Chapitre 10 : La rage du félin
J'étais tiraillé entre mon inquiétude concernant l'état de Xayah, mes origines, et la haine envers ce Noxien. Mais tout se réglerait si je l'éclatais. Enfin, c'est ce que j'espérai.
Ce fameux « Swain » se releva et épousseta son manteau, révélant son bras gauche, rougeoyant comme un sombre rubis. Je n'y avais pas prêté attention tout à l'heure, trop préoccupé à protéger Xayah, mais il n'avait rien d'humain. C'était quel genre de magie ça ?
Par contre, il n'avait pas été intimidé par ma provocation. Hm, tant mieux. Ça n'en serait que meilleur.
Je me mis donc en position de combat, poings en avant, alors qu'il me répondit.
- Si tu insistes, je vais te montrer à qui tu as à faire.
J'avais arqué un sourcil, nullement impressionné par sa réplique.
- Si tu résistes, tu pourras peut-être m'occuper plus de cinq minutes.
Allez, montre-moi un peu ce que t'as dans le ventre, avant que je te fasse mordre la poussière. Il lança alors une sorte de vague d'énergie rouge et noire, en forme de main que je n'eus pas de mal à esquiver.
- C'est tout ? Me demandais-je en arquant un sourcil.
Je m'étais élancé vers lui, ne m'attendant pas à ce qu'elle revienne d'où elle était partie, me bloquant sur place.
- Qu'est-ce que c'est que ce truc ?!
Un corbeau tourna autour de moi, avant de revenir vers lui, et me fit avancer inexorablement vers lui contre ma volonté. Puis un cercle noir m'entoura, et au-dessus ma tête, une sorte d'œil écarlate s'ouvrit. Ça ne présageait rien de bon ! Cette emprise se termina, et je pus éviter ce sort avec une roulade sur le côté. Visiblement, il m'était quelques secondes à faire effet. Esquiver, ce n'était pas ce que je préférais, mais j'avais quand même hérité d'une agilité féline dont je pouvais me servir en cas de danger.
Ok, ne pas le sous-estimer même si je suis en rogne, je prends note.
- Des attaques ridicules. Viens te battre espèce de lâche ! Grognais-je en me relevant.
Mais la seule réaction que j'avais récolté, c'était un rire. Il se foutait de moi ?!
- Tu me piques mes répliques maintenant ? Dis-moi, « Sett », comme tu te fais appeler maintenant... Tu ne trouves pas que Ionia a bien changé en quinze ans ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? T'es devenu sénile mon pauvre vieux ?
Alors que je ricanais, je le vis soupirer. Mais maintenant que j'y pensais, il n'y avait pas quarante personne réunissant tous ces critères. Un Noxien, plutôt vieux, sachant pour mon sang mêlé, ayant connu Ionia il y a quinze ans...
Mes yeux s'écarquillèrent alors, j'avais du mal à y croire. C'était quand même pas lui... Son visage qui me disait quelque chose... Je l'avais tellement haï que j'en avais oublié jusqu'à son nom... Il était vraiment là devant moi ?!
- Xayah... Je ne pensais pas qu'en plus de faire une entrée magistrale dans ma vie, elle me ramènerait mon père sur un plateau ! Faudra que je la remercie pour ça. Que je la remercie de pouvoir l'aider et me venger d'une pierre deux coups !
- Il a enfin compris, ce n'est pas trop tôt...
Cette fois-ci, l'heure n'était définitivement plus à la parlote. Je le laissais m'attaquer, quitte à récolter quelques brûlures. Et une fois qu'il m'eut rapproché de lui encore une fois pour refaire son petit enchaînement, il eut un mouvement de recul. Il avait raison d'avoir peur.
- Ha, c'est facile de se la ramener quand on a encore toutes ses dents ! Essaie de bloquer ça !
Il n'eut pas le temps d'aller bien loin que ma technique Casse-tête le rapprocha à portée de mes poings, alors qu'il était ralenti. Il allait tellement regretter... D'avoir fait souffrir maman, Xayah, moi ! D'être parti comme un lâche ! Et surtout... D'être revenu !
Ma colère et ma haine m'avaient envahi à un point tel qu'une aura brillante m'enveloppa de la tête aux pieds. C'était particulièrement visible sur mes cheveux et mes poings qui brillaient d'une lueur dorée. Même mes rétines se rétractèrent dans la folie de ma rage.
Je lui avais enchaîné quelques coups simples, avant d'évacuer ma colère grâce un dragon scintillant, l'envoyant mordre la poussière quelques mètres plus loin.
- Alors c'est ça qui commandait Noxus ? Ils sont tous aussi faiblards là-bas ?
Dire que c'était de ça que maman était tombée amoureuse... Pourquoi, sans déconner ?! Comment elle avait pu aimer... Cette raclure ?! Et ça me rendait dingue de me dire que cette force... Je la tenais en partie de lui !
