Chapitre 15
Nous étions vendredi. Le vendredi de la réception. J'étais étalée sur mon canapé devant la télévision. Comme l'entreprise devait préparer la soirée, tous les employés avaient eu leur journée. Et c'était avec soulagement que j'accueillais ce jour de repos. La semaine avait été épuisante. Entre toute la paperasse que j'avais à faire, Electre qui me demandait des conseils pour les sélections des tenus qui vont défiler ce soir et l'effervescence qui animait le bâtiment, j'avais été constamment demandée. Le pire est bien que Jeremiah s'amusait à venir me déranger et qu'il me faisait des commentaires ironiques sur la soirée ou sur ma tenue pour me faire enrager tels que « Je pense que votre teint ressortirait bien avec du rouge » ou encore « A votre avis, si je mets une cravate verte, serions-nous assortis ? ». Et il trouvait cela drôle. Le jumeaux avaient été intenables, Barbara incroyablement nerveuse, Raphael et Electre au bord de la crise de nerfs, Cassandre était devenue une vraie pile électrique et Ansel était aux abonnés absents. Il avait beaucoup à faire concernant tout ce qui était du domaine informatique ce qui a fait qu'il ne pouvait pas manger avec nous. Il m'a manqué et j'avais hâte de le voir ce soir.
Mais ce qui me faisait rester nonchalamment affalée sur mon canapé était bien le fait que je devais aller chez ma famille dès ce soir. J'avais déjà réservé un billet de train même si je ne me souvenais plus de l'heure. Mes parents étaient au courant pour la réception de ce soir et avaient pris le dernier billet pour la Provence. Le simple fait d'imaginer la soirée suivie d'un voyage en train me remplissait d'une paresse hors normes. Je n'avais tout simplement pas envie de bouger. Même si il était déjà dix-sept heures et que la soirée commençait à dix-neuf heures trente. Qu'importe ; je trouverais bien une jolie tenue à mettre pour ce soir.
On toqua à la porte et je sursautai. Qui pouvait venir à cette heure-ci ? Personne ne vient jamais chez moi si ce n'est que mes frères ou sœurs quand ils sont de passage à Paris. Je me levai paresseusement en m'étirant et me dirigeai vers la porte. J'espérai seulement que ce n'était pas mon voisin de droite avec son regard lubrique ou un inconnu parce que je ne portai qu'un court short de pyjama, mon gros sweat « Canada » rouge et mes cheveux étaient vulgairement attachés en un chignon.
J'ouvris la porte et eus la grande surprise de voir Javier et Ambrosio, les épaules chargées de housses de vêtements, sur le pallier de ma porte. Ils ouvrirent de grands yeux en me voyant. Je n'eus pas le temps de leur demander la raison de leur venue chez moi (d'autant plus qu'ils ne sont pas sensés connaître mon adresse) qu'ils entrèrent dans mon appartement.
- Mon Dieu, Eve, c'est quoi cette tenue, hurla Ambrosio.
- Qu'est ce que tu attends pour te préparer !
Je les regardai déambuler dans mon appartement, complètement perdue. Que faisaient-ils dans mon appartement ? Ils posèrent trois housses de vêtements et Ambrosio tendit la main vers son frère.
- Javier, tu me dois vingt euros. Je t'avais dit qu'elle ne serait même pas douchée.
Javier râla et tendit le billet à son jumeau qui le prit rapidement. Javier mit les mains sur ses hanches et me dévisagea autoritairement.
- Eve, qu'attendais-tu pour ne pas t'être encore habillée ?
- Euh, je ... mais qu'est ce que vous faites chez moi ?!
- Ne change pas de sujet. Bon, souffla-t-il, montre moi ce que tu avais décidé de mettre.
- Et pourquoi ?
- Va, esclave, dit-il en me frappant les fesses de sa main droite.
Je soufflais, outrée. Comment osait-il ? Ambrosio poussa son frère et se plaça devant moi.
- Javier, tu t'y prends mal, laisses-moi faire. Chérie, dit-il en s'adressant à moi, on est là pour te sauver d'une humiliation complète. Tu vois, cette réception ne sera pas seulement un défilé suivit d'un repas, c'est aussi une façon à Indigo de montrer sa valeur aux autres concurrents. C'est une soirée d'une importance capitale car en plus, nous allons montrer quelques pièces de la prochaine collection. Et je te connais assez bien pour savoir que tu ne veux pas aller à cette soirée et que donc tu ne vas pas faire attention à toi. Sauf que tu ne peux pas apparaitre à cette réception comme si tu allais au restaurant. Alors, s'il te plait, laisses-nous t'habiller.
