Assis sur mon lit, Matt observait en détail mon studio. Il s'attarda sur quelques photos accrochées au mur, surtout celle de mes parents. Je le rejoignis après avoir attrapé la trousse de secours que je ne pensais jamais utiliser. Je m'agenouillai devant lui afin d'être à sa hauteur. Nos regards se heurtèrent. Même si mon cœur s'affolait un peu trop, je pris le temps d'observer ses prunelles vertes. Des lueurs de regrets et de tristesses me parvinrent et je ne pu soutenir son regard plus longtemps. Je baissai les yeux et ouvrai la trousse de secours.

« C'est très joli chez toi. Ça te ressemble beaucoup, dit Matt, brisant ainsi le silence pesant qui nous entourait.

-Merci, me contentai-je de répondre. »

Le silence nous enveloppa une fois de plus. Mes mains tremblaient tandis que j'essayais d'attraper le désinfectant. Je sentais son regard bruler ma peau. Je sentais ce désir entre nous, ce manque que nous ne voulions pas avouer.

À l'aide d'un coton, je nettoyai l'égratignure sur sa tempe. J'essayai de me concentrer le plus possible sur sa blessure, plutôt que sur ses yeux qui me fixaient.

« Comment va Julien ? »

L'entendre demander des nouvelles de mon frère me fit plaisir, tout en me rappelant qu'il n'allait pas bien. Je me stoppai dans mon mouvement, fixant le vide. Les larmes me montèrent aux yeux.

« Toujours dans le coma. Il est stable. Alice prend bien soin de lui, et de moi. »

Ma voix tremblotait. Je n'arrivais plus à contenir mes émotions. Je n'arrivais plus à faire semblant.

« C'est moi qui aurait dû prendre soin de toi. »

Je me reculai de lui et me levai, lui tournant le dos. Oui. C'est lui qui aurait dû prendre soin de moi. Une larme coula rapidement le long de ma joue, mais je ne lui laissai pas le temps de terminer sa course et l'essuyai d'un coup de main. Je senti Matt se lever et s'approcher de mon dos. Son odeur de savon envahit mes narines. Je réprimai un sanglot.

« Et c'est moi qui doit prendre soin de toi, maintenant. Pas ce mec avec qui tu étais. »

La jalousie envahissait sa voix tandis qu'il posait délicatement ses mains sur mes hanches.

« Ça m'a rendu fou quand il t'a embrassé, murmura-t-il, collant son torse contre mon dos. »

Ma respiration se fit difficile et quelques larmes coulèrent. Je ne pouvais plus les retenir.

« Ça m'a rendu folle quand tu m'as dit que tu m'avais trompé. »

Je lâchai un sanglot sans le vouloir et m'écartai de lui, de son corps qui ne faisait que m'appeler. Je me retournai alors pour lui faire face. Pour voir ce que son visage reflétait. Comme avant, ses prunelles fascinantes reflétaient le regret et la tristesse.

« Elle n'était rien. Rien du tout. »

Je le croyais. Pourtant, j'avais toujours aussi mal.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? J'ai besoin de savoir.

-Elle me faisait du rentre-dedans depuis quelques temps et un soir j'ai décidé de passer un peu de temps avec elle. On s'est embrassé... »

J'attendais la suite, la respiration coupée.

« Et je lui ai dit clairement que j'étais amoureux de toi. Je n'ai rien fait d'autre avec elle. Je ne pouvais pas et ne voulais pas. »

Je relâchai alors la pression, soulagée.

« Si tu savais comme je m'en veux, s'exclama-t-il, se rapprochant à nouveau de moi. Je ne te mérite tellement pas, Emma... Tu es une perle rare et j'ai tout gâché. »

Attendrie et rassurée, je m'approchai à mon tour de lui.

« Tout n'est pas gâché. »

Une lueur d'espoir envahit ses magnifiques prunelles émeraude et il s'élança vers moi pour m'enlacer. Me retrouvant soudainement collée contre son torse, je plongeai mon visage dans le creux de son cou, respirant son odeur qui m'avait tant manquée.

