expliqua-t-il encore un peu essoufflé. J’ai entendu dire que le professeur Aizawa est… un véritable cauchemar avec les retards. 

– Tu es aussi dans ce cours ? Moi aussi. Entendons-nous bien alors. Je m’appelle Kirishima Eijiro. 

– Tu ne me reconnais pas… ? 

– Si bien-sûr tu es le gars du train. 

– Oui je… je m’appelle Kaminari Denki. 

Eijiro lui sourit amicalement tout en l’aidant à se relever. Il y avait quelque chose d’étrange dans la façon d’agir de ce Denki. Il paraissait bien trop tendu et rougissant en sa présence. Avait-il fait quelque chose de mal ? Peut-être était-ce dû à leur proximité dans le train, il devait se sentir mal à l'aise en présence de celui contre qui il avait été obligé de se coller. Eijiro n’y prêtait pas attention, cela ne le gênait pas d’être proche d’un autre homme comme ils l’avaient été - en tant que panromantique il ne serait jamais dégoûté par qui que ce soit - mais il pouvait aisément comprendre et accepter que tout le monde n’était pas encore prêt à cela. Il y a encore quelques années, il avait connu un garçon qui était mal à l’aise avec les autres sexualités, mais avec le temps, ils avaient découvert qu’il avait simplement été effrayé par ce qu'on lui avait sans cesse interdit. Aujourd’hui, Katsuki s'assume pleinement en tant que homosexuel complètement fou amoureux de son ami d’enfance qu’il avait persécuté à une époque car il ne comprenait pas l’attirance irrépressible qu’il avait toujours eu pour lui - il s’était persuadé que Izuku lui avait fait quelque chose. Eijiro quant à lui avait toujours su que peu importe le sexe ou le genre de la personne, il l’aimerait comme elle serait. Malheureusement ses quelques expériences amoureuses l’avaient éloignés de l’amour. Ceux et celles avec qui il était sorti n’avait jamais compris que l’on pouvait être en couple sans ressentir le besoin d’avoir des rapports sexuels. Cela ne l’intéressait pas et il n’en ressentait pas le besoin alors ses relations s’étaient soldées par une rupture difficile pour lui. Néanmoins, il était toujours ouvert d’esprit pour tout même si son coeur lui était fermé, alors il ne jugeait pas Denki pour être dérangé en sa présence. 

Eijiro et Denki n’avaient pas bougé depuis plusieurs minutes. Eijiro était perdu dans ses pensées, fixant Denki sans s’en rendre compte et ce dernier tentait de fuir son regard. Puis le rouge eut comme un sursaut, il saisit soudainement Denki par le bras le faisant sursauter. Le plus petit observait l’expression sérieuse de son homologue sans comprendre pourquoi il l’avait saisi sans rien dire. 

– Qu’est-ce qui t’arrive ? Balbutia-t-il

– Est-ce que je te dégoûte ? Tu as l’air bizarre avec moi. Je ne voulais pas te forcer à être proche de moi dans le train, c’était un accident alors ne te sens pas gêner avec moi. 

– Quoi ? Mais… Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne me sens pas dégoûté par toi, au contraire, je… tu es totalement mon type… confit-il les joues cramoisi et le regard braqué sur le sol

– Oh. Je suis désolé d’avoir supposé que tu… enfin que je te répugnait… fit-il en relâchant le bras de Denki pour ensuite s'éloigner de quelques pas pour ne pas l'effrayer davantage

– Ce n’est rien. Tout le monde n’est pas à l’aise avec tout ça. Et pour être honnête avec toi… je pensais que toi aussi tu serais mal à l'aise… 

– Moi ? Non. Il n'y a pas à s'en faire la-dessus. 

– Alors toi aussi tu… tu aimes les hommes ? 

