Chapitre 6
Ce jour-là, je marchais tranquillement, me dirigeant vers la cafétéria lorsque je me sentis entourée de deux personnes. Je relevai la tête et vis les jumeaux infernaux à mes côtés. Ils me firent un sourire aveuglant et je levai un sourire interrogateur. Malgré ce qu'on disait, les jumeaux étaient vraiment très cools. Un peu pénibles sur les bords, mais de bonne et drôle compagnie. Ils étaient toujours de bonne humeur et amusants. Leurs pitreries me faisaient vraiment rire même si leur humour laissait parfois à désirer. Vous savez, l'humour des enfants de neuf ans, eh bien, ils avaient exactement celui-là.
- Eve, nous nous dirigions vers la cafétéria, quand nous avons vu une déesse passer. Cette déesse, c'était toi, me dit Ambrosio.
Oh, et les jumeaux étaient de stupides beau-parleurs. Toujours à sortir des phrases bien recherchées. Mais cela n'en demeuraient pas moins amusant.
- Toujours aussi galant, Ambrosio, répliquai-je.
- Hm, j'aime les femmes avec du caractère, me susurra-t-il.
Je levai les yeux au ciel tandis que son jumeau passa son bras autour de mes frêles épaules.
- Ambrosio, ton numéro ne marche qu'avec les filles et non avec une femme telle qu'Eve. Eve, je saurais te rendre heureuse, continua Javier tandis que je me retenais de rire.
Ces deux-là étaient vraiment un distrayant numéro. Je m'enlevai le bras musclé de Javier et les regardai tour à tour.
- Les gars, sérieusement, je n'ai pas votre temps.
- Le fait que tu m'accordes un de tes précieux regards caramel m'est amplement suffisant, soupira dramatiquement Ambrosio.
- Je n'ai pas les yeux caramel. Mes yeux sont bruns, tout ce qu'il y a de plus fade, dis-je en haussant les épaules.
- Au contraire, Eve. Tes yeux sont comme ambrés, ajouta-t-il en s'approchant de moi. Tu sais on dirait qu'ils sont marrons mais à y regarder de plus près on voit que ton marron tire vers la couleur noisette.
Sa proximité me mettait mal à l'aise. Surtout que son jumeau se mit bientôt à sa hauteur. J'avais donc deux hommes détaillant mes yeux comme si c'était la chose la plus belle au monde. Sérieusement, mes yeux étaient fadement bruns pas marrons ni noisette ni même ambrés. Je levai mes iris au ciel en soupirant.
- Bon les gars quand vous aurez fini de regarder mes pupilles, on pourra manger. Je meurs de faim, dis-je nonchalamment.
Javier me fit un sourire étrange. Vous savez le genre de sourire que vous font vos parents quand ils savent quelque chose à propos de vous que vous ne savez pas ou quand ils veulent dire quelque chose comme « Je te connais comme si je t'avais fait moi-même » ? Eh bien, Javier me souriait ainsi, actuellement. Il secoua sa tête en pouffant.
- Ma petite Eve, tu ne sais même pas tout le potentiel de beauté que tu as.
- Mais on va arranger cela, renchérit son jumeau.
- Oui, après tout nous sommes les meilleurs stylistes de cette société. Mais ne le répète pas à Electre, elle me tuerait si elle savait que j'ai dit une chose pareille, souffla Javier.
- Je ne vais pas vous laisser me faire une relooking ou quelque chose comme ça, assénai-je.
- Mais, se plaignit Ambrosio, allez Eve ça ne prendra même pas deux jours !
- Non, dis-je fermement.
Je me remis en marche vers la céfétéria, légèrement contrariée. Ils voulaient vraiment me faire un relooking ? Avais-je la tête à cela ? Non. Tout ce que je voulais, moi, c'était de réussir mon stage, avoir mon diplôme et travailler le plus tôt possible. J'ai toujours été ambitieuse. Parfois un peu trop. Je suppose que c'est à la fois un défaut et une qualité. Déjà, petite je voulais être la meilleure. Cependant, je n'ai pas l'intelligence de naissance. Je veux dire, il faut que je travaille beaucoup pour que je maitrise un sujet. Ce qui est tout le contraire d'Alexandre, mon petit frère de un an de moins que moi qui était –et est toujours littéralement un génie. J'ai toujours été un peu jalouse de sa facilité à apprendre une notion, tandis que je devais mettre en parenthèse ma vie sociale pour être sûre d'être la meilleure. Ainsi, je n'ai eu que peu de véritables amis au lycée. J'avais un meilleur ami mais je l'ai perdu de vue.
Ce stage est vraiment important pour moi. Ma famille n'est pas des plus riches et mes grands frères et sœurs ont tous un travail stable. David a un poste haut placé dans une maison d'édition en Belgique, Maden excelle dans l'équipe de basketball où il joue et Chloé parcourt le monde du mannequinat. Alexandre brille dans ses études d'Ingénierie. Séléna et Marguerite, les deux dernières, sont encore à l'école. Donc je me dois de bien travailler, pour ma famille et mon estime personnelle.
