Chapitre 9

- Eve, est ce que tout va bien ?

Je me tournai vers Raphael et lui souris. Depuis que nous avions quittés le bureau de Jeremiah, nous marchions en silence. Un silence froid et chargé de pensées. J'avançai à un rythme rapide et Raphael tentait d'être à ma hauteur. J'aimais beaucoup Raphael. Il était mignon à sa façon. Avec ses cheveux rouges, on pouvait s'attendre à ce qu'il soit un petit délinquant ou quelque chose du genre. Mais il était tout le contraire. Il était adorable, tolérant et extrêmement sympathique. Et écoutait aussi du hard-rock et du heavy metal.

- Oui, tout va bien, j'ai juste faim.

- Mais il est à peine neuf heures !

Je roulai des yeux. Et me heurtait à une vitre. La vitre de l'atelier d'Electre. Raphael explosa de rire à côté de moi et je le suivis aussitôt. Rire me permettait d'évacuer toute la tension de mon corps et je fus instantanément plus détendue. Nous rimes encore et je lui lançai un regard d'avertissement.

- Un mot à qui que ce soit, et tu vas le regretter.

- Promis, sourit-il narquoisement.

Je poussai la porte de l'atelier. Je découvris un véritable bazar. Tous les couturiers courraient partout. C'était un désordre épouvantable. Et au milieu de ce désordre, se trouvait la petite silhouette d'Electre. En nous voyant, Raphael et moi, elle sourit joyeusement et accourut vers nous.

- Eve, viens voir !

Elle me tira à travers l'atelier. Dans un coin de la pièce, je vis Javier et Ambrosio ainsi qu'une dizaine de personnes attroupées autour de quelque chose. Electre leur dit de se pousser et ils obéirent. Alors je pus voir trois tenues posées sur des mannequins. Les tenues étaient magnifiques. En les voyants, mon âme d'accro à la mode s'éveilla subitement. Je n'étais pas une « fashion victim » mais j'aimais faire du shopping et autres types d'activités que les vieux clichés disent féminins. Je bavais littéralement devant ces tenues.

- Woah, Electre, c'est toi qui as fait cela, dis-je émerveillée.

- Attends, Eve, assieds-toi, là.

Je m'assis sur un fauteuil apparut de nulle part, un peu perdue, et elle approcha prestement un mannequin devant moi.

- Comme tu es celle qui a donné l'idée de la collection, tu as l'honneur d'en voir les trois premières tenues, dit Electre.

La tenue devant moi était composée d'un haut sans manche blanc dont le bas était évasé. Il y avait des perles accrochées au col. Une jupe crayon couleur indigo s'accordait parfaitement avec le haut. Le tout était surmonté d'une veste indigo aux motifs jaunes tribaux aux épaules mises en valeur par les mêmes perles présentes sur le haut. C'est finement cousu et admirablement beau.

- C'est un super travail, soufflais-je.

- Attend de voir celle-là !

La deuxième tenue était une blouse rose avec de la dentelle avec le pantalon « carrot » bleu indigo qui donnait un superbe style androgyne. Mais il manquait quelque chose. Je levai un doigt interrogateur.

- Est-ce que je peux faire une remarque ?

- Oui, s'inquiéta Electre.

Je vis les jumeaux s'approcher à leur tour, la mine préoccupée. Je fus un peu embarrassée mais je me levai et regardai dans l'atelier. Après avoir vu ce qui m'intéressais, je me dirigeai vers un cintre, accroché à une tringle mobile, duquel je décrochai un foulard noir. Je me rapprochai du mannequin et accrochai le foulard comme une ceinture en faisant un nœud sur le côté. Je m'éloignai de quelques pas : c'était beaucoup mieux.

- Je savais qu'il manquait quelque chose, s'exclama Javier.

- Eve est meilleur que vous en tant que styliste, railla Electre envers les jumeaux.

Ils regardèrent Electre faussement choqués et me montrèrent du doigt. Je pouffai.

