Chapitre 8 : La menace du corbeau

Rha, si seulement toutes mes journées pouvaient ressembler à ça. Mis à part le réveil, j'avais presque l'impression d'être en vacances. Personne pour me casser les pieds, une jolie vastaya à mes côtés... D'ailleurs, la jolie vastaya en question me perturbait.

Bah oui, c'était bizarre. Vraiment trop bizarre. Mon expérience avec la gente féminine était loin d'avoir été concluante. Il faut dire que je n'attirais que les intéressées... Les humaines m'avaient vite lassé.

Alors me retrouver avec Xayah qui me tenait les pieds pour m'aider à faire mes abdos, c'était un peu trop. Surtout qu'elle aurait fini par remarquer que je la regardais, intrigué par la couleur de ses lèvres qui semblaient avoir changé depuis notre rencontre... Et ses oreilles si longues et duveteuses qui avaient provoqué une réaction surprenante hier.

Et puis, cette séance d'entraînement n'aura pas été vaine, puisque j'en avais un peu plus appris sur elle. « Pour ne plus jamais rien perdre », hein ? Je sentais tout le poids que ces mots avaient à ses yeux. Et je crois bien que ce que je ressentais moi, c'était de la frustration. Que j'avais voulu éliminer avec mes poings. Sauf que ce que j'avais récolté, c'était une Xayah dans mes bras ! Et une belle bosse au crâne, mais c'était pas si cher payer pour voir sa tête toute perturbée, ahah !

Mais évidemment, il fallait que ce moment soit gâché. Par qui je vous le donne en mille ? Madame relou ! Et le piiiire... c'est qu'elle avait réussi à la faire fuir ! Heureusement, je savais qu'une parole de vastaya était toujours tenue...

N'empêche que ça avait été l'après-midi la plus longue de toute ma putain de vie. Franchement, parler argent, placement, et tout le blabla... les gens venaient se pochetronner et se taper dessus dans mon arène, ça suffisait à faire profit ! Pourquoi il fallait toujours se prendre la tête ?

J'étais assis sur mon trône, au bout de cette longue table où tout un tas de paperasse et de pièces d'or traînaient. De l'alcool aussi. J'avais au moins droit à ça pour passer le temps. Alors que je ne comptais plus à combien j'étais de gorgée de vin, mes yeux tombèrent sur une hache, l'arme d'un des hommes présents.

Reculant mon verre, ce signe me disait quelque chose. L'alcool ne m'avait pas complètement embrumé les neurones puisque je finis par remettre le doigt dessus, la marque de Xayah ! Cette marque que j'avais vu sur son cœur. C'était à peine visible, mais j'avais l'avantage d'avoir de bons yeux. Et puis, si je me souviens bien... A notre première rencontre, c'était là qu'elle avait eu mal avant de s'enfuir. Et c'était trop gros pour être une coïncidence.

Bon, elle ne serait pas là avant demain, ça ne servait à rien se précipiter. Mais cette marque... J'avais l'impression de l'avoir déjà vu ailleurs. Et là, j'avais la désagréable sensation de passer à côté de quelque chose d'important. Bon, je lui demanderai demain, tant pis pour la subtilité. Si ça la faisait souffrir... Je devais trouver un moyen de lui enlever.

Mon poing se serra en me rappelant qu'elle me balancerait sûrement une de ces phrases cinglantes du genre « Occupe-toi de tes affaires ». C'est vrai que j'avais l'impression de mieux la connaître, mais je ne pouvais quand même pas m'empêcher de redouter une telle réaction. Elle semblait cacher une si lourde tristesse, et tellement de secrets, que même mon statut de vastaya privilégié ne suffirait pas à la faire parler.

Du coup, j'étais un peu abattu en sortant de la salle. Sekiko avait voulu me retenir, mais avant même qu'elle ait pu ouvrir la bouche, je lui avais sorti dans la plus grande froideur :

- Je vais dormir. Tu crois pas que tu m'as assez cassé la tête pour aujourd'hui ?

