Chapitre 25 : Vers un nouveau lendemain
Durant les jours qui suivirent, reprendre le quotidien que nous avions construit me fit un bien fou. Aider les habitants, m'entraîner, partager un bon repas avec Sett, et puis... le retrouver contre moi la nuit.
Je ne pouvais plus nier tout ce que mon cœur remuait. Il y avait bien quelque chose, quelque chose de fort entre nous, mais de là à y mettre un nom... je n'en étais pas capable. Pas encore du moins.
Alors j'en avais profité pour lui parler un peu plus de cette histoire de Gardiens. Bien que cela aurait pu être invraisemblable pour d'autres, l'expérience de Sett et sa confiance en moi ne laissèrent pas de place au doute.
Notre but, notre équipe, le drame de ce jour-là. Je lui avais tout raconté en détails, et répondu à toutes ses questions sans rien lui cacher. Car je savais que ce n'était pas notre dernier combat. Un jour, Zoé reviendrait se venger, et finir le travail. Je ne savais pas ce qu'elle avait tant contre moi... mais je serais prête à l'accueillir. Et Sett aussi.
Mais il me restait quelque chose dont j'étais incapable de me débarrasser. Quand bien même j'avais enterré mon épaulière, ses dernières plumes dorées... Sa gemme, je ne pouvais pas. Mais j'avais honte. Honte de vouloir avancer, et pourtant d'être encore attachée à cette pierre. C'est pourquoi je l'avais caché dans une petite boîte sous le lit. Ce serait mon petit trésor secret... pour l'instant.
En parlant de trésor, j'ignorais que Sett avait gardé cette image de nous à Piltover. J'étais tombée dessus complètement par hasard en rangeant quelques affaires. Elle était là, dans le tiroir de la table de chevet de Sett, cette image, et une plume. De quand datait-elle...?
Souriant à l'idée qu'il avait gardé ça, je ne l'entendis pas rentrer, et devenir furieusement gêné par ma découverte.
- Tu fouilles dans mes affaires ?
- "Tes affaires" ? Rétorquais-je en arquant un sourcil. Que je sache, cette plume m'appartient, et cette image... est a nous deux.
J'avais alors relevé les yeux vers lui, qui ne savait pas quoi répondre. Avant de pouffer légèrement, en voyant sa tête. Les joues rosies de gêne, les oreilles aplaties pour la même raison. Il en était presque mignon. Non... il était adorable.
Alors qu'il détournait les yeux jusqu'à maintenant, je le sentis me fixer, alors que je rangeais "ses affaires".
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas vraiment rester fâché pour ça ? Je croyais que nous n'avions pas de secret entre nous...
- Non, c'est pas ça... même si ça me gêne, je t'avoue.
- Mais pourquoi donc ? Il n'y a rien de mal... même si je ne comprends pas pourquoi tu as gardé cette plume. Tu en as de toutes douces à disposition constamment, dis-je en remuant mon aile.
Il eut alors un sourire sincère, alors qu'il me couvait d'un drôle de regard. Je l'interrogeais donc du mien, voyant qu'il ne rebondissait pas à ma taquinerie.
- Je suis heureux de te voir sourire, c'est tout.
Je le vis soupirer à sa déclaration, avant de se frotter l'arrière du crâne.
M'étant figée une seconde, l'idée de m'excuser encore me traversa l'esprit, mais je me retins en me pinçant les lèvres.
Je voulais changer.
Je pris alors à nouveau cette petite image entre mes mains, avant de la poser contre le mur, et de dégainer une petite plume pour l'épingler au mur.
- Pour ne pas oublier, anticipais-je sa question.
Il stoppa sa main sur sa nuque, avant d'agrandir le sourire qu'il avait juste avant, posant sa main sur son épaule.
- Ouais, t'as raison.
Parfois, je ne comprenais pas son comportement. Car il avait des réactions humaines. J'ignorais si c'était une bonne chose ou non, mais quand cela arrivait il semblait toujours... troublé, par mes réactions. Mais même si cela pouvait amener à des disputes, cela finissait toujours bien.
C'était aussi ça, que j'aimais dans notre relation. Malgré nos différences, nos accrocs, nous arrivions toujours à nous comprendre.
Enfin, sauf peut-être cette fois-là. Ce matin-là, je m'étais réveillée seule. Je détestais déjà cette sensation. Mon instinct endormi à ses côtés ne m'avait pas fait ouvrir l'œil à son départ. Il m'avait laissé un mot, à côté de la corbeille de fruits et du pain au miel trônant sur la table du coin cuisine, mais... j'avais un mauvais pressentiment.
Il devait travailler tôt, qu'il disait ? C'était bien une première. D'habitude, malgré ses obligations qui le pesaient parfois, il dormait tellement profondément qu'il s'en occupait l'après-midi.