- Mais non, Javier et Ambrosio sont tellement meilleurs que moi. Allez, montrez-moi la dernière tenue !

J'étais excitée de la voir. Je sentais qu'elle sera encore plus belle que les deux précédentes. J'avais parfois ce genre d'intuition. Mais à quoi cela sert d'avoir de l'intuition si je ne peux même pas voir les murs que je vais me prendre. Et elle était tout bonnement superbe. C'était une belle robe jaune poussin clair, dos nu, avec un col bleu. Elle était centré à la taille, et dessinais les hanches à merveille. Le tissu tombait au bas du dos le dévoilant d'une manière gracieuse. Je restais complètement époustouflée.

- Alors, dit Ambrosio.

- Si je l'avais vu dans une vitrine, je l'aurai immédiatement acheté, dis-je provocant le rire de mes amis et des autres couturiers.

J'observai encore la robe avec admiration.

- Sérieusement, j'adore, dis-je en me tournant vers Electre.

- En fait c'est les jumeaux qui ont fait les croquis, dit-elle.

- Eh bien, ils sont au moins utiles à quelques chose, ris-je.

- Petite scélérate, dis Ambrosio.

Je ris avec Electre et regard encore une fois la tenue.

- Est-ce que je peux la prendre en photo ? Demandais-je.

- Pourquoi ?

- Je vais la montrer à ma sœur en lui disant que je les vu dans une vitrine. Elle fait un mannequinat et sera complètement jalouse. Aucun risque pour la collection, assurai-je.

Electre hésita un instant et je la comprenais. Elle avait passé du temps sur cette collection et je risquai de la mettre en péril. Après tout, qu'est-ce qui me garantissait qu Chloé n'allait pas montrer cette photo à quelques uns de ses amis mannequins ? J'allai renoncer mais elle finit par hocher la tête. Heureuse je lui fis bisou sur la joue.

- Merci Electre. Je vais vite chercher mon téléphone dans mon bureau.

- Eh, moi aussi, je veux un de tes baisers, dit Ambrosio.

Je lui souris et sortis de la pièce.

Je marchai dans les couloirs, d'une humeur joyeuse. Voir ces tenues m'avait complètement mise de bonne humeur. Je chantonnais presque. La silhouette de mon patron apparut soudainement dans mon champ de vue et je perdis mon sourire. Jeremiah, m'apercevant, avança plus rapidement vers moi, mais je le contournai habilement et continuai mon chemin. Je le sentis me suivre et accélérai le pas. Il grogna en marchant plus rapidement. Ses s'allongeaient et je le sentis bientôt très proche de moi. La scène avait un accent presque comique. Vous savez quand le personnage veut fuir une personne mais que cela ressemble plus à un jeu du « chat et de la souris ». A ce moment là, j'arrivais devant la porte de son bureau et courus presque m'y enfermer. Cependant il fut tout aussi rapide et entra en même temps que moi.

Je me dépêchai d'aller vers mes affaires. Je trouvai mon sac et trifouillai à l'intérieur dans l'espoir de trouver mon téléphone au plus vite. J'avais cependant du mal, parce que j'étais un peu essoufflée et que je sentais le regard perçant de Jeremiah sur moi. Il me mettait mal à l'aise comme à son habitude. Monsieur Haccews me rendait soit embarrassée, soit en colère. Et il veut avoir une bonne relation avec moi. Il me rendait extrêmement confuse. Il était vraiment trop beau. Et il savait en jouer. Je ne sais combien de femmes j'ai vu passer au bureau depuis que je suis arrivée. Non rassasié de Rachel et Victoire, monsieur avait également ramené cinq autres femmes. Et je me doutais bien qu'ils ne faisaient pas que boire du thé.

Trouvant enfin mon téléphone, je me dirigeai vers la porte, dans l'espoir de retourner vers Electre et les jumeaux, là où il y aurait une ambiance tellement plus simple et apaisante, mais Jeremiah me barra la route.

- Pourquoi fuyez-vous ? M'admonesta-t-il.