C'est la raison pour laquelle je n'aurai pas de relation avec mon patron sauf une forme d'amitié. Pourtant je ne cesse de me dire que monsieur Haccews est mon style d'homme bien qu'il soit un peu grossier. Je ne comprenais pas. Il avait l'air d'un homme plus que charmant. Mais j'ai bien l'impression qu'il n'est grossier qu'avec moi. Il se comporte plus que normalement avec Cassandre ou bien Barbara. Peut-être a-t-il un problème avec moi ? Enfin tant que cela n'atteint pas mon stage, ce n'est pas un gros problème. Je ne ressens pas le besoin d'être aimée par tout le monde, à l'inverse de ma petite sœur Séléna qui fait tout pour être appréciée.
- Et beauté, tu rêves, me fit sursauter Javier en agitant sa main devant mes yeux.
Je lui lançais un regard noir et il me mima un baiser. Javier était tellement stupide parfois.
- Elle rêve de moi, sourit Ambrosio.
Ces jumeaux étaient si excédants. Je soupirai et acheta mon repas. Puis je rejoignis la table où étaient assis Barbara ainsi qu'Ansel et Cassandre.
- Où sont Electre et Raphael, demandais-je, notant leur absence.
- Aucune idée, on vient d'arriver me répondit Barbara.
Je m'assis aux côtés d'Ansel qui me sourit chaleureusement. Je lui répondis puis me concentrai sur mon sandwich au poulet. Je le dégustai goulument. J'adorais le poulet, c'était vraiment l'un de mes aliment préféré. Et vous aurez beau me parler de l'élevage massif de poussins conditionnés, cela ne m'empêchera pas d'aimer cette viande. En fait, j'étais une vraie carnivore. Je ne pouvais m'imaginer un instant végétarienne. Donc je mangeais tranquillement mon sandwich quand je sentis un regard peser sur moi. Je levai les yeux et vis ceux verts d'Ansel me fixer en souriant. J'haussai les sourcils, me demandant ce qu'il pouvait trouver drôle en me regardant.
- Tu as l'air affamée, se moqua-t-il.
- J'aime juste le poulet, répliquai-je.
Ses yeux s'élargirent et il s'écria.
- J'adore aussi le poulet !
- Whoa, quelle conversation intéressante, soupira Ambrosio.
Je souris à Ansel. Décidément cet homme était plein d'humour. Je voulus répliquer quelque chose de bien cinglant à cet abruti d'Ambrosio quand mon téléphone sonna. Je fouillai rapidement dans mon sac rouge bordeaux, que j'affectionnais beaucoup, et sortis mon téléphone. Je répondis sans même faire attention à l'interlocuteur.
- Allô ?
- Eve, s'écria une voix excessivement aigue.
J'éloignai le téléphone de mon oreille pour éviter une trop grande souffrance à mes tympans. Je vis le nom de mon interlocuteur, ou plutôt mon interlocutrice : Séléna, ma petite sœur venant d'entrer au lycée.
- Eve ? Tu m'entends ?
- Oui, désolée, Séléna. Alors comment vas-tu ?
- Je vais bien, bien que Marge me tape un peu sur les nerfs.
Je me levai et décidai de sortir de la salle pour avoir un peu d'intimité.
- Comme d'habitude, quoi, souris-je, bien que ma cadette ne pouvait pas me voir.
Marguerite (ou Marge) avait toujours été la plus rusée d'entre nous. Toujours à faire des blagues et des pièges. C'en était parfois assez barbant, mais on aimait quand même notre petite benjamine.
- Oui, si tu le dis. Enfin, je t'appelle pour te dire que maman a enfin trouvé une date où on pourrait tous se retrouver.
- Vraiment ?
Depuis que nos ainés ont rejoint la vie active, nous nous voyons difficilement au cours de l'année. Les dates inchangeables étaient Noël, Pâques, et les anniversaires de nos parents ou des derniers de la famille. Nous, les grands, faisions tout pour être présents ces jours-là. Mais six jours par an, ce n'était pas assez pour ma mère qui organisait alors des week-ends familiaux. Ce qui est d'ailleurs souvent sujet aux disputes entre nous.
- Oui, continua ma cadette de sa voix fluette. Ce sera dans un mois, le week end du 21 février.
- Oh, je vois. Bien je ne pense pas avoir quelque chose de prévu, alors c'est ok pour moi.
- Très bien, j'en informe les parents, alors.
- Bien, dis-je rapidement
- Ciao !
Je raccrochai après avoir saluai ma sœur. Et retournai à ma place. Je m'assis sur ma chaise et tentai de reprendre le cours de la conversation. Je saluai Electre et Raphael qui me sourirent chaleureusement. Electre prit la parole.
- Les croquis concernant la réalisation de la nouvelle collection « Renaissance de l'Indigo, sont finis les amis, annonça-t-elle.
