Chapitre deux

Eijiro était assis à l'une des nombreuses tables de la bibliothèque, plusieurs livres étalés devant lui. Comme prévu, il faisait plusieurs recherches pour leur projet de groupe, lisant attentivement chaque livre qu'il avait pris sur les différentes étagères des lieux, notant sur une feuille à côté, les informations qu'il jugeait les plus importantes. Eijiro se montrait très minutieux dans ses recherches, ne laissant rien passer. Il n'était pas le seul sur ce projet alors il devait se montrer concentré et studieux, d'autant plus que son avenir dépendait aussi de son ardeur au travail. 

L'étudiant passa plusieurs heures assis sur cette même chaise, son casque de musique sur les oreilles. Il ne faisait pas attention au temps qui défilait, couvrant page après page d'encre bleu pour constituer un dossier informatif pour la résolution de leur projet final. Ce fut lorsqu'une main se posa sur son épaule qui le fit sursauter, qu'il comprit l'heure qu'il était. Une femme se tenait à sa droite, habillée d'un tailleur couleur taupe et coiffée d'un chignon soigné, sûrement la responsable de ce lieu de savoir. 

– Excusez moi, la bibliothèque fermera bientôt ses portes, fit-elle sans montrer la moindre faille dans son expression sérieuse et figée

– Oh oui, bien-sûr. Je n'avais pas vu l'heure. Je range et j'y vais, répondit-il en prenant les quelques livres devant lui pour aller les ranger

L'étudiant arpenta une nouvelle fois les allées entre les étagères de la bibliothèque. Il se sentait comme dans un film où l'héroïne marche à travers les allées, plongée dans ses pensées jusqu'à ce qu'elle ne tombe sur un bel homme ténébreux. En revanche, lui tomba sur une femme âgée qui manqua de lui écraser les orteils avec sa canne, pas le même scénario pour tout le monde visiblement. 
Après avoir déposé ses livres, Eijiro partit vers sa place, un léger sourire sur les lèvres, récupérant ainsi le reste de ses affaires après les avoir rangées dans son sac. 

L'étudiant salua d'un signe de main la bibliothécaire, puis sortit du lieu de savoir, les pensées embrouillées par tous ces mots qu'il avait lu durant des heures. Il n'était pas un grand fan de lecture alors cette session intensive l'avait un peu fatigué, d'autant plus que la nuit pointait déjà le bout de son nez. Il avait vraiment trop traîné. Il remit son casque sur sa tête, appuyant sur le bouton démarrer de l'une de ses playlists, il était d'humeur à écouter de la pop sur le chemin du retour. 

Le trajet jusqu'à la gare était un peu angoissant, même pour lui. Eijiro n'était pas à l'aise avec les hommes qui le regardaient comme s'il n'était qu'une bouche avec un trou baisable. Il s'était même fait passé pour le petit-ami d'une femme sur le chemin, pour lui éviter d'être accoster par ces hommes. Le monde était beaucoup trop rempli de tordus pour qu'il se permette de ne pas venir en aide à ceux et celles qui en avaient besoin. La femme l'avait par la suite remercié avec un baiser sur la joue, saluant l'étudiant avant de partir pour sa station puis Eijiro la sienne. Durant le trajet, il avait pensé à Denki, de manière aléatoire car il avait laissé ses pensées choisir, mais il s'était rappelé comme un film, leur rencontre. À vrai dire, son camarade lui rappelait vaguement quelqu'un qu'il avait connu, bien qu'il ne se souvenait ni de son visage ni de la période, ses traits fins et cette expression enfantine et malicieuse lui disaient quelque chose. Il abandonna rapidement cette idée une fois arrivé à destination, cette journée était un peu étrange de toute façon. 

Eijiro arriva rapidement à l'appartement qu'il partageait avec ses deux amis, entrant prestement car il commençait à faire un peu froid à l'extérieur. Il fut accueilli par Izuku qui était habillé légèrement : un sous vêtement et l'un des tee-shirts de Katsuki. Ils avaient dû en profiter pour le faire durant son absence et pas qu'une fois s'il se fiait aux marques de dents et de bouches sur le cou de son ami. Celui-ci vint prendre Eijiro dans ses bras, frottant sa joue contre son épaule. Le rouge lui caressa amicalement le dos, Izuku était sûrement épuisé, Katsuki était insatiable. 

