Chapitre 19
Je m'éveillai doucement. Je me sentais tellement bien. J'avais vraiment besoin de sommeil. J'ouvris les yeux et me retrouvais face à une surface chaude et mouvante. C'était un doux bercement fabuleusement agréable. Je serrai plus fort mes bras entre eux comme je le faisais avec ma peluche préférée. Je ne me souvenais pas qu'elle fût si chaude. C'est quand je sentis un souffle sur moi que j'ouvris les yeux d'horreur. Je me dégageai rapidement de la ceinture chaude qui m'emprisonnait et qui se trouvait être les bras de Jeremiah Haccews, mon patron. Je me dégageai de son étreinte affreusement plaisante ce qui le fit se réveiller. Il poussa un grognement rauque et horriblement primitif et je plaquai rapidement mes mains sur sa bouche.
Il se mit à geindre alors que je le fusillai du regard.
- Taisez-vous ! On pourrait vous entendre !
Quand il se calma, j'enlevai mes mains de sa bouche pulpeuse. Il se redressa et s'assit sur mon lit. Oui, nous avions partagé le lit toute la nuit (ou plutôt le reste du matin). J'avais pourtant veillé à m'endormir le plus loin de lui et je ne sais comment je me suis retrouvée dans ses bras. Mais nous étions tellement éreintés que cela ne nous avait même pas gênés sur le moment. Mais, dès ce soir je lui trouverai un matelas où dormir.
Je me levai du lit et m'étirai. Il se leva et son tour et prit la parole.
- Je pense que nous devrions nous tutoyer. Vous savez nous sommes amis... enfin devant votre famille, bien sur, ajouta-t-il en voyant mes sourcils froncés.
J'hochai la tête et mis ma main sur la poignée. Il fallait que j'aie les idées claires. Et pour cela, il me fallait être le plus loin de lui possible. C'était fou, toute cette nervosité que j'avais lorsque j'étais proche de lui. J'ouvris la porte et entendis distinctement les voix agitées de mes frères et sœurs qui devaient se trouver en bas, dans la cuisine. Je regardai le réveil dans ma chambre : il était environs dix heures. Je me tournai vers Jeremiah qui était absolument séduisant avec le tee-shirt dans manches gris et le pantalon de jogging noir empruntés à Maden. Même au réveil, il était exquis. Quant à moi, je portai un vieux large tee-shirt et un long short de basket qui avait appartenu à Maden.
D'un signe de tête, j'enjoignis Jeremiah à me suivre. Nous descendîmes les escaliers et je me dirigeai vers la cuisine. Tous mes frères et sœurs étaient présents, ainsi que mes parents, et mangeaient joyeusement autour de l'immense table à manger de dix places. Ils tournèrent tous la tête vers moi et leurs regards se dirigèrent naturellement vers le bel homme à ma droite, Jeremiah. Maden fut le premier à se lever. Quant à moi, mon sourire était énorme. Ils m'avaient tellement manqués. Maden me prit dans ses bras musclés et je lui rendis son étreinte. Il se dégagea et me sourit en secouant ses superbes boucles brunes.
- C'est bon te revoir petite sœur. Alors tu ne présentes pas ?
Je me tournai vers Jeremiah qui me regardait gentiment. C'en était presque étrange. Les regards que m'adressait Jeremiah étaient soit moqueurs, séducteur ou en colère. Mais jamais il ne m'avait regardé aussi tendrement. Je lui souris.
- Alors voici Jeremiah, c'est lui qui m'a conduite jusqu'ici. C'est mon ami.
Maden serra la main de Jeremiah et mes autres frères et sœurs le saluèrent de loin, encore ensommeillés. Ma mère se leva et se précipita vers Jeremiah et lui répit la main.
- Merci de tout cœur Jeremiah. Eve ne peut pas s'empêcher d'être en retard, soupira ma mère.
- J'ai bien compris cela, dit celui qui était sensé être mon ami.
Je fronçai les sourcils vers eux alors que ma mère prit la parole.
- En tout cas, tu es le bienvenu chez nous. Aller, prenez place, mes enfants !