- Jamais je serais comme toi ! Jamais ! Hurlais-je en l'enchaînant encore.
Mais j'avais beau frapper, ma rage ne s'estompait pas, c'était même le contraire. J'avais l'impression de devenir fou, j'allais finir par le tuer. Un sourire sadique étira mes lèvres. Ouais, le tuer ouais.
Il tentait bien de se dégager, de me bloquer. Mais peu importait la puissance qu'il lançait et les brûlures que ça pouvait m'occasionner, je ne ressentais pas la douleur. Après tout, c'était dans quoi je baignais depuis tout petit.
- A cause de toi !! Tout ça c'était à cause de toi !
Il était à terre, saignant à de multiples endroits, et peinant même à se relever. A ramper comme ça, il ne m'inspirait plus que dégoût.
- Dire que c'est ton sang qui coule dans mes veines...
L'idée de sentir sa nuque se briser sous mes doigts fit grandir mon sourire malsain. Sans me précipiter, en prenant mon temps, je savourais la vision de cet enfoiré gisant à terre.
J'entendais à peine la foule en délire qui m'acclamait, et qui réclamait le Clou du spectacle. Hm, pourquoi pas... Avant de mourir, j'allais lui infliger l'humiliation de la défaite.
Approchant d'un pas lent, j'écartais à nouveau les bras, levant les paumes vers le haut dans un geste répétitif pour signifier aux spectateurs d'augmenter le volume.
- A mort !! A mort !! A mort !! A mort !!
- Tu les entends ? Ta fin est proche... Et c'est sur cet essor de haine que tu vas mourir !
Reprenant ma course folle, je le saisis avant de sauter dans les airs, exécutant un retourné acrobatique qui s'était conclu sur le broyage de son crâne au sol, alors que je me relevais d'un geste souple.
Seul mon nom résonnait dans l'arène, et je poussais un soupir. L'enivrance d'un combat à mort, le plaisir d'écraser son ennemi, couplé à l'accomplissement d'une vengeance vieille de plus de dix ans... C'était un drôle de sentiment.
Mais ce n'était jamais déplaisant de se faire glorifier, même si ce n'était que par des fous sans cervelle.
J'étais donc en train d'en profiter, quand je vis l'autre bouger du coin de l'œil. Comment pouvait-il encore être vivant ?! J'hésitais... Asséner le coup de grâce, ou le laisser mourir de sa commotion cérébrale ?
Mais le public semblait plutôt plébisciter la première option. Dommage, il souffrira moins comme ça. Mais que voulez-vous, il fallait savoir faire plaisir à ses admirateurs !
J'allais donc lui exploser le crâne une seconde fois, quand une voix me réveilla de ma torpeur. Une voix faible, qui peinait à parvenir à mon oreille. Mais je l'entendais, malgré tout.
- Sett ! Arrête... S'il te plaît... !
- X-Xayah ? Fis-je interloqué, alors que mes rétines reprirent leur rondeur habituelle.
Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ?! Elle tenait tellement à peine debout qu'elle était obligée de restée appuyée contre le mur ! Finalement, je lui avais dit de me regarder gagner... Quelle image je lui avais donné ? Celle d'un gars complètement taré, sûrement. Manquait plus que ça, super. La seule chose à l'heure actuelle qui pouvait me remonter le moral, c'était de la voir nager dans mon manteau qu'elle avait réussi à enfiler.
Cependant, je ne comprenais pas sa réaction, pourquoi me stopper ? Pourquoi l'épargner ?!
- Tu ne peux pas comprendre tout ce qu'il a fait ! Comment tu peux le défendre ? Finis-je, sidéré, en le pointant du doigt.
- Je ne le défends pas ! Mais si... S'il s'agit vraiment de ton père, ta mère a le droit de savoir. Et peut-être... Que tu finiras par le regretter, un jour...
- Ne parle pas comme si tu savais tout !! Tu--
- Regarde dans quel état tu es ! Cria-t-elle les oreilles en arrière.
Dans quel état j'étais ? De quoi elle parlait ? Surpris, ce n'est qu'en regardant mes mains et mon torse, qu'effectivement, j'étais couvert de brûlures. Mes poings aussi avaient morflé, sans la protection qu'apportaient mes armes blanches, ils étaient dans un triste état. L'adrénaline ne m'avait même pas fait remarquer que j'avais cogné de toute mes forces sur une armure noxienne. J'avais connu pire, mais c'est clair que je ne pouvais pas vraiment dire que je m'en étais sorti « sans une égratignure ».
J'étais vraiment con quand on y pense. Faire le fier, pour l'inquiéter deux minutes plus tard. J'avais complètement ignoré ses derniers mots. Ne pas me laisser influencer, que j'étais plus fort que ça. Faut croire que non finalement.
