Chapitre 11

Un journal intime c'est comme un miroir. En le lisant, on a comme l'impression de le voir, de le vivre et de le sentir. Je m'en suis rendue compte en relisant le mien. Je ne le tiens pas régulièrement et je n'y inscrit pas tout mon vécu chaque jour qui passe, chaque heure, chaque minute ou chaque seconde. Les événements que j'y marque sont ceux que j'ai envie de revivre ou parfois ceux qui m'ont apporté de la tristesse. Je pense que j'ai commencé à mieux connaître ma vie et à mieux la gérer. Il aurait pu être un bon livre qu'une jeune adolescente dans le temps écrivit. La personne qui le lirait un jour aurait l'impression de regarder un film. Ce film peut lui sembler le plus triste mais qui finirait peut-être par des moments de joie. Mon meilleur ami disait souvent que ce n'est que dans les feuilleton qu'on a des "Tout est bien qui fini bien". Pourtant ma vie qui améliore de jour en jour me laisse croire que ça m'arriverait surement. Moi je la veux bien comme ça. Une vie de feuilleton. La seule différence en est que dans un film ça ne dure que deux heures alors que dans la réalité dieu seul connait le temps et la tournure des événements.

Maintenant que j'ai vingt six ans et que je recommence à écrire, je compte y transcrire les plus moments. Commençons dès à présent.

De merveilleuses choses me sont arrivées. Avec mon travail au restaurant durant désormais cinq années, j'ai réussi à m'ouvrir mon propre restaurant grâce à mes économies. Je me faisais assez d'argent qui m'a permis de payer mes frais de scolarité de chaque année et de pouvoir me trouver un logement. J'avais discuté avec mon frère pour qu'il vienne vivre avec moi. Au début, il ne le voulait pas mais quand je lui ai proposé de se partager les frais de la maison, il a accepté. Nous vivons à présent dans une maison confortable et on paie un loyer régulier. Isaac s'était rendu compte que mon sacrifice en valait la peine. Par contre, ma mère n'a voulu en aucun cas quitter Kolda. On a parlé sans cesse avec elle pour la convaincre mais elle refuse catégoriquement. On a finalement abandonné toute tentative mais n'empêche nous lui envoyons chaque mois de l'argent. Cependant, j'ai fait venir mon petit frère toujours si beau, si ce n'est plus même maintenant. Il a grandi tellement vite que je ne m'en suis même pas rendue compte. Une fois à Dakar, il a continué ses études. Il fait sa formation en Génie Informatique. Il s'avère être un bon "Dieu de la Technologie". Je suis tellement fière de lui. Isaac a réussi une promotion. Il n'était plus qu'un simple chef ouvrier mais il gère carrément tous les chantiers et documents de l'entreprise. C'est notre époque de bonheur qui semble enfin nous sourire.

Demain c'est ma dernière année de stage que je dois commencer. J'avoue que je suis trop stressée mais je m'en sortirai bien. Je le sais et j'en suis certaine. Je n'en reviens pas que je sois à une porte de mon but. Mon grand rêve va bientôt se réaliser: Devenir docteur. Il me suffit juste de passer ces quelques mois, faire ma thèse et Bim! J'y serai. Que n'ai je pas vécu dans ma vie pour ne pas mériter ce statut. Rien ni personne ne pouvait m'arrêter désormais.

Je me suis réveillée très tôt et apparemment j'ai dormi sur mon journal ouvert. Heureusement que personne n'ose entrer dans ma chambre sans permission sinon Isaac ou Eli aurait surement lu mes secrets que je garde toujours pour moi seule.

Quand j'eu fini de me préparer il faisait les six heures et je me suis dépêchée d'aller prendre la ligne qui me mènerait vers l'hôpital. Je veux garder une bonne impression de mes futurs professeurs. J'étais en mode salariée. Je portais une chemise blanche, une veste féminine noire et un pantalon de la même couleur. Pour éviter des accidents de travail, j'ai pris le soin de mettre des chaussures rasées. Cela éviterait des commentaires désagréables.

Quand je suis arrivée devant la grande porte de l'hôpital, j'ai soufflé un bon coup avant de me lancer dans l'enceinte. L'hôpital était très beau et grand, merveilleusement blanc parfois avec du bleu dans la déco. Mais n'oublions pas ce qui m'emmène. Je suis partie vers la réception et j'ai remis à l'infirmière de garde les papiers justifiant ma présence. Elle me demanda de patienter un instant, le temps qu'elle aille confirmer les preuves ensuite elle m'emmena dans une salle où devait se changer le personnel. On me donna une tenue bleu verdâtre et une blouse blanche que je devrais mettre en dessus. On dirait que c'était prévu à l'avance parce mon nom était inscrit sur la blouse :"A.Ba". A ma grande surprise et à mon plus grand soulagement, d'autres internes étaient là. Je n'allais pas être seule. Dieu merci!

