Chapitre 26 : Pardonne-moi

Bordel, quelle journée de merde ! J'avais connu pire, mais bon... mon plan était complétement tombé à l'eau, et énerver Xayah était bien tout le contraire de ce que je voulais faire. Sans parler que j'avais assez réussi à l'inquiéter pour qu'elle tape là où ça faisait mal.

Un "impur" comme on pouvait le dire aussi. J'y pensais déjà tout le temps, à ce maudit sang humain qui coulait dans mes veines. A ses conséquences. Que, à cause de lui, elle pourrait ne jamais me choisir...

Mais alors que j'étais tout aussi sans défense face à elle, le simple fait de me regarder avec ses yeux, et ses oreilles, qui la rendaient si mignonne malgré elle, et enfin, quelle s'en veuille, qu'elle s'inquiète pour moi... Qu'elle ne voulait surtout pas perdre notre lien, ça me touchait aussi fort que ses mots pouvaient me blesser.

C'était ça, tomber amoureux ? Tu parles d'une malédiction, pff...

Elle avait donc réussi à me faire rire, alors que j'admirais son épaule dorée. Pour le moment, j'étais bien assez heureux qu'elle préfère montrer cette épaulière, que de porter ce pendentif... tout espoir n'était peut-être pas perdu.

Notre petite soirée se déroula donc sans accroc, si on omettait ma nullité à attraper des poissons dans la rivière. Ça aura eu le mérite de la faire rire, même si ça avait fini en bataille d'eau.

L'été approchait à grand pas, et j'eus un moment d'absence, pensif, en regardant le ciel. D'ailleurs, plus le temps passait, plus l'air devenait lourd...

- Dire que ça fait déjà presque un an...
- Hm ?
Fit-elle en me regardant, grignotant une pomme cueillie plus tôt.
- Que tu as fait tes premiers pas dans l'arène, précisais-je en la regardant, la couvant d'un regard doux.

Qu'elle avait débarqué dans ma vie, et tout chamboulé.

- Déjà, fit-elle pensive. Le temps passe si vite. Il s'est passé tant de choses...
- Ça c'est clair ! Trop de choses, si tu veux mon avis. Soupirais-je. Et je dois bien t'avouer qu'avant toi... je m'ennuyais ferme.
- Et moi... je n'avais plus rien.

Un léger silence s'installa entre nous, alors que je soupirai en regardant le soleil se coucher. Elle ne l'avouait qu'à demi-mot, mais elle disait bien que j'étais important dans sa vie... Nos mains étaient côte à côte dans l'herbe, alors que nous admirions le ciel se teinter de douces couleurs oscillantes entre l'orange et le rose. J'avais doucement placé mes doigts entre les siens, avant qu'elle ne les serre à son tour.

- Peu importe la raison... je suis content que tu aies mis tes pattes dans mon arène. Ce jour-là, ton combat, je l'oublierai jamais.
- Flatteur, fit-elle en me donnant un petit coup de coude, riant légèrement.

J'avais ri à mon tour.

Nous avions passé la soirée à discuter de tout et de rien, avant de prendre le chemin pour rentrer. Sachant qu'elle n'y voyait pas aussi bien que moi, j'avais une excuse parfaite pour lui prendre la main à nouveau. Et un sourire idiot étira mes lèvres quand je sentis ses doigts serrer les miens. C'était plus fort que moi, j'avais ce besoin grandissant, dévorant, de la sentir prêt de moi, de la toucher. Et je ne pouvais qu'être heureux de voir qu'elle aussi. Du moins, qu'elle l'acceptait.

Nous étions presque arrivés, quand je sentis une goutte faire frissonner mon oreille. Et merde, la pluie. Je détestais ça ! Autant que j'avais le mal de mer... Je m'étais arrêté machinalement au milieu de la rue, me grattouillant l'oreille concernée.

Mais aucune autre goutte ne vint s'écraser sur mon crâne. Xayah venait de déployer son aile au-dessus de moi, sans un mot.

