Chapitre 13 : La mascarade du lâche
Jamais je n'avais senti Sett aussi fébrile. Evidemment, il avait complètement perdu le contrôle lors de son combat contre son père, mais là... Le voir trembler, et le regard si torturé, ça m'était insupportable. Je ne pouvais pas rester sans rien faire alors qu'il avait passé son temps à m'aider ! Et puis, il aurait pu me cacher ça, faire le fier sans rien montrer. Mais il avait choisi d'être honnête avec ses émotions, peut-être inconsciemment... Même si j'avais eu l'horrible impression d'être inutile ce jour-là, sa mère m'affirma le contraire. J'aurais tant aimé faire plus...
Il était aussi évident que les mots de Swain m'avaient troublé. Depuis le début, il ne voulait que mon bien ? J'avais du mal à y croire. Et puis, je ne pensais pas pouvoir pardonner ce qu'il avait fait à Sett et sa mère. Elle était plus forte que moi sur ce point-là.
Cette souffrance qu'il m'avait montrée... Cette image restera gravée dans ma mémoire. Ça et la douleur de la pression qu'il avait exercé sur ma main. J'avais réussi à cacher ses légers tremblements. Mais ça me faisait vraiment de la peine, et cette douleur n'était rien par rapport à ce qu'il avait dû ressentir.
Je voulais être son alliée... Une alliée toujours à ses côtés, sur qui il pourrait toujours compter. Et pour ça, je devais devenir plus forte, encore et toujours. Même si ça impliquait des choix difficiles.
Ce soir-là, j'avais passé un agréable moment, je ne pouvais pas le nier. Sa mère était si gentille avec moi, comme si je faisais partie de la famille. Pourtant, j'avais fait tant d'erreurs, pensant tout savoir. Mes questions... Non, rien que ma présence avait dû lui faire peur. Et si j'étais comme ces vastayas qui l'avaient fait souffrir ? J'étais persuadée que cette question lui était passée par la tête, elle qui n'avait plus que son fils. Elle avait dû craindre que je lui prenne, et pourtant, elle m'avait fait confiance... Et rien que pour ça, je ne pourrai jamais assez la remercier.
- Bon, il se fait tard maman, on va y aller. Tu dois te reposer, déclara Sett alors que j'étais perdue dans mes pensées.
- Oh, oui, tu as raison Settrigh. Tiens, prends ces biscuits, ça vous remettra d'aplomb ! Et pas de bêtises surtout, hein !
J'avais souri devant leur petite chamaillerie. Je devais bien l'avouer, j'étais un peu jalouse. Jamais je n'avais eu une telle relation avec mes parents, et il n'y avait plus aucune chance que ça arrive.
Sur le pas de la porte, j'étais passée devant. Et avant de partir, je m'étais finalement retournée pour empêcher Sett de passer, sous ses yeux surpris.
- Reste ici, Sett.
- Mais...
- Profite de ta mère tant qu'il est encore temps. Ça fait longtemps que tu n'es pas resté dormir ici, pas vrai ? Je t'ai assez monopolisé comme ça.
- Xayah... Qu'est-ce qui t'arrive tout à coup ?
J'avais légèrement souri, il semblait inquiet. C'est vrai, ça ne me ressemblait pas de dire des choses comme ça. C'était sûrement dû à toutes ces émotions, et à tous ces souvenirs qui étaient revenus. Je crois que j'avais aussi besoin d'être un peu seule.
Je lui pris une dernière fois la main, pour tenter de le convaincre.
- S'il te plait. Fais ce que je ne peux pas faire. Je ne m'enfuirai pas, tu le sais bien.
- Bon... D'accord. Mais promets-moi que s'il y a quoi que ce soit, tu n'hésiteras pas à revenir.
Il semblait bien sérieux d'un coup, ça m'avait fait rire. Rien qu'un peu.
- A vos ordres, « chef ».
- Ne m'appelle pas comme ça, soupira-t-il en me faisant une légère pichenette. A demain Xayah.
- Hm, à demain. Repose-toi bien.
Je m'étais volatilisée en sautant pour rejoindre les toits et trouver un arbre à mon goût. Un coin pour me reposer encore un peu, je disais pas non. Ça avait été une journée courte, mais intense.
La ville était relativement calme... Ça me rappelait le soir où j'avais aidé sa mère. On en avait vécu des choses en si peu de temps. Si Swain avait pu apporter quelque chose de bénéfique, c'était bien notre rencontre avec Sett. Ou était-ce aussi calculé ? A quel point ma vie était-elle manipulée par les autres ?
Je poussai un soupir, ça ne servait à rien de penser à ça. Demain, j'irai me renseigner sur les missions de mercenariat du coin.
Et c'était sur cette pensée que je croyais fermer les yeux, quand j'entendis une voix. J'aurai pu l'ignorer, mais... Elle me disait quelque chose. Je crois... Que c'était ce type qui avait provoqué Sett le premier soir où j'étais arrivée.
Je me redressais donc, le suivant lui et deux de ces hommes, sans un bruit.
- Le combat de demain, c'est du tout cuit les gars ! Après le bordel qu'il a foutu avec Swain, il pourra pas refuser de m'affronter.