Cela m'étonnait un peu, car cela faisait deux semaines qu'Electre, les jumeaux et les couturiers travaillaient sur la collection et j'étais heureuse de savoir à quel point ils avaient progressé.
- Donc nous allons procéder à la confection dès la fin de la semaine, et je pense que tout serait fini dès mi-février.
- Eh, bien vous êtes rapides, je trouve, dis-je.
- Indigo, n'a pas de temps à perdre, répliqua Electre.
- Si nous mettons trop de temps, le monde de la mode pourrait nous jeter aux oubliettes, compléta Raphael.
J'hochai la tête et Raphael continua.
- Et comme à chaque lancement de nouvelle collection, il y aura un défilé des tenues majeures suivi d'une réception.
- Oh, c'est super ça, dis-je en croquant dans mon sandwich au poulet.
- Et le plus cool, rit Javier, c'est que tu y es invitée.
Je manquai de m'étouffer avec mon déjeuner.
- Pardon, crachai-je disgracieusement.
- Ne fais pas cette tête on s'est arrangé, Javier et moi, pour t'avoir une place à cet évènement, dit fièrement Ambrosio.
Les deux frères se tapèrent dans la main alors que je les fusillai du regard.
- Je ne veux pas aller à cette fête, dis-je catégoriquement.
- C'est une réception, ce n'est pas une « fête », corrigea Cassandre.
- Qu'importe, je n'irais pas, répétai-je.
- De toute façon, tu n'y es pas obligée, dit Barbara, m'arrachant un soupir de soulagement. Je suis même sure que les jumeaux bluffent.
Javier et Ambrosio soupirèrent d'un même souffle, agacés. Je souris alors et me tournai vers eux.
- Bande d'idiots !
- On va trouver un moyen de te faire venir à cette fête, dit Javier, d'un ton décidé.
Je levai les yeux au ciel. Moi ? Aller à une réception. La dernière fois où j'étais allé à quelque chose de semblable, c'était à ma remise de diplôme. Bon je n'étais pas non plus un ermite. Je sortais en boite, parfois. Bon pas avec des amis parce que mes amis du lycée n'habitent pas à Paris et que mes amis (ou plutôt connaissances) de l'université ne sont pas vraiment du genre à sortir. J'aime sortir mais les seules fois où je sors, c'est soit avec mes grands frères et sœurs, soit seule. Je trouve toujours quelque un pour me ramener chez moi.
Mais je n'avais aucune envie d'aller à une réception d'une grande entreprise de mode, où tout le monde sera habillé chic et où je ferais désespérément tâche parce que je ne fais pas partie de ce monde. Je ne suis qu'une simple stagiaire, et ce depuis deux semaines. Donc je ne me sens pas encore totalement à l'aise dans ce genre de chose.
La discussion ayant changé de sujet, je saluai mes amis, débarrassai mon plateau et me dirigeai vers sortie. Arrivée dans le couloir, je décidai d'aller aux toilettes.
Après avoir tiré la chasse je me lavai les mains en me regardant dans le miroir. Je suppose que je ne suis pas moche. Juste banale. Commune. J'haussai les épaules et sortis de la pièce. Je me dirigeai vers le bureau de Barbara quand je me heurtai à un mur. Sérieusement, d'où vient ce mur ? Je sais que je suis maladroite, mais un mur ! Je râlai en me frottant la tète. J'espérai juste ne pas avoir de bosse le lendemain.
- Vous êtes extrêmement maladroite, Eve.
Je me figeai à l'entente de cette voix grave étrangement familière. La voix venait de derrière moi. Je sentais la puissance de la personne. C'était un homme. Je sentais l'odeur typiquement masculine de son parfum. Mais ce qui me fit blêmir, était le magnétisme que dégageai l'homme. Un magnétisme terriblement attirant et familier. Je connaissais cette personne.
Soudain, je sentis mon pouls s'accélérer quand je parvins à mettre un visage sur ce magnétisme. Je tentai immédiatement et désespérément de partir, mais sa grande main chaude enserra mon poignet. Tout mon être se raidit et je soupirai de défaite.
On ne fuyait pas monsieur Haccews.
***
Avant que vous ne m'insultiez pour vous avoir coupé à cet instant, je voulais vous demander.... Bonjours, comment-allez-vous? ^^'
Oui, il n'y a pas beaucoup de Jeremiah dans ce chapitre et je sais que certaine d'entre vous, ne se passe pas de lui. Mais je voulais un peu approfondir le personnage d'Eve et ses relations avec sa famille et ses potentiels amis. Qu'en pensez-vous ?
Comme vous étiez plusieurs à me le dire.. je ne mettrai pas de médias ni de casting dans cette histoire, alors à votre imagination!
Bon, bon. Prochain chapitre vendredi prochain ! J'espère que vous tiendrez jusque là! Pour l'instant à vos claviers et laissez moi un commentaire! :)
Tatiana
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