Et puisqu'un mauvais pressentiment n'arrive jamais seul, j'eus soudain l'idée de vérifier sous le lit. Ma boîte... avait disparu !!
- Bon sang, elle n'a pas pu disparaitre comme ça !!
Après avoir retourné le matelas, puis la pièce, je m'étais stoppée.
Ça ne pouvait pas être une coïncidence... J'étais donc partie en furie hors de la chambre pour chercher le supposé coupable : Sett.
J'étais en colère, car je ne comprenais pas pourquoi il aurait pris ma gemme. Par jalousie ?
Par jalousie...?
Cette pensée avait stoppé mes pattes. Je savais bien qu'on avait traversé beaucoup de chose, mais si c'était vraiment ça, alors...
Je secouais la tête, non, je ne voulais pas y penser. Pas maintenant, pas comme ça.
J'avais passé la matinée entière à remuer le bâtiment, mais il était introuvable. J'avais fini par croiser ce vieil homme, qui était souvent aux côtés de Sett pour le travail. Je ne me souvenais pas de son nom, mais une chose était sûre, il était plus agréable et fiable que cette femme qui le collait sans arrêt.
- J'ai vu le Boss sortir tôt ce matin, j'ai été très étonné d'ailleurs, lui qui a toujours tant de mal à se réveiller. Mais j'ignore où il a bien pu aller. Il semblait soucieux, d'ailleurs...
"Soucieux" ? Etrange, était-il aller voir sa mère ? Je ne comprenais plus rien...
Maintenant inquiète, je l'avais remercié avant de sortir. Remontant tout en haut du bâtiment, pour arriver sur le toit, je m'étais élancée pour planer au-dessus de la ville, et, j'espérai, le retrouver.
Certes, il m'était impossible de voler, mais mon aile suffisait pour me soutenir en l'air, et amorcer une lente descente.
Et je l'avais enfin trouvé. Là, dans une des ruelles marchandes, tenant contre lui un petit paquet. Il semblait pressé.
Je ne voulais pas douter de lui. Vraiment, je m'y refusais mais... mais j'étais si à fleur de peau, que je ne pouvais pas m'en empêcher.
J'avais donc lancé une plume devant ses pieds pour stopper sa marche, avant de d'atterrir en douceur devant lui, le regard perçant.
- Xayah, je m'attendais pas à te voir ici, fit-il gêné.
- Qu'est-ce que ça veut dire, Sett ? Tu sais très bien pourquoi je suis ici, et pourquoi je suis en colère.
Un certain silence s'installa entre nous, alors que mes bras croisés se firent plus tendus. Mes poings se serrèrent, alors que je décidais de le briser.
- Rends-la moi. Rends-moi ma gemme, et je ferais comme s'il ne s'était rien passé.
Il fut surpris par mes mots, blessé aussi, peut-être. Car il semblait confus. Avant de me répondre, il m'emmena dans une ruelle adjacente, plus calme pour discuter. Car je n'avais pas vu qu'on était observés...
- Attends Xayah, tu te trompes... je comprends que tu sois en colère, et je ne sais pas pourquoi tu ne m'en as pas parlé, mais en la trouvant, j'ai tout de suite compris. J'ai compris ce qu'elle représentait pour toi.
- Sett, je n'ai pas la patience. Je ne veux pas savoir ce que tu essayais d'en faire. En réalité, je ne veux même pas croire que tu aies essayé... je ne veux pas croire que ton sang humain ait pu te faire faire une chose aussi horrible.
J'étais tant sur les nerfs que mes phrases perdaient de leur sens. Tout ce que j'arrivais à exprimer, c'était de la nervosité.
Il baissa les yeux, comprenant que les mots ne serviraient à rien. Il me tendit alors le sachet, ne me demandant qu'une chose.
- Regarde, et tu comprendras.
Surprise, j'avais regardé le sachet une seconde, avant de le saisir. Tête basse, il n'attendait qu'une chose : ma réaction. Qu'est-ce qu'il mijotait ?
Je glissais mes doigts dans l'enveloppe, avant de sentir une sorte de lien... C'est en le sortant, que je compris.
Je découvris, dans ma paume, la gemme turquoise de mon défunt amant montée en pendentif.
Je mis plusieurs secondes, à réaliser. Mais... mais enfin...
- Pourquoi... pourquoi n'avoir rien dit ?
- Je voulais... te faire une surprise. Mais j'ai pas pensé que tu pourrais découvrir sa disparition, et mal prendre mon geste. Alors, bah... désolé, si mon "sang humain" a pu te blesser.
Il me tourna le dos, voulant sûrement partir sur ses mots. Je me sentais si mal. Il avait voulu faire quelque chose pour moi... il avait été maladroit, certes, mais... mais c'était moi, qui l'avait blessé, finalement. Ses oreilles plates en étaient la preuve.