Je n'en avais rien à faire de ses états d'âme. Franchement des fois, j'avais l'impression qu'elle oubliait qui faisait la loi ici. J'étais vite rentré dans ma chambre, soupirant en constatant le vide ambiant. Bah oui, évidemment, je m'attendais à une pioute dormant tranquillement dans mon lit ou quoi ? Dire que je n'avais jamais fait entrer une seule fille ici, et que la première était une vastaya pur-sang. Qu'elle avait dormi dans mes draps, utilisé ma salle de bain et même piqué dans ma nourriture ! Mais plus j'y pensais, plus je me disais qu'une colocation entre vastayas ne me déplairait franchement pas... Bien au contraire. Pour une fois que quelqu'un pouvait vraiment me comprendre. Enfin... je l'espérai.

Aller, un bon bain, un petit coup de rasoir et au lit. D'ailleurs, en m'approchant de celui-ci, j'eus l'agréable surprise d'y découvrir une plume. Une longue plume violette... Qui avait dû se retrouver là par le plus grand des hasards.

Je la pris avant de m'allonger sur le dos, la regardant devant moi, et souriant comme un con. Comment faisait-elle pour avoir des plumes tranchantes comme des lames de rasoir, et à contrario des aussi douces ?

Cette nuit-là... Elle avait dormi comme une souche, avant de cauchemarder. Je n'avais pas bien entendu ses murmures, je crois qu'elle appelait quelqu'un... Et j'étais pas assez idiot pour ne pas faire le lien avec ce qu'elle m'avait dit plus tôt.

- Bon Sett, ça sert à rien de se torturer l'esprit, on verra bien demain ! Putain j'en viens à me parler tout seul, ça devient grave.

J'avais ouvert le tiroir de ma table de chevet pour y mettre la plume, avant d'essayer de dormir. Et j'avoue que cette fois-ci, ça n'avait pas été de la tarte, malgré ma nuit précédente sur le canapé. En plus, quand mon esprit finissait par se vider, l'image de Xayah complètement nue me revint en tête.

- Arrête de penser à ça abruti, grommelais-je en rabattant mon oreiller sur ma tête.

Faut dire que ça faisait un bail qu'une telle situation ne m'était pas arrivée. Mais c'était pas une raison ! Foutus gènes humains, tss...

Heureusement, j'avais enfin réussi à trouver le sommeil. Et après un début de journée barbant, je m'étais éclipsé pour aller voir les combats de ce soir, et trouver qui affronterait Xayah. Une dénommée Camille hein... Piltover ? C'était pas la porte à côté. En même temps, n'importe qui pouvait venir dans mon arène, tant qu'il en avait les moyens.

J'avais pas trouvé grand-chose sur elle, mais vu d'où elle venait, cette femme devait avoir un avantage technologique sur Xayah, et pas des moindres. Je n'aimais pas ça...

Pour ne rien arranger, je ne l'avais pas vu de la journée. Mais qu'est-ce qu'elle fichait ?! Plusieurs combats étaient passés, mais rien d'intéressants. De simples massacres qui ne m'intéressaient plus. Xayah elle... Quand elle combattait, c'était un vrai spectacle. Une danse mortelle dont on ne pouvait pas détourner les yeux.

J'étais là, sur mon trône en pierre surplombant l'arène, Sekiko d'un côté, Ryuji de l'autre. Une main retenait ma tête, l'autre avait l'index tapotant à répétition sur l'accoudoir.

- Et le clou du spectacle mesdames et messieurs ! Celle que vous attendez tous ! Xayah, la vastaya rebelle qui nous a fait forte impression lors de son tout premier combat !

Mon regard agacé se changea complètement, alors que je me redressais. Elle était là, arborant toujours aussi fièrement ses dagues violettes entre ses doigts. Elle ne demandait qu'une chose, abattre son adversaire. Son regard était avide de combat.

- Elle m'aura fait attendre celle-là, soufflais-je à moi-même, arborant un certain sourire.

J'avais bien vu que Sekiko avait tiqué. Mais comme d'habitude, je m'en foutais royalement. Tout ce qui m'importait, c'était cette vastaya, dans mon arène. Et le pire, c'est qu'elle commençait à avoir son petit succès mine de rien. Il faut dire que la façon dont elle avait tué son adversaire la dernière fois, à cause de mon intervention, avait marqué les esprits.

- De l'autre côté, la terrifiante ombre d'acier, Camille, nous venant tout droit de Piltover ! En espérant que son voyage ne se soldera pas par un séjour à la casse, ahahah !

