CHAPITRE 11, Londres
trois mois plus tôt
bukayo
Doigt qui s'enfonce sur une sonnette. Battements effrénés d'un cœur que rien ne semble pouvoir calmer. Peur d'un nouveau rejet. Porte qui reste bien fermée alors que le cœur se met à sombrer.
Mouvement réitéré malgré l'immense crainte de le déranger. Sourire lumineux quand la porte s'ouvre finalement après quelques minutes d'attente sur le portier au torse dévoilé et cheveux trempés.
— Hey Buka. Désolé pour l'attente.
— J'te dérange ?
— Non, non, j'étais sous la douche. Entre.
Rapide embrassade de l'allemand. Corps rapidement reculé. Iris qui tombent sur la chainette entourant son cou. Petite croix qui s'y balance sur son torse dénudé. Incompréhension de la situation. C'était à cause de ce maudit dieu qu'il n'avait plus de maison. Regard qui ne peut s'en détacher alors que la lumière qui s'y reflète la fait scintiller. Il ne concevait pas que Bernd pouvait continuer de prier.
Ainé qui disparait quelques secondes avant de réapparaitre en portant à ses cheveux une serviette multicolore. Dans l'autre main, un sweat aux différents camaïeux de bleus se balance alors qu'il se dirige vers son canapé. Léger signe de main pour lui indiquer de s'installer.
— Ma mère m'a mis un message.
Silence qui s'installe. Léger sourire qui s'étend sur le visage qui lui fait face.
— Et ? C'est bien ou pas ?
Intérêt marqué. Attention non feinte. Ton protecteur qui donne envie de continuer de se confier. Situation qui ne fait pas regretter d'avoir passer du temps à traverser la capitale de chez lui à l'autre côté.
— Elle dit que je lui manque et qu'elle m'aime.
Lèvres qui s'étirent sur le blond. Sourire qui suit alors qu'il ne sait malgré tout pas quoi faire de cette situation
— Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?
— Rien. Je sais pas quoi lui dire.
Soupir légèrement amusé qui échappe aux lèvres rosées. Douceur qui s'installe dans les yeux bleutés. Prunelles attirées par la marque dépassant de son col légèrement violacée. Trace évidente de ses retrouvailles espagnoles avec Marc-Andre. Silence que l'ainé laisse pourtant se prolonger alors qu'il semble l'inviter à continuer de se confier.
— J'ai peur de me réjouir et d'être déçu au final.
— C'est normal d'avoir peur après ce qu'il s'est passé. Mais elle a fait le premier pas. Je pense que tu lui manques vraiment. On met pas un message des mois plus tard pour jouer avec une personne à moins d'être complétement tordu.
Rayons lumineux se reflétant sur l'alliance qu'il portait à l'annulaire en fonction de ses mouvements. Léger hochement de tête. Mots qui rassurent sans convaincre pleinement. Il aimerait pourtant croire l'allemand.
— Je sais pas si je dois lui répondre ou...
Bouche de celui lui faisant face qui s'affaisse légèrement. Regard qui se perd sur son mur vert clair. Mécanisme qui entre en fonctionnement dans son cerveau alors qu'il parait étudier divers scénarios. Silence alors qu'il parait chercher ses futurs mots.
— Tu peux te laisser du temps. T'as complètement le droit de la faire attendre, de lui en vouloir, de ne pas avoir envie de lui reparler après ce qu'il s'est passé. Tu peux te laisser le temps de la réflexion. Ça fait six mois et elle a pas agi avant, t'as pas à être à ses basques juste parce que c'est ta maman.
Doigts qui glissent doucement dans les siens. Autre main qui se dépose sur la joue. Doux mouvement pour faire se redresser son visage légèrement penché vers ses genoux.
— On n'est pas obligé de pardonner aux gens qui nous ont fait du mal et quoi que tu décides parce que ça doit être ta décision, t'es autorisé à couper les ponts même avec des proches si c'est ce que tu veux et t'as pas à te justifier pour ça. Comme t'auras jamais à te justifier d'aimer les garçons.
Tête lentement hochée alors que le flot d'informations se fraye un chemin dans son esprit tourmenté. Idée de ne plus jamais parler à sa maman repoussée alors qu'il sait son cœur saigner à cette idée. Discussion laissée en suspens pendant quelques secondes pour se laisser un temps de réflexion.
