Chapitre 29
Jeremiah était parti en voyage d'affaire à Bruxelles pour trois jours. Il ne me restait qu'une seule et dernière semaine avant mon examen. Le jour suivant, mon stage à Indigo arrivait à sa fin.
Depuis quelques jours, j'avais une boule de nostalgie et de culpabilité.
Coupable parce que, je ne voulais pas rester à Paris. J'avais réfléchi toute la semaine à la proposition de Jeremiah mais je n'avais pas osé décliner. Je veux partir, découvrir le monde et ses opportunités. Je l'ai toujours voulu. C'était moi, Eve l'ambitieuse. L'ambition menait ma vie. Toute ma vie, je n'avais travaillé que par désir d'ambition. Bien sur, j'étais déjà tombée amoureuse, mais jamais comme avec Jeremiah. Pas si fort, si passionnément. Et cela changeait toute ma perception de mon avenir. Lui, qui avait été si clair, net et précis depuis l'adolescence était maintenant flou et l'image de Jeremiah s'y reflétait constamment.
Je le savais pourtant. Je savais que si je devenais plus amicale avec un homme tel que Jeremiah, j'allais tomber amoureuse. Et le pire, c'était qu'il m'aimait aussi. Je m'étais mise en garde mainte fois mais mon attirance pour Jeremiah a toujours été plus téméraire. Je ne regrettai pas ma relation avec Jeremiah. Je regrettais le fait que cela ait autant d'impact sur mon avenir. Je ne voulais pas rester à Paris. Il ne pouvait pas quitter son entreprise. Et même s'il le faisait, il ne pouvait abandonner un poste pareil. Une sombre idée traversa mon esprit : nous allions devoir nous séparer.
C'est pour cela que je ne faisais que travailler depuis qu'il était parti pour chasser ses obscures idées de mon esprit torturé. J'étais épuisée en ce mercredi soir, aussi je décidai d'aller me requinquer un peu. Je descendis à la supérette du quartier et acheta le nécessaire pour manger correctement ainsi que des sucreries. Le vendeur de la supérette était un homme absolument adorable qui ne manquait jamais de glisser une petite blague. De retour chez moi, je fus surprise de voir une lettre dépasser de ma boite aux lettres. Intriguée, j'ouvris cette dernière, pris la lettre que je glissai dans mon sac de course. Je déposai les affaires dans mon réfrigérateur.
Plus tard, alors que je m'asseyais enfin sur mon canapé, je me rappelais soudainement de la lettre. D'un bond, j'allais la chercher. La trouvant dans un coin de la cuisine, je l'ouvris.
Le sang quitta mon visage à mesure que mes yeux lisaient les lignes de la lettre. Mon souffle se coupa. J'étais complètement sous le choc. Comment... je... d'un geste machinal, je pris mon téléphone. Une nausée soudaine me prit quand je vis que Jeremiah m'avait envoyé un message. L'ignorant, je composai un numéro. L'intonation retentit quelques instants avant que l'on ne décroche.
- Allô, Eve ?
- Hey, Chloé, soupirai-je.
Il y avait du bruit derrière elle. Je ne savais même pas où elle se trouvait. Chloé changeait continuellement de pays. Bon, le plus souvent elle travaillait, mais parfois elle avait le temps de visiter un peu. Elle s'éloigna de la source du bruit.
- Ouh, si tu savais comme les rues de Barcelone sont animées dès dix-neuf heures ! Alors qu'est-ce qu'il se passe ?
Chloé savait toujours quand je n'allais pas bien. Maden aussi mais il était aux Etats-Unis pour je ne sais quelle coupe de basketball. Je soupirai, mes doigts tremblants crispés sur la lettre. Je ne savais si je devais prendre cela comme une bonne ou mauvaise nouvelle.
- Tu connais la Simulcom Media Group de New York ?
- Oui ! Cette agence a fait la promotion de mon dernier défilé. C'est l'une des plus rentables et connue mondialement.
J'étais partagée entre le fait d'être flatté et accablée.
Flattée parce que cette agence de renommée mondiale voulait m'avoir parmi ses employés. La lettre, tapée au clavier par le directeur lui-même, me proposait un poste comme directrice artistique. Directrice artistique, mon rêve. J'étais remplie d'une joie affligeante.
Accablée, parce que cette proposition d'emploi accélérait le tout. Je n'avais plus le temps de réfléchir à ma condition. Le directeur voulait une réponse dans deux semaines. Mais le plus gros problème était que l'agence se trouvait à New-York, à huit heures de Paris. A huit heures de Jeremiah. Mon cœur se tordit à cette pensée.
- Eh bien, elle me propose de devenir leur nouvelle directrice artistique, spécialisée dans les affaires étrangères.
Ma sœur resta silencieuse un instant. Avant d'exploser.
- Oh mon Dieu ! Tu-comment... dis-moi que tu as accepté, hurla-t-elle.
- Ce n'est pas si simple soupirai-je.
- Comme cela ?
Je tentai de prendre une voix normale. Je devais le lui annoncer en douceur.