Ce n'est que lorsqu'elle vit que je la fixais, qu'elle finit par dire :

- Quoi ? Tu déteste la pluie, non ?

Je rêve, où elle était gênée ? Mon air ronchon me quitta donc bien vite, pour retrouver mon sourire initial, et reprendre, sans rien ajouté de plus, notre marche jusqu'à mes quartiers. Cela dit, j'avais accéléré le pas, hors de question qu'elle finisse trempée pour moi.

Une fois rentrés, j'étais vite allé récupérer une serviette pour venir frictionner sa petite tête. Tout en faisant attention à ses oreilles, si... sensibles.

- Doucement, me rappela-t-elle, les joues roses.
- Je sais, je sais, ne pus-je m'empêche de rire.

Mais bon, je faisais moins le fier quand, la tête sèche, elle décida de se changer devant moi. C'était moi, maintenant qui était rouge comme un gamin !

- Hey, je t'ai déjà dit d'arrêter de faire ça !
- "Je sais, je sais", fit-elle pour se venger.

Non mais je vous jure ! Vastaya ou pas, canon ou pas, c'était pas une raison pour se balader à poil sous mon nez ! Grmf.

La soirée s'était finie dans les éclats de rire, à nous taquiner, avant de s'endormir.

Cette paix, je voulais la protéger à tout prix. Son sourire, son rire. Je voulais être la source de tout ça. Même si je pouvais tout donner en vain.

Mais évidemment, ça ne pouvait pas durer. Quand je disais être maudit, je me posais vraiment la question. Un amour impossible, passe encore hein, mais la série des problèmes, c'était un peu abusé !!

Oui, car un soir, en arrivant à notre lieu de rendez-vous, je ne vis Xayah nulle part. Pourtant, le matin, on avait prévu d'aller voir les étoiles filantes. Ouais, un peu cliché, je sais... mais bon, je devais profiter de la moindre opportunité ! Et à Ionia, nous avions une vue imparable sur le ciel. Il était impossible qu'elle me pose un lapin !

Et pourtant, elle n'était pas là. Sur notre terrain d'entraînement, à la tombée de la nuit, j'avais eu beau l'attendre... elle n'était jamais venue.

Déçu, frustré... dans l'incompréhension la plus totale, j'avais récupéré le panier de pommes que j'avais prévu pour elle, pour rentrer à notre chambre. Plus je marchais, plus je commençais à passer de la frustration à l'inquiétude. Elle devait forcément avoir un problème !

J'avais donc ouvert la porte à la hâte, ayant toujours un espoir qu'elle ait simplement eu un retard, mais je n'eus que le silence pour m'accueillir.

Bon sang...

Alors que je fis tous les efforts du monde pour ne pas éclater le panier sur la table, j'entendis quelqu'un approcher. Et je savais qui c'était sans me retourner.

Mes poings se serrèrent d'instinct.

- Où est-elle ? Demandais-je sèchement.
- La femme oiseau ? Elle a dit qu'elle retournait chez elle. Tu n'es pas au courant ?

Je lui aurais arraché la tête... si je n'avais pas pensé, une seconde, que ce soit possible. Même si ça sortait de nulle part.

"Chez elle" ? Elle n'avait plus de tribu. En revanche, qu'elle ait voulu retourner vivre en forêt, c'était possible. Mais pourquoi... pourquoi ne m'avoir rien dit ? Parce que je n'aurai pas pu la suivre ? J'aurai trouvé une solution !

Je poussais un soupir, cachant ma gorge qui se nouait. Alors... Alors ça allait vraiment se finir comme ça ?

Je m'avançais vers le lit pour m'y asseoir, digérer ça. J'avais l'impression d'avoir reçu un coup de massue...

Mais quelque chose attira mon regard sous le lit. Quelque chose reflétait la lumière. Qu'est-ce que c'était ?

