Chapitre 7
La poigne ferme de mon patron sur ma main me contraint à me retourner. Je rencontrai alors une paire d'yeux bleus, complètement envoutants. J'enviais définitivement les yeux de monsieur Haccews. Si bleus et clairs. Si purs et mystérieux. Mais je me reconcentrai sur l'instant présent. Je plissai mes pupilles fusillant mon patron du regard et me dégageai brusquement de sa prise sur mon poignet. Je me reculai d'un bon mètre et croisai les bras sur ma poitrine. L'air semblait être électrique et je commençais à me sentir mal à l'aise. Monsieur Haccews me dévisagea de haut en bas de son regard foudroyant et je me retins de lui envoyer un coup de pied. Il leva soudainement la tête et me fixa comme s'il essayait de lire en moi.
Il portait un superbe costard bleu nuit, ainsi qu'une chemise blanche et une cravate assortie. La veste soulignait ses épaules larges et sa posture puissante. Personnellement, je me sentais ridiculement petite face à lui. Je suppose que c'est ainsi qu'il arrive à faire plisser ses actionnaires et ainsi les « obliger » à collaborer. Mais, malgré le magnétisme émanant de cet homme, je carrai les épaules et l'affrontais du regard. Je fus quelques peu surprise de voir le regard étonnamment penseur qu'avait mon patron en me fixant.
- Pourquoi, carrez-vous les épaules, Eve ?
Je ne répondis pas, préférant laisser le silence lui répondre. Je ne savais pas ce que voulait monsieur Haccews en ce moment. Je préférais que ce soit lui qui dise clairement ce qu'il voulait de moi.
- Avez-vous peur ?
Peur ? Et puis quoi encore ? Pourquoi aurais-je peur de lui ? Il était juste intimidant mais je ne me sentais pas effrayée du tout. Même si ma conscience me hurlait le contraire.
Monsieur Haccews dut voir mon regard confus, et se rapprocha de moi. Je décidai de ne pas reculer. Je n'allais pas flancher face à son regard bleu. Je ne suis pas ce genre de femme. Il eut une lueur d'amusement dans ses yeux alors qu'il se rapprochait de moi. Nous fumes bientôt à quelques centimètres et je sentais son souffle contre mon visage. Je ne sais comment, mais je trouvai la force d'ouvrir la bouche.
- Que me voulez-vous monsieur Haccews ?
- Ce que je veux... soupira-t-il pensif.
C'est alors qu'il se reprocha de moi. Je le vis amoindrir la distance séparant nos deux visages. Il me fixait attendant ma réaction. Mais j'étais totalement confuse. Il voulait... m'embrasser ? Je ne comprenais pas pourquoi. Nous n'avions pas ce genre de relation. Et nous n'aurons jamais ce genre de relation. Je ne veux pas de ce genre de relations avec mon patron aussi beau soit-il.
- Monsieur Haccews, dis-je d'un ton menaçant.
Mais il sourit narquoisement et se rapprocha d'avantage. Et lorsque je voulu m'enfuir, il plaça ses deux bras musclés de part et d'autre de ma tête. J'ouvris les yeux d'effroi. Et quand je sentis son souffle sur ma bouche et louchai sur ses lèvres tentatrices, je repensai à mon premier baiser. C'était au collège, lors d'un de ces jeux stupides où on avait des gages. J'avais du embrasser un des amis pour qui j'avais le béguin. Cela avait été maladroit, puis, comme par magie, nos lèvres avaient trouvé le rythme. Mais là, ce n'est pas la même chose. Je ne ressens rien pour Monsieur Haccews. Enfin sauf une attirance que toute femme normale aurait envers cet homme. Et je ne veux définitivement pas l'embrasser.
- Monsieur Haccews, arrêtez tout de suite, dis-je le fusillant du regard.
Mais encore, il mit sa main sur la joue, ignorant mes paroles. Je commençai réellement à paniquer. Il allait vraiment m'embrasser. Mais je ne voulais pas. J'étais complètement horrifiée. Mon cerveau se mit à réfléchir à toutes solutions. Je ne pouvais pas partir ; ses bras me bloquaient. Je ne pouvais esquiver car nos corps étaient trop près et sa main tenait mon visage doucement mais fermement. Et je n'oserais pas à lui donner un coup de tête parce qu'ainsi, je risquai de l'embrasser quand même. C'était sans issue. Je pinçai mes lèvres entre elles et une lueur de pur amusement traversa les yeux de monsieur Haccews. Monsieur Jeremiah Haccews, mon patron.