- Tu sais... heu, Jeremiah, mon ... ami ?
- Oh, le beau gosse ? Oui, qu'en est-il de lui ?
- Eh bien, nous sortons ensembles.
Il y eut un instant de silence à l'autre bout du fil avant que Chloé n'explose.
- Quoi ?! Depuis, quand ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Il est bon au lit, au moins ? Dis-moi qu'il t'offre des fleurs ?
J'éloignai le téléphone de mon oreille. Mon Dieu, ses cris étaient hystériques. Elle allait me percer le tympan. Je la laissai se calmer et reprendre son souffle avant de continuer d'une voix chevrotante.
- Hum, oui, disons que j'ai quelque peu oublié de te le mentionner...
- Excuses moi ? Un peu oublié ? Dis-moi, que je suis la première de la famille à le savoir !
- Oui, tu es la première. Même si je pense que Maden suspecte quelque chose.
- Aha, j'ai gagné le pari contre Séléna !
- Pardon ?
Un pari ? Ma sœur prit une voix faussement gênée.
- Ouais... j'ai parié que tu sortirais avec le bel étalon et Séléna était sure du contraire. Ca lui apprendra à cette adolescente.
- Ok...
- Bon, je suis sure que tu ne m'appelles pas pour cela, vu ta voix fade.
Je me raclai la gorge avant de choisir mes mots.
- Eh bien... le poste que La SMG me propose est à New-York.
- Oh... donc tu dois-
- Oui, si j'accepte je vais travailler à New-York, coupai-je.
- Si tu acceptes ? Parce que ce n'est pas encore fait ?
- Non...
- Toi, Eve Brastoli, tu refuses un poste haut placé dans une des meilleures agences de publicité internationale ?
Oui, j'étais assez connue pour mon ambition sans égale. Mais tout avait changé maintenant.
- Il y a Jeremiah et-, tremblai-je.
- Oh... tu l'aimes donc tant que ça ?
Indéniablement. Pas un instant ne passait sans que je ne pense à ses yeux bleus et ses lèvres douces. Il est dans mes pensées à chaque moment.
- Je suis complètement amoureuse de lui.
- Oh, ma chérie.
- Je sais.
- Et.... Donc c'est pour cela que tu m'appelles.
Je ne répondis pas. A la place un reniflement enfantin s'échappa de mon nez. J'étais à deux doigts de fondre en larmes.
- Eh, ça va aller, ca va aller, Eve..., me rassura Chloé, alors qu'un air de tango retentissait en arrière plan.
- Non, ça ne va pas aller, bon sang ! Tu sais autant que moi à quel point je meurs d'envie d'accepter cette offre, mais... il y a Jeremiah et je ne sais pas si je suis capable de le laisser ici.
- Et, s'il venait avec toi ?
Jeremiah, partir avec moi ? L'idée, me plaisait, mais non. Jeremiah tenait à son entreprise. Presque autant que moi, je tenais à mon ascension dans le monde du travail.
- Impossible. Indigo est le projet de sa vie. Il y tient tellement. Je ne vais pas jouer les égoïstes et lui enlever un des choses auxquelles il tient le plus.
- Eh, bien, lui non plus ne peut t'empêcher d'aller à New-York.
- Mais c'est à huit heures de Paris. On sera continuellement séparés. Ce serait insupportable.
- S'il t'aime autant qu'il le dit, il te laissera te construire, acquérir de l'expérience.
- Mais... si moi, je ne suis pas prête à le laisser me laisser ?
- Eve ! Tu es surement celle qui peut se détacher des gens le mieux. Écoute...
La voix de ma sœur se tut, signe qu'elle réfléchissait. Ou bien qu'elle hésitait.
- Dis-moi, la pressais-je.
- Tu l'aimes vraiment ?
- Oui.
Oui. Oui, je l'aimais. Mon Dieu, s'en était presque insupportable.
- Et lui ?
- Il m'aime.
- Eh bien- Non, se coupa-t-elle.
- Quoi ? Dis-moi, Chloé !
Ma voix devait sonner stupidement désespérée. Parce que je l'étais.
- Si vous vous sépariez-je veux dire vraiment séparés, le temps que tu évolues dans ta carrière. Ecoutes Eve, tu sais autant que moi que les relations à distance c'est périlleux. Rompez. Laissez-vous évoluez. Tu ne peux pas suivre plusieurs buts en même temps, Eve. Et si après- je ne sais pas... deux ou trois bonnes années, tu te sens bien en terme de carrière et travail et que tu ne l'as pas oublié- et lui non plus, vous n'avez qu'à vous donner un rendez-vous et réapprendre à vous connaître. Si vous êtes faits pour être ensemble, rien n'aura changé.
Sa proposition me laissa sans voix. J'avais cessé de respirer à l'instant où le mot « rompez » avait sonné en mon esprit. Rompre avec Jeremiah. Rompre. J'avais rompu de nombreuses fois mais rien n'étais pareil maintenant. Oui, je faisais confiance à Jeremiah. Mais... et moi ? Me faisais-je assez confiance pour cela ? Je me plongeai dans une intense réflexion.