Elle me fit un rapide câlin et je remarquai bien vite qu'elle avait totalement adopté Jeremiah. Elle racontait quelques anecdotes de sa vie alors que je saluai mes autres frères et sœurs. Ma mère avait toujours été le genre de femme qui mettait tout le monde à l'aise. Elle avait de grands yeux marron réconfortants et apaisants, une bouche pleine et un nez épaté s'accordant parfaitement avec son teint chocolat. Ma mère venait d'Afrique et plus précisément de l'ile de Madagascar où elle était née. L'ile ayant été colonisée par les français au XIIIe siècle, ma mère connaissait déjà le français avant d'immigrer en France. Elle était très attachée à ses origines. Son prénom Fifaliana, signifiait « joie » en malgache. Mon père quant à lui était encore un bel homme malgré son âge déjà avancé. Ses yeux noisette brillaient toujours de la même intelligence et sa mâchoire avait les traits typiques d'un italien : carrée et virile. Il était grand et impressionnant avec sa moustache noire. On devinait qu'il avait été un beau jeune homme. La famille de mon père avait immigré en France lors de la deuxième Guerre Mondiale, lorsque le fascisme apparaissait en Italie. Mon père était alors né en France mais la culture italienne a toujours fait parti de sa vie.
Je m'assis entre Chloé et Maden alors que Jeremiah se retrouva entre les deux cadettes, Séléna et Marguerite qui le dévoraient du regard. Je pris une brioche et croqua dedans. David me sourit avant de se tourner vers ma mère.
- Alors Maman, quel est le programme de ce week-end ?
Ma mère, sourit grandement. Elle adorait ces week-ends familiaux et aimait faire un majestueux programme d'activités. Elle prit une feuille sur le meuble dans son dos et nous poussâmes tous un soupir de découragement. Elle nous fusilla du regard avant de déplier son papier.
- Alors aujourd'hui personne ne sort de cette maison...
- Quoi, s'écria Chloé, mais, je-
- Chloé, coupa ma mère en la fusillant du regard. Donc, je disais, personne ne sort aujourd'hui parce que nous allons préparer un barbecue !
- Mais, maman, râla Alexander qui n'aimait vraiment pas cuisiner.
- Et aucunes contestations, dit-elle, intransigeante. Donc ce sera tout pour aujourd'hui, j'ai invité quelques amis proches pour ce barbecue alors je ne tolérerais pas qu'il soit mauvais, est-ce clair ?
Elle avisa nos têtes, en quête d'une quelconque opposition. Puis elle sourit fièrement et continua de lire son programme.
- Ensuite, demain, nous irons à la messe pour dix heures...
Séléna et Marguerite se concertèrent du regard, Maden injuria dans sa barbe, Chloé laissa échapper un gémissement en même temps qu'Alexander alors que David et moi soufflèrent de concert. Ma mère adore prier. Et elle aime davantage prier avec tous ces sept enfants pour montrer à tout le quartier combien elle en est fière. Mon père était moins exhibant, c'est pourquoi il ne prenait pas part à la conversation et buvait innocemment son café.
- Jeremiah, dit-elle en se tournant vers mon patron, j'espère que cela ne te dérange pas d'aller à la messe avec nous ?
- Jeremiah est athée, coupai-je avant qu'il ne puisse répondre.
Je sentis l'espoir de mes frères et sœurs revenir. Si Jeremiah était athée, ma mère ne le forcerai pas à venir, alors nous n'irons surement pas à aller à la messe comme elle ne voudra jamais laisser un invité seul à la maison. Cependant, Jeremiah me fit un diabolique sourire narquois et sourit poliment à ma mère.
- Eve, tu ne m'as pas comprise. Mon père est athée mais pas ma mère. Je viendrai avec vous à l'église, madame Brastoli.
- Appelle-moi Fifaliana ou Fali, c'est plus simple.
L'espoir qui avait pris mes semblables s'effondra alors que je tuai du regard mon patron qui me fit un sourire narquois absolument détestable.
Quelques heures plus tard, je me retrouvais dans le jardin avec Chloé en train de monter le barbecue. Ma mère avait donné des taches à chacun d'entre nous. Chloé et moi devions nous occuper de mettre en place le barbecue, et les garçons, soient David, Maden, Jeremiah et Alexander étaient enfermés dans la cuisine et faisaient la salade, les amuses-bouche et autres choses. Séléna et Marguerite, elles, devaient appeler tous les voisins, que ma mère n'avait pas encore invités, à venir ce soir chez nous.
