Chapitre 18


Je titubai de sommeil. Je marchai dans les couloirs de la demeure des Charleson, mes talons à la main, mes cheveux complètement décoiffés. Quelle heure était-il déjà ? Je n'en avais aucune idée. La couleur rose et bleue pâle du ciel au travers de la fenêtre, me donnait une vague idée de l'heure. Quatre heures de matin, peut-être. Oh, j'avais tellement fêté. On avait dansé sur tous les types de chansons inimaginables. Chloé avait un sérieux problème avec les années 80. Alexandre et moi avions tout fait pour avoir des chansons latines, Maden voulait du hip-hop et Selena avait hurlé à qui voulait bien l'entendre qu'elle voulait une chanson de son groupe de k-pop préféré. Soudain un bruit attira mon attention. C'était un sifflement de douleur. Je tournai la tête derrière moi et me retins de rire à la tête de Maden. Il avait le visage exsangue, déformé par la douleur.

- La ferme, Maden, dit la voix étouffée d'Alexandre.

- Toi, la ferme ! Ce n'est pas toi qui viens de te prendre le petit doigt de pied contre la commode.

Nous étions tous les trois, Maden, Alexandre et moi dans les couloirs sombres et silencieux de l'endormie demeure des Charleson. Nous avions été les derniers à quitter la piste de danse. Une majorité des invités avaient quittés vers minuit. La deuxième vague de personnes à partir du mariage était vers deux heures du matin, laissant seuls les personnes demeurant au manoir Charleson. Le reste de la famille, soit mes parents les parents de Doug, les mariés, mes petites sœurs et Jeremiah, était allé se coucher bien plus tôt que nous. Ne restait alors que Maden, Alexandre et moi. Nous avions passés deux heures à discuter, rire, parler et raconter nos vies. Maintenant, il était tôt le matin et nous tentions de rejoindre nos chambres le plus discrètement possible.

- Tu n'as qu'à pas utiliser ton téléphone, idiot, siffla Alexandre.

- Alex, Maden, silence, chuchotais-je.

Nous marchâmes quelques minutes encore puis, nous arrivâmes devant ma chambre. Enfin celle que Jeremiah et moi partagions.

- Bonne nuit, les garçons.

- Bonne nuit, Eve, répondit Alexandre.

- S'il te touche, tu m'appelles, grogna Maden.

Je roulai des yeux bien qu'il fasse trop sombre pour qu'il puisse me voir et m'enfermai dans ma chambre. M'appuyant contre la porte, je poussai un soupir de fatigue. Je posai mes talons au sol et massai rapidement mes pieds douloureux. Je craquai mon cou. Ne voulant pas réveiller Jeremiah, je me penchai dans le noir pour récupérer mon pyjama. Je pris à l'aveugle mon tee-shirt bien trop grand pour ma taille et le déclarais bien pour dormir. Je me déshabillai rapidement en baillant et enfilai le tee-shirt, sans même prendre la peine de ranger mes habits.

Je m'affalai sur le lit oh-trop-moelleux et soupirai d'aise. Oh, c'était si bon. Je me faufilai dans la couverture et baillai à nouveau. Je me positionnai confortablement sur le lit et fermai les yeux. Je sentais la chaleur à mes côtés. Jeremiah. Mon cœur se mit à battre à la folie dans mon corps. Il m'avait fait vivre une journée magnifique. Toujours à mes côtés, il avait senti quand quelque chose n'allait pas. Et puis ce baiser. Oh mon Dieu. Je sentais encore le contact de ses lèvres contre les miennes. Comme elles m'avaient manquées. C'était fou comment chaque fibre de mon corps semblait se rappeler de ses lèvres, sa peau contre la mienne. Et même de son souffle chaud que je sentais doucement chatouiller ma nuque. Je frissonnai et me pelotonnai plus profond encore sous la couverture.

Soudain, j'entendis un halètement. C'était Jeremiah. Je me retournai vers lui, les sourcils froncés. Mes yeux se posèrent naturellement sur son visage dont la faible clarté de l'aube naissante illuminait. Mon souffle se coupa. Bon sang, qu'il était beau. Même après avoir vécu tant de choses avec lui, il ne cessait de me rappeler à quel point il était attirant. Mes yeux caressèrent sa mâchoire ferme et légèrement barbue, son nez droit dont les narines bougeaient en même temps que son souffle, ses pommettes saillantes, ses longs cils sombres, pour finir sur sa bouche. Sa bouche, aux lèvres roses et sensuelles, au gout mentholé. Cette bouche qui se plissait si souvent d'un sourire suffisant ou se tordait de rage. J'étais hypnotisée. Je le regardai dormir, ne ratant aucun mouvement de son visage. Inconsciemment, je m'approchai de lui, son souffle profond s'abattant sur mon visage.

Puis, alors que je me repositionnai plus près de lui, Jeremiah eut un mouvement rapide. Son bras, auparavant posé sur le lit, se leva et me ceintura la taille, me rapprochant de lui avec une force que seule une personne éveillée pourrait faire. Je me retrouvai contre son torse, juste dans son cou, où la chaleur m'apporta une plénitude que je ne pensais pas pouvoir atteindre.