- S'il vous plait, Jeremiah, dis-je inconsciemment désespérée.
Les yeux grands ouverts, je le vis se reculer. Il restait cependant à une certaine distance de moi. Mais je pouvais respirer, alors c'était mieux. Je ne savais pas ce qui lui avait fait changer d'avis mais j'en étais totalement soulagée. Je lâchai un soupir de soulagement pur.
- Vous voyez, dit mon patron, ce n'était pas si difficile de dire mon prénom.
Mon souffle se bloqua instantanément tandis qu'une vague de rage m'imprégna. Il venait de faire toute cette comédie pour un caprice. Juste pour que je l'appelle Jeremiah. Donc cela n'avait été qu'un jeu. Je ne me sentais pas trahie parce qu'il avait voulu m'embrasser contre mon gré. Un baiser n'est rien. Mais un baiser avec son patron implique beaucoup de choses et de problèmes. Je me sentais trahie parce que, finalement, il a eut ce qu'il souhaitait.
Je tremblais légèrement tant j'étais énervée. Je déteste sa façon d'agir avec moi. Sa façon d'être si grossier. Oh, que je le détestais en cet instant.
- Eve ?
Et il osait prononcer mon prénom. Même si mon prénom paraissait plus beau quand il le prononçait, il n'avait pas le droit. Je levai des yeux meurtriers vers mon patron, ou plutôt devrais-je dire, Jeremiah. Je tremblai de colère.
- Ne me parlez pas !
Je lui avais presque crié dessus. Il fallait que je me reprenne. Il restait mon patron même si c'était un con. J'inspirais et soufflais régulièrement. Je vis du coin de l'œil, Jeremiah, me regarder confusément, et cela fit affluer de la colère en moi. Je détestais l'air qu'il arborait. Comme si j'étais folle de m'emporter ainsi. Mais je me calmai, tant bien que mal.
- Très bien Jeremiah, dis-je de ma voix la plus froide.
Je me réarrangeais et me préparais à partir quand il me retint par la main. Je me retournai immédiatement, le poignardant du regard. Il lâcha ma main, déconcerté, mais s'approcha de moi.
- Vous êtes énervée, dit-il simplement.
- Vraiment, lançais-je acerbe.
Il sourit faiblement et me sonda de son regard perçant. Je soutins son regard, furieuse.
- Ecoutez, je suis désolé. Je ne voulais pas vous contrarier.
- Eh bien, évitez de le faire davantage en continuant à me parler.
Je tournai les talons quand sa voix me retint.
- Eve, je vais me faire pardonner, dit-il en se plaçant devant moi.
Je restai immobile fixant son buste tout près de mon visage. Je ne voulais surtout pas voir son visage.
- Eve, s'il vous plait, j'ai été un idiot.
Je fermai les yeux, pris une grande inspiration et le contournai. Marchant le plus loin possible de lui, je l'entendis soupirer. Je restais intérieurement en colère et je tentais du mieux que je pouvais de le cacher. Je déteste montrer mes sentiments.
Quelques heures plus tard, Electre m'avait confié des documents à corriger, mais je n'arrivais pas à me concentrer. Mon cerveau était déconnecté. Je ne cessais de revoir monsieur Haccews (ou Jeremiah) à deux doigts de m'embrasser et cela me rendais confuse. Je sentais encore sa main, étrangement douce, sur ma joue. Et cela m'énervait de penser à lui. Il est grossier, terriblement séduisant mais complètement stupide. Je frappais sur le bureau, où j'avais été accrédité pour travailler les dossiers d'Electre, et ma tasse de café, placée au bord de la table, tangua fatalement. Je regardai la tasse perdre son équilibre et tomber au sol en un bruit immonde. Je ne sursautai même pas. Cette journée avait horriblement mal finie. Je regardai impassiblement le liquide couler sur le sol gris clair de la pièce.
Puis je décidai de me reprendre et me levai précipitamment. Je sortis rapidement de la salle et allais vers la salle de détente où j'étais sure de trouver une éponge.
Je ne regardai pas où j'allais, je marchais vite, évitant de penser à mon patron. Il fallait que je pense autre chose sinon, je pourrais bien retourner dans son bureau et l'insulter de tous les noms. Mais je ne peux pas. Je veux garder ce stage. Il faut que j'aie mon diplôme. Et j'aurais mon diplôme si je reste calme envers mon patron. Oui, calme.
- Excusez-moi ?