- Eve, je n'ai pas beaucoup de force alors tu m'aides à soulever cette chose, me rappela à l'ordre Chloé.
En soufflant, je mis mes mains sur le barbecue en acier et en aluminium. Le barbecue ne sortait jamais de la cave sauf lors de rares occasions comme celle-ci. Il était plein de poussière. Nous portâmes le barbecue au centre du jardin. Notre maison était grande. Elle avait huit chambres et un vaste jardin. Eh bien, il fallait de la place pour sept enfants turbulents. Chloé et moi commencions par nettoyer le barbecue pour lui donner sa brillance passée. Cette tâche faite, Chloé m'envoya chercher du charbon. Je descendis à la cave et eus la surprise d'y rencontrer Jeremiah. Il me dévisagea, moi ainsi que ma tenue puis eut un sourire moqueur. Je regardai ma tenue et soufflai de dépit. Je portais une de mes vieilles salopettes déchirée de partout avec laquelle j'avais peint, tondu le jardin, bricolé, jardiné. Enfin, bref, disons que je n'étais pas au summum de mon sex-appeal (si j'en ai jamais eu un).
- Ta tenue est...
- Aucun mot sur ma tenue. Qu'êtes-vous... qu'es-tu venu faire là, demandai-je.
J'avais du mal à m'habituer à le tutoyer. Mettait en place une certaine intimité que je ne voulais pas avoir avec lui. Enfin, j'étais perdue. J'avais envie de le connaître, de discuter avec lui mais je ne voulais pas avoir quelconque relation avec lui. Je ne devais pas avoir ce genre de relation avec lui. Il reste mon patron, bien qu'il soit beau et parfois adorable.
Il sourit et s'approcha de moi.
- Vos frères m'ont envoyé chercher quelques choses à la cave, répondit-il, encore plus proche de moi.
- Mais pourquoi, tu ne connais même pas la maison !
Il haussa les épaules.
- Je pense qu'ils veulent un peu se débarrasser de moi pour parler de nous.
- De 'nous' ? Mais il n'y pas de « nous », dis-je, complètement outrée.
Jeremiah se recula et mit sa main sur son cœur.
- Ouh, j'en mal jusqu'ici.
Je le regardai confusément, ne sachant pas trop comment réagir.
- Parce que tu aurais voulu qu'il y a un 'nous' ?
C'était impossible. Et inimaginable. Il me fit un sourira que je jugeai mystérieux.
- Qui refuserai un 'nous' si tu fais parti de ce 'nous', dit-il vaguement. Bon, je dois trouver la grande planche en bois pour découper le poulet.
J'étais tellement choquée que je la lui tendis sans discuter. Etait une façon de dire qu'il voulait d'une relation avec moi. Et une relation plus... forte et intime. Les joues en feu, je remontai au jardin, le laissant seul. J'allais vers Cholé, le sac de charbon entre mes bras.
- Enfin, t'en as mis du temps !
Je ne répondis pas, encore dans mes pensées. Chloé était notre diva à nous. Elle avait un corps de déesse dont j'avais toujours été jalouse, de grands yeux noisette captivants, une belle bouche pulpeuse, une peau bronzée. Cela ne m'étonnait même pas qu'elle soit un mannequin.
Nous mîmes le charbon dans le barbecue. C'est pourquoi nos mains devinrent noires. Nous nous sommes amusées à se salir mutuellement. Nous décidâmes de faire une pause alors que nos visages étaient noirs. Nous étions assises dans l'herbe et j'arrachais distraitement des brins de ma main gauche quand Chloé releva son visage harmonieux vers moi.
- Eclaires-moi sur un point, veux-tu ? Il est beau Jeremiah, non ?
Je me gelai à ses paroles. Beau aurait pu être le deuxième prénom de Jeremiah. Bien sur, il était beau, voire plus, magnifique, plaisant, agréable, à tomber par terre. Cela ne m'étonna pas que Chloé le trouve beau. Après tout, quelle femme ne le trouverait pas beau ? Je posai mes yeux sur le visage observateur de ma sœur. Elle avait tourné son visage vers le faible soleil de février. Je soupirai. Je n'étais pas une bonne menteuse et Chloé me connaissait par cœur. Et je le connais assez pou savoir qu'elle allait être la première à m'embêter avec ça.
