Chapitre 3 : Le prix de la véritable force

Cette rencontre était vraiment étrange. Un vastaya qui n'en a même pas l'odeur qui m'offre des biscuits ! De sa chère mère en plus. Non mais je rêve, c'est quoi cet énergumène qui essaye d'être discret avec un collier en or cliquant autour du cou ? Il avait l'air d'un combattant... vu ses cicatrices, et sa musculature. Mais j'avoue que c'était la première fois que j'en rencontrai un avec autant de ferveur pour sa mère, et qui l'assumait complètement en public. J'espère que c'est pas un détraqué, me dis-je en frissonnant. Enfin, c'est pas comme si j'allais le revoir.

Heureusement que ma marque m'avait réveillé. Il m'appelait, c'est pour ça que c'était si douloureux sur le moment. Mais sur le chemin, le pincement s'atténua peu à peu, et je ne pouvais m'empêcher de ressasser de vieux souvenirs. Mes parents, ma tribu, mon combat... Rakan. J'avais finalement tout perdu, malgré notre victoire pour restaurer la magie libre, notre peuple était toujours porté disparu. Et je pensais être la dernière... Je pensais que j'emporterai les vastaya de mon espèce dans la tombe.

Mais qui était ce type bon sang ?! D'où venait-il ? Quel genre de vastaya était sa mère ? Tant de questions qui me trottaient dans la tête, alors que j'arrivais devant sa demeure. Je secouais la tête de gauche à droite rapidement, je devais me reprendre, ce n'était pas le moment.

La maison semblait ordinaire vu de l'extérieur : modeste, presque délabrée. Là où on n'irait pas le chercher. Je passais donc le portail puis le pas de la porte, où un garde ne manqua pas de m'accueillir.

- Tu es en retard, me gratifia-t-il d'un regard dédaigneux.

- Où est-il ? Demandais-je sèchement en l'ignorant.

- Dans son bureau. Et il est pas de bonne humeur.

J'ignorais son regard acerbe et montais les escaliers pour me rendre au premier étage. L'intérieur, malgré l'obscurité des lieux, était plutôt vivable, quoi que peu entretenu. Une ambiance calfeutrée et presque oppressante se dégageait de cet endroit, et le silence inquiétant n'arrangeait rien. En même temps, on était pas chez des enfants de cœur. J'étais chez des noxiens, chez l'ennemi. Et cet homme... était mon « patron ».

Deux gorilles gardaient la porte de cet homme, qui me toisèrent avant de me laisser passer. Respire, il ne va rien faire. Il ne sait pas que j'ai été blessé, et j'ai pu aller chercher l'argent alors...

- Qu'est ce qui t'a pris autant de temps, vastaya ?

Je m'étais vite mise un genou à terre, m'inclinant devant cet humain dont seule la chevelure d'argent brillait dans la pénombre, ainsi que son bras démoniaque luisant d'une lumière rouge inquiétante.

C'était rabaissant, il le savait. Jamais un vastaya n'aurait courbé l'échine devant un être humain. Et je savais que ça le faisait particulièrement jubiler intérieurement de voir notre race si fière, à genou devant un simple humain. Grr... mais il était le seul à pouvoir m'apporter ce que je cherchais à tout prix.

- Un simple imprévu... maître.

Il se leva de son siège pour s'avancer vers moi, et j'entendis les croassements de ses corbeaux. J'avais beau leur ressembler, ils ne m'inspiraient pas vraiment de la sympathie. Quelques-uns se posèrent près de moi, alors que j'avais toujours la tête baissée, ignorant leurs murmures idiots.

- Lève la tête.

J'avais obéi, mais je ne m'attendais pas à recevoir un tel coup en plein visage. J'en avais perdu l'équilibre, tombant au sol et me tenant ma joue endolorie.

- Un imprévu est une erreur. Ton prochain combat est dans deux jours. Tu as intérêt à ne pas me décevoir cette fois.

- Bien, maître, dis-je en me relevant, serrant les dents.

Je jure sur mon honneur, ma tribu et Rakan que lorsque mon objectif sera atteint, je lacérerai cette ordure jusqu'à la mort.

Mon regard était empli de colère, rêvant de lui envoyer des plumes dans son dos qu'il me montrait, sachant que je ne ferai rien.

- Ne te méprends pas, vastaya, déclara-t-il calmement, se versant un verre d'alcool. Tu vaux bien plus que n'importe lequel de mes combattants. Si je suis si sévère avec toi, c'est pour que tu puisses progresser, et devenir assez forte pour me tuer.

Il faisait tourner le liquide ambré à la lumière de la lune. Cet homme qui ne quittait jamais sa lourde armure sombre et ses corbeaux, qui pour une raison que j'ignorais était parti de Noxus pour venir s'amuser des combats d'arène ioniens.

C'était une provocation ? J'étais si furieuse que je ne pouvais m'empêcher de montrer les crocs. Assez forte pour le tuer ? Je fis voler deux plumes vers lui, mais ses corbeaux tombèrent pour le protéger.

Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, et son regard voulait tout dire. Tout ça l'amusait sûrement beaucoup, et assez frustrée comme ça, j'étais partie dans un coup de vent.

- Le jour où tu pourras me vaincre, tu pourras sûrement tuer n'importe qui, Xayah.

Ce furent là ses derniers mots avant que je parte, mais je ne les avais pas entendus. Ici, j'avais une chambre pour me reposer, et sûrement un repas qui m'attendait. Mais je n'avais aucune envie d'y aller. Je ne voulais pas du confort des humains !