- Il paraît que des gens l'ont vu avec des bandages, chef !
- Cet idiot ne connaît même pas les potions ? Quel abruti s'en servirait pas ? Ahahah ! Moi qui pensais compter que sur sa fatigue, ça va vraiment être facile !
- Avec ce qu'on lui réserve, il va se ridiculiser !
- Ouais, pour Noxus !
Grr... Bande de lâches. Malheureusement je n'avais pas les yeux de Sett, je n'avais pas réussi à voir les visages de ces sous-fifres. Et ils ne semblaient pas idiots au point de dévoiler l'exactitude de leur plan dans la rue, tss.
J'étais revenue près de la maison de sa mère, surveillant les environs. Visiblement, personne ne savait qu'il était là. J'espérai avoir raison, nous n'avions pas été des plus discrets sur le chemin. Peut-être que Sett avait posté un de ces hommes de confiance pour surveiller le périmètre ? Non, sinon sa mère ne se serait pas fait agresser la dernière fois...
J'étais en proie à un dilemme. Mener l'enquête seule de mon côté, ou le prévenir du piège qu'on lui tendait. Mais ce serait douter de sa force... Enfin, j'avais peur qu'il croie ça. Draven n'était pas vraiment fort, mais j'avais peur qu'il parvienne à ses fins par la ruse. Et Sett était bien du genre à vouloir lui montrer qu'il pouvait lui éclater la figure avec ou sans pièges.
Même si ça me peinait, quand j'entendis sa voix passer à travers la porte, j'étais partie, ne laissant qu'une plume derrière moi, qui ne tarda pas à disparaître dans ses doigts. Ma décision était prise. On se parlerait plus tard.
J'étais donc revenue à l'arène, et si tôt, il n'y avait pas grand monde à part les « employés ». Peu importe si je ne passais pas inaperçue, je voulais inspecter les lieux. Mais je ne les connaissais pas. Alors je pris sur moi, et décidais de m'adresser à la seule personne que je reconnaissais, et qui me semblais juste. Cet homme que je n'avais qu'aperçu l'autre jour, la première fois que j'avais dormi dans la chambre de Sett.
Il était surpris, et c'était bien normal. Néanmoins, il accepta de me faire visiter en détails les lieux. Les cachettes et recoins étaient nombreux, parfait pour un piège...
- On a fait le tour. Mais dis-moi, pourquoi tu me demandes ça à moi ? Le boss n'est pas avec toi ?
- Non... Je ne peux pas en parler à Sett. Draven prépare quelque chose, mais je n'ai pas de preuve.
Il affirmait que Sett me croirait sûrement, même sans ça. Mais je ne pouvais pas me résoudre à lui dire malgré tout. La dernière chose que je voulais, c'était me disputer avec lui.
Les heures passaient, et les lieux commençaient à se remplir. Je ne savais pas si Sett était là, mais je ne l'avais pas croisé. J'espérais juste qu'il allait bien...
Je n'avais aucun moyen de savoir si ce lâche se terrait quelque part. Ryuji ne le savait pas, et personne ne voulait me répondre, et je n'avais pas le temps de menacer tous ces abrutis !
C'est à ce moment que j'entendis un murmure traverser la foule, et Sett débarqua avec la prestance du chef qu'il était. Il ne semblait pas de bonne humeur, et j'entendais les gens parler sur ces bandages. C'est vrai, je n'avais pas eu le temps de les lui changer. Sa mère l'avait sûrement fait, j'essayais de me rassurer comme ça.
Cette journée était un échec. J'avais été incapable de trouver ce que Draven tramait exactement, alors tant pis. J'allais dire à Sett de ne pas accepter le combat !
Je me frayais un chemin dans la foule pour arriver jusqu'à lui, et son visage s'éclaira quand il me vit. Alors que moi, je n'étais qu'inquiétude.
- Sett ! Ne combat pas Dr—
- Hey Sett, t'es retard !
Draven venait de me passer devant, avec son air fier et nonchalant. Sett voulu l'ignorer et venir vers moi, mais le brun avec sa moustache ridicule se mit sur son chemin, ce qui le fit automatiquement froncer les sourcils.
- Tu permets ? T'es pas prioritaire, tête de gland.
Je ne savais pas si c'était des hommes de Draven, mais la foule m'empêchait de revenir vers lui. Elle formait un cercle autour d'eux, et la tension était palpable. Et j'avais beau essayer, je n'arrivais pas à le rejoindre.
- Bon sang, poussez-vous ! Dégagez !
Sett n'était pas idiot, je savais qu'il comprenait que quelque chose clochait. Mais il n'avait d'autre choix que de faire face à Draven, toujours aussi énervé.
- Sett, Sett, Sett... Tu as foutu un joyeux bordel hier, hein ? T'étais déchaîné ! Et pourtant, t'as pas été foutu d'achever ton adversaire. Tu t'es relâché ! Depuis que cette vastaya est là, tu fais n'importe quoi, mec !
Ce type lui tournait autour, comme s'il avait déjà gagné. Sett quant à lui restait sur ses positions, le suivant à peine du regard.
