Chapitre 8

  J'arrivais à Indigo tôt le matin, légèrement fatiguée. Je n'avais pas eus le temps de manger ce matin, car mon frigidaire était désespérément vide et que j'étais pressée. Mon nez était rougi par le froid cinglant de Paris. Je me dirigeai vers le bureau de Barbara lorsqu'une petite blonde accourra vers moi. Je reconnus immédiatement la silhouette d'Electre, la styliste en chef d'Indigo. Malgré le fait qu'elle soit plus âgée que moi, je m'entendais bien avec Electre. Elle était une véritable boule d'énergie bien qu'elle soit lunatique. Elle pouvait passer de colère à joie, d'angoisse à rire. Mais elle restait sympathique.

- Bonjour Eve !

- Salut, Electre, souris-je. Je suis désolée, je n'ai pu tout corriger hier des dossiers que tu m'avais confiés.

Elle balaya mon excuse d'un geste de la main.

- Ne t'inquiète pas. Raphael s'en chargera bien.

Electre s'amusait souvent à torturer le pauvre Raphael. Raphael avait un tempérament calme et pacifique. Cela contrastait avec ses cheveux rouges vif qui lui allaient à merveille. Electre repris la parole.

- Je venais te dire que Jeremiah t'as à sa charge aujourd'hui.

Je me figeai.

- Pardon ?

Electre me lança un regard étonné face à ma réaction froide. Je me forçai à sourire, et elle parut se rassurer.

- Oui, il arrive dans une heure de Londres alors tu as le temps de t'installer dans son bureau.

- Dans son bureau, m'écriai-je.

- Oui, ce sont ses ordres, répondit ma collègue.

J'acquiesçai et elle me quitta en sautillant. Oui, en sautillant. Cette femme était saisissante. Je secouai la tête et me dirigeai vers le bureau de monsieur Haccews.

J'entrai dans son bureau vide et déposai tranquillement mes affaires sur une chaise d'angle. Je vis un petit bureau qui n'était pas là la dernière fois où j'étais venue. Je supposai que c'était le mien. Je déposai mon sac et m'assis sur le fauteuil.

Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis un bouquet de fleurs de toutes les couleurs possibles. Intriguée, je m'appuyai sur ma table pour voir de plus près le bouquet de fleur. Il était vraiment joli, avec toutes ces couleurs vives. Je crus d'abord que cela devait être une femme qui, tombée sous le charme de mon patron, ait décidée de lui offrir ce beau bouquet. Cependant je fus médusée de voir mon nom écrit sur la carte se trouvant dans le bouquet. Interdite, je dépliai le petit papier. Ce que je lus me mit dans une rage folle. Tremblante, je jetai le bouquet dans la poubelle et pris un stylo. D'une écriture rageuse, j'écrivis sur le petit bout de papier un « Non » catégorique.

Mon cher patron, monsieur Jeremiah Haccews m'irritait au plus au point. Je relisais rageusement le mot écris de son écriture fluide :

« Eve, je sais que j'ai vraiment mal agi. Mais je voudrais vous inviter à un diner pour discuter avec vous et tenter de me faire pardonner. Jeudi, 20 heures. J- »

Je gémis de colère. Il se croit vraiment tout permis. Après avoir fait passer tous les genres de mannequins durant deux jours m'ignorant complètement, monsieur Jeremiah osait encore me laisser un stupide pauvre mot. Ah oui, il y avait aussi un beau bouquet de fleur qui a perdu toute sa beauté dorénavant. Ne comprenait-il donc pas que je ne voulais pas avoir de relation avec lui sauf celle qu'un patron entretiendrait avec son employée.

Je partis me rasseoir, fulminant encore envers cet idiot. Je vis une pile de dossier à ma droite et me mit à les examiner.

Une heure plus tard la porte du bureau s'ouvrit et je sentis instantanément le parfum musqué de monsieur Haccews. Je levai la tête et le vis me regarder souriant. Je restai totalement impassible, la rage ayant quittée mon sang.