Après avoir couru quelques minutes, la faim et la fatigue me rattrapèrent et remplacèrent la colère. J'avais trouvé un arbre assez haut, et décidais donc d'y grimper pour y passer la nuit. La nuit, cette pénombre, le ciel étoilé. Là j'étais dans mon élément. Perchée sur ma branche, je soupirais. C'était d'un calme... J'avais fermé les yeux, tentant de me reposer. Mis à part un poivrot par-ci par-là, les humains n'étaient vraiment pas des oiseaux de nuit...

Alors que j'allais m'endormir pour de bon, je sentis une odeur. Une que j'aurais pu reconnaître entre mille. Enfin deux. De la nourriture, et une vastaya. Rouvrant les yeux, j'entendis également des voix d'humains.

- Tu sais que c'est pas prudent de trainer tard la nuit ici ?

- Je ne fais que rentrer chez moi...

- On verra ça quand on t'aura dépouillé !

- Mais... Je n'ai pas d'argent...

Je poussais un soupir profond. Les humains. Tous pourris jusqu'à la moelle. Alors que ce type allait poser la main sur elle, une plume lui passa sous le nez. Se retournant avec colère vers moi, j'étais restée sur ma branche, mes yeux dorés brillant dans la nuit.

- Casse-toi, sinon ton nez y passera vraiment, menaçais-je.

- Une vastaya ! Une vastaya à plumes ! On va se faire encore plus de thunes qu'avec l'autre !

Ma conscience de vastaya m'avait obligé à lui laisser une chance de rédemption, mais je savais très bien que ça ne servait à rien. L'homme poussa la pauvre vastaya qui tomba à terre. Je fronçais les sourcils et descendis d'un saut gracieux.

- Maltraiter une des miennes sous mes yeux, il en faut du culot... fis-je faussement légère. Prépare-toi à mourir, dis-je en prenant soudainement un ton glacial.

Il se jeta sur moi, mais d'un geste rapide, j'activais mon plumage mortel et lançais d'autres plumes en esquivant agilement ses misérables tentatives de me toucher. Je me tournais ensuite vers cette femme pour l'observer. Hm, elle n'était pas de mon espèce. A vrai dire, impossible de déterminer de laquelle elle était comme ça. Mais une chose était sûre, c'est qu'elle devait avoir un rapport avec cet homme de l'arène.

Enfin, elle devait sûrement penser que j'avais fait une erreur en tournant le dos à mon assaillant.

- Derrière-toi !

Levant un index, mes plumes me revinrent en main, lacérant l'humain qui tomba au sol sans même que je le regarde. Mort sur le coup. Comme d'habitude, pensais-je satisfaite.

Je lui tendis la main, ayant hâte de voir à quoi ressemblait vraiment cette vastaya. Car même si j'avais du sang animal, ma vision n'était pas celle d'un félin. Dans une telle obscurité, c'était compliqué à deviner...

- Ne touche pas à ma mère !

Cette voix... Sa « mère » ?

- Settrigh ? Attends, ce n'est pas ce que tu crois !

C'est vrai que... la situation pouvait porter à confusion de loin, sans voir que je lui tendais la main. Tout ce qu'il pouvait voir, c'était sa mère à terre, moi devant et mes deux dagues violettes entre mes doigts.

En jetant à œil à ce fameux Settrigh, je confirmais mes doutes. C'était bien l'homme-chat que j'avais croisé plus tôt. A cela près qu'une aura dorée émanait de lui.

Je ferai mieux de partir finalement, ce n'était pas le bon moment. Il semblait complètement enragé. Je ne sais même pas si les mots de sa mère pouvaient l'atteindre.

Je pris donc la décision de ranger mes dagues pour aller me fondre dans la nuit.

- Non attend, jeune fille ! Rha, Settrigh, tu lui as fait peur !

- Qu'est ce que tu faisais dehors si tard maman ? demanda-t-il en se calmant enfin, voyant qu'elle n'avait rien.

- J'étais partie voir une amie qui a des soucis... Sur le chemin, des humains ont tenté de me voler, mais cette vastaya est venu me sauver ! Alors excuse-toi !

« S'excuser » ? Elle avait mis la main sur son crâne pour qu'il s'incline. Le temps qu'il comprenne que j'étais sûrement la vastaya qu'il avait croisé, son regard changea.

- Oui, bon, désolé ! Comment je pouvais deviner aussi ?

- Tu vois, tu ne crains rien. Il est un peu brusque, mais il n'est pas méchant !

- Maman !

J'avoue, j'étais restée là, à les observer d'un peu plus loin.

- Aller, montre-toi. J'aimerai remercier comme il se doit ma sauveuse.

Elle devait savoir que je me cachais simplement, à l'odeur sans doute. Je ne pensais pas me montrer à nouveau, après tout, je n'en avais plus aucune raison. Elle était sauve, et je l'avais rencontré. J'avais la confirmation... que notre race n'était pas morte. Et ça me suffisait amplement.

Cependant, mon estomac ne fut pas de cet avis, puisqu'il se manifesta assez bruyamment. Il faut dire que cette odeur de fruits, qui émanait du sac en papier qu'elle transportait plus tôt, avait achevé ma faim.

Heureusement, il faisait trop sombre pour qu'on me voit rougir de honte. Sauf peut-être... pour cet homme-chat qui sembla s'amuser de la situation.

- Bon, si tu as sauvé ma mère, je peux bien t'offrir l'hospitalité pour ce soir !

Oh bon sang, dans quoi je m'étais embarquée encore ?

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