Le Noël du campeur
Comme je veux que mon profil soit diversifié, j'ai décidé d'écrire ce Marmin en trois chapitres courts. J'espère qu'il vous plaira. N'hésitez pas à commenter!
Assis sur ce banc de parc qui m'est à ce jour presque approprié, mon épais cahier noir est ouvert sur mes genoux, laissant voir un dessin naissant fait au fusain. Pour l'instant, il n'y a que les contours basiques du pigeon, mais je compte bientôt y ajouter les ombres et les détails. Je ne dirais pas que je suis un grand artiste, loin de là, mais dessiner m'aide à évacuer, à profiter de la magnifique vue qu'offre la nature en plein mois de juillet.
Ma main se dirige vers le petit sac de pain que j'ai acheté à la boulangerie du coin, puis j'en arrache un petit morceau que je lance à mon modèle afin de le faire rester le plus longtemps possible. Je sais qu'il reprendra bientôt son envol, mais j'aimerais avoir le temps de bien graver son image dans ma tête pour que je puisse continuer sans lui.
La chaleur de cette journée est étouffante. Heureusement que j'ai pris la peine de mettre un pantalon court et des sandales. Quelques personnes me regardent curieusement, probablement à cause du chandail à manches longues que je porte. J'aurais bien voulu mettre un t-shirt, mais depuis mon arrivée à la polyvalente, je me sens incapable de montrer mes bras. Je ne me sens pas à l'aise que des inconnus voient ces horribles tâches qui les couvrent. Mon visage en est parsemé, mais même si je les hais, elles sont moins hideuses.
Le pigeon s'envole quand un Jean essoufflé fonce vers moi. Portant son habit trop moulant pour courir, il respire bruyamment, le visage trempé de sueur quand il se laisse tomber sur mon banc. Sans même avoir besoin qu'il me le demande, je sors une bouteille d'eau du sac que je surveille et lui tends. Le brun en avale la moitié goulument alors que son petit ami reste debout, les bras croisés, semblant en pleine forme.
-On a seulement fait le tour du parc et il semble sur le point de me faire une crise cardiaque, soupire Floch, je savais qu'il s'était ramolli durant l'hiver. Ça se sent.
Je rigole avant que Jean lui lève gentiment son doigt d'honneur, ce qui le fait sourire. Ces deux-là sont en couple depuis maintenant deux ans et leur relation est très particulière. Le blond s'assoit près de son copain et ce dernier se laisse en grognant tomber sur lui, la tête sur ses genoux. Quelques curieux leur lancent d'étranges regards, mais pour les avoir déjà vue se rouler une pelle dans un centre commercial, je sais que l'avis des autres les importe peu.
-Je suis crevé, soupire-t-il, mes jambes sont mortes et je n'ai plus la moindre énergie... je mérite un massage de pieds. Marco, tu veux t'en occuper?
-Je crois que je vais passer mon tour, répondis-je en fermant mon cahier, tu sens mauvais, Jean.
-J'espérais qu'on retourne courir! Se plaint Floch, seulement une demi-heure, ce n'est pas suffisant. L'année passée tu avais un bon cardio et maintenant, tu t'essouffles après seulement dix minutes. Pas seulement en course...
Jean se contente comme réponse de marmonner, n'aimant surement pas se faire réprimander. C'est vrai que son ventre a un peu ramolli cet hiver. Il a passé presque tout son temps à jouer à des jeux vidéo et à s'empiffrer dans la malbouffe. Les jolis abdos qui me faisaient auparavant baver quand nous allions à la plage sont désormais enfouis sous une légère couche de graisse.
Comme mon meilleur ami semble trop fatigué pour passer le reste de la journée ici, nous décidons de rentrer jusqu'au bar laitier le plus près. À pas lents, Jean tient la main de son petit ami qui le tire presque de force le long de la piste cyclable bondée. Je souris en regardant le paysage défiler. La municipalité a fait fabriquer diverses statues pour décorer l'endroit et même si je ne comprends pas toujours l'art, j'aime chercher à deviner ce que chacune représente.
