Chapitre 10
Nous étions jeudi, et je l'avoue, j'étais nerveuse. A vrai dire, j'étais extrêmement nerveuse. Après avoir passée plus d'une demie heure à choisir une tenue convenable qui ne dirait ni «j'ai mis du temps à me préparer », ni « je me moque de ce diner », j'ai finalement opté pour une jolie robe bleue nuit, arrivant au- dessus des genoux, avec un mignon décolleté, centrée à la taille. J'ai choisi une veste brune, sur laquelle je porterai mon manteau marron. J'ai choisi mes bottines burnes. Je les adore. Je n'allais pas mettre des talons pour un diner de connaissances. Et puis je n'aime pas trop les talons. Déjà que je tombe alors que je suis pieds nus, je n'ose imaginer l'horreur avec des talons et mon anxiété croissante.
J'ai relevé mes boucles fades en un simple chignon haut. Mais comme mes cheveux sont des rebelles, quelques mèches se sont échappées et ainsi je ressemble à une prisonnière évadée de prison.
Et me voilà, maintenant, alors qu'il est vingt et une heure moins dix, à descendre les escaliers pour me retrouver dans le froid du janvier. Je commençai à avoir froid dès que je sortis de mon immeuble. J'étais un peu perdue. Je ne savais pas qui allait venir me chercher, ni même l'adresse du restaurant. Et je me rendis compte avec horreur que je n'avais même pas le numéro de Jeremiah. Il ne me restait plus qu'a espérer qu'une voiture vienne vraiment me chercher.
Après seulement quelques minutes, j'aperçus une superbe voiture grise arriver devant ma porte. Ne sachant pas comment agir, je restai immobile, regardant la portière s'ouvrir. Un homme, qui était vraisemblablement plus âgé que moi, s'approcha de moi. Il s'arrêta à un mètre et souleva son chapeau.
- Excusez-moi, êtes-vous bien mademoiselle Brastoli ?
- Euh, je, oui, c'est bien moi, balbutiai-je.
- Je suis Colin et je vais vous conduire vers monsieur Haccews.
J'hochai la tête, intimement étonnée. Je savais que mon patron, malgré son jeune âge, était une personne pouvant être qualifiée de riche. Mais jamais je n'aurai imaginé avoir un chauffeur. Le genre de chauffeur qui va chercher toutes les femmes que monsieur Haccews invite. Ce soir-là, j'étais ce genre de femmes. Enfin, je ne cherchais pas à avoir de relations intimes avec cet homme. Je repoussai cette stupide image de mon esprit et pris place dans la voiture.
Le trajet se fit en silence. Je me demandais quel sera le restaurant, comment sera monsieur Haccews, et globalement, comment se passera la soirée. J'espérai fortement qu'elle porte ses fruits et que nous ayons de bonnes relations. Je sursautai brusquement quand ma portière s'ouvrit et, comme j'étais paresseusement appuyée contre celle-ci, je manquai de tomber. Une main me rattrapa cependant.
- Eve ?
Je me tendis à l'entente de la familière voix chaude de monsieur Haccews. J'aimerais vraiment savoir combien de fois je vais me ridiculiser devant lui, comme ça je ne serais plus étonnée. Mon patron devait me prendre pour une vraie idiote. Il m'aida à me relever et je fus bientôt très proche de lui. Il me fixait de son regard océan et je me sentis faiblir. Je me reculai et inspectai discrètement sa tenue. Il portait une veste de costard assortie à un beau jean droit et un teeshirt blanc qui faisait ressortir son torse musclé. Cette tenue plus décontractée le rendait beaucoup plus jeune que dans son costume griffé Armani. Il était magnifique.
Je rosis légèrement en le voyant me dévisager à son tour.
- Vous êtes superbe, dit-il avec un sourire dans la voix.
- Je suppose que, vous n'êtes pas mal non plus, rétorquai-je avec fierté.
Il rit un peu et je regardai les environs. Je ne connaissais pas le restaurant mais je savais qu'on était dans le centre ville. C'était un restaurant de type américain, vous savez ces « diners ». J'étais un peu étonnée par ce choix simple et commun mais également rassurée. Ma tenue se fondait parfaitement dans la masse. Monsieur Haccews mit doucement sa main sur mon dos pour me guider vers l'entrée du restaurant. Malgré moi, je frémis. Nous entrâmes dans une ambiance joyeuse et chaleureuse. L'odeur de hamburgers et de frites était alléchante et je sentis mon estomac gronder de plaisir. Heureusement je fus la seule à l'entendre. La main toujours sur mon dos, mon compagnon salua d'un hochement de tête l'hôtesse d'accueil qui se précipita pour nous accueillir.
- Bonjour monsieur, avez-vous réservé ?