- Eve ? me rappela Chloé.
- Je... vais te laisser, ok ? Je vais réfléchir, dis-je rapidement.
- Eve, écoute, je-
Je coupai l'appel avant la fin de sa phrase. Je ne pouvais en écouter davantage. C'était trop. Mon cerveau analysait encore et encore la situation sans trouver de solution. Je voulais ce travail. Et je voulais aussi Jeremiah. Je n'avais que deux semaines pour donner ma réponse. Dans une semaine et quatre jours, je passai mon examen de fin d'étude. Et il ne me restait qu'une semaine à Indigo. Une angoisse me prit l'estomac.
Tout arrivait si vite.
Soudainement, épuisée, je m'allongeai sur mon canapé. Prise d'une flemmardise énorme, j'allumai la télévision et tombai sur une émission de mode stupide et divertissante. J'étais dépitée. Ma condition était absolument désastreuse.
Je sursautai quand mon téléphone sonna. Un stupide sourire s'inscrit sur mon visage quand je vis le nom de Jeremiah. Puis mon sourire se fana alors que je décrochai.
- Bonjour, Eve, dit sa voix grave et sensuelle.
- Bonjour.
- Ca va ? Tu as l'air malade, sonna sa voix chaude et inquiète.
- Non, je... suis un peu fatiguée, répondis-je.
- Tu es sûre ?
- Oui, souriais-je. Bon, alors, comment est Bruxelles ?
- Bruxelles est horriblement vide sans toi.
Mon cœur se gonfla à l'entente de ses mots. Une énorme envie de pleurer me prit. Voir l'influence qu'avaient ses mots m'accablait encore plus. J'inspirai un bon coup. Jeremiah parut l'entendre vu qu'il me demanda après.
- Eve, tu es sure que tout va bien ?
- Oui, dis-je en essayant d'avoir un ton léger. Javier et Ambrosio m'ont embêté toute la journée.
Jeremiah parut me croire. Il bascula sur un autre sujet et nous discutâmes pendant une bonne heure. Lorsqu'il raccrocha, je posai mon téléphone au sol et fermai les yeux. Je mis mes mains sur mes paupières. Sans m'en rendre compte, les larmes coulèrent d'elles même. Une profonde lassitude me prit.
Ma vie qui avait toujours semblé être claire était totalement embrouillée.
Mon cœur et ma conscience hésitaient entre amour et ambition.
***
Bonjour mes chères amies!
Chapitres sans action mais j'espère que j'ai été assez claire et que vous avez compris qu'il était important, aha. Chapitre triste (oui, je sais), sans Jeremiah (oui, je sais), et qui m'a rendue triste en l'écrivant (wtf, t'es chelou, meuf). Mais j'avais promis du drama, ne sentez vous pas son odeur?
Comme il est un peu triste voici un petit quizz pour savoir à qui vous ressemblez le plus:
1. Vous obtenez une mauvaise note à un contrôle :
*Pas grave, ce n'est qu'une note, vous seul(e) connaissez votre véritable potentiel.
<> Vous êtes absolument dépitée mais travailler d'arrache-pied pour avoir une meilleure note au prochain.
/\ On avait une note à recevoir ? Je ne m'en souviens pas.
2. On vous propose une sortie au zoo :
<> Doux Jésus ! Je ne vais quand même pas payer pour des animaux !
/\ Hum, à votre avis, la fourrure de tigre est-elle comparable à celle du léopard ?
*Sortir de chez vous ne vous fera pas de mal. Et puis, vous adorez les tigres.
3. Coupure d'électricité soudaine dans l'appart :
/\ Vous hurlez de peur.
* Vous râlez et appelez vos parents/le concierge, avec impatience.
<> Vous allumez des bougies et déambulez dans les couloirs à la recherche du disjoncteur.
4. Un gars/fille mignon(nne) passe devant vous :
* Vous n'avez pas vu la personne, le travail/école vous appelait.
<> Vous le/la regardez longuement, lui faisait clairement comprendre votre intérêt.
/\ Vous détaillez sa tenue.
5. C'est les soldes :
<> Vous préparez votre budget à ne pas dépasser pour acheter les tenues que vous aviez repérées.
/\ Faites passer les cartes bleues !
* Hein, quoi, les soldes ?
Plus de * : C'est Jeremiah. Calme, et assez éloigné(e) de la population. Vous la solitude et êtes assez sûr(e) de vous.
Plus de <> : C'est Eve. Organisé(e) et consciencieus(e), vous savez ce que vous voulez quand vous le voulez.
Plus de /\ : C'est Javier. Drôle et extravagant, vos pensées ne concordent pas avec celles des autres. Mais c'est pour cela qu'on vous aime.
Dites moi quels sont vos résultats ! ;)
J'en ferais un encore plus long si celui-là, vous plait. Passez un bon week-end et n'oubliez pas de voter! :)
TatianaNg
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