- Boss, ne sois pas si triste... tu sais, ce n'est pas plus mal. Depuis son arrivée, tu n'es plus le même ! Nous pourrions reprendre... là où on s'était arrêter...

Lorsqu'elle posa ses doigts sur mon bras, tentant de m'amadouer avec sa voix mielleuse, mon regard félin comprit ce qu'il voyait dans la pénombre.

Ma main libre attrapa sa mâchoire brutalement, la soulevant d'une dizaine de centimètres du sol. Mes crocs étaient saillants, mes griffes aussi.

La brune, ne comprenant pas ma soudaine colère, tenta d'articuler quelque chose, avant que je la stoppe d'un grognement sauvage.

- SEKIKO ! Qu'est-ce que tu as fait... Ne me prends pas pour un con ! Quelque chose cloche. Alors tu vas tout me dire, et ne t'avise pas de me mentir. Sinon, tu subiras le même sort que ceux que j'ai affronté dans l'arène, c'est bien compris ?!

Elle fit oui de la tête, alors je l'avais lâché, la laissant pitoyablement s'écraser par terre.

- Des... des marchands d'esclaves, toussa-t-elle. Ils l'ont emmené, au crépuscule...
- Quoi ?! Xayah ne se serait pas fait avoir aussi facilement ! Dis-moi la vérité !!
- Je dis la vérité ! C'est moi...
- Pardon ?

Mon sang se glaça. Je m'étais accroupi pour la regarder droit dans les yeux, attendant la suite.

- Je... je l'ai piégé... Mais comprends-moi ! Je n'en pouvais plus ! Je voulais simplement qu'on redevienne comme avant ! Je voulais que tu me regardes ! Je t'aime, Sett--!
- Ferme-la ! Je t'interdis de prononcer ces mots. C'est toi qui m'as trompé. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. La seule erreur que j'ai commise, c'était de te faire confiance
, finissais-je avec un ton, et un regard glacial.

Avant qu'elle n'ouvre encore sa bouche, je l'avais assommé. Je n'avais eu aucune envie de rouvrir ces vieilles blessures, cicatrisées par Xayah. Elle osait pleurer, en plus. Cette femme me dégoûtait.

Appelant le seul allié qu'il me restait ici, je lui ordonnais de l'emmener dans une cellule. Même si ça ne semblait pas lui plaire, il n'avait pas l'air surpris. Il devait sans doute savoir qu'un jour, elle irait trop loin.

Je lui avais expliqué la situation, et se sentit coupable de ne pas l'avoir arrêté. Mais il n'y était pour rien. Le seul fautif, c'était moi. Si j'avais été plus ferme, et viré cette sangsue plus tôt... Si j'avais été plus clair, pour que jamais, jamais elle ne puisse espérer quoi que ce soit de moi...

L'idée que j'ai pu aimer cette femme me donnait envie de vomir.

Mais d'un autre côté, je réalisais que ce que je ressentais pour Xayah était à mille lieux de ce que je pensais être de l'amour à l'époque.

J'avais besoin d'elle. Son absence me déchirait, et mon instinct, mon corps et mon cœur ne faisait que la réclamer. C'était peut-être mon sang vastaya qui parlait...

N'attendant pas plus, je ramassais son épaulière, sur laquelle était accroché une plume. J'en étais sûr, maintenant. Elle l'avait laissé pour que je la trouve, pour que je comprenne qu'elle n'était pas partie de son plein gré. J'avais donc déployé tous mes hommes en ville pour la retrouver, mais ce n'était pas assez rapide à mon goût...

Il faisait nuit, et la tâche n'était pas facile. Mais je devais y arriver. Xayah... Xayah n'avait que moi ! Elle n'avait plus que moi ! Et c'était à cause de moi, de ma négligence, qu'elle se retrouvait dans cette situation. Si elle venait à souffrir par ma faute, ou pire... j'en mourrai.

Alors j'allais retourner tout Runeterra s'il le fallait. J'allais la retrouver, et je ferai bouffer leurs dents à ces enfoirés... 

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