J'étais entrain de filer mes chaussures que vint s'asseoir à côté de moi une femme de teint noir. Elle était assez maladroite à mon goût. Elle parlait beaucoup même. Peut-être qu'elle était stressée. En outre elle était bien jolie, de grands yeux, un nez dans la moyenne et une bouche pulpeuse.

-Salut! Je m'appelle Astou et toi? Sans même me laisser répondre, elle continuait à parler: Tu dois être une peulh. Je te trouve très belle. Tu finis ton stage aussi? Oh désolée! Je parle un peu trop, dit-elle lorsqu'elle vit la manière sonnée dont je la regardais.

-Je vous comprend, répondis je. Je m'appelle Afissatou Ba et je suis d'origine peulh comme vous dites.

-Ravie de te connaître Afi, tu permets au moins que je t'appelle comme ça?

-Bien sûr! D'ailleurs tout le monde m'appelle ainsi.

-Tant mieux alors. C'est très joli comme diminutif. J'espère qu'on aura le même prof... Et une dernière chose, arrête de me vouvoyer, tu veux.

-D'accord Astou, c'est comme tu veux.

On se serre la main et on restait la à discuter pendant cinq minutes au moins coïncidant à huit heures pile. Une dame obèse est venue nous trouver dans la salle. Elle a informé chaque interne et leur a ordonné d'aller rejoindre son professeur. Elle repartit avec deux élèves tandis que moi j'allais rejoindre mon docteur bien sûr comme je m'y attendais c'est en compagnie de Astou. Ça peut sembler ingrat de ma part mais j'aurais préféré un autre camarade. Elle est sympa j'avoue mais il arrivera des fois où personne ne voudrait d'elle dans les pattes. La seule personne qui pourrait être avec moi sans que je m'ennuie c'est Bamba. Personne ne pourrait être à sa hauteur. Sept années sont passées sans que je ne le revoie de nouveau. Ses appels sont si irréguliers. Tout comme moi, il est surement entrain de faire son stage. Il me manque tellement!

Une infirmière nous a dit que monsieur Ba tel était le nom du docteur était dans une chambre d'un patient pour sa visite matinale. Il avait le même nom que moi , tiens! Je sens que je vais m'y plaire dans cet hosto. Je ne le connaissais pas et je ne sais par quelle magie Astou a réussi à savoir que c'était l'homme qui se trouvait à juste quelques mètres de nous entrain de donner des instructions à une infirmière. Je le regardais attentivement car il ressemblait à quelqu'un que j'ai du rencontrer un jour. Il avait une barbe de trois jours. Cela lui va vachement bien. C'est un métis. Un métis, où est ce que j'ai bien pu rencontrer un métis? Je ne pouvais pas m'en rappeler.

Astou m'avait tiré la main, ce qui me sortit de ma bulle. Je la suivais. Nous nous présentons alors à ce si beau jeune docteur. On dirait que lui aussi, il était surpris de me voir. Et pourquoi en fait? Il s'est ressaisi et reprit un air sérieux.

-J'ai failli attendre mesdames, lança-t-il avec une voix qu'il essayait de durcir pour montrer son autorité mais cette voix refusait de l'obéir. De toute façon, il n'en avait pas besoin. Il nous dominait à cause de sa beauté hypnotisant. S'il est marié, sa femme a vraiment décroché le jackpot.

-Je laisse passer pour aujourd'hui, reprit-il. Je veux vous voir chaque jour devant moi à huit heures et je ne tolèrerai pas une seule marge de retard. La ponctualité me tient bien à cur. Le temps c'est des vies. Mettez bien cela dans un coffre de votre cerveau et je ne compte pas le répéter. Bien! Maintenant que les règles sont établies, je vais vous donner de petits conseils de grand frère. Tout comme vous, je suis passé par cette étape. Ne vous faites pas de souci et comportez vous le plus naturellement possible. S'il est dit que vous allez réussir alors vous réussirez et s'il est dit que vous échouerez alors mesdames soyez reconnaissantes et allez voir ailleurs. Ceci étant, nous allons nous mettre au boulot illico. Astou Badji, appela-t-il.

-Présente, répondis ma camarade.

-Et je présume que vous êtes Afissatou Ba, dit-il avec une élégance qui me parut peu rassurante.

-Oui Monsieur.

Après le rappel, il se tourna et nous le suivîmes comme de sages visiteurs. Mon amie avait glissé ces quelques mots qui lui ont valu un regard noir de ma part:"Figures toi que vous vous ressemblez beaucoup même si lui c'est d'une double origine".

Qu'on se ressemble ou pas, qu'on ait le même nom ou pas, j'admire déjà cet homme.

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