SURPRIIIIISE!

Une magnifique surprise je dirais. J'étais rentrée épuisée. Je n'avais envie que de dormir après bien sûr un bon bain. Cependant, arrivée chez moi, je m'aperçus que toute ma famille était dans le salon: Ma mère, mes frères, ma belle sur, mon neveu (encore dans son nid), Insa, Astou, son mari et... Bamba Gallo. J'aurais prié pour ne pas le voir ce soir ni jamais. Au moins il se rappelle de mon anniversaire.

J'ai été ingrate. Je ne lui lançais aucun regard. Je me contentais de m'amuser avec les autres. Au fond de moi, j'avais très mal rien qu'au fait de le voir mal à l'aise par ma faute, faire semblant d'être heureux alors qu'il ne l'est pas. Je me demandais encore pourquoi il restait là.

-Ma poupée, joyeux anniversaire! Me dit Insa à l'oreille tandis qu'il m'emmenait vers l'extérieur, ses mains derrière mon dos. Je voyais le regard de Bamba que je n'arrivais pas à sortir de ma tête. Tiens ça ressemble bien à de la jalousie là.

-J'ai quelque chose à te demander avant de te donner ton cadeau.

-Vas y je t'écoute. J'étais excitée de voir son cadeau que j'acceptais tout.

-Ne te fâches pas, d'accord, j'ai vu un mec à l'intérieur mais je ne l'ai jamais rencontré et je ne pense pas que tu me l'aies présenté un jour... Il ajouta en voyant mon visage changer: Je savais que tu te fâcherais. Tu pourrais pour une fois me répondre sur une seule question personnelle. Dans peu de temps tu seras ma femme, tu pourrais au moins faire un effort pour qu'il n'y ait plus de secret entre nous.

-Bon ça va Insa. Ce n'est pas la peine de me faire tout un discours. J'allais te parler de lui de toute façon.

Je partais m'asseoir sur la chaise que je trouvais par hasard là dans la cour et mon fiancé me suivit. Je soupirais avant de me lancer dans mon récit dont j'ignore sa fin.

-Il s'appelle Bamba Gallo et c'était mon ami à l'époque. On était très proches. On faisait tout ensemble et on n'avait aucun secret. J'avoue que c'était plus facile de me confesser à lui qu'à toi. On a rêvé de partir ensemble à l'étranger. Bien que jeunes, on avait su tracer notre destin. Mais nos chemins se sont séparés à jamais depuis qu'il avait la chance de quitter le pays. Je ne lui en voulais pas. Au contraire, j'étais heureuse pour lui. Heureuse qu'il y ait au moins un de nous qui réalise son rêve. Mais il ne m'appelait plus, je n'arrivais plus à le joindre. Au fil du temps, j'ai été frustrée et j'ai mis dans ma tête qu'il m'a oublié. Ça a duré neuf ans. Je n'aurai jamais cru qu'il reviendrait chez moi en plus.

Après ces mots un silence ténébreux s'en suivit. J'aime les hommes attentifs et Insa l'était. Il avait compris. N'empêche je sentais bien qu'il voulait me demander quelque chose et il l'a fait:

-Étais-tu amoureuse de lui?

Il me connait comme Bamba même si ce n'est pas totalement. Néanmoins, j'ai préféré mentir car je ne voulais en aucun cas semer le doute dans notre couple surtout pas maintenant que nous allons nous marier. La jalousie est mon pire ennemi alors lui ouvrir une porte serait sa plus grande victoire.

-Tu es le seul homme dont je suis tombée amoureuse mon chéri.

-Tu l'auras bien mérité après tout, dit-il avant de me tendre le poignet qui tenait fermement une chaîne qui pendait. Un collier trop magnifique pour dire vrai. Il était en or. Les lettres A et I étaient aux bornes du coeur. Un cristal écarlate brillait au milieu.

-Waw, elle a dû te coûter cher mon amour.

-Pour toi rien ne vaut ton amour. Ce n'est qu'un simple cadeau d'anniversaire.

-Je t'aime Insa.

Il m'aida à le porter avant de me faire un bisou dans le cou par surprise. Je n'ai pas voulu qu'il m'embrasse sur la bouche de peur que ma mère nous surprenne. Elle est trop pieuse pour voir sa fille embrasser un homme avant l'union sacrée.

Avant qu'on aille rejoindre les autres, devinez qui vient gâcher notre fou rire...

-Je vous laisse seuls si tu veux? Demanda Insa,

-Non, on y va, répondis-je.

-Ce serait moins barbant si tu arrêtais tes enfantillages et que tu vienne me parler d'homme à femme, lança Bamba.

-Je ferai mieux de vous laisser parler.