Je voulus lui crier « Hé, je suis là aussi ! » mais je me retins comprenant parfaitement la réaction de la jeune femme. Si un homme comme monsieur Haccews entrait dans mon restaurant, accompagné ou pas, je n'hésiterais pas à lui faire du rentre-dedans. Ce dernier, justement, détourna le regard, comme gêné et répondit un petit « non » qui m'étonna. Voir Jeremiah gêné était surprenant. Il envoyait un chauffeur mais n'avait pas réservé de table ? Ce n'était pas que cela me dérangeait mais c'était assez importun. Cela ne collait avec sa manière de vouloir tout contrôler. J'étais si confuse que je ne suivis pas l'échange entre l'hôtesse et monsieur Haccews. Je revins à la réalité que lorsqu'il me tendit une carte.
- Vous ne comptez pas commander ?
- Oh, si, si, dis-je précipitamment, lui arrachant presque la carte des mains.
Maintenant j'étais vraiment nerveuse. Je plantai la carte devant mon visage et relis encore et encore les lignes sans même comprendre un traitre mot. Je n'aime pas me sentir si nerveuse et fébrile.
- Est-ce que tout va bien ?
La voix de mon patron me fit sursauter. Je levai les yeux de la carte.
- Oui, pourquoi ?
- Juste un pressentiment. Après tout je ne vois même pas votre visage.
Sa voix sonnait comme un reproche. A vrai dire je m'étais cachée derrière cette carte, tant j'étais fibreuse. Je baissai le regard.
- Et si vous me disiez ce qui ne va pas ?
- Eh bien à vrai dire, je ne comprends pas pourquoi vous n'avez pas réservé. Pas que cela me dérange, ajoutai-je immédiatement. Mais seulement cela ne colle pas trop avec votre façon d'être, donc cela me titillait un peu, avouai-je.
Il sembla perplexe quelques instants. Puis gêné.
- Eh bien, je n'étais pas sur que vous alliez accepter mon invitation alors je n'ai pas osé réserver une table pour annuler ensuite, dit-il doucement.
Je ne répondis pas mais souris grandement.
- Avez-vous choisi votre repas ? J'ai entendu dire qu'ils préparaient les meilleurs poulets frits de la ville, dit mon patron en changeant habilement de sujet.
Mon estomac dansa la macarena dans mon corps à la simple entente du mot « poulet ». Je souris joyeusement.
- Vous savez comment me parler, dis-je.
Monsieur Haccews eut un grand sourire et nous commandâmes.
Après avoir fini, notre repas principal (absolument divin), nous attendions notre dessert dans un silence gêné. Je ne savais pas comment commencer une conversation. Je sentais le regard brulant de monsieur Haccews sur moi et relevai mon regard de sorte à ce que nos yeux se croisèrent. Mon patron eut un sourire mutin.
- Alors comme ça, vous n'aimez pas les animaux ?
Cela me ramena à mon entretien. Lorsque j'avais ri parce que ce pigeon s'était étalé contre la vitre. Je me mis à rire légèrement.
- Ce n'est pas ça. Ils me sont indifférents. Cependant je déteste les pigeons. C'est un animal pitoyable. Malgré le fait qu'ils peuvent voler, ils restent dans les villes polluées où leur plumage gris se confond avec le ciel d'automne. Mais je n'apprécie pas forcément les animaux, dis-je.
- J'aime les chiens, dit Jeremiah.
- J'aime bien les chiens seulement s'ils sont empaillés et dans un musée zoologique.
Il éclata de rire. Un rire puissant et rauque qui me fit frissonner. Le voir rire ainsi était vraiment stimulant. J'aimais sa façon de rire. J'en étais presque subjuguée.
- Vous êtes sans cœur, Eve !
Je levai les yeux au ciel. On me le disait souvent mais c'était mon point de vue avant tout. Nous parlâmes ensuite de beaucoup de choses. Comme les pays où nous étions déjà allés, nos gouts culinaires et d'autres sujets légers et agréables. Etonnamment, monsieur Haccews et moi étions complètement détendus, et je pense que c'était notre première conversation amusante. Jeremiah était en fait taquin et vraiment intéressant.
- Vous n'avez jamais vu le Seigneur des Anneaux, m'exclamai-je, outrée.
- Non, sourit mon patron.
- Mais c'est comme Harry Potter, Hitchcock, c'est la base !
- Eh bien je n'ai pas vu la saga Harry Potter, commença-t-il.
- Vous avez culture cinématographique médiocre, Jeremiah !
Voyant qu'il ne me répondait pas. Je levai un sourcil. Mes yeux s'agrandirent quand je le vis plus proche de moi qu'avant et avec un grand sourire peint sur son beau visage.
- Qu'est-ce qu'il y a, demandai-je.
- Vous venez juste de dire mon prénom, Eve. Et de votre propre gré.
Je lui fis un sourire qui se voulait mystérieux. J'haussai nonchalamment les épaules. Je ne pense pas que l'appeler Jeremiah est maintenant inconvenable. Je sais que je pensais cela au début mais maintenant que je connais mieux mon patron, je n'ai plus de crainte de le nommer par son prénom.