- Jeremiah, soufflai-je.

Cependant, alors que je m'attendais à le voir ouvrir ses orbes azur et me sourire narquoisement, Jeremiah resta endormit, son souffle encore plus profond qu'avant. Donc... il dormait ?

Une chaleur pris mes joues alors qu'un sourire se forma sur mon visage. Je nichai ma tête encore plus dans son cou et Jeremiah soupira de contentement. Je fis de même et doucement, mes paupières se fermèrent.

Je me réveillai le lendemain, me sentant étrangement en pleine forme. J'avais fait une nuit peuplée de rêves joyeux. Je ne fus même pas surprise de sentir le torse de Jeremiah se soulever et s'abaisser au rythme de sa respiration. Au contraire, je fis un sourire épanoui et baillai tranquillement. Doucement, j'ouvris les yeux et tentai de me dégager de l'étreinte de Jeremiah. En vain, car ses deux bras étaient maintenant autour de ma taille m'enserrant de façon délicieuse. Mon souffle se coupa. Bon sang, à quoi pensais-je ? Pouvais-je vraiment avoir ce genre de pensée alors que je suis dans ses bras ? Je me raidis et tentai à nouveau de me dégageai de l'étau puissant qu'étaient des bras de Jeremiah. Mais ce dernier resserra ses bars autour de moi.

Je sentis avec horreur sa respiration changer, signe qu'il venait de se réveiller. Son corps s'anima et je sentis tous ses muscles redevenir conscients. Il inspira fortement avant de bailler. Je restai silencieuse, le regardant s'éveiller concentrée sur chacun de ses gestes. Il tourna fatigué de sommeil et ses yeux bleus parcoururent la pièce avant de retomber sur moi.

- Bonjour, sourit paresseusement Jeremiah en resserrant son étreinte sur moi.

Bon sang, qu'il était sexy ! Avec sa voix suave et rauque du matin, ses yeux intenses et ses cheveux en bataille, Jeremiah évoquait avec sensualité l'image érotique du réveil matinal. Je le dévorai du regard avant d'ouvrir la bouche.

- Bonjour à toi, Jeremiah.

Et il fit une chose impensable. Jeremiah se pencha sur moi et baisa ma joue tendrement. Tellement tendrement que je ne sus comment réagir, figée. Il me regarda, tout sourire. Je tentai tant bien que mal de lui rendre son sourire, ignorant le rouge qui m'était monté aux joues. Je me raclai la gorge.

- Désolée de t'avoir réveillé, mais je voulais me lever en fait, soufflais-je.

- Hm, gémit délicieusement Jeremiah. Pourquoi si tôt ? On n'est pas bien là ?

Oh que oui. Les bras de Jeremiah étaient surement la meilleure place au monde. Je m'y sentais si bien, apaisée et entière. C'était comme à la maison. Je soupirai de bien-être.

- Peut-être mais on nous attend surement pour petit-déjeuner.

Jeremiah souffla et sa main vint caresser ma joue dans un geste tellement intime que je crus mon cœur s'arrêter de battre. Nous n'avions pas partagé pareille intimité depuis... hier soir. Ce baiser. C'était tellement magique. Le genre de baiser qu'on attend toute sa vie. Jeremiah plongea ses yeux dans les miens et ces orbes azurs semblèrent scruter mon esprit.

- Eve...

Sa voix grave envoya des myriades de frissons dans tout mon corps. Oh bon sang. Jeremiah se rapprocha de moi et son odeur me frappa. Mentholée, comme à l'habitude.

- A propos du baiser, commença-t-il.

Avant d'être coupé par un bruit à la porte. On venait d'y toquer.

- Eve, Jeremiah ! Maman vous attend pour le petit déjeuner, cria la voix encore endormie de Marguerite.

- On arrive, Marge, répondis-je.

Jeremiah n'avait cessé de me regarder pendant tout ce temps. Je me retournai vers lui, après m'être assuré que Marguerite soit partie.

- On en parle après, si tu veux ?

Avais-je vraiment envie d'en parler après ? Je n'y avais pas pensé depuis mais qu'est-ce que cela signifiait ? Voulais-je vraiment le savoir ? Le visage de Jeremiah se relâcha et il m'offrit un doux sourire.

- Eh bien alors, laisse-moi au moins faire cela.

Et, joignant le geste à la parole, il captura ma bouche avec ferveur. Il m'embrassa chaudement, serrant mon corps tout contre lui. Je sentais son torse, ses muscles. Mes mains partirent caresser son visage, son cou, puis ses cheveux si doux. Je lui laissai prendre possession de mon corps. C'était chaud et puissant ce qu'il se passait entre nous. Sa langue carres langoureusement mes lèvres désireuses et sa main caressa mon cou jusqu'au bas de mon dos. Cependant, emportée par la chaleur et fiévreux de ce baiser, je tapai contre la table de nuit, faisant basculer la petite lampe au sol. Je sursautai en même temps que Jeremiah. Nous nous détachâmes brusquement et je me tournai pour voir la conséquence de mes actes. Heureusement, la lampe n'avait rien, mais maintenant, toute la maison devait savoir que nous étions réveillés. Et je ne parlais pas de Jeremiah qui se tenait les côtes tant il riait.