Mouvement à ses pieds. Pupilles qui tombent sur un chaton roux. Sourcils arqués alors que la bête monte d'un saut sur ses genoux. Rire qui s'élève à côté de lui. Félin qui tourne en rond sur ses genoux semblant cherchant à y faire un lit.
— Je te présente Fukano. Un cadeau de Marc.
— Il est trop mignon.
Bout du doigt qui effleure le pelage flamboyant. Boule de poils qui commence à faire sa toilette.
— Il t'a déjà adopté.
Langue râpeuse qui glisse sur sa peau. Grimace de dégoût tandis qu'en face les iris sont attendries par le tableau. Il n'y avait pas que l'animal qui l'avait adopté dans cette habitation. Il finit par retourner à leur importante conversation.
— Tes parents t'ont accepté facilement toi ?
Tête secouée de haut en bas. Coup au cœur quand la réalité l'attrape. Apparemment il existait des personnes pour qui la situation n'était pas un handicap.
— Après je crois qu'ils ont pas été très très étonnés. Ils avaient juste peur qu'on se fasse du mal avec Marc-Andre parce qu'avant on s'entendait pas très bien.
Sourcil haussé. Idée inenvisageable alors qu'il les avait vus s'embrasser et enlacés. Petit rire délicat s'élevant alors que le corps quitte le canapé en direction de la cuisine. Prunelles sombres le suivant avant de tomber sur la couverture d'un magazine. Un sur la Une duquel trônait sa hantise. Celle qui lui était pourtant un peu destinée. Peut-être aussi un peu à Bernd et Marc-Andre. Allemand qui revient les mains chargées de gâteaux, deux tasses et une théière. Petit anglais heureux de l'avoir pour veiller sur lui à la place de son grand-frère.
— Ouais, le rugby nous a grugé, mais c'est pas étonnant, ils sont beaucoup moins cons et beaucoup plus ouverts que certains connards ici.
Doigts qui désignent un néozélandais souriant photographié sur la couverture multicolore.
— En tout cas, fais pas comme moi et trouve-toi quelqu'un qui ne sera pas en concurrence avec toi. Parce que c'est difficile d'être heureux pour la personne qui brise tous tes rêves et elle mérite pas ça.
Ton triste. Iris bleutées affligées. Sourire qui disparait. Choc devant l'honnêteté crue.
— Mais...
— Marc, c'est toute ma vie, certainement mon âme-sœur dans cet univers. Mais il y a pas grand monde qui me fait aussi mal que lui, même s'il est pas responsable qu'on soit en concurrence et qu'on puisse pas jouer dans le même club. Alors évite de t'enticher de ton principal rival sur un poste, ça sera plus simple. T'imagine même pas comment j'ai hâte d'être en retraite pour qu'on arrête de se faire du mal à vouloir la même chose.
Regard qui s'écarquille. Gâteau attrapé et engloutit.
— Je suis pas amoureux d'un coéquipier.
— Tant mieux.
— Tu sais je sais pas trop trop.
Sourire malicieux. Éclat amusé dans les prunelles si bleues.
— Tu veux qu'on sorte en fin de semaine ? Je connais un lieu sympa.
Joues qui le brûlent. Regard évité. Envie si pressente de dire oui cachée. Peur qui tord ses entrailles alors qu'il craint de prendre des risques inconsidérés pour sa petite carrière. Et si à cause de ça elle s'envolait en poussière ?
— Tu crois qu'on est les seuls ?
Mouvement de tête de la droite vers la gauche.
— Si on croit les statistiques et je vois pas pourquoi on serait si différent, on est censé être environ trois par équipe d'après la règle des dix pour cent. En Allemagne, c'est moi et Marc-Andre !
Et Buka comprend que pour Bernd, ce n'est pas un fardeau mais une grande fierté. Anglais qui ne comprend pas comment il a pu en arriver là, mais il espère qu'un jour ce sera également son cas.
— Un billet sur Pedri et Gavi en équipe d'Espagne.
Rire qui éclate alors que l'atmosphère se détend. Gorgée avalée de l'agréable boisson tiédissant.
— Et c'est qui le deuxième en Angleterre ?
— Faut que je réfléchisse. J'ai pas non plus trouvé dans mon nouveau club. Mais je trouverai, j'ai grave l'œil pour ça.