Comment c'était possible d'enchaîner un moment aussi jouissif que de fracasser la tronche de mon daron, et faire peur à Xayah juste après ? C'était la première fois que je perdais mon sang froid face à elle, et je détestais définitivement ça.
Néanmoins, je crois qu'il n'y avait que sa voix, qu'il n'y avait qu'elle qui pouvait m'arrêter à ce moment. Pourquoi ? Je ne le comprenais pas encore... Mais une chose était sûre, c'est que j'en avais eu assez pour aujourd'hui.
D'un geste, je fis taire le public et ordonnais à un de mes hommes de ligoter ce qu'il restait du Noxien et de le faire pourrir dans une des cellules au sous-sol. Elle ne voulait pas que je le tue, mais je ne pourrai pas être tenu responsable s'il venait à clamser pendant que je me repose ! Et pendant qu'elle se repose elle !
Quelle idiote...
Je me rapprochais d'elle, posant ma main sur son crâne encore une fois, ses oreilles se tournant instinctivement vers moi. Ça m'avait fait sourire, d'une toute autre façon qu'auparavant. Ouais, je pouvais bien me l'avouer. Elle était vraiment mignonne. Mais je pense pas que ça lui plairait d'entendre ça, ahah.
Swain ne semblait plus bouger d'un pouce. Mort ? Evanoui ? Je m'en balançais. Tout ce qui m'importait c'était de savoir si elle souffrait encore. Je n'eus pas besoin de lui poser la question que soudainement, elle sembla se déraidir, et elle soupira comme si sa respiration s'était dégagée. Mon regard soucieux se détendit quand ses yeux croisèrent les miens, et qu'elle m'adressa, enfin, son petit sourire en coin habituel. Signe que notre théorie était finalement avérée.
Mais bon, j'avais eu à peine le temps de soupirer de soulagement que je la vis grimacer, et dangereusement tanguer sur ses pattes. Je pris une grande inspiration, et passais un bras dans son dos pour la faire tomber contre moi. Certes, j'avais mal. Certes, ça n'arrangeait rien à nos états, et je ne savais pas si elle apprécierait le geste. Mais je ne pouvais décemment pas la laisser tomber comme ça.
- C'est fini, tu peux souffler maintenant.
Elle sembla surprise par mes mots, ou par mon geste. Peut-être les deux. Mais je n'étais pas encore assez à l'article de la mort pour m'évanouir. Elle, elle avait bien mérité une bonne nuit de sommeil par contre.
Alors qu'elle ferma les yeux de fatigue dans mes bras, je l'avais ramené dans ma chambre et déposée sur mon lit. Le seul souci, c'est que dans son état, il m'était impossible de lui donner le moindre biscuit ou potion, si encore j'en avais eu en stock. Et franchement, j'avais pas le cœur à la réveiller, si toutefois c'était possible. L'option d'appeler un médecin humain n'était pas envisageable non plus, je ne leur faisais pas confiance.
Bon, on allait la jouer à l'ancienne. Je m'étais juste occupé de bander mes poings pour ne pas mettre du sang partout, mais je me retrouvais comme un con devant Xayah endormie. J'avais pas le choix, fallait bien que je passe par là. Je pouvais pas la soigner habillée ! Merde, mais quel con, vraiment. J'avais passé l'âge d'être gêné pour ça ! Je l'avais vu toute nue en plus, elle s'en foutait royalement ! Et si je faisais rien, sa côte allait la faire souffrir indéfiniment.
Je pris donc une grande inspiration pour enfin lui enlever délicatement sa robe violette, et découvrit qu'elle avait déjà un bandage. Rien d'extraordinaire, il cachait et maintenait sa poitrine, mais en dessous de celui-ci, un méchant bleu trônait là. Je pris aussi une seconde pour vérifier que sa marque au cœur n'était plus là. Et c'était bien le cas, il ne restait qu'une vague trace qui faisait rougir sa peau.
Je serrais les dents en repensant à cet enfoiré, comment avait-il osé ?! Mais ce n'était pas le moment. Je pris de l'onguent pour en déposer sur sa blessure, avant de venir lui faire un second bandage. J'avais mis aussi un peu de pommade à l'endroit où était censée être cette foutue marque, au cas où ça lui ferait mal quand elle se réveillerait.
Je m'étais rapidement occupé de moi aussi, mais comment dire que j'avais la flemme d'aller me tartiner de pommade sur tout le torse et le dos ? Déjà que c'était pas facile à certains endroits, si je décidais de faire un bandage en plus, bonjour la momie ambulante.
- Bah, on verra ça demain. En attendant... J'ai une pioute à surveiller.
Je ramenais l'unique chaise de ma piaule vers le lit, une bassine d'eau froide et une serviette. J'avais aucune idée de si cette magie de contrôle à la con pouvait lui donner des effets secondaires, et j'étais pas un expert. Alors j'espérai juste que cette nuit, elle arriverait à se reposer.
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