Chapitre 8

C'est la pire nuit de mon existence. Je ne sais pas pourquoi mais je lui en voulais toujours. Pourtant il avait le droit de tomber amoureux de qui il veut mais je ne le voulais que pour moi. Que suis je entrain de faire? Je commence à changer à cause de lui. Je dois me ressaisir. Je dois accepter de rester son amie. Je ne dois pas être égoïste. J'ai des objectifs et je dois les poursuivre. "S'il venait qu'un jour je sois obligé de choisir entre toi et mon épouse, tu peux t'estimer heureuse parce que sans nul doute c'est bien toi que je choisirai". Cette phrase avait bien le don de me remonter le moral. Lorsque j'y repense à chaque fois... J'ai un nuage au dessus de la tête et là j'y vois... ce qu'il faut pas que je dise. Bref, je me dis bien mieux vaut être la meilleure amie de Bamba Galo que sa femme.

Ma deuxième journée à l'université s'est très bien passée mais je suis toujours triste. J'ai toujours ce grand désir de conquérir l'amour de ma vie. J'ai reçu au moins quinze appels en absence de lui. Il devait être inquiet mais ma fierté m'empêchait de l'appeler. Mon frère m'avait prévenu qu'il ne pourrait pas venir me chercher alors il m'a renseigné sur le bus que je devrais prendre et j'ai réussi à rentrer chez moi sans me perdre une seule fois. Oui! Je connais bien maintenant la ville. Quel bel exploit!

Mais ce dont je ne m'attendais pas c'est de trouver mon meilleur ami devant ma porte entrain d'attendre que je rentre. Je ne sais même pas si je devais toujours le considérer comme mon meilleur ami.

-Salut ma perle! Dit-il.

J'avançais doucement et ne lui répondit pas. Son joli sourire sur les lèvres disparut aussitôt.

-Ma perle, risqua-t-il de nouveau pour me taquiner. Je me retournais brusquement au moment où j'enfonçais la clé dans la serrure.

-Ne m'appelles plus jamais comme ça s'il te plaît.

Il soupira et me regarda ouvrir la porte. J'entrais et m'apprêtais à refermer devant lui mais il bloqua mon élan de son pied et poussa brusquement la porte avant d'entrer de force.

-Tu sors tout de suite de là, criais je.

-Pas avant que tu m'aies expliqué ce qui se passe réellement.

-Je n'ai aucune explication à te donner.

-Bon sang! Qu'est ce qui se passe? Cria-t-il à son tour. Je voyais bien qu'il était fâché. Mais pourquoi j'étais contre lui en fait? Je ne contrôle vraiment plus rien et ça me détruit.

-Afi, depuis hier tu te fâches sans même que je sache pourquoi. Si tu ne me dis pas l'erreur que j'ai commis comment pourrais je me racheter. Il avait raison. Il ne pourrait pas réparer son erreur si je ne lui fais pas savoir. Mais si je lui disais que je l'aime, accepterait-il? Non je n'en ferais rien. Je devais rompre tout contact avec lui c'est tout. Sinon on se fera beaucoup de mal sans le savoir. Je l'ai souvent entendu. Une amitié entre garçon et fille est impossible. Cela mène toujours vers l'amour sans qu'on le veuille. C'est ce qui nous arrive à Bamba et à moi.

-On ne s'est jamais disputé de cette façon, articulais je douloureusement.

-J'ai sûrement dû faire quelque chose de grave, dis le moi.

-Bamba, tu n'as rien fait ok? Je ne sais pas ce qui m'arrive. C'est plus fort que moi.

-Je suis ton meilleur ami pourtant. Si tu me racontais vraiment ce qui se passe.

Je soupirais. Il ne m'avait toujours pas compris. Quand il veut, il comprend derechef. Mais là il est sacrément bête.

-Justement Bamba, je répondis. Le fait qu'on soit juste amis... Je ne veux plus être ton amie.

-Pardon?

-J'ai dit que je ne veux plus être ton amie.

Il sourit nerveusement puis me regarda dans les yeux. Il s'approcha alors que je restais debout sur place et les bras croisés.

-Tu blagues, affirma-t-il.

-Je suis sérieuse, démentis-je. Bamba, je sais que tu es un bon ami. Juste que... Ça devient pire... Et.. Et je ne peux plus rien contrôler.

-Je ne comprend vraiment plus rien Afi.

On se regardait droit dans les yeux et je vis dans les siens qu'il commençait à se rendre compte de ce qui se passe réellement.

-Tu... Afi, es tu amoureuse de moi?

