Chapitre 3, Mika

Quand je suis rentrée hier soir de mon rendez-vous, Maxwell m'a posé tout un tas de questions. Je suis restée assez vague, c'est notre petit secret avec Matt. Max ne se démonte pas et me propose de venir le voir à l'entraînement en me tendant la carotte du : Matteo jouera aussi ! Je trépigne d'impatience de voir Matt en action sur le terrain, alors je lui réponds :

— OK, je viendrai.

J'ai demandé à ma meilleure amie, Kaylee, de m'accompagner. C'est la seule à connaître tout sur mon histoire avec Matt. Elle est tellement contente que je me sois trouvé un petit-ami, même s'il ne se passe rien de bien intéressant pour le moment, vu qu'on ne s'est rencontrés qu'hier.

C'est la première fois qu'elle le verra, elle ne l'a toujours vu qu'en photo sur Instagram... Oui, j'ai un peu fouillé et je suis tombée sur son compte par le plus graaaand des hasards. Je ne lui ai d'ailleurs pas dit, donc chuuut ! On se tait !!

Il poste régulièrement des photos de lui avec sa sœur, ça se voit qu'il tient énormément à elle et qu'ils sont proches.

Par contre, je ne sais pas, mais même si elle est contente pour moi, j'ai comme l'impression qu'elle est aussi un peu jalouse, parce que de temps en temps, elle ne peut s'empêcher de me lancer quelques piques.

Nous arrivons devant les gradins, et regardons un peu les garçons en train de s'échauffer. Kaylee me dit :

— Ouh ! Regarde, ils vont commencer à étirer tous leurs magnifiques muscles, hummmm, je kiffe, ça m'a l'air d'être bien dessiné sous ces tee-shirts.

J'éclate de rire.

Si elle commence à fantasmer dessus, ça ne va pas le faire entre elle et moi.

Je croise le regard de Matt qui me fait rougir, je suis à la fois contente et anxieuse de me retrouver ici. Matteo lève les bras au ciel pour... s'étirer, ben voyons, à croire qu'il a lu dans les pensées de Kaylee. Pendant que je suis en train de mater, la sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. Je dois détourner le regard de ce spectacle gratuit, pour mon plus grand regret.

— Oh, putain ! J'espère que tu aimes les tablettes bien dessinées, Mika, rit ma meilleure amie.

Je lâche mon portable et me retourne d'un coup :

— Quoi ?! Merde ! Je n'ai pas vu !

— Logique, rétorque-t-elle, levant les yeux au ciel. Tu es toujours rivée sur ton téléphone, conclut-elle, exaspérée.

— Je l'ai coupé ! C'est bon !

— En plus, il te jette plein de regards. Tu en as de la chance, me lance ma meilleure amie.

Kaylee a toujours eu des mecs dans sa vie, mais la plupart du temps pour des relations sans lendemain. En vrai, elle n'a jamais eu de chance question amour. Apparemment, elle aurait perdu sa virginité quand elle avait quatorze ans, contrairement à moi qui suis toujours jeune fille, une vraie coincée !

Le coach finit par siffler un coup, pour annoncer une pause dans l'entraînement, j'ai découvert un tout autre Matteo. Il joue comme un dieu, enfin je crois. Mon frère m'a déjà expliqué quelques règles, sans plus. Le problème, c'est que je n'y comprends absolument rien.

— Serre tes cuisses ma petite Mika, il arrive, se moque-telle.

— Kaylee ! soupiré-je en m'enfonçant dans mon siège.

Je détourne le regard quand je le vois monter les gradins,

quelle honte ! J'espère qu'il ne l'a pas entendue. J'ai envie de prendre les jambes à mon cou et partir loin d'ici, très loin même !

— Salut, lance-t-il un sourire dans la voix.

Je n'ai pas le choix, il faut que je pose mon regard sur lui. Je tourne la tête pour... et... pincez-moi, je rêve ! Il est tout transpirant et si... si sexy... Je suis en train de perdre pied, il faut que je me reprenne ! Coup de pied au cul mental ! Coup de pied au cul mental !!!

Je le trouve vraiment trop beau quand il transpire ! Depuis quand un mec qui transpire est canon ? Tout va bien, ma petite Mika, tente de me rassurer la petite voix de ma conscience.

— Salut, l'accueillé-je, en le regardant.

Kaylee le regarde aussi en pinçant légèrement ses lèvres.

