Chapitre 13
-Bien dormi?
-Discuter avec mes frères jusqu'à vingt trois heures et se plonger dans des pensées solitaires jusqu'à minuit pour ensuite se réveiller à cinq heures alors d'après toi.
-Ah ma belle, si j'avais ta vie je serai hyper heureuse.
En fait, je ne sais pas grand chose de la vie de Astou. Elle est sympa, gentille et souriante mais est-elle heureuse? A-t-elle un compagnon? Quelle est sa classe sociale? Je vais appendre à mieux la connaitre au fil du temps.
Avant même que notre discussion aille loin, monsieur Ba était devant nous, nous saluant endormi. Il est très ponctuel ce gars. Un peu de respect Afissatou! Mais bon je me demande où es ce qu'il a passé sa nuit pour venir avec cette mine aujourd'hui. On procéda au rituel matinal; voir l'état de nos patients, en rencontrer d'autres, subir la crise de nerfs du professeur, assister à l'annonce de décès. C'est la journée du médecin, du coup. Génial!
-Oh mon Dieu! S'exclama Astou à l'heure de la pause.
-Je compatis ma chère.
Nous nous asseyons sur une chaise, notre déjeuner sur la table. Astou avait faim. Elle n'ouvrait la bouche que pour avaler. Moi aussi j'étais fatiguée mais c'est moi qui ai choisi ce travail et je l'aime franchement. Cela en vaut la peine. Je répondais au texto de Eli qui m'informait de l'arrivée de mes oncles à Dakar. Je suis heureuse de les voir seulement je ne pourrais pas me libérer de mes heures restantes.
-Ah! Fit Astou en reposant sa cuillère sur son assiette.
-Qu'est ce qu'il y a?
-A plus tard, répondit-elle avant de s'en aller à la vitesse de l'éclair. Parfois elle peut être vraiment idiote. Je compris alors pourquoi sa réaction soudaine.
-Bon après-midi.
Le docteur Ba venait de prendre la place de mon amie. Pourquoi s'acharne-t-il sur moi?
-Merci docteur, à vous aussi.
Je m'apprêtais à m'envoler lorsqu'il me retint la main m'obligeant ainsi à rester sur place. Un vague souvenir me revenait. Quelqu'un m'avait fait ce même coup.
-Tu ne me reconnais vraiment pas ou tu fais semblant.
Affirmation ou question? J'optais pour la première. J'ai tellement l'impression de l'avoir déjà rencontré.
-Je suis presque sûre de ne jamais vous rencontrer. Si vous pouviez me rafraîchir la mémoire.
-Tu prends la garde ce soir. J'ai des trucs importants à faire et puisque j'ai deux stagiaires, je te désigne "Docteur Ba" pour ce soir.
Sérieusement! Non mais je rêve. Il me retient, me demande si je fais semblant de le connaître alors que je m'attend à ce qu'il m'aide, ce prétentieux me lance en plein figure de rester cette nuit. Il change comme ça le sujet. C'est le comble!
Il n'a même pas attendu ma réponse qu'il s'en alla me laissant planter là comme une folle. Merci professeur! J'envoyais un message à Isaac pour le prévenir et j'annonçais la fâcheuse nouvelle à Astou qui, au lieu de m'encourager, se moqua de moi. Super!
Le docteur m'avait lancé un dernier au revoir comme s'il voulait tout simplement s'amuser de ma situation. L'heure filait et je me sentais inutile dans cet hôpital. Les patients étaient endormis, la quasi moitié du personnel a déserté les lieux. Rares étaient les infirmiers que je croisais. Par simple curiosité, je suis partie dans le bureau de Monsieur Ba. Il me tuerait si jamais il savait que je suis là à son absence. Je me suis amusée à jouer au patron sur son fauteuil. Je m'imaginais avoir des patients à qui je prescrivais une ordonnance ou à qui j'annonçais de bonnes ou mauvaises nouvelles. J'ai hâte que ce moment arrive pour de vrai.