Ce fut l'effet d'une balle en plein cur. Il m'avait balancé la question comme ça, d'un coup. Je ne savais plus quoi faire. Et là je venais de réfléchir à tout ce que je lui ai dit. Je venais de faire une énorme gaffe et c'est moi même qui l'avait provoqué. Je devais mentir. Je m'en fous bien de ce qui se passerait à l'avenir mais là, il est hors de question que je sois la risée dans cette histoire. Maintenant je pense à la destruction de notre amitié. J'avais peur de le perdre et c'est bien moi qui ai provoqué cela. Je ne veux pas perdre son amitié. Afi, réveille toi! Je me demande comment ces mots ont pu sortir de ma bouche:

-Non... Pfff bien sûr que non. Bamba, tu sais quoi, oublies ce que je viens de dire. Oublies exactement tout. Les nerfs, parfois, nous les filles, c'est comme ça.

Il ne comprenait rien. Je le voyais bien sur son visage. Il avait même mis ses mains sur son visage un instant. Incapable de dire quoi que ce soit.

-Ecoute Afi, je crois qu'on devrait éviter de se voir quelques temps. Passe une bonne soirée.

Ça y est. Il est bel et bien en colère. Il m'en veut de ce comportement dégelasse que j'ai eu à son égard. Il est même parti sans me laisser le temps de lui dire quoi que ce soit. J'ai tellement pleuré qu'il me fallut prendre un médicament contre les maux de tête. Je me hais. Je hais tout ce que je fais. Qu'est ce qui m'arrive bon sang.

Une semaine est passée depuis cette terrible journée et Bamba ne m'avait pas donné de ses nouvelles. Je l'appelais mais c'est toujours sur son répondeur que je tombais. Parfois j'allais chez lui mais on me disait qu'il est sorti. Au fond, je sais qu'il ne veut tout simplement pas me voir. C'est normal. Après ce sale quart d'heure que je lui ai fait passé.

Tout à l'heure il est passé me voir, vers les quatorze heures comme ça. On est Dimanche et donc pas de cours. Il m'a fait comprendre qu'il fallait qu'il prenne un peu de recul. Il voulait s'éloigner un peu pour repenser à notre relation. J'ai comme l'impression qu'il avait bien compris mes sentiments à son égard mais comment le savoir? J'ai juré depuis l'instant d'après que plus jamais je ne piquerai une crise, que je ferai comme avant. Nous resterons de bons amis. J'avoue que de toutes nos disputes, celle ci a été la plus réussie. Elle a failli bien gâcher notre relation pour toujours cette fois ci. Mais on est uni d'une amitié indestructible.

Alala! Je suis vraiment à l'époque des disputes. Après Bamba, ce fut le tour de Isaac à juste deux jours d'écart. Génial!

Je lui ai demandé de me laisser vivre à l'université, il a dit non. Je lui ai demandé de me laisser trouver un travail, il m'a dit non. J'ai essayé de le convaincre, il restait sur sa décision. Cela a tourné à la dispute. Je voulais coûte que coûte travailler, tracer ma voie. Et lui c'est une tache à cela. Je me rappelle que récemment, il n'avait plus un sou en poche, je l'ai entendu au Téléphone emprunter de l'argent. J'avais de la peine. C'est bien la première fois que Isaac demandait de l'aide à quelqu'un. Je me sens coupable de tout ceci. Depuis mon arrivée, ses dépenses ont augmenté entre envoyer de l'argent à ma mère et mes besoins à moi. Il ne pense même plus à lui même.

En secret, j'ai demandé à Bamba de me trouver un job peu importe ce que c'était. Au début il ne voulait pas le faire mais il a cédé.

Je travaille désormais dans un restaurant pas très loin de chez moi. Mon frère ne le sait pas encore. J'y travaille de dix neuf heures à une heure du matin. J'ai par-curiser l'emploi du temps de mon frère. S'il ne descend pas à deux heures, il passera sa nuit au service. Je me débrouille pas mal. J'assure bien avec les études. Le salaire du mois n'est pas certes satisfaisant mais il m'est d'une grande aide. Bamba ne cesse de me dissuader mais je ne démissionnerai pas. J'ai pris ma décision et je n'y reviendrai pas. Il me fait parfois la tête mais cela ne change pas ma position. J'avoue que depuis notre arrivée à Dakar, notre relation ne se porte pas aussi bien qu'avant. On ne cesse de se disputer. Surement parce qu'on ne se connait pas comme on le croyait. Le vrai nous, avec notre maturité, le changement qui s'opère. On n'a jamais fait attention à ces détails qui s'accentuent chaque jour qui passe.

Par contre je garde toujours le contact avec ma mère. Je lui envoie des lettres dès que je peux, je lui demande des nouvelles de Eli et elle me répond rapidement. Ce serait mieux si elle avait un portable mais ça ne lui servirait à rien si elle ne pourrait pas le charger sans courant. Je lui envoie chaque mois de l'argent mais au nom de Isaac. Je ne veux pas qu'elle sache que je me tue tous les soirs dans un restaurant pour nourrir les clients, laver les vaisselles et nettoyer les tables et le sol. Elle ne me le pardonnerait pas à plus forte raison Isaac. Elle vit dans l'insouciance et je le préfère ainsi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top