Chapitre 14
J'ai entendu des éclats de rire venant du salon. Pourquoi tout ce bruit! Il était déjà dix sept heures. Cela doit être mes frères et mes oncles à coup sûr.
Après m'être longuement étirée, je me suis dirigée vers le salon paresseusement.
-Ah! Là voilà, fit la voix de Isaac.
Je saluais tous mes deux oncles. Au moment où je devais tendre la main à la troisième personne, je me réveillais pour de bon car devant moi se trouvait mon cur, ma joie de vivre. Cette personne qui m'a tellement manqué. J'ai crié de joie et je me suis lancée dans ses bras telle une furie. Je la serrai tout contre moi et je ne voulais pas la relâcher.
-Arrêtes, tu m'étouffes.
-Tu ne sais pas à quel point tu m'as manqué, maman.
Je ne la quittais plus. Ma mère était là, devant moi, toute souriante et toujours belle malgré la vieillesse qui s'empare de jour en jour de sa beauté. Ma tendre mère!
On restait tous là à discuter. Il ne manquait plus que Eli et toute la famille serait au complet. Parfois aussi cela devenait ennuyeux de parler avec mes oncles. Ils veulent coûte que coûte que je me marie. Moi, Afissatou Ba, me marier. Il en est hors de question. Mais quelle idée! Oui, j'ai vingt six ans bientôt vingt sept. Toutes les femmes de mon âge sont déjà à leur deuxième ou troisième enfant. Seulement je ne suis pas comme toutes ces femmes. J'aime la liberté, l'indépendance.
Ma mère et moi sommes parties dans mon restaurant qu'elle a déjà beaucoup apprécié.
-Je savais qu'à toi seule, tu pouvais faire d'énormes progrès, me dit-elle.
-J'ai eu le meilleur des modèles.
-Je suis fière de toi.
Elle me prit les deux mains et elle récitait des versets du coran. Une prière qu'elle a l'habitude de faire pour moi et mes frères. Après qu'elle eut fini, elle me sourit, puis rentra dans le resto. Je la laissais visiter les lieux. De mon côté, je me suis affairée à mettre de l'ordre, à compter mon argent, bref tout ce qui est en rapport avec le commerce.
Une fois à la maison, j'abandonnais la petite famille et allais me mettre au lit tout en lisant un bon bouquin sur la médecine, la chirurgie en particulier. Ce n'était pas facile de me concentrer au début avec tout ce boucan à la maison. Elle n'a jamais été aussi animé. Cette ambiance me manquait.
***
-J'aimerai rencontrer ta mère, moi, dit Astou le lendemain à l'hôpital.
-T'inquiètes pas. Je te la présenterai. Tu vas devenir grosse si tu n'arrêtes pas de te goinfrer autant, lui fis je remarquer.
Elle n'ajouta pas un mot et continuait son déjeuner, tranquille. Pendant ce moment de calme, j'eu soudainement un flashback. C'était un jeune homme, très beau, d'une origine double. Il me souriait tendrement et me tendit la main. Je me mis à l'évidence. C'était un souvenir et cet homme était bel et bien...
-Insa!
-Pardon? Demanda Astou étonnée de me voir sursauter et crier ce nom.
-Bien sûr. Pourquoi je ne l'ai pas remarqué tout de suite? Je posais la question à ma copine mais évidemment elle ne comprenait pas. Je ne me rendais même pas compte que ce détail de ma vie, je suis la seule à la connaître.
-Tu veux que je t'appelle un psy là, Afi?
-Le docteur je dis.
Sans attendre qu'elle prononce un mot, je me levais de table. Il fallait que j'aille le voir. "Tu ne me reconnais vraiment pas ou tu fais exprès". Je viens de saisir le sens de la phrase.
Je l'ai trouvé enfin avec une patiente à qui il expliquait certaines choses. Celle ci semblait pus concentrée sur le visage du docteur que sur ce qu'il lui disait. J'attendis sagement qu'il termine au bout de cinq minutes.
-Insa Ba, ça colle bien. Heureuse de vous revoir.
Il se retourna, me dévisagea un instant avant de continuer son chemin.
-Je pensais que vous m'aviez oublié.
-Vous auriez pu me dire qui vous étiez depuis le début.
Il se retourna ensuite vers moi pour me lancer:
-Malheureusement que maintenant c'est monsieur Ba pour vous. Nous sommes liés par un simple rapport professionnel. Ne vous avisez plus de m'appeler par mon prénom.
Il s'en alla sur le champ. Mais pourquoi se met-il en colère? Je ne pense pas avoir fait quelque chose de grave si ce n'est retrouver une vieille connaissance. J'avoue, les deux fois qu'on s'est rencontré, j'ai été assez sèche à son égard. Mais ça fait toujours plaisir de revoir quelqu'un qu'on apprécie bien.
Je me suis dépêchée de rentrer en vitesse à la maison car ma future belle sur a été invitée à la maison. Quand j'étais dans le bus, je me suis rappelée de la photo sur le bureau de Insa. Heu... Je veux dire Docteur Ba. Je ne sais pas mais depuis que je suis au courant de qui il est, les mots "monsieur Ba" sonnaient faux dans mes oreilles. Je préfère Insa et j'espère ne pas commettre la bêtise de le dire devant lui. Bon comme je disais, je me suis souvenue surtout du visage de son père. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau mais ce qui me marque réellement, c'est que j'ai comme l'impression d'avoir déjà rencontré son père. Je deviens folle moi. Je vois des visages ressemblants partout.
Je profitais du trajet pour passer à la banque et déposer une somme sur mon compte. Et hop, vite fait je suis à la maison. Une fois que j'aurai tout l'argent qu'il me faut, je pourrais construire la maison de mes rêves. J'avais déjà réussi à m'acheter un terrain qui avoisine les sept millions. Il me reste juste à trouver la somme restante et Isaac pourrait commencer les travaux étant donné que c'est son domaine, je lui fait une confiance aveugle.
L'invitée de la soirée est enfin arrivée. Mon frère a vraiment du goût. Elle est magnifique au point que j'en devenais jalouse. J'espère au moins qu'elle ne volera pas ma place dans le cur de mon frangin. Sans le faire exprès, Eli m'a glissé à l'oreille: "Elle ne fait pas le poids face à ma copine". Je l'ai regardé avec de gros yeux, la bouche entrouverte. Ay frangin tu vas regretter d'avoir ouvert ta bouche. Il s'est immédiatement rendu compte de sa gaffe. Il a juré et s'est frappé un coup à la tête. Cela m'a bien fait marrer. De toute façon je m'en doutais déjà. Je me disais qu'il a une petite amie mais qu'il le cache. Alors, là je suis la seule célibataire de la famille. Je me sens un peu mal.
La soirée a été géniale. Khadija est vraiment ouverte, un peu timide mais c'est une personne avec qui on peut bien s'entendre. Elle a fait une bonne impression à ma mère. Bravo Khadija, tu as gagné une bonne place dans la famille.
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