- Je ne fuis pas, rétorquai-je.

- Où allez-vous alors ?

- Qu'est-ce que cela peut-il bien vous faire ?

Il inspira profondément plusieurs fois. Je restai immobile, fixant sa pomme d'Adam en train de bouger dans son cou viril. Il était absolument séduisant. Sérieusement pourquoi était-il aussi beau ? C'était injuste. Vraiment injuste.

- Eve...

Il avait une façon délicieuse de prononcer mon prénom.

- Accepteriez-vous de diner avec moi ?

Je fronçai les sourcils. La conversation n'était donc pas close ? Je m'apprêtai à rétorquer mais il mit sa main face à ma bouche m'incitant ainsi à me taire. Ce que je fis. Mais je me dois d'avouer que la proximité de sa main avec ma bouche me rendait naturellement muette.

- Ecoutez, je sais que nous sommes partis sur de mauvaises bases et cela surtout par ma faute. Je vous invite à diner avec moi pour tenter d'y remédier. Je ne suis pas « con » ou stupide comme vous le dites si bien. Ce diner n'engage à rien. Juste faire connaissance. Vous ne pouvez refuser une relation amicale avec votre patron. Et je conçois le fait que je me suis mal comporté avec vous et je m'excuse profondément. Alors je vous le redemande. Dinez avec moi. S'il vous plait.

Je fixai bêtement ses yeux bien trop bleus. J'étais sans voix. Et profondément touchée même s'il avait exposé ses arguments comme s'il menait une transaction avec un partenaire chinois. Je le regardai alors qu'il examiner ma réaction. Il leva un sourcil en me voyant sourire.

- Vous voyez ce n'était pas si dur que ça de s'excuser.

Je savais que j'utilisais la même phrase qu'il m'avait dite quelques jours auparavant, lorsqu'il m'avait forcée à l'appeler par son prénom. Il eut une mine désolée.

- Eve, je...

- Ce n'est rien. C'est passé, coupai-je.

- Est-ce que cela veut dire que...

- J'accepte de diner avec vous, dis-je souriante.

Plusieurs émotions passèrent sur son beau visage. La stupeur, le soulagement, la joie, puis la méfiance.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment, ris-je.

Il me fit le plus beau sourire que j'avais jamais vu. Son sourire plissait ses yeux bleus et leur ajoutait d'adorables petites rides aux coins de ceux-ci. Il mit sa main si son front.

- Woah, je n'avais jamais autant sué pour inviter une femme à diner.

- Le diner n'engage à rien, vous vous souvenez, avertis-je en reprenant ces mots.

Il me fit un sourire séducteur et s'approcha de moi. Il avait repris toute sa confiance. Monsieur Haccews dans toute sa splendeur.

- Sauf si c'est vous qui le voulez, Eve, susurra-t-il.

Je roulai des yeux.

- Mais bien sur. Où sera le restaurant ?

- Surprise, répondit-il simplement.

- Et comment m'y rendrais-je si je ne sais même pas où nous allons diner ? Dis-je en roulant des yeux.

- Quelqu'un viendra vous chercher.

- J'espère que ce n'est pas un tueur. Si vous utilisez cette méthode pour me tuer...

- Eve, je ne vous ferez jamais cela, s'exclama-t-il.

- Je suppose alors que je n'ai pas le choix, soupirai-je.

Il sourit plus grandement encore.

- Je suis heureux que vous ayez accepté Eve.

- Eh bien, je suppose que je suis heureuse que nous ayons trouvé un accord, rétorquai-je.

Il rit doucement.

- J'ai hâte de vous voir jeudi.

Je ne répondis pas, pris mon téléphone et sortis du bureau, le cœur étrangement léger.








***

Je suis revenue de vacances ! J'en profite pour vous poster un nouveau chapitre ! Qu'en pensez vous :

Les personnalités des personnages du chapitre ?

Jeremiah ?

Votez et commentez, j'attends avec impatience vos avis !

TatianaNg

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top