Je souris à la vue d'un homme peint en argent qui agit comme un robot quand on lui donne un peu d'argent. Je ne peux résister à lui donner un deux dollars et le regarde bouger avec plaisir. J'adore les artistes de rues. Souvent, leur tallent est sous-estimé alors qu'ils sont talentueux.
-J'ai hâte à ce soir, jubile Jean, c'est le Noël du campeur. Floch, tu pourrais mettre un petit costume de fée des étoiles? Tu serais trop sexy avec une vilaine petite baguette magique.
-Seulement dans tes rêves.
-Même pas pour moi? Je suis prêt à te payer la robe si tu veux. Ensuite, on pourrait mettre Marco hors de la roulotte pour en profiter un peu tous les deux...
Je détourne la tête pour ne pas entendre la suite de la conversation, détestant devenir la troisième roue du carrosse. Mon grand père possède une roulotte qu'il nous prête à tous les trois pour l'été et nous avons un terrain à temps plein au camping. Comme ma famille connait bien le propriétaire, il a fait un prix d'ami à moi et mes amis.
Après s'êtes pris un cornet de crème glacée, nous rentrons sur le terrain que nous connaissons désormais très bien. C'est un très beau camping, bien rempli en ce Noël du campeur. Les gens portent des bonnets de lutin et la parade ne tardera pas à débuter. Presque toutes les roulottes sont décorées pour l'occasion, dont la notre où j'ai voulu mettre le paquet en empruntant des guirlandes et des lumières à ma mère. Le soir, elle est magnifiquement éclairée.
-Après la parade, j'ai envie qu'on aille se baigner, affirme Jean en s'étirant.
-Tu n'as pas assez d'énergie pour courir, mais pour te baigner, ce n'est pas un problème?
-Ce n'est pas pareil, minou! Et toi, Marco? Tu viens?
Dans un sourire, je me contente de lui montrer mon cahier à dessin. Il sait que je déteste me dévêtir de mon chandail, donc il n'insiste pas, comprenant que ça ne lui servirait à rien de me forcer. J'ai envie de terminer mon œuvre sous le soleil. La belle température m'inspire beaucoup.
-Vous entendez? M'exclamai-je, la parade commence!
Mes amis semblent heureux et me suivent en courant vers le sentier sur lequel passe la parade. Tout le monde peut participer et même si parfois il ne s'agit que de gens ivres qui veulent se montrer, certains se donnent vraiment à fond en y ajoutant des costumes. Des chansons du temps des fêtes résonnent quand les premières voitures passent devant nous. Je connais certaines personnes et on nous lance des bonbons. C'est vraiment un spectacle rafraichissant.
Lorsque vient la voiture finale, soit celle qui tire dans son trailer le « père Noël », je rigole en reconnaissant Eren Jaeger assis dans une chaise dépliante brune. Ce garçon de mon école est loin d'être approprié pour ce rôle. Il est trop mince et s'est fait un gros ventre à l'aide d'un oreiller qui dépasse sous son chandail rouge. Sa grosse barbe blanche est à moitié tombée alors qu'il salue le public avec enthousiasme.
-Il faut toujours que Jaeger se montre, marmonne Jean, à croire que s'il n'est pas en premier plan, il ne se sent pas bien.
Floch le fait taire en lui donnant un coup de coude dans les côtes. Je salue à mon tour Eren quand mon regard est attiré vers l'un des lutins qui l'accompagnent. Dans une tenue verte particulièrement adorable, Armin lance des petits sacs de bonbons, ses longs cheveux blonds dépassant sous son chapeau pointu. J'ai le cœur qui s'emballe à sa vue... Ce garçon est une perle. Pour avoir été dans sa classe l'an dernier, je sais à quel point il est fantastique. Même si je ne lui ai jamais réellement parlé en dehors de sujets scolaires, je trouve que c'est une personne très intéressante.
Le regard couleur du ciel d'Armin croise le mien, puis un joli sourire se grave sur ses lèvres quand il me lance l'un de ses petits sacs de bonbons. Je l'attrape au vol sans pour autant détourner les yeux de lui.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top