Pupilles amusées. Blond qui parait si confortable dans sa vie en train de s'étaler dans son sweat coloré qui paraissait si doux. Petit remerciement à dieu de l'avoir mis sur sa route au pire moment de son existence. Et c'est la première fois depuis des mois qu'il le voit positivement. Pensées qui dérivent vers le petit bijou.
— Tu continues de prier ?
Petit hochement de tête.
— J'ai plein de choses pour lequel je dois le remercier.
— Mais ils disent que... Enfin je veux dire...
Épaules qui se haussent. Voix qui s'élève. Évidence qui claque dans l'air.
— Il a pardonné à des gens d'avoir trahi et crucifié son fils, j'ai peu de doutes sur le fait qu'il me pardonnera de coucher avec un homme et d'en aimer un.
— Mais mon père dit que...
— Il peut bien dire ce qu'il veut, c'est pas lui qui te jugera à la fin. Chacun peut lire le texte comme il le veut, mais ceux qui repoussent les étrangers et ceux qui leurs déplaisent pour des raisons quelles qu'elles soient n'ont rien compris. Et puis, tu sais, même si mes parents avaient été contre, c'était pas le cas du prêtre et du pasteur qui ont béni notre mariage.
Choc alors que la fin est prononcée et transperce ses tympans pour arriver jusqu'à son cerveau. Bouche qui s'entrouvre alors qu'il prend enfin conscience des mots. Sourire heureux et prunelles rêveuses de celui qui a eu le bonheur d'épouser son compagnon. Index qui glisse sous le menton. Prunelles azurées qui plongent dans celles marron.
— Tu sais, c'est pas parce qu'ils t'ont élevé que tes parents sont forcément des bons modèles. N'écoute pas l'avis de personnes qui sont restés dans une autre époque. Ils finiront par comprendre que les personnes pas normales ce sont celles qui mettent leurs enfants à la porte. Putain j'y crois pas qu'il se serve de la religion pour ça quand la base du texte c'est l'amour et l'accueil.
Colère qui gronde. Thé resservit. Gouttes qui tombent sur la table en verre. Pupilles qui lancent des éclairs. Orage présent dans l'air.
— Mais c'est mon papa. Et je... Il me manque.
Mains qui encadrent le visage. Prunelles qui deviennent sérieuses. Lèvres pincées sur le visage de celui qui lui paraissait si sage. Goutte salée écrasée avant même qu'il n'ait compris qu'elle s'était mise à rouler.
— Ne le laisse pas te faire du mal ou te changer. Ne le laisse pas te faire croire que c'est toi le problème. Tu sais c'est normal que quand on aime quelqu'un il puisse nous manquer même s'il nous a fait du mal, mais certaines personnes méritent pas forcément des dizaines de chances et de te lacérer le cœur. Si c'est avec les garçons que t'es heureux, te force pas pour lui faire plaisir. Parce que personne ne mérite d'être malheureux pour faire plaisir à quelqu'un d'autre.
Petit mouvement de visage du bas vers le haut. Nouvelle bouchée avalée de l'extrêmement bon gâteau.
— Si je mets un message à ma maman et qu'elle veut qu'on se voit, est-ce que tu pourras être là ? Enfin, pas là là, mais après, si jamais...
Bras qui viennent l'envelopper. Sweat aux différents bleus dans lequel il se retrouve enfoui. Sa douceur n'était pas qu'une impression. Doigts qui glissent à l'arrière du crâne. Baiser délicatement déposé sur le front.
— Bien sûr.
Côtes comprimées. Augmentation de la pression.
— Est-ce que tu veux rester un peu à la maison, tu peux manger et dormir ici si tu veux.
Et si cela signifiait qu'il pouvait rester encore un peu dans l'étreinte si agréable, Bukayo n'avait vraiment aucune raison de dire non.
« C'est très oppressant. C'est l'image d'un homme qui vient d'un autre millénaire. Ça te laisse sans voix que quelque chose comme ça puisse être dit par un ambassadeur de la Coupe du monde. »
Leon Goretzka - Bayern Munich
j'espère que ça vous plait toujours.
suite dans 15 jours normalement et à voir si on sera à londres ou à barcelone :) avant une accélération par la suite !
la citation de ce bon vieux leon collait parfaitement au contexte et elle était en réponse à l'ambassadeur qatari qui avait dit de l'homosexualité que c'était un dommage mental dans un docu diffusé en allemagne.
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