- Monsieur Haccews, saluai-je.

Mais mon patron ne me répondit pas. Etonnée je relevai les yeux vers le bel homme et le vit fixer la corbeille. Il était légèrement courbé et paraissait fatigué. Son voyage à Londres avait du être éreintant. Il souffla fortement et je baissai la tête immédiatement. Monsieur Haccews posa lourdement ses affaires sur son bureau et poussa un lourd soupir en s'asseyant sur sa chaise. Je l'ignorai et continuait de feuilleter le dossier à ma charge.

Je sentis l'air se charger d'électricité et je commençais à me sentir gênée sous son regard pensant sur moi. Mon cœur battait de plus en plus fort sous la pression. Mes membres se contractèrent et j'adoptai une position défensive. Je ne sais pas comment pourrais réagir mon patron. Et vu la tension habitant la salle, je devinai qu'il était plus qu'énervé. J'entendais sa respiration s'alourdir, s'amplifier, s'accélérer. La mienne se forçait de rester calme. Je ne voulais pas qu'il sente mon trouble. Je continuais de corriger les fautes que contenaient les différents dossiers quand le poing de mon patron s'abattit durement contre son bureau me faisant sursauter. Je me heurtai violemment le genou contre la table. Je me tournai vers Jeremiah qui me regardait rageusement. Ses yeux glaciaux étaient assez effrayants et je me sentis minuscule face à son regard intimidant. Nous nous dévisageâmes longtemps avant que, à contre cœur, je ne baissai le regard. Mais je le relevai aussitôt. Je ne vais pas baisser le regard face à lui. Quand Jeremiah me vit le regarder et secoua la tête avec un petit sourire. Il grogna presque animalement et je frémis.

- Je ne comprends pas.

Lorsque j'entendis sa voix, un frisson me traversa. Je continuai de le fixer confusément.

- Y a-t-il un problème, monsieur ?

Avec jubilation je le vis devenir encore plus frustré. Je réprimai un sourire.

- Ne faites pas votre innocente, gronda-t-il.

- Je ne comprends pas, monsieur.

- Et arrêtez de m'appeler, monsieur !

Je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire. Mais cela ne fit que rendre mon patron davantage en colère. D'un mouvement brusquement fluide, il se leva et s'approcha de mon bureau. Il posa les mains sur celui-ci et se pencha vers moi. Je sentais son souffle chaud et saccadé s'abattre sur mon visage. Je continuai de le fixer. Il prit une grande inspiration.

- Pourquoi avez-vous rejeté mon invitation ?

- Je ne veux pas diner avec vous, répliquai-je.

Il souffla de mécontentement.

- Ecoutez, je veux vraiment diner avec vous.

Sa voix sonnait presque désespérée et j'haussai un sourcil interrogateur. Il paraissait sincèrement vouloir m'inviter à diner.

- Et pourquoi ?

- Pour me faire pardonner, c'est écrit sur le bout de papier, répliqua-t-il immédiatement.

Je le fusillai du regard.

- Merci, je sais lire.

- Je le sais bien, Eve. Mais je doute que vous n'ayez compris le vrai sens de mon papier.

- Oh, j'ai bien compris que vous vouliez m'inviter à diner pour vous faire pardonner d'avoir été un idiot.

- Excusez-moi, protesta-t-il.

- Parce que vous ne trouvez pas que vous avez été un véritable idiot, monsieur Haccews ?

- Je ne vous permets pas, rugit-il. Je suis votre patron, et je ne tolère pas ce genre de parole.

Je fis un sourire sardonique.

- Bien sur, je comprends monsieur Haccews. Je m'excuse.

Il se releva et passa ses mains dans ses cheveux. Il paraissait vraiment contrarié. Et je savais que c'était ma faute. Depuis le début, il voulait plus qu'une simple relation patron-employée et là, il venait juste de formuler tout haut le contraire. Maintenant, il se rendait compte de son erreur.