« Je t'aime, Emma. Je t'aime tellement, murmura-t-il. »

Il saisit mon menton et approcha mon visage doucement vers le sien. Ses émeraudes me demandèrent une permission silencieuse. Je sentais qu'il ne voulait pas faire de faux pas. Répondant alors à sa demande, je posai mes lèvres sur les siennes. Ce baiser fut incroyablement doux, rempli de promesses et d'espoir. Matt caressa délicatement ma joue avant de faire glisser ses doigts le long de ma nuque. Un frisson me parcourut entièrement.

Je m'écartai doucement de lui, mettant fin à notre baiser. Je plongeai alors mon regard dans le sien.

« Je t'aime aussi, Matt. J'ai juste besoin de temps. »

*

Du temps, il m'en donna. Pendant un mois, Matt me courtisa. Il m'emmena dans de nombreux restaurants, m'apporta des roses et ne brusqua pas les choses.

Ce soir-là, je décidai de l'inviter chez moi après le restaurant. Il avait regagné ma confiance et je voulais lui montrer que j'étais prête à recommencer notre relation.

Assis sur mon lit, nous nous faisions face. Tous les deux gênés, nous ne savions plus vraiment comment nous comporter l'un avec l'autre. Je décidai alors de dire quelque chose.

« Ton contact m'a beaucoup manqué tu sais... »

Je saisis l'une de ses mains et entrelaçai mes doigts avec les siens. Il me fit un petit sourire.

« Toi aussi, Emma. Je ne pense qu'à toi, tous les jours. »

Il déposa un tendre baiser sur le dos de ma main, puis caressa sa joue avec. Les poils de sa barbe me chatouillèrent et je ne pu réprimer un sourire. Il tira alors sur ma main, m'attirant vers lui. Il posa son autre main dans le creux de ma nuque et attira mes lèvres vers les siennes. Voulant me coller à lui, je passai une main dans ses cheveux et plaquai ma poitrine contre son torse, l'invitant à me serrer contre lui. Il me fit alors basculer et se mit au-dessus de moi. Qu'est-ce qu'il était beau avec ses cheveux en bataille et ses yeux qui brillaient !

Interrompant notre baiser, il s'allongea à côté de moi et me fixa.

« Il faut que je te dis une dernière chose avant que tu ne décides vraiment de notre futur. »

Curieuse et légèrement inquiète, je me redressai sur un coude pour lui faire face.

« Cet été, mon père a été diagnostiqué avec un cancer des poumons. Phase terminale. »

Ses mots me heurtèrent brusquement. Je ne m'attendais pas à une telle annonce. Son père allait mourir. Son père avec qui il avait eu de si nombreuses disputes, avec qui il ne s'était jamais vraiment entendu. Je voyais la tristesse dans son regard, la tristesse déjà présente il y avait un mois de ça. Il ne m'avait rien dit.

« Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ? »

Il se redressa, plantant ses yeux dans les miens.

« Je ne voulais pas que tu prennes pitié de moi et que tu te remettes avec moi pour ça. Je voulais vraiment qu'on recommence à zéro, seulement tous les deux. »

Ce qu'il disait était logique. Et je m'en voulais de l'avoir fait attendre pendant un mois. Il souffrait depuis tout ce temps. Il avait besoin de réconfort et de soutien, que je n'avais pas su lui offrir jusqu'à maintenant.

« Je n'ai aucunement pitié de toi, Matt. Tu aurais dû m'en parler avant. Je suis désolée si je t'ai laissé penser que tu étais seul. Tu ne l'es plus maintenant. »

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Bon voilà, c'est un chapitre un peu gnangnan mais il en faut bien dans une histoire d'amour :')

Comme vous avez pu le remarquer, j'aime torturer mes personnages. Et je me suis dit qu'Emma en avait quand même pas mal bavé, du coup c'était au tour de Matt ;). 

Non, en vrai, les cancers sont de plus en plus nombreux et il me paraissait important d'en parler, même si ce n'est qu'un petit peu. 

La fin d'Amour Anonyme approche, il reste 4 chapitres maximum (il y en aura peut-être moins). Après cette histoire, je compte commencer un nouveau projet, qui j'espère vous plaira :). 

Merci encore pour votre soutien ! 

Bisous, Clara <3