J'ai l'impression que l'atmosphère s'est tendue d'un seul coup.

Elle se lève, fait jouer ses cheveux puis dit :

— Ouais, bon, moi, euh, je vous laisse deux minutes, hein. Pas de bêtises pendant mon absence les enfants.

Pendant un instant, j'ai une petite boule à l'estomac. Que me fait-elle ? Elle qui voulait absolument le rencontrer.

Matt la regarde bizarrement et attend quelques secondes avant de prendre le siège de ma meilleure amie.

— On se fait quelque chose après ton entraînement ? lui proposé-je.

— Pourquoi pas ? Tu as une idée ?

— Non, pouffé-je légèrement. Je pensais que tu aurais quelque chose en tête.

— La plage ?

— Ça me va, acquiescé-je.

— Parfait alors.

Je le regarde se lever. Déjà ? J'aimerais qu'il reste encore. Je ne dis pas qu'il va me manquer, car je peux le regarder sur le terrain, mais je sens un petit vide se créer sans sa présence.

— Tu me rejoins aux vestiaires ? me demande-t-il en fronçant les sourcils lorsque Kaylee se rapproche de nous.

— Bien sûr.

— Cool, à tout à l'heure, me salue-t-il avant de s'éclipser à la vitesse de la lumière.

Je me demande bien ce qu'il se passe entre eux.

Je croyais qu'ils ne se connaissaient pas. Enfin bref, je suis certainement en train de rêver et de me faire un film. Ah oui, et je bave aussi, je suis sûre qu'un filet coule au coin de ma bouche.

— Les vestiaires ? Waouh ! J'espère que tu es prête pour ta première fois, Mika, ricane Kaylee en s'assoyant.

— Quoi ?! Non, mais ça ne va pas la tête ! Tu es complètement folle et malade, grogné-je en croisant les bras sur ma poitrine.

— Si J'avais un mec comme ça qui me propose de le rejoindre dans les vestiaires, crois-moi, je fonce direct. Mais pas toi, hein Mika, toi tu ne feras rien de fun, se marre-t-elle.

— Oui, voilà, toi, c'est toi, ris-je légèrement. Et moi, et ben, c'est moi, soupiré-je.

Quelques dizaines de minutes plus tard, le coup de sifflet final retentit, la fin de l'entraînement a sonné. Les joueurs regagnent les vestiaires. Je suis Matteo du regard, celui-ci ne tarde pas à me retourner un sourire. Je récupère mes affaires et me lève.

— Surtout ! N'oublie pas le préservatif, reprend ma meilleure amie.

— Qu'est-ce que tu peux être bête, rétorqué-je, exaspérée par son comportement.

— Je sais, mais un jour faudra que tu te lances ma petite Mika. Amuse-toi bien !

Je ne proteste pas, elle est vraiment lourde quand elle s'y met ! Le pire, c'est que quand elle commence, il n'y a plus moyen de l'arrêter ! Kaylee me désespère, il est vrai que je n'ai jamais eu de petit ami, donc évidemment, je n'ai encore rien fait avec un garçon. Le fait de devoir apprendre plein de choses sur la sexualité, ça me fout carrément la trouille. Je m'avance doucement vers l'entrée des vestiaires. Mon frère finit par sortir en me regardant de la tête aux pieds.

— Matteo s'est coupé...

— Coupé ? Comment ça ? m'inquiété-je, en haussant un sourcil.

— Avec un couteau dans son sac, il a oublié qu'il transportait une arme blanche avec lui, ricane mon frère.

— Très drôle ! C'est profond ?

— Assez, oui.

— Super, râlé-je.

Il ne reste plus grand monde dans les vestiaires, j'en profite pour m'y glisser. Ça pue l'homme et le rat mort. Je trouve Matt près des lavabos avec un de ses coéquipiers qui l'aide à arrêter l'hémorragie.

— Matt?

— Mika... Euh... Ce n'est pas beau à voir...

— Fais-moi voir ça, ordonné-je en m'avançant près d'eux.

Matt retire sa main du filet d'eau pour me la montrer, il s'est coupé sur au moins trois centimètres de longueur et ça pisse le sang.

— Il faut aller à l'hôpital pour te faire recoudre.

— T'inquiète, ça ira mieux dans quelques jours.

— Matt... Il faut aller à l'hôpital, insisté-je.