- Je veux diner avec vous.

- Et moi pas.

- Nous dinerons ensemble, dit-il.

Il se tourna vers moi et me regarda dans les yeux.

- Je vous demande pardon, dis-je confusément.

Il s'appuya à nouveau sur mon bureau et approcha son visage.

- Oui, nous allons diner ensemble. Et vous n'avez pas le choix.

- Et comment comptez-vous faire cela ?

- Si vous ne diner pas avec moi jeudi, l'obtention de votre diplôme pourrait être incertaine.

J'ouvris les yeux d'horreur. C'était du chantage. Pour un diner, il mettait en question mon diplôme. Mes études. Ma vie. Tous mes espoirs. Une rage immense me prit. Je me levai.

- Vous me faites du chantage !

Jeremiah resta complètement impassible et cela alimentait ma colère. Je m'approchai de lui, fulminante. Il me regardait fixement.

- Vous osez me faire du chantage !

Il parut soudainement gêné.

- Eve, je, murmura-t-il.

- Taisez-vous ! Ça vous amuse de me mettre en colère, peut être ?

- Non, Eve...

- Vous vous sentez supérieur parce que vous êtes mon patron ? Parce que vous êtes riche ?

- Je ne sais pas comment me comporter avec vous !

- Eh bien comportez-vous comme un vrai homme pas comme un idiot !

Nous nous criions dessus maintenant. Ses narines gonflaient en rythme et je sentais sa colère contre moi. Mais j'étais également en furie. Il me faisait du chantage et il osait encore me regarder dans les yeux. Je n'avais jamais vraiment été en colère de cette façon là. Il me mettait dans des colères immenses. Nous nous défions du regard. Lui en colère, moi en furie.

Ses yeux s'adoucirent.

- S'il vous plait, acceptez de diner avec moi, jeudi.

Je lâchai un pauvre rire.

- Non.

- Je jure que je serai impeccable.

- Désolée, monsieur Haccews, mais la réponse reste non. Trouvez-vous quelqu'un d'autre.

Il râla encore. Et je souris grandement.

- Vous trouvez ça drôle, Eve ?

- Oui, beaucoup, répondis-je narquoisement.

Il se mit à faire les cents pas. Puis il s'arrêta face à moi.

- Dinez avec moi. S'il vous plait.

Je levai les yeux au ciel. Cela devait être la troisième fois qu'il me le demandait.

- Quand allez-vous cesser de me poser cette stupide question, soufflais-je.

- J'arrêterai quand vous aurez accepté de diner avec moi.

- Eh bien, préparez-vous à gaspiller votre salive, monsieur Haccews.

- Dites oui bon sang !

Je m'approchais de lui.

- Non, murmurai-je.

A ce moment là, on toqua à la porte. Je m'éloignai de mon patron rapidement tandis qu'il disait un « Entrez » tendu. Je n'avais pas envie qu'on nous voit dans une situation de crise comme celle-ci. Avoir des rumeurs à notre sujet serait la dernière chose dont j'aurais besoin. Un jeune homme aux cheveux rouges vif entra dans la pièce et je reconnus Raphael, l'assistant d'Electre.

- Excusez-moi, Jeremiah, mais Electre demande à voir Eve.

- Pourquoi ça, rugit mon patron.

- Je te suis Raphael, dis-je en le poussant hors du bureau. Le plus loin possible de monsieur Haccews.



***

Bonjour ou bonsoir ! 

J'ai enfin Le temps de poster un chapitre !  Vraiment désolée de mettre autant de temps mais c'est dur d'avoir la connexion ici. Enfin j'espère que ce chapitre vous à plu  :)

Comment auriez vous réagit au comportement de Jeremiah ? 

Je vous laisse et vous promets d'essayer de poster au plus vite !  N'oubliez pas de me laisser un commentaire ! 

Tatiana

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