- Je suppose que l'on peut dire que c'est une faveur, souris-je.
- Je suis content que nous ayons travaillé sur ce point, Eve, sourit-il à son tour.
Nous nous dévisageâmes un instant en silence. Encore un fois, je me délectais du visage de Jeremiah. Comment être un homme avec un visage si joliment dessiné. Tout était à sa place, beau et harmonieux, viril et séduisant. Un peu gênée d'avoir pensé à mon patron ainsi je détournai le regard et vis avec consternation que plusieurs femmes dévisageaient mon partenaire. Elles le dévoraient du regard, ne se préoccupant même pas du fait qu'il était accompagné. C'était d'ailleurs un peu cliché et comique. Le beau patron, riche qui faisait tourner les têtes de toutes les femmes, y compris moi. Je lâchai un petit rire concernant la situation. Monsieur Haccews, le remarqua et fronça légèrement les sourcils.
- Vous riez seule, Eve ?
- Oh, rien je vous promets, souris-je candidement.
Il plissa les yeux puis haussa les épaules.
- Alors parlez-moi un peu de votre famille, Eve.
- Nous sommes sept sans compter mes parents.
Jeremiah ouvrit si grand les yeux que cela me fis pouffer.
- Sept !?
- Oui, et devinez quoi, je suis Eve-du-milieu, dis-je dramatiquement. Et vous, Jeremiah ?
- Nous somme deux, mon petit frère et moi.
- Je vous envie, soufflais-je. J'adore mes frères et mes sœurs mais parfois c'est un peu lourd à porter.
- Eh bien être l'ainé, c'est également fatiguant, dit-il.
- Oui, mais on prend les décisions.
- Et les remontrances si tout se passe mal.
Il avait raison. Mais il ne savait ce que c'était d'être la petite perdue du milieu.
- Peut-être, mais vous êtes plus libre.
- Jamais, c'est vous qui êtes libre. Etre l'ainé, c'est avoir énormément de responsabilités.
- Je suppose que nous ne tomberons pas d'accord de si tôt, souris-je.
Il tourna ses yeux amusés vers moi et me sourit.
- Cela ne serait pas la première fois. Nous sommes souvent en désaccords.
- Je suis d'accord, souris-je.
Nous avons parlé encore longtemps, rigolé quelques fois. Nous avons fait le chemin du retour à pied et cela ne me dérangea pas parce que la chaleur de la proximité de Jeremiah rendait presque le froid moins cinglant. Cette soirée touchait maintenant à sa fin et je m'en rendis vraiment compte lorsque nous arrivâmes devant mon immeuble. J'en serais presque déçue si je n'avais pas été fatiguée. Arrivée devant la porte de mon bâtiment résidentiel, je ne savais pas comment agir. Lui dire un simple et impersonnel « au revoir » aurait été stupide après avoir passé une soirée comme celle-là. Je réfléchissais encore à une bonne façon de lui souhaiter bonne nuit quand monsieur Haccews prit les devants. Il s'approcha de moi, mit sa main dans mon cou. Je le vis hésiter longuement. Moi-même j'hésitais. Allais-t-il m'embrasser ? Je ne le désirais pas. Pas maintenant ni de cette façon.
Il me prit complètement au dépourvu en se penchant légèrement et en embrassant doucement mon front. Ses lèvres restèrent un instant sur le haut de ma tête avant de se décoller, laissant alors une zone froide et vide.
- J'ai passé une agréable soirée. Bonne nuit, Eve, dit Jeremiah de sa voix sensuelle.
Malgré l'accent séducteur de sa phrase, je sentais sa sincérité. Je lui souris timidement.
- Contre toute attente, j'ai aimé notre soirée, Jeremiah.
- J'en suis heureux.
- J'espère bien, dis-je dédaigneusement.
Il rit doucement. Puis, il s'éloigna en secouant sa main signe d'au revoir et j'entrai dans mon immeuble, heureuse et rêveuse.
***
Bonjour à toutes !
Les vacances sont terminées :( avez vous passez de bonnes vacances ?
Moi j'ai fait m'a rentrée aujourd'hui et mon emploi du temps et le pire qu'on puisse avoir... :( Mais je suis contente de vous offrir un chapitre !
Bon oui je le trouve un peu ennuyeux comme chapitre mais on fait avec...
Alors alors. Que pensez vous de ce chapitre ?
Euh j'ai pas trop de questions à poser, mais j'aimerais changer de couverture... Et je me demandais si quelques uns où unes d'entre vous, qui sache en faire, pourrait m'en faire ?
C'est tout pour cette semaine, n'oubliez pas de voter et n'hésitez pas à me laisser un commentaire même si c'est juste pour dire "choucroute" ^^
TatianaNg
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top