Alors, voyons voir à qui on avait à faire. Une blonde, cheveux courts, air menaçant et froid, sapée en noir. Mais ce qui était le plus marquant, c'était ses jambes remplacées par des épées en métal noir, qui lui donnait une hauteur de bien deux mètres, si c'était pas plus.

J'avais lié mes mains, posant mes coudes sur mes cuisses avec un air pensif. Un cyborg, un putain de cyborg. Je pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter. Si c'était un truc en métal, comme elle pourrait la toucher avec ses plumes ?

- Refroidis ce tas de métal Xayah, murmurais-je alors qu'une petite goutte de sueur fila sur ma joue.

Le présentateur déblatéra des conneries du genre que Xayah allait être en difficulté, mais son adversaire ne le laissa pas finir qu'elle entama les festivités. Ouais, avec des grapins. Elle venait de lancer deux putains de grapins dans le mur pour venir se jeter sur Xayah !

Moi, comme la foule, étions restés bouche-bée. On avait vu beaucoup de choses, mais pas ça, c'est sûr. Comme la première fois, j'avais fini par me lever et enserrer la rambarde en bois.

Mais je m'inquiétais pour rien, puisque Xayah avait été la seule à rester calme et faire une roulade pour esquiver le jeu de jambes léthal de son ennemie. Elle avait rétabli une distance de deux mètres entre elles, se jaugeant mutuellement.

- Ton petit tour ne m'impressionne pas. Vous avez peut-être la technologie, mais nous avons quelque chose de bien plus puissant... La magie. Et je vais t'apprendre une chose... déclara-t-elle en la pointant du doigt. Ici, c'est moi qui mène la danse.

Elle avait bien appuyé sur le « moi », ça m'avait fait rire. Elle avait le sens du spectacle dites donc. Mais sans attendre, son adversaire n'avait rien répondu et un ballet acrobatique commença alors.

Le silence s'installa peu à peu dans les gradins. Faut dire qu'on voyait pas ça tous les jours. Camille utilisait ses grappins pour tenter de prendre l'avantage sur Xayah, mais celle-ci n'hésitait pas à sauter sur les murs pour lancer ses plumes acérées. Elle avait l'avantage de la distance, mais elle savait que le moindre faux pas la ferait revenir au corps à corps, et donc, en difficulté.

Alors que cette danse hypnotisait tout le monde, elle fut brutalement interrompue par un coup qui balaya Xayah au sol. Elle venait de se faire surprendre par un bouclier activé par son adversaire.

- Bien jouée vastaya, tu m'obliges à me battre sérieusement.

La blonde s'approcha d'elle, alors qu'elle se releva en se tenant les côtes. J'espérais qu'elle n'avait rien de cassé... Mais sa lèvre s'était ouverte, même si elle souriait toujours. Un adversaire coriace semblait lui plaire.

- J'ai hâte de te faire redescendre sur Terre.

Alors que Camille allait lui donner un coup, elle sauta, regardant les murs. S'agrippant aux parois pour aller plus haut, elle démontra son agilité à toute épreuve, ignorant ses blessures, alors que son adversaire utilisa à nouveau ses grappins pour la rattraper.

Une fois à portée, elle sauta, et utilisa son attaque fétiche, Rafale de plumes, lançant dans un demi-cercle parfait cinq de ses plumes pourpres, avant de les rappeler dans la seconde d'après, auxquelles s'ajoutèrent les plumes disséminées ça et là dans les murs.

La cyborg tomba au sol, immobilisée un bref instant grâce au tournis de ses projectiles. Quant à Xayah, elle atterri gracieusement au sol en planant avec sa cape.

Je poussais un soupir de soulagement, pensant le combat fini et que sa victoire allait être proclamée. Mais alors qu'elle lui tournait le dos pour rejoindre les coulisses, son adversaire se releva, me faisant malgré moi crier son nom. Mais je n'avais aucune garantie qu'elle m'ait entendu étant donné le brouhaha ambiant qui avait repris suite à sa technique impressionnante. Même si un cri d'étonnement général se fit entendre quand le public constata la même chose que moi.

Mais sans prendre la peine de se retourner vraiment, elle lança le coup de grâce, deux plumes en plein cœur. Et alors qu'elle allait parler, Xayah la coupa.

- Ne gâche pas ce superbe silence en ouvrant la bouche.