Je m'arrêtai et me retournai face à une magnifique femme. Elle était fine et élancée. Des jambes interminables, je devinais immédiatement qu'elle devait être mannequin. Elle possédait d'immense yeux noisette et des superbes cheveux châtains encadrant à merveille son visage parfait. Elle portait un long manteau beige, une robe noire, des collants et des bottes hautes beiges. Sur sa tête un bonnet clair était stratégiquement posé, assortis à ses gants. Je me demandais de quoi j'aurais l'air avec son bonnet. Je serais tellement ridicule.
Le magnifique mannequin s'approcha de moi.
- Je cherche le bureau de Jeremiah.
Je frémis à l'entente de son nom mais ne laissai rien paraître qu'un sourire faux.
- Vous tournez à l'angle à droite, vous longez le couloir. Normalement vous verrez une grande porte blanche ou son nom sera inscrit, répondis-je poliment.
Habituellement, je l'aurai bien accompagnée jusqu'à chez monsieur Haccews, mais alors je risquerai de le voir. Et c'est bien la dernière chose que je veux.
- Eve ?
La voix grave et chaude de mon patron résonna dans le couloir. La femme et moi nous tournâmes d'un même mouvement vers le bel homme qui se tenait face à nous.
- Monsieur Haccews, saluai je comme si c'était la première fois que nous nous voyions.
Je me tendis lorsque je le vis s'approcher de moi. Il dut le voir et me fixa longuement. On aurait dis qu'il cherchait à me transmettre un message. La femme aux cheveux parfaits s'exclama.
- Jeremiah, je cherchais justement ton bureau.
Elle fit deux grandes enjambées et lorsque ses belles jambes la portèrent à quelques centimètres de monsieur Haccews, elle dut se mettre sur la pointe de ses pieds pour baiser sa joue. C'est à ce moment que Jeremiah parut se rendre compte de sa présence. Ses yeux bien trop bleus quittèrent mon regard et regardèrent la tête de la belle femme. Il parut hésiter sur l'attitude à avoir. Il finit par embrasser à son tour la jeune femme qui se rapprocha de lui. Leur proximité me rappelait celle que nous avions il y a quelques heures seulement. A cette simple pensée j'eus l'irrépressible envie de vomir.
- Victoire, je suis heureux de te voir.
Je décidai que je me devais alors de les laisser tranquilles. Je pensais que monsieur Haccews sortait avec une certaine Rachel. Mais je me souvins de ce que Barbara et Cassandre m'on répondu lorsque je leur ai posé la question « Jeremiah Haccews n'a pas de petite amie. Jeremiah Haccews n'as que des conquêtes». Eh bien, il semblerait qu'elles n'aient pas tort. Enfin, cela m'importe peu. Je suppose que monsieur Haccews, bien qu'il soit un goujat, sait utiliser son charme envers la gente féminine. Cela ne m'étonne pas.
J'avais fait quelques pas en arrière lorsque la dénommée Victoire se tourna vers moi avec un regard méprisant.
- Ta petite assistante, m'a gentiment aidé, même si je n'en ai pas eut besoin.
Sa voix était sèchement tombée, me jugeant. Monsieur Haccews se tourna vers moi. Il fronça les sourcils en voyant que j'allai partir puis fit un sourire au magnifique model.
- Cela ne m'étonne pas. Eve, j'aurai besoin de vos services encore aujourd'hui.
Une indignation parcourra mon être. J'avais réussi à me calmer mais le voir me parler si nonchalamment, m'irritait au plus au point. Je jetai un regard noir à mon patron et lui répondit froidement.
- J'ai fini ma journée, monsieur.
Il parut quelque peu outré mais ne dit rien alors que sa compagne ouvrit la bouche d'écœurement. Je levai les sourcils vers elle par pure provocation. La conversation finie, je me tournai silencieusement et partit chercher l'éponge, pour ensuite rentrer chez moi.
***
Salut mes chers lecteurs !
Désolée de poster aussi tard, mais j'ai des journées remplies malgré Les vacances :)
Alors j'espère que ce chapitre vous plaît, n'hésitez pas à me laisser un message, s'il vous plaît ^^
Donc j'ai quelques questions auquel le vous pouvez répondre :
Que pensez vous de l'altercation Jeremiah/Eve ?
Et de la venue de Victoire ?
Que pensez que Jeremiah va faire ?
Et Eve ?
Sinon quelles sont vos destinations des vacances ?
Voilà c'est tout pour moi, j'espère avoir la chance de lire vos messages !
Tatiana
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