- Choisis bien tes prochains mots Draven. Ils décideront si je passe par la case « arène » pour t'arracher la tête ou non.
Il s'était marré, mais semblait tenir compte du conseil du combattant.
Je savais qu'il faisait tout pour énerver Sett, pour le provoquer. Mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir responsable, s'il avait des problèmes depuis mon arrivée. Il m'avait déjà dit qu'il faisait ce qu'il voulait, mais bon...
- Ça sera très simple. Ce soir, toi, et moi, dans l'arène. Et tu remets ton titre en jeu. Si je gagne, cette arène me reviendra, à moi et à Noxus !
- Et si je gagne ?
- Hm, si par miracle ça arrive, je suppose que tu pourras encore te vanter d'être le chef pendant encore quelque temps, ahahah !
- Donc tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je te prouve que je peux briser ta petite nuque fragile ? Et si par chance je t'épargne, ce ne sera pas par pitié, mais pour le plaisir de te voir fuir la queue entre les jambes !
Non, non, non ! Bon sang, il ne m'avait pas entendu ?! Pourquoi il acceptait aussi facilement ?! Au fond, je le savais... Sett était comme ça. Et je n'aurais rien pu faire pour l'en empêcher. Mais le voir de mes propres yeux, c'était si frustrant !
Mais il y avait au moins une bonne nouvelle. La démonstration de force d'hier soir avait visiblement séparé le public en deux camps. Sett, et Draven. Au moins, il n'y avait plus que moi qui croyais en lui. Et il semblait aussi surpris que moi.
Alors que la foule était excitée, et faisait toutes sortes de paris, j'étais restée frustrée, et inquiète. Sett venait à peine de réussir à arriver jusqu'à moi que la seule chose que je lui avais sorti était une insulte.
- Espèce d'idiot ! Ne fais pas semblant, je sais que tu m'as entendu ! Pourquoi avoir accepté ?!
- Tu croies que je vais perdre ? Me demanda-t-il presque froidement.
- Si on ne parlait que de cet idiot... La réponse serait évidente. Mais... Il veut te piéger, et j'ignore comment !
- Me piéger ? Comment tu sais ça ? Remarque, ça m'étonnerait pas de la part d'un lâche comme lui...
- On s'en fiche ! On n'a plus le temps... Fais attention, s'il te plait. Je vais continuer de chercher !
- Mais attends !
Le pauvre, il ne devait pas comprendre grand-chose. J'avais conscience d'agir bizarrement... Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ?! Il m'appelait, mais je ne me retournais pas. Je devais trouver ce qu'il manigançait ! Cet enfoiré... Si Sett ne le tuait pas, je lui ferai la peau moi-même.
J'étais montée le plus haut possible. D'ici, j'avais peut-être une chance de détecter un comportement suspect. Ces types étaient tous plus bizarres les uns que les autres... Allez, je devais me concentrer. Utiliser tous mes sens de vastayas pour chercher les voix de ces deux hommes d'hier soir. Mais ce n'était vraiment pas facile à faire...
L'heure arriva plus vite que prévu, et Sett entra dans l'arène en me cherchant du regard. Mais tout ce que je pouvais faire, c'était lui adresser un regard inquiet.
Tant que je ne les aurai pas trouvés, je ne serai pas tranquille. Et je ferai ravaler le sourire de cette ordure.
Je ne regardai pas le combat, mais la stupeur de la foule m'y obligea. Sett venait de s'arrêter dans son élan pour donner un coup de poing, à quelques centimètres de Draven, surpris.
Il en avait profité pour lui lancer ces haches qu'il peinait à esquiver, regardant son bras pour tenter de comprendre ce qui s'était passé. Il se reprit pour s'élancer à nouveau vers lui, mais constatait qu'il avait été ralenti par l'attaque de son adversaire.
Il réussit quand même à lancer son Casse-tête qui avait ralenti à son tour Draven. Mais à ce moment, il grimaçait de douleur. Ses oreilles se tournèrent en arrière, et il se tenait la tête. C'était étrange, et avec le bruit de la foule, je ne compris pas tout suite de quoi s'agissait.
Draven en profitait pour lui relancer une hache et accélérer, alors que Sett tentait tant bien que mal de se défendre. L'enchaînement se répétait. Stoppé en plein coup, mal de tête.
Le voir galérer comme ça était un calvaire. Je devais trouver ! Je devais ignorer Sett... Et trouver l'origine de ces pièges. C'est quand il retira quelque chose de sa peau que je compris pour l'un. Il était la cible de projectiles paralysants ! Et vu le sens... Ça ne pouvait venir que de cette direction.
Et ses oreilles, c'était comme si il entendait quelque chose. Quelque chose que personne n'entendait. Un silence s'était installé suite à l'intense échange de coups, puisqu'il en fallait plus à Sett pour se laisser faire. Et c'est là que j'entendis à mon tour, ce que les humains ne pouvaient entendre. Des ultrasons.
Ils jouaient sur ses faiblesses pour éviter sa force. C'était vraiment bas.
- Tiens bon Sett, j'arrive.
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