Whoua. Je crois que je venais de trouver l'incarnation du mot « badass ». Mais sa blessure me fit reprendre mes esprits, et je n'avais pas attendu une minute de plus pour aller la rejoindre.

Cependant, il y avait une chose que j'ignorais. Quelqu'un d'autre que moi regardait son combat avec assiduité. Quelqu'un d'autre était venu. Et je sentis sa présence pesante lorsque je franchis le pas de la porte. Ce qui me fit perdre le sourire que j'avais en pensant la féliciter et la taquiner en même temps.

Le pire, c'est que j'avais clairement vu la surprise dans ses yeux, puis l'embarra. Et c'était quoi ça ? De la honte ?! Qui était ce type pour faire ressentir une chose pareille à Xayah ?!

Ce type... Il devait faire ma taille, tout en noir et des corbeaux l'entouraient. Et ce bras... On aurait dit qu'il appartenait à un monstre. Mais c'est sa tronche qui me disait vaguement quelque chose. Pourtant avec un bras pareil, je m'en serais souvenu. Lui aussi semblait surpris de me voir d'ailleurs.

- Sett, tu ferais mieux de partir, me conseilla-t-elle en me tournant le dos.

Alors que ce type inspectait le visage de Xayah, semblant mécontent de sa blessure, j'étais resté stoïque. Puis, j'émis un rire menaçant qui le fit retirer sa sale patte.

- Je ne sais pas si tu es au courant mon gars, mais ici, c'est moi le patron.

Ma main se posa sur l'épaule de la vastaya pour l'éloigner de lui, car je comprenais bien que rien dans cette situation n'était normal. Et je n'avais pas répondu à mon amie, parce que j'avais bien compris aussi que c'était pour m'éviter les problèmes.

- Sett, ça ne te regarde pas !

Ce n'était même pas de la colère, mais de l'inquiétude dans sa voix. Et ça m'énervait encore plus.

- On se disputera plus tard. Pour l'instant, j'ai une terrible envie de lui refaire la façade, grognais-je en cognant mes poings.

- Tu oses t'en prendre à un ancien général de Noxus ? Tu es téméraire, ou peut-être fou... sang-mêlé.

Mes yeux s'écarquillèrent de surprise, avant d'être enragés. Mais une chose me serra le cœur, c'était la réaction de Xayah.

- Quoi... ? Tu n'es pas... un vastaya ?

Ça y est, elle pensait être trahie, alors j'essayais de prendre ça avec humour.

- Mais non, je suis un pur-sang ! Le seul de mon espèce, voilà tout... riais-je en me tournant vers elle. Par contre, t'es qui toi, espèce d'ordure ?

Mon regard était assassin envers cet humain qui semblait me connaître. Il avait au moins eu l'utilité de me faire souvenir de ce symbole. La hache, c'était bel et bien le blason de Noxus. Donc il avait un lien avec cette foutue marque, ou du moins il devait savoir quelque chose là-dessus.

Un sourire étrange se dessina sur ses lèvres, et sans répondre à ma question, il s'adressa à Xayah qui était encore sous le choc.

- Xayah, c'est l'heure de me montrer tes progrès. Je t'ordonne de tuer ce bâtard. De toute façon, il n'y a que ton espèce qui compte à tes yeux, n'est-ce pas ?

- En quel honneur elle t'obéirait, enfoiré ?! Tiens, j'ai un colis pour ta face ! Grognais-je en amorçant un crochet du gauche.

Mais sans que je m'y attende, Xayah s'interposa, le regard froid, et deux dagues dans la main. Elle se tenait toujours le flan, ses côtes devaient la faire souffrir.

- Xayah, arrête ! Pousse-toi !

- Je dois... le protéger.

- Mais bordel, pourquoi ?!

- Je n'ai pas... à te répondre.

Elle semblait essoufflée, comme si elle avait du mal à parler. Elle semblait lutter, malgré elle, contre quelque chose que je ne comprenais pas. Elle m'avait même lancé quelques plumes, que je n'eus pas vraiment de mal à éviter.

- Allons Xayah, si tu n'es même pas capable de l'abattre, comment comptes-tu me tuer moi ?

- La ferme !

Nous venions de rugir en synchro, mais son regard venait de changer. Cette fois-ci... Elle était sérieuse. Et je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire pour l'arrêter.

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