Quand je détournais le regard vers un cadre posé sur le bureau, je me rendis compte que c'était le docteur tenant un diplôme à la main. Il souriait avec tous ses dents dehors. Qu'il est mignon! A ses côtés se trouvaient deux personnes âgés: Une vieille dame blanche à sa gauche et un vieil homme noir à sa droite. J'en déduis que ce sont ses parents. En lisant le diplôme, je vis que c'était le jour de sa thèse, le jour où il a obtenu sa clé pour exercer enfin comme un vrai médecin. On pouvait lire la joie sur leurs visages. Cependant mon regard s'attardait sur son père. Je le voyais et un sentiment de haine mélangé à la joie et à tristesse m'envahit. Le pourquoi, je me le demandais. Est ce le fait que j'aurais aimé voir mon père moi aussi, lorsque mon jour arriverait. Hum, ou bien je suis jalouse de lui. Vous savez, quand on voit quelqu'un être en compagnie d'un parent que nous nous n'avons pas, cela réveille en nous des sentiments, des sensations désagréables.
-Debout là dedans.
Par pur réflexe, ce cri m'a immédiatement réveillé. Au même instant je fermis mon journal d'un coup sec. Idiote que je suis, je me suis endormie mon journal ouvert. Et si quelqu'un l'avait lu. Ce dont je devrais me soucier c'était Docteur Ba. C'est parti pour un bon coup de savon.
-Vous vous rendez compte que vous vous êtes endormie pendant votre heure de garde, me fit remarquer mon supérieur.
Derrière lui, se trouvait Astou qui me faisait un grand signe de la main. Je pouvais rien déchiffrer car j'étais très épuisée.
- Je vous demande pardon monsieur Ba, répondis je tête baissée.
-Et si un de mes patients mourraient, vous serez aussi désolée.
Je ne répondais pas et lui il continuait le ton montant à chaque mot qu'il prononçait.
-C'est à vous que je parle bon sang, cria t-il.
-Je vous jure que ce sera la dernière fois, pardonnez moi je vous en pris.
Il soupira et se massa le front avec sa main droite tandis que l'autre était appuyée sur sa taille.
-Mademoiselle Ba, reprit-il doucement. Il faut savoir que quand on est en garde, il faut toujours rester éveillé. Tu as le droit de fermer les yeux juste pour apaiser les irritations mais il ne faut jamais commettre la bêtise de dormir. Imagine juste un peu qu'un patient pique une crise et qu'il n'y a personne pour lui porter assistance. Il mourra et qui porterait la faute. Moi! Alors tâchez d'être plus vigilante à l'avenir. Vous êtes très compétente et vous avez un brillant avenir. Ne gâchez pas tout. Vous venez d'échouer à votre premier test.
-Quoi? Mais vous ne m'avez jamais dit que s'en était un.
-Il vous fallait donc une raison pour accepter de garder l'il ouvert.
-Non, je ne dis pas ça, c'est...
-Il suffit, mademoiselle Ba.
Je me tût sur le champ. Astou était toujours derrière avec ses signaux débiles. J'avais envie de lui crier "Tu vas me dire ce qu'il y a à la fin, toi" mais notre titulaire encore en colère était là.
-Et vous attendez quoi pour bouger de mon fauteuil.
C'était donc ça que voulait me faire comprendre l'autre folle. Je n'ai rien vu venir moi. Je me suis levée timidement en prenant bien soin de m'emparer de mon journal avant de disparaître.
Astou se moquait tout le temps de moi depuis qu'on a quitté le bureau du docteur. Je ne lui ai rien dit. J'essayais tant bien que mal à la supporter. Bravo à moi car cela demande un effort monumental.
Heureusement je pris très tôt ma journée. A treize heures monsieur Ba a eu la générosité de me laisser rentrer chez moi.
A mon arrivée à la maison, personne n'était là. Ça ne serait pas une surprise pour moi si j'avais trouvé dans le salon ou dans une chambre mes oncles entrain de bavarder. Mais ce n'est pas le cas. Pourtant Eli m'avait dit qu'ils devaient venir hier même. J'arrête de me poser des questions et je vais piquer un somme après avoir pris un bon bain.
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