– Je suis aussi attiré par les hommes oui, répondit-il en souriant davantage, heureux de rencontrer quelqu'un comme Denki dès le début de son cursus

– Je… je vois… 

Ainsi, ils se regardèrent dans le blanc des yeux au milieu de ce couloir, oubliant la raison de leur venue ici. Ce fut le bruit d'une chaise qui tomba dans la classe derrière eux qui leur rappela ce qu'ils faisaient ici. Les deux hommes se dépêchèrent d'entrer par crainte d'être refusés à leur premier cours dès le début de l'année. 

Dès son entrée, Eijiro admira l'immensité de l'amphithéâtre. Il y avait au moins une quinzaine de rangées de vingt places chacune. C'était impressionnant. Le plafond montait en cône concentrant le son des conversations déjà bien entamées. Il fut soulagé de constater que leur professeur n'était pas encore arrivé s'il se fiait au bureau vide devant le vidéo projecteur. 

– On y est hein… fit doucement Denki tout aussi admiratif que Eijiro

– Le rêve va commencer… 

– Oui… 

Les deux hommes montèrent ensemble les escaliers de l'amphithéâtre afin de se trouver une place correcte avant l'arrivée de leur professeur. Naturellement, ils s'installèrent l'un à côté de l'autre. Eijiro remarqua un strap accroché au téléphone portable de Denki posé sur leur table commune, en forme d'éclair, il trouvait cela intéressant pour un homme de porter ce genre de bijoux pour téléphone. Il a toujours eu l'habitude de rencontrer des hommes bien trop fiers pour accepter même ce type de détail insignifiant, mais lui, il appréciait cela. Ça rendait l'objet plus personnel. Denki devenait vraiment quelqu'un d'intéressant à ses yeux. 

– Bon… commença une voix grave et lente quelque part dans l'amphithéâtre. Nous allons commencer sans plus tarder, je suis Aizawa Shota votre professeur de recherche pour l'année… conclut la mystérieuse voix. Eijiro ne parvenait pas à la situer bien qu'il soit en hauteur

– Où est-il ? Murmura l'étudiant à son camarade à sa gauche

– Je ne sais pas… 

– Je n'ai pas envie de m'éterniser ici plus longtemps alors je vais être direct, reprit le professeur fantôme. En vue de vos dossiers, j'ai monté des groupes de travail pour l'année. Vous aurez plusieurs projets de groupe à faire ensemble. Vous avez deux semaines complètes pour votre premier projet, l'homme soupira donnant l'impression à l'assemblée d'étudiants qu'on l'avait forcé à venir. Le premier groupe est constitué de Kaminari Denki, Kirishima Eijiro, Shinso Hitoshi et Todoroki Shoto, ensuite le second groupe est… 

– Nous sommes ensemble, fit Eijiro bien que sa remarque soit un peu stupide même pour lui

– Oui, prends soin de moi. 

– Toi aussi. 

– Le thème de votre premier projet est l'accomplissement d'un rêve et son origine, annonça le professeur Aizawa. Pour cela, il vous est demandé d'interroger différentes tranches d'âge afin de savoir quels sont les objectifs des personnes que vous interrogerez. Vous pouvez à présent partir. Le journalisme se passe sur le terrain et non cloîtré entre quatre murs, finit l'homme en sortant d'un sac de couchage placé contre son bureau. Au revoir. 

Un peu surpris, chaque étudiant quitta sa place et descendit les escaliers de l'amphithéâtre. Le cours - si on pouvait le nommer ainsi - n'avait même pas duré dix minutes. Eijiro était perplexe de constater qu'ils étaient lâchés dans la jungle sans conseil, mais voir qu'on leur faisait confiance pour être autonome d'entrée de jeu, le rassurait en quelque sorte. Il avait les moyens de réussir et il le prouvera avec ce premier projet. 

– Kirishima, on… 

– Appelle moi Eijiro, sourit le teinté ce qui fit rougir Denki qui marchait à sa droite dans les couloirs du département

– Oh je… d'accord… Eijiro, on va à la cafétéria ensemble ? Pour parler du projet. 