Alors j'avais vite fait de réduire la distance qu'il avait mise entre nous. Saisissant sa main, je ne m'étais pas fait attendre pour m'excuser.
- Sett, attends, je suis désolée. Depuis que nous sommes revenus, je suis... un peu à fleur de peau, je l'admets. J'ai du mal à dormir, aussi, et... enfin, ça n'excuse pas mes paroles mais...
C'était bien la première fois que je cherchais mes mots avec Sett. Certes, je m'étais sentie coupable et redevable plus d'une fois, mais là, c'était différent...
Il poussa un soupir profond, serrant mes doigts à son tour.
- Ecoute. Je sais que je peux être maladroit, que ma nature t'empêche... de me faire confiance à 100%. Si seulement j'étais né vastaya pure souche... tu n'aurais pas tant de mal à avoir confiance en moi.
- Arrête ça, Sett ! Ton sang n'a rien à voir avec ça ! Je m'en fiche bien !
- Mais, tu viens de dire que--
- On se fiche de ce que je viens de dire ! Je suis loin d'être parfaite, moi aussi ! Tu m'as soutenu depuis le début, tu m'as aidé, protégé, tu as toujours été de mon côté. Je fais confiance à Sett, Settrigh, et pas à un "demi vastaya".
Il se tourna vers moi, redressant ses oreilles. Il attendait sûrement la suite. Durant ces derniers temps, ces dernières épreuves, il avait dû beaucoup se remettre en question, car jamais je ne l'avais vu si déprimé. Tout ça à cause de moi...
- Tu n'as jamais été le problème, crois-moi. Cette gemme... pour tout te dire, si je ne t'en ai pas parlé, c'est parce que j'avais honte. Comment aurais-je pu te dire que je n'arrivais à me débarrasser de cette gemme, alors que veux te montrer que je veux avancer...?
Il eut un sourire en coin, et ce fut à ce moment que je remarquais. Il avait un autre sac sur lui, plus gros.
- Hey bien... ça tombe bien que tu parles de ça, car il y avait autre chose que je voulais t'offrir. Quelque chose de plus personnel, mais je craignais aussi ta réaction en la voyant. Je ne te forcerais pas à la porter mais... 'fin bref, regarde.
J'avais lâché sa main, pour qu'il puisse prendre l'objet dont il parlait dans son sac. Il en sorti quelque chose qui tenait sur ses deux paumes, enveloppé dans un tissu.
Me faisant signe de la tête, il m'invita à le déballer. Et lorsque je vis ce dont il s'agissait... Mes yeux devinrent luisants.
Il s'agissait d'une épaulière en forme de dragon, dorée, comme son symbole. Elle semblait parfaitement à ma taille, et je la pris de plus près, pour l'admirer.
- Tu sais... je ne prétends pas pouvoir, ou vouloir remplacer Rakan. Je sais qu'il aura à jamais une place spéciale dans ton cœur. Je voudrais juste... en avoir une petite, moi aussi, c'est tout.
Sur ces mots qui m'atteignirent en plein cœur, j'avais serré l'objet entre mes doigts. Cette épaulière, arborant son symbole. Cela me touchait encore plus que la gemme.
N'y avait-il pas meilleure preuve de ma volonté que ça ?
Sans réfléchir plus, j'avais placé l'épaulière sur mon épaule droite dénudée, avant de l'admirer à nouveau. Elle était vraiment magnifique...
Quant à Sett, il semblait surpris de ma réaction, approchant ses mains de mon épaule.
- Mais t'es sûre ? Vraiment, le fais pas pour me faire plaisir, j'aurai été déjà content que tu l'acceptes !
- Pourquoi voudrais-tu que je la refuse ?
- T'en as de bonnes... je craignais que tu le prennes mal, qu'est-ce que tu crois...
- Sett... je suis heureuse. Heureuse de pouvoir montrer à tout le monde que c'est moi ta partenaire, que ça leur plaise ou non. Alors merci, merci pour tout... "partenaire".
Je le vis touché par mes mots, j'espérais avoir rattrapé mon erreur. Rangeant la gemme dans une poche, j'avais pris Sett par le bras, reprenant notre marche.
- Et pour fêter ça, on va aller manger du poisson grillé, comme tu aimes !
- Oh, tu m'invites au restaurant, toi ? Fit-il taquin.
- Au quoi ? Bien sûr que non ! On va aller en pêcher à la rivière, et le faire griller nous-même !
- Ahahah ! Je me disais bien ! Mais je doute pas que ce sera le meilleur poisson que j'ai jamais mangé, si c'est toi qui me le pêche...
- Et puis quoi encore, je compte bien te faire travailler un peu !
- Je croyais que tu voulais me remercier !
Ce fut à mon tour d'éclater de rire. Finalement, le lendemain ensoleillé que j'attendais tant, n'était peut-être pas si loin que ça...
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