Chapitre 17
Ce matin en me réveillant, j'étais totalement nerveuse. Je faisais tout de travers. Je parlais maladroitement. Je faisais tomber des ustensiles et je ne cessais de manger du chocolat. C'est devenu une habitude. Quand rien ne va, je prend immédiatement du chocolat. J'étais toute seule dans la maison comme d'habitude. Je ne sais pas pourquoi personne ne reste chez soi durant les jours de repos. Astou m'avait même appelé pour savoir si tout allait pour le mieux. Je tentais de la rassurer et de me rassurer moi même. Je comptais les heures qui me torturaient sans cesse.
***
J'avançais lentement vers le banc où il était assis. Il était de dos et j'avais cru qu'il ne me verrait pas arriver. J'avais tout faux.
-Heureux que tu sois venue, dit Insa en se levant avec un beau sourire.
Je baissais les yeux en signe de gêne et il me demanda de m'asseoir.
-Tu te rappelles de ce banc?
Depuis que je l'avais reconnu, tous les souvenirs liés à Insa se faufilaient dans mon esprit. Je me rappelle chaque fois de ces deux journées quand je l'ai rencontré.
-C'est ici que l'on s'est rencontré pour la deuxième fois il ya neuf ans, lui répondis-je calmement.
-Cela fait beaucoup d'années.
-Oui, je ne t'ai jamais revu et je t'avais oublié.
Cette fois ci je le regardais pour le voir se caresser le menton, tout sourire. Je me suis rendue compte qu'il s'était rasé la petite barbe. J'adore le voir de si bonne humeur. Ça me libère et me permet d'être à mon aise.
-Tu n'as jamais cessé de m'éviter durant ces temps. Tu te rappelles, même ton nom tu refusais de me le dire. Et regardes maintenant ce que fait le destin, je connais ton nom sans avoir à le demander à quiconque, reprit Insa.
-J'avoue que pendant cette époque, ça ne me disait pas trop de me lier à une quelconque relation.
-Mais maintenant ça te dit? Demanda-t-il en insistant pour une réponse avec ses magnifiques yeux gris.
Je détournais mon regard pour ensuite lui répondre:
-Je ne sais pas vraiment. Tout est confus dans ma tête. Il y avait quelques temps, je me disais que je ne serais en couple avec personne. Je m'étais jurée de ne plus jamais tomber amoureuse mais là je ne sais plus quoi penser ou quoi faire.
-A t'entendre parler, on dirait que tu as été déçue par un homme.
-Pas tout à fait!
-Alors pourquoi tu dis que tu ne tomberas plus jamais amoureuse?
-Ça fait parti de mon passé et j'aimerais ne pas en parler, tranchais-je avant qu'un long silence de mort s'installe entre nous. On était tous les deux stressés. Je suivais ses moindres mouvements nerveux les unes que les autres.
-Tu ne t'es jamais posée la question de savoir pourquoi je m'intéresse tant à toi?
-Pour être franche avec toi, j'ai envoyé balader beaucoup de gars qui m'ont saoulé un peu comme toi. Je me demande encore pourquoi je ne fais pas pareil avec toi. Tu le sais toi?
-Première hypothèse, je dirais que je suis ton professeur et je peux te tirer à n'importe quel moment de la médecine si tu m'offenses...
-Mais vous n'oseriez tout de même pas, coupais je choquée.
-Qu'est ce qui m'en empêche?
-C'est quoi ta deuxième hypothèse?
-Ah les sénégalais! Ils répondent toujours à une question par une autre question. Bref, ma deuxième hypothèse qui est sans nul doute la bonne est que je t'intéresse et que tu as envie de mieux me connaître.
Je ne pouvais expliquer ce qui m'a pris à cet instant mais je lui lançais froidement ces mots: "Si c'est à cause de notre baiser que tu penses comme ça de moi c'est que tu te fourres bien le doigt dans l'il".
Je pense qu'au moment où il m'a posé son hypothèse, il m'a semblé être une autre personne. Je le voyais comme quelqu'un qui cherche juste à m'attirer dans ses filets. C'est surement le fait que je ne sois pas habituée à ces types de drague européenne qui me faisait cet effet. Je m'étais levée. Il fit pareil et me suivait le long de mon chemin.
-Qu'ai-je fait de mal Afi? Je pensais juste que tout comme moi tu aimerais bien me connaître. Arrêtes toi et écoute moi, dit-il en m'arrêtant sur ma course.
-Insa, on aurait jamais dû faire ce qu'on a fait d'accord. Tu es mon prof et nos liens ne doivent se limiter qu'à cela, rien de plus. Je n'aurais même pas dû venir.
-Alors dis moi dans les yeux que tu n'es pas venue ici espérant m'entendre te dévoiler mes sentiments pour toi.
-Laisses moi partir s'il te plaît.
-Ok, c'est ce que tu veux? S'emporta-t-il. Très bien Afissatou Ba, ici à la place de l'indépendance, l'endroit où je t'ai heurté pour la première fois, je vais te dire ces mots que j'ai gardé pour moi depuis neuf ans. Je vais te dire ces mots dont toutes les filles avec qui j'ai couché auraient aimé entendre de ma bouche. Afissatou Ba... Je t'aime!
Vingt heures vingt trois minutes et quarante quatre secondes, les mots que j'avais espéré entendre de celle de Bamba Gallo sortirent de la bouche de Insa Ba. Quelqu'un ne me l'a jamais dit avec une telle intensité. Je sentais qu'il le disait avec tout son cur. Je savais qu'il était sincère. J'avais laissé couler une larme sans même m'en rendre compte. L'amour que j'avais cru perdre était revenu pour me rendre heureuse et complète.
Sa douce paume toucha ma joue et nettoya ces larmes qui l'humidifiaient. Il me serra fort contre lui et le battement de son cur que j'entendais là devenait ma musique préférée. Étant au chaud et à l'abri dans ses bras, je ne voulais plus me détacher de lui. Tout semblait être un rêve pourtant c'était la réalité. Je ne voulais plus me réveiller pourtant je ne dormais pas.
A vingt heures vingt trois minutes le vingt deux Décembre deux mille dix sept, le couple Ba venait de se former. Je ne puisse dire par n'importe quel miracle cela s'est produit mais j'espère que ce même miracle soude notre relation pour toujours.
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