– Tout va bien ? Où est Katsuki ? Demanda Eijiro en remarquant qu'aucune tête blonde n'était venu lui arraché Izuku des bras

– Katchan est parti nous acheté des pizzas pour ce soir, il n'avait pas très envie de cuisiner, répondit Izuku en se blottissant davantage dans les bras de Eijiro

– Et toi ? Ça va ? Tu trembles un peu. 

– Je suis juste un peu fatigué et Katchan me manque un peu… C'est ridicule je sais mais quand il n'est pas avec moi je me sens seul… fit-il la voix tremblante

– Tu devrais t'asseoir un peu. Je vais aller déposer mes affaires dans ma chambre. J'ai quelques messages à envoyer aussi. Je fais vite. 

– D'accord… 

Les deux amis se séparèrent. Izuku se rendit dans le salon, se posant sur le canapé avant de se couvrir avec une fine couverture pelucheuse. 

Eijiro était assis sur son lit, une dizaine de feuilles dans les mains. Il relisait chacune d'elles, vérifiant ainsi que rien ne lui avait échappé car après tout, il s'était dévoué de lui-même pour se rendre à la bibliothèque alors il valait mieux pour lui qu'il n'ait rien oublié. Heureusement pour son intégrité sociale, il n'avait rien fait passé à la trappe par inadvertance. L'étudiant s'empressa d'envoyer une photo de chaque feuille sur le groupe Line, recevant rapidement une réponse positive de la part de ses partenaires de projet. Il dût ensuite se lever car la porte d'entrée de leur appartement venait de claquer. 

Eijiro rejoignit ses amis dans l'entrée, récupérant le sac plastique contenant leur dîner dans la main de Katsuki, tandis que ce dernier était occupé à embrasser amoureusement son petit-ami. Il regardait Izuku comme s'il était une œuvre d'art qu'il était le seul autorisé à toucher et à aimer. Katsuki serrait son partenaire dans ses bras, sûrement avait-il partagé ce sentiment de manque de l'autre après son départ à la pizzeria du coin. 

– Bon, vous venez manger ? S'impatienta Eijiro qui avait installé les trois boîtes sur leur table basse

– Oui, oui, on arrive, râla Katsuki en se séparant d'Izuku, bien qu'il lui tienne la main jusqu'au canapé

– Je meurs de faim ! 

– Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps ? Demanda Katsuki après qu'ils eurent tous pris une première part

– Les recherches. J'ai constitué un dossier d'informations pour notre projet, ça a été long, répondit-il avant de croquer une nouvelle fois dans son fromage dégoulinant. Vous êtes occupés ce week-end ? 

– Je ne pense pas, pourquoi ? 

– Je pense les faire venir à la maison pour qu'on commence à travailler sur le projet, ce sera plus pratique que des messages sur un groupe. 

– Je dois acheter des choses ? Fit Izuku avant qu'un pouce ne vienne essuyer ses lèvres. Merci Katchan. 

– Non pas besoin, s'il faut je m'en occuperai moi-même. 

– Donc on doit débarrasser le plancher ce week-end ? 

– Vous pouvez rester, je vous préviens simplement que je risque de monopoliser l'appartement. 

– Il n'y a pas de problème mais… je crois que ton téléphone est en train de sonner, fit Izuku en se tournant en direction des chambres

– Merde, je l'ai oublié dans ma chambre. 

Eijiro se leva rapidement et se rendit rapidement dans sa chambre. Il espérait que cela soit son banquier pour le prêt qu'il avait demandé afin de s'acheter une voiture - c'était toujours plus pratique que prendre le train tous les jours - mais il ne fut pas déçu de constater que c'était le contact Line de Denki qui s'affichait. Il décrocha.

/ – Allô ? Tout va bien ? 

– Oh oui, je… Ça va ? Je ne te dérange pas ? 

– Non ne t'inquiète pas. Il s'est passé quelque chose ? Je ne pensais pas que l'un de vous m'appelerai si tôt, une erreur dans les fiches ? 

– Non, non ! Tes fiches sont parfaites, merci pour ça, tu as fait un excellent travail. 

– D'ailleurs, ça tombe bien que je t'ai au téléphone, tu fais quoi ce week-end ? 

– Moi ? Je… rien ? Pourquoi ? 

– Ça te dirait de venir chez moi ? 

– Oui ! Enfin… oui, avec plaisir… 

– Parfait, je demanderai aux autres dans la soirée. 

– Les autres ? 

– Oui, je compte vous inviter ce week-end pour le projet, ce sera toujours plus pratique pour le projet. 