Je me levai laissant Jeremiah encore allongé. Je remis la lampe en place et me tournai vers Jeremiah.

- Pourquoi me regardes-tu comme ça, demandais-je sentant son intense regard sur moi.

- J'adore te voir porter mes vêtements, dit-il avec un demi-sourire absolument craquant.

Je baissai les yeux sur mon pyjama. Moi qui pensais que c'était un de mes larges tee-shirts, c'était en fait un de ceux à Jeremiah. Je me mis à rougir furieusement.

- Hm, peu importe, habille-toi, on descend.

Nous n'étions pas du genre à petit-déjeuner habillés dans ma famille, aussi restais-je en pyjama, enfilant juste un vieux legging de yoga. Je vis du coin de l'œil Jeremiah revêtir un débardeur gris par-dessus un jogging noir. Bon sang, il avait dormi torse nu, et je ne m'en étais même pas aperçue ! J'ouvris la porte et Jeremiah me suivit, la fermant derrière lui.

Nous marchâmes quelques instants avant d'arriver dans la grand salle à mange des Charleson. Tout le monde était présent, assis autour de l'immense table à manger en bois : Mary et Jefferson Charleson, Doug et Chloé, mes parents, Maden, Selena, Alexandre, Marguerite, David et Cécilia, leurs enfants Gaëlle et Tristan. Toit le monde discutait et mangeait joyeusement. Ils nous saluèrent lorsque Jeremiah et moi entrâmes dans la salle. Nous les saluâmes à notre tour et nous installâmes sur les chaises restantes. Il y avait de tout : des pancakes, tous types de confiture, de la pâte à tartiner au chocolat, du beurre de cacahuète, du pain, des crêpes, des gaufres, du sirop de grenadine, des laines chaudes et froides, du café, du thé. Mes yeux s'ouvrent et grand et mon ventre gronda en pensant à toute cette nourriture. Avec appétit, je me servais de gaufres et de lait. Jeremiah m'imita et pris du café et du pain.

- Au fait, commença mon père en se tournant vers Doug qui regardait sa toute nouvelle femme amoureusement, vous comptez allez où pour votre lune de miel ?

Oh la question aurait pu paraitre innocente. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Mon père (et mes frères) étaient du style protecteurs. David encore plus que Maden et Alexandre. Je me souvenais encore dans quel état le premier garçon pour qui j'avais eu le béguin en sixième. Mes frères s'étaient chargés de l'humilier devant toute l'école faisant de Chloé et moi les filles à ne pas approcher. Autant dire que si Liam, mon premier petit-ami officiel, est encore en vie, c'est tout bonnement parce que sa mère était une bonne amie à mon père et que ce dernier connaissant Liam depuis tout petit. La question de mon père donc était tout sauf innocente. La vraie raison était qu'il voulait savoir où ce « jeune et suspicieusement riche anglais » (ses mots, pas les miens) voulait emmener sa première fille.

Heureusement Doug n'était pas stupide et compris tout de suite. Il sourit tout naturellement.

- Je sais que le rêve de Chloé serait d'aller à Bali et de visiter l'Inde, alors je me suis dit que ce serait un bonne, idée, ajouta-t-il en se tournant vers Chloé et haleta de surprise.

- Vraiment, Doug ?

Je compris que c'était une surprise. Oh, comme j'enviais ma sœur ! Elle avait vraiment tout pour elle. J'étais heureuse pour elle. J'enfournais une bouchée de mes gaufres alors que mon père et mes frères hochèrent la tête trouvant surement la réponse de leur nouveau gendre et beau-frère satisfaisante. Soudain l'attention de mon père dériva sur Jeremiah à ma droite qui buvait tranquillement son café. Il darda ses yeux noisette sur le bel homme et le jugea sur regard. Oh-oh.

- Et toi Jeremiah, Que fais-tu dans la vie ?

- Oh, oui, c'est une bonne question Berto, enchérit ma mère.

Doux Jésus. Je regardai impuissante, ma famille attendre la réponse de Jeremiah. Ce dernier me lança un rapide regard avant de sortir son sourire chaleureux. Etrangement, le fait qu'il passe sous l'interrogation de mes parents, ne semblait pas le perturber.

- Je suis le directeur d'Indigo.

Ce fut au tour de Selena et Marguerite de s'exclamer.

- Toi, tu es le directeur d'Indigo, souffla-t-elle, choquée.

- C'était là où Eve avait fait son stage, non, releva ma mère.

- Indigo, c'est le magazine à avoir, s'écria Selena. Oh mon Dieu, je suis un fan, dit-elle en