- Oui, il l'est.
Elle plongea ses beaux yeux ambrés vers moi et fit un sourire mutin.
- Tu es amoureuse de lui ?
- Pardon ?
Moi, amoureuse de Jeremiah ? Oui, je suis attirée par lui mais de là à parler d'amour. Non, je ne suis pas amoureuse de lui. Enfin, je ne pense pas. Et puis, je ne connais pas grand-chose à ce sentiment. J'ai aimé mon premier petit-ami, Liam, mais mon ambition a pris le dessus. Et à chaque fois que j'ai été avec quelqu'un, je gâchais tout. Enfin, je les aimais mais pas au point de mettre de côté mon envie d'évoluer. Alors parler d'amour avec mon patron, c'était presque risible. Sérieusement, je ne le connais pas assez pour l'aimer comme on aime son petit-ami. Je sais qu'il peut être extrêmement bourru et malpoli, professionnel et autoritaire mais aussi rassurant et touchant. Il savait manier les mots. Il savait me faire enrager mais en même temps m'émouvoir d'une certaine façon. Mais ce n'était pas de l'amour. Peut être une étrange forme de forte amitié mêlée à beaucoup d'attirance (de ma part), mais pas de l'amour.
- Non, répondis-je finalement.
- Alors il t'attire, déduisit Chloé.
- Qui n'est pas attiré par Jeremiah ?
Elle rit puis prit un air sérieux.
- Moi.
- Toi ?
- Oui, il est un peu trop intense pour moi. La façon dont il te regarde... on dirait que vous êtes fiancés.
J'ouvris grands les yeux. Jeremiah et moi... fiancés ? Ca ne colle pas ensemble ! C'est absurde. J'éclatai de rire alors que Chloé fronça le nez.
- Hé ! J'étais sérieuse !
- Oui, mais attends, rembobine. Je croyais que ton style c'était les hommes bien costauds et intenses, justement.
Chloé porta son regard au loin, semblant gênée. Je fronçai les sourcils.
- Tu l'as dit toi-même, 'c'était'...
Je mis un certain temps avant que tout ne s'éclaire dans mon esprit.
- Oh mon Dieu, Chloé ! Qui est-ce ? Comment s'appelle-t-il ?
- La ferme, rit-elle.
Je lui grimpai dessus et elle éclata de rire. Je commençai la chatouiller quand d'un bras libre elle me pointa quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Je tournai la tête. Et vis nul autre que Jeremiah Haccews se tenir devant nous, un air extrêmement amusé au visage. Chloé profita de ma stupéfaction devant le dieu grec pour me renverser et, en même temps, nous faire basculer sur le barbecue, dont tout le charbon tomba sur nous.
Oh.
***
Bonsoir mes chers lecteurs !
Certains d'entre vous auront surement trouvé cela étrange qu'Eve dorme avec son patron chez elle. Et j'avoue qu'après relecture, je trouve ça assez... incommode ^^ Mais je me suis ensuite rappelé qu'Eve n'est pas une fille qui a beaucoup de pudeur mais qui connait les limites. De plus, n'oubliez pas non plus qu'il y a une forte attirance entre nos deux personnages et que franchement aucuns des deux ne se priverai de pourvoir partager un instant ensemble. Voilà, ça c'était pour celles et ceux qui ont peut être trouvé ça précipité et "horriblement" dévergondé ou indécent.
Revenons à nos moutons. Alors comment trouvez-vous ce chapitre? Et la famille de notre chère Eve ?
Personnellement, je me suis beaucoup amusée à écrire ce chapitre. La famille d'Eve est constituée de beaucoup de personnes très différentes les unes des autres.
Alors, j'ai pas eu beaucoup de réponses à ma question dans le chapitre, donc je suis un peu déçue. Je sais qu'il y a beaucoup de lecteurs et lectrices qui ne s'expriment jamais et pourtant je sais qui vous êtes (ouh, ça fait peur hein?).
Donc cette semaine, la question est donnez moi deux adjectifs pour décrire Jeremiah.
Et sinon avez vous des questions, des suggestions ou même des critiques ?
J'espère que vous aimez toujours lire mon histoire,
TatianaNg
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top