– Oui tu as raison. Nous devrions nous retrouver un jour de semaine toi et moi, pour interroger l'enfant et l'adulte. 

– Bonne idée. Je suis libre mercredi après-midi, et toi ? 

– Mmh… moi aussi. 

– Parfait, on fait comme ça. 

– Oui. 

– Je vais te laisser alors. 

– Attends ! Je… 

– Oui ? 

– Non rien, à plus tard. 

– À plus. \

Eijiro raccrocha, un curieux sourire sur les lèvres. La voix de Denki était agréable à entendre même au téléphone. 

L'étudiant retourna auprès de ses amis qui le regardaient curieusement. Izuku avait des étoiles plein les yeux et Katsuki donnait l'impression de sous-entendre mille et une choses. 

– C'est quoi ces têtes ? Qu'est-ce que vous avez encore fait ? 

– C'était qui au téléphone ? S'empressa de questionner Izuku

– Denki, il m'a appelé pour… je ne sais pas trop quoi à vrai dire. Il vient ce week-end, je dois encore demander aux autres. 

– Pas de rendez-vous à deux alors ? 

– Si, mercredi après-midi mais ce n'est pas un rendez-vous. On doit se retrouver pour travailler sur notre partie du projet. 

– Profites en pour en apprendre plus sur lui, rapproche toi de ton Denki, fit Izuku, excité à l'idée que Eijiro trouve le bonheur avec quelqu'un

– Ce n'est pas "mon Denki" et tout n'est pas une fiction de romance, sauf peut-être votre vie. 

– Il te plaît ? Demanda cette fois-ci Katsuki. 

– Il est loin d'être repoussant, mais les autres membres du groupe aussi, et ce n'est pas pour autant que je vais envisager de sortir avec l'un d'eux. 

– Tu es trop dans le passé tête d'orties, et puis ce mec n'a pas l'air trop mal. 

– Katchan a raison, essaie de t'ouvrir un peu plus aux autres sans nécessairement avoir des arrières pensées. Tu mets énormément de distance avec ceux qui essaient de nouer des liens avec toi. 

– Je ne sais pas… Je verrai ça plus tard. 

Eijiro finit par se lever sans finir sa nourriture. Il laissa Katsuki et Izuku dans le salon pour se rendre dans sa chambre. Il n'avait pas très envie de continuer de parler de ses déceptions amoureuses ni même du manque de chaleur dans sa vie. Il préférait aller à son rythme. 

– Tu penses que nous sommes allés trop loin Katchan ? 

– Je ne sais pas mais… ce type, Denki, il ne te rappelle pas quelqu'un ? 

– Si, vaguement, quelqu'un du lycée ? 

– Sûrement, je regarderai dans les photos de lycée que la vieille m'a envoyées il y a deux semaines. 

– D'accord, j'espère que ce n'est pas quelqu'un qu'on connaît… je m'en voudrais de l'avoir oublié… 

– Tête d'orties aussi. 

– Oui… 

Tandis que les deux hommes se demandaient s'ils ne connaissaient pas Denki du lycée, Eijiro était allongé sur son lit, plongé dans la pénombre de sa chambre. 

L'étudiant était épuisé par sa journée et d'autant plus par sa conversation avec Izuku et Katsuki. Ils étaient plus préoccupés par sa vie amoureuse que lui-même. Une vie ne se résumait pas à être en couple, bien que parfois les étreintes douces et les baisers tendres lui manquaient un peu, Eijiro ne vivait pas pour être absolument en couple. S'il devait l'être à nouveau, il préférait y réfléchir plus mûrement avant de se jeter tête baissée dans un amour voué à l'échec qui finirait pas le blesser à nouveau. Il n'avait plus l'énergie ni la volonté de supporter une nouvelle déception qui ne ferait que confirmer qu'il n'était pas fait pour les relations amoureuses. 

– Denki… Denki… murmura Eijiro après plusieurs minutes à ne penser à rien

Le jeune homme lui rappelait définitivement quelqu'un. Eijiro alluma à nouveau son téléphone portable pour se rendre sur Line. Il n'était pas très à l'aise avec ce qu'il allait faire, mais il avait toujours ce doute qui l'empêchait de se détendre. L'étudiant appuya sur la photo de profil de Denki pour la détailler, peut-être qu'un détail physique pourrait l'aider. Il avait de grands yeux dorés, des cheveux mi-longs blonds, un sourire enfantin et une cicatrice sur le cou. 

– C'est pas vrai…

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