Depuis que je parle à Matteo, j'ai découvert qu'il faisait souvent son grognon. Il n'en fait qu'à sa tête ! Mais depuis qu'il a croisé le regard de Kaylee, j'ai l'impression que c'est encore pire. C'est la première fois, que je le vois aussi grincheux. J'espère qu'il ne me cache pas quelque chose, c'est peut-être une de ses ex ou bien sa copine ? Nan, je pense qu'il me l'aurait dit s'il avait quelqu'un dans sa vie. Kaylee m'en aurait parlé si elle sortait avec lui.

— Elle a raison, intervient mon frère.

— Super, râle Matt. Tu sais conduire ? me demande-t-il.

— Je n'ai pas le permis, mais je sais conduire.

— Tant pis pour la contravention, mes clés sont dans mon sac.

Je ne lui réponds pas et ouvre une petite poche pour prendre les clés. Quelle idée de se balader avec un couteau aussi ? Je stresse un peu à l'idée de savoir que je vais devoir prendre le volant. Certes, je sais conduire, mais aller sur la route sans le permis, c'est jouer avec le feu. Je croise les doigts pour ne pas me faire arrêter par la police.

— Tu es prêt ?

— Euh... ouais, je crois.

— Allons-y, alors.

Nous sortons des vestiaires. J'aide comme je peux le grand blessé, mais à la vue de son visage, blanc comme un linge, c'est clair qu'il n'est vraiment pas bien. Je me demande comment il fait pour ne pas tomber dans les pommes, chose que j'aurais déjà faite depuis bien longtemps. Nous rejoignons le parking où se trouve sa voiture. Je n'ai jamais conduit une voiture de sport, mais il faut bien une première à tout, n'est-ce pas ? J'ouvre la portière côté passager pour aider Matt à s'assoir, nos regards se croisent pendant quelques secondes ce qui me fait sourire à pleines dents.

— Besoin d'aide pour t'attacher aussi ?

— Je ne vais pas refuser ta proposition, sourit-il.

— Tu es sûr d'être vraiment blessé ? me moqué-je légèrement.

— Oui, mademoiselle.

Je retrouve Matt avec son côté espiègle, serait-il bipolaire pour changer aussi vite ? Je souris, et attrape la ceinture la boucler. En me redressant, je pose une main sur sa jambe, je sens tous les muscles de sa cuisse se contracter à travers son jogging.

Mon cœur s'accélère, avant de se reprendre. C'est la première fois que je me retrouve si proche d'un homme et surtout de lui. Je referme la portière et je m'installe sur le siège conducteur. Je fais quelques réglages, car je suis assez minuscule, tandis que Matt fait partie de la catégorie « géant ».

— Allez, Minimoy ! Conduis, me charrie-t-il.

— Mais ! m'insurgé-je en mettant le contact.

Je m'attache et démarre pour prendre la direction de l'hôpital.

— Tu conduis bien, me complimente-t-il.

— Heureusement.

— Pourquoi n'as-tu toujours pas ton permis ? Tu peux très bien le passer, non ?

— J'attends d'avoir la somme, expliqué-je. Et le permis... je dois avouer que ça me stresse.

— Demande à tes parents pour ta voiture ?

— Non, je bosse pour, du moins pour ne pas demander un dollar à mes parents.

Il hoche la tête et nous arrivons enfin à l'hôpital ! Heureusement, les flics n'étaient pas sur la route. Je me gare sur le parking, coupe le moteur et retire ma ceinture.

— Tu m'aimes ?

— Pardon ? le regardé-je en écarquillant les yeux.

— Merde ! Je voulais te demander si tu pouvais m'aider, se marre-t-il.

— Ah ! Je préfère ça, rigolé-je. Oui, je t'aide.

Je le détache avant de sortir de la voiture, puis je l'attends. Pendant le trajet, le sang a arrêté de couler, mais la plaie est assez profonde. Normalement, il n'est pas trop tard pour qu'il se fasse recoudre, mais il va devoir arrêter le base-ball au moins pendant une petite semaine.

Nous entrons aux urgences, pour une fois, c'est calme, il n'y a pas grand monde, c'est étonnant même. Je prends sa carte d'identité pour aller l'inscrire, récupère les papiers, puis je le rejoins sur les chaises de la salle d'attente. Matteo n'a toujours pas repris des couleurs. Est-ce la plaie qui lui fait ça ou tout simplement l'hôpital ? 

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