Son petit discours m'avait beaucoup touché. C'est vrai que ma réaction était assez égoïste. Je comprenais tout à fait le point de vue de mon ami. Je soupirai de résignation.
- Très bien. Mais je dois t'avouer que je n'avais pas encore prévu de tenue, dis-je piteusement.
- On avait prévu le coup, sourit-il.
Apparemment, les jumeaux me connaissaient comme s'ils m'avaient faite. Et ce n'était pas la première fois qu'ils me le prouvaient. Il se dirigea vers mon canapé où il prit l'une des housses de vêtements qu'ils avaient apporté en déboulant chez moi. Je supposais que, vu leurs accoutrement simple, ils avaient prévu de se préparer. Eh bien, je ne pouvais pas leur dire non maintenant. Ambrosio sortit trois robes de la housse et les disposa de façon à ce qu'elles soient directement dans mon champ de vision.
- Bon, on les a pris dans les collections passées, mais tu sais ce qu'on dit, le vintage c'est à la mode, dit Javier.
- Si tu te poses des questions, sache qu'être styliste t'ouvre plein de porte, dit Ambrosio avec un air mystérieux.
- C'est adorable, les gars, merci.
Ils me sourirent pour seule réponse et me laissèrent regarder les robes. Les trois robes étaient de couleurs différentes : l'une blanche immaculée, l'autre d'un vert absolument splendide et la dernière était d'un rose pétillant.
- Je pense que je vais les essayer, dis-je en les prenant.
Je partis dans ma chambre. Mon studio n'était pas un genre de loft hyper moderne comme était celui de mon patron. C'était un petit appartement, situé au deuxième étage d'un immeuble de dix. Ce n'était vraiment pas spacieux mais j'aimais bien. C'était mon petit chez moi. Et j'avais tout fait pour le rendre accueillant.
J'essayai les trois robes rapidement avant de faire mon choix. La robe rose était un bustier finement ouvragé avec des perles noires. La robe tombait sur les pieds dans un fin voile rose pâle. Cependant elle n'était pas adaptée à ma silhouette et ne me mettait pas en valeur d'après ce que disaient les maitres du stylisme, les jumeaux. La robe verte était magnifique. Les bretelles noires formaient un « V » sur mon buste et décoraient la robe qui s'ouvrait à hauteur de mes cuisses. Mais cela était « un peu trop sexy pour une réception », avait dit les jumeaux alors que je leur montrais mon essayage. Ils étaient drôles à voir et se prenaient vraiment comme des juges d'une télé-réalité telle que « Top Model USA ».
La robe grise m'allait incroyablement bien. La robe était faite de soie gris très clair que les jumeaux, dans leur langage de styliste appelaient gris tourterelle, très simple. La soie tombait joliment sur mes hanches les mettant considérablement en valeur. Le buste offrait mon cou totalement à l'air libre et les manches en dentelles tombaient le long des mes bras. Elle m'allait à merveille et les jumeaux n'avaient rien trouvé à redire.
Après avoir pris notre douche, nous nous étions avachis sur le canapé devant la télé. Enfin, Ambrosio était avachi, habillé simplement d'un caleçon, son corps caché par une serviette. Javier tentait de coiffer mes cheveux. Ma tignasse ne se laissait pas faire aussi facilement. Mais Javier savait y faire. J'avais d'ailleurs une question qui me taraudait l'esprit.
- Les gars, hélai-je.
- Oui, Beauté des Îles, répondit Ambrosio, se retournant vers moi, son habituel sourire de séducteur sur le visage.
- Est-ce que vous êtes gays ?
Je savais que cela manquait de tact. Mais je n'en ai jamais eu. Javier arrêta ses gestes sur ma tête et Ambrosio ouvrit de grands yeux. Le silence lourd s'installa et je fus immédiatement gênée
- Je ne voulais pas être malpolie, dis-je précipitamment.
- On nous pose si souvent la question, sourit Ambrosio.
- Je veux dire vous avez du gout pour la mode, vous êtes drôles, Javier tu sais coiffer et maquiller. Et en plus vous êtes beaux. On pense presque immédiatement que vous êtes gays, m'expliquai-je.
Les jumeaux éclatèrent de rire. Je les regardai, ne sachant pas comment réagir. Ambrosio s'approcha de moi et m'embrassa la joue tendrement. Je fronçai les sourcils.
- Je suis gay, dit-il sérieusement.
- Il ne l'est pas. Aucun de nous ne l'est, coupa Javier en frappant son frère.