Il s'eclipsa comme un vampire et me voilà seule face à un amour que je ne veux plus reconnaître.

-Comme ça tu vas te marier.

-Je présume que toi tu l'es déjà.

Il ria avant de répondre:

-Quoi, avec la blonde de mes rêves? Non, j'ai finalement changé d'avis.

A la fois surprise, étonnée et heureuse, je me forçais de ne pas exploser de joie. Je lui fis juste un hochement de tête et m'apprêtais à partir mais il me retint exactement comme le faisait Insa. C'est fou comme ces deux hommes se ressemblent sur beaucoup plus de points que je ne l'imaginais. C'est peut-être pour cela que j'ai craqué pour mon fiancé. Il enchaîna ces phrases comme une bête en furie:

-Tu as raison de m'en vouloir parce que je t'ai laisser tomber . Je n'ai pas cherché à savoir si tu allais bien. C'était très ingrat de ma part. Savais tu au moins la raison de mon comportement? Non tu n'en as aucune idée. J'ai eu à confronter mon père et mon oncle qui me refusent tout contact avec toi. J'ai essayé tant bien que mal de camoufler le fait qu'ils ne t'apprécient pas autant que ça. On est pas de la même classe sociale et pour eux, leur fils doit fréquenter des gens de son milieu. Je leur ai tenu tête pendant longtemps. Ils m'ont menacé de me ramener au Sénégal en stoppant de payer ma scolarité. J'ai réfléchi et j'ai pensé à ce que ça te ferait toi qui rêvais tant me voir réussir. Je m'étais imaginé ce que tu me dirais si jamais j'abandonnais tout pour toi. Tu te serais rendue coupable et je serai impuissant face à ta tristesse. Je ne saurais quoi te dire. Alors j'ai cédé et je suis resté là-bas pour toi. Aujourd'hui me voilà devenu le grand chirurgien comme je te l'avais promis. Alors Afi, ne me dis pas que tu ne m'aurais pas demandé de rompre notre amitié sachant que mon avenir en dépendait. Je te connais comme moi même.

Baume au coeur! Je lui voulais alors que tout était de ma faute. Il a agi ainsi à cause de moi. Je n'ai pas cherché à savoir et j'ai été lâche. Je me déteste moi même. J'ai toujours tord à propos des autres. D'abord ce fut avec Isaac après c'est Bamba, celui en qui j'aurai du garder la confiance. Je ne mérite pas son amitié.

-S'il te plaît, reprit-il puisque je restais muette, choquée. Cries moi dessus, insultes moi, gifles moi. Je préfère milles fois plutôt que ce silence que je n'aime pas.

Ayant pris ma contenance, j'acceptais de lui parler. Quand il m'avouait tout ce qui s'est passé pendant toutes ces années, une larme s'était échappée de ses yeux. Pour la première fois, je voyais Bamba pleurer à cause de...moi.

-Au début ce silence était pour te punir. C'est parce que tu le détestais que je l'ai fait exprès. Ainsi tu pourrais te rendre compte de la douleur que ton silence m'as infligé. Mais à présent, mon silence ne veut rien dire d'autre que j'ai honte de moi même. Honte de savoir que tu as failli gâcher ta vie à cause de moi et que maintenant que tu la reconstruisais, je t'en voulais.

Cette fois ci je craque. Je pleure. C'était trop. Aujourd'hui le jour de mon anniversaire, je devrais être heureuse mais au contraire, j'étais malheureuse. Il voulait m'approcher mais il hésitait. Il n'osait pas.

A cet même instant, je vis Insa arriver totalement rouge de colère. Il se jeta sur Bamba en une fraction de secondes. Il lui assénait des coups violents lui demandant de lui dire pourquoi il me faisait pleurer. Ne savait-il pas que je pleurais à cause de moi même. Je suppliais Insa d'arrêter ses coups mais il ne m'écoutait pas. Sa colère l'avait transformé en quelqu'un d'autre. Ce fut Eli et Isaac qui les séparèrent. J'entendais Insa crier à Bamba qui partait en sang: "Personne ne s'en prend à ceux que j'aime nègre indigène sans cervelle".

Là il a mis la goutte qui fait déborder le vase. J'étais plus qu'en colère contre mon futur mari mais celui qui me préoccupais à cet instant c'était mon ami. Je ne devais pas le laisser partir dans son état. Il n'a pas accepté mon aide et il me pointa du doigt un emballage en couleur violette. Il était assez large et je devinais que ce qui se trouvait à l'intérieur s'agissait peut-être d'une boîte. Il me dit avant de partir: "Puisque ça fait longtemps que t'as essayé de savoir ce que c'était, le moment est venu pour moi de te le donner. Joyeux anniversaire ma perle!"