– Bien-sûr, allons-y. 

_

Assis à l'une des tables présentes dans le hall du département, Eijiro mordillait son stylo à la recherche d'idées brillantes pour leur projet. 

– On peut se joindre à vous ? Demanda un homme de grande taille avec les cheveux teints en violet. Je suis Shinso Hitoshi et lui Todoroki Shoto. 

– Évidemment, asseyez vous. On parlait du projet justement, fit Eijiro en leur indiquant les places de libres bien que cela soit inutile. Je suis Kirishima Eijiro, mais appelez moi Eijiro. 

– Enchanté. 

– Vous avez des idées ? Questionna Denki

– Pas vraiment pour le moment, répondit Hitoshi en se posant sur une des chaises autour de la petite table ronde. Et vous ? 

– Eh bien oui, se lança Denki un peu gêné. On pourrait interroger un enfant, un adolescent, un adulte et une personne âgée ? On leur demande leur rêve, on les compare puis on en fait un article ? Enfin je suppose… 

– C'est une excellente idée ! S'exclama Eijiro en venant saisir l'épaule droite de Denki. Pas vrai ? 

– Oui. Nous pourrions nous séparer le travail en duo, proposa Shoto tout en notant les idées qui étaient proposées. Étant donné que vous vous connaissez, vous pourriez vous mettre ensemble, pour interroger l'enfant et l'adulte par exemple ? 

– Je suis d'accord ! 

– Ensuite… il faudrait se rendre à la bibliothèque pour quelques recherches… 

– Je peux m'y rendre, proposa Eijiro. C'est sur le chemin pour la gare. 

– Parfait. Après je pense que nous devrions commencer par là avant de partager nos informations pour l'article, conclut l'homme aux cheveux bicolores. Échangeons nos numéros pour créer un groupe sur Line.

Les quatre étudiants communiquèrent à chacun son numéro de téléphone afin de se contacter en cas de besoin ou de problème concernant le projet en cours. 

Par la suite, Hitoshi partit le premier prétextant un rendez-vous, suivi par Shoto quelques minutes plus tard. Eijiro et Denki se retrouvèrent une nouvelle fois seul à seul. 

– Je… je vais y aller aussi. À plus tard Eijiro. 

– Envoie moi un message quand tu es rentré chez toi, lança Eijiro alors qu'il rangeait ses affaires. Il ne remarqua pas les rougeurs sur les pommettes de Denki

– Je… oui, c'est promis. 

Eijiro quitta à son tour le département retrouvant Izuku et Katsuki qui l'attendaient à l'entrée de son bâtiment. Comme à leur habitude, ses deux amis ne se quittaient pas d'une semelle, se fichant bien des regards posés sur eux. 

– Vous avez aussi été libéré plutôt ? Demanda Eijiro une fois devant ses amis

– Oui, on a aussi croisé ton beau blond, déclara Izuku en offrant un sourire taquin à Eijiro. Tu as obtenu son numéro de téléphone ?

– En quelque sorte. Nous sommes sur un groupe Line avec deux autres étudiants pour un projet de groupe. 

– Mmh intéressant tout ça. 

– Il ne se passera rien, arrête de t'imaginer des choses. 

– Tu ne diras plus ça dans quelques jours, lança Katsuki qui tenait Izuku par la taille pendant qu'ils avançaient jusqu'à la sortie de leur université

– Oui, oui c'est ça, répondit le teinté qui regardait l'écran brisé de son téléphone portable. Je vais vous laisser, je dois me rendre à la bibliothèque pour des recherches. 

– À ce soir alors. 

– Oui. 

L'étudiant en journalisme quitta ses colocataires à la sortie de la faculté pour se rendre à la bibliothèque qui se trouvait dans les environs. 

Son rêve était en marche. 

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