Je regardai Ambrosio méchamment mais il me fit un sourire adorable et je me mis à sourire à mon tour. C'était un vrai idiot. Mais bon sang, je l'aimais vraiment
- Et toi, ma belle Eve, souffla Ambrosio en se redressant.
- Je ne suis pas gay non plus, répondis-je.
- C'est super ça, sourit ce dernier en jouant stupidement des sourcils.
- Idiot, souris-je.
- Eve, on n'est pas gays. On est juste des stylistes. Et ne me traite pas d'idiot, tu me trouves beau.
- Tu reste un homme stupide, répliquai-je.
Il rit et se remit d'avant la télé.
- Bon, Eve, je n'ai pas fait grand-chose avec tes cheveux, déclara Javier.
Javier avait, en fait, fait beaucoup de choses. Certes, mes cheveux étaient lâchés et donc, formaient un casque autour de ma tête. Mais, contrairement à d'habitude, ils gardaient une belle forme circulaire et bouclaient parfaitement. On pourrait presque les comparer à ceux de ma sœur Chloé, qui étaient magnifiques. Pour la première fois depuis longtemps, je ressentis de l'amour envers ma tignasse.
- Merci, Javier, lui souris-je.
Il me sourit puis déclara.
- Bon, il nous reste moins d'une heure avant le début de la réception. On va se préparer.
Nous partîmes nous préparer, moi dans ma chambre, les jumeaux au salon. Avec plaisir, j'enfilai la robe soyeuse qui se collait contre mon corps. Je mis des jolies créoles argentées ainsi qu'une manchette en or blanc. Heureusement j'avais des beaux escarpins gris qui apparaitraient rarement vu que la robe allait jusqu'au sol. Je vérifiais encore une fois mon maquillage (ne fait pas les soins de Javier) et ma coiffure puis, pris ma pochette grise dans laquelle j'avais mis mon téléphone ainsi que quelques objets nécessaires. Je soufflai avant d'ouvrir la porte.
Les jumeaux étaient extrêmement élégants. Javier portait une chemise blanche moderne et une cravate noire avec un costume rouge bordeaux et de superbes chaussures de marques noires aux lacets rouges. Il arborait avec classe l'homme moderne. Ambrosio quant à lui, portait une chemise blanc cassé avec un nœud papillon gris satiné. Il avait un veston grisâtre sur lequel reposait une veste cintrée grise avec son pantalon retroussé légèrement dévoilant ainsi des derbies grises. Son style plutôt vintage lui seyait parfaitement.
- Vous êtes superbes, dis-je, sincèrement.
- Et toi, resplendissante, dit Javier.
- C'est fou comme tu es élégante, renchérit son frère me faisant rougir sous tant de compliments.
- Tu vas séduire tous les actionnaires et concurrents, habillée ainsi, ajouta Javier.
- Je n'y vais pas pour draguer, répliquai-je. Je vous rappelle, que je ne voulais même pas aller à cette réception.
- Si tu restes dans ton coin, mystérieuse, les personnes vont être attirées par toi. La belle métisse mystérieuse, dit Ambrosio.
Je ris à leurs commentaires. Vraiment ils étaient impossibles à vivre. Ambrosio se pencha vers moi alors qu'on quittait mon appartement.
- Mais ils ne t'approcheront pas dès le début de la soirée.
- Et pourquoi ?
- Parce que tu arriveras aux bras de deux purs beaux-gosses, répondit-il comme si c'était l'évidence même.
***
Boujours chers lecteurs!
Oh la la je suis absolument désolée de mon retard. J'étais vraiment trop atigué le vendredi et mon week-end été super chargé. Enfin bref voilà le chapitre 15. Pas si tumultueux mais j'avais envie de faire un chapitre sans Jeremiah (ne me tuez pas). Pour celles qui sont déçues de l'absence de Evemiah sachez que vous allez en avoir du Jeremiah dans les prochains chapitres et dans toute sa splendeur! ;)
Que pensez vous de la relation qu'Eve a avec les jumeaux ?
Oh et pour mes adorables lectrices qui ont répondus à la question du chapitre 14, le gran gagnant et Jeremiah. Et j'ai eu l'immense honneur de découvrir que mes lectrice étaient de vraies perverses (aha ^^). Merci à celles qui ont choisi Eve et même d'autres personnages.
Donc question de la semaine: Si vous deviez élire un de mes personnage pour être à la tête d'une association écologique, qui choisiriez-vous ? Pourquoi?
Répondez aux question c'est vraiment très marrant et je répond toujours, enfin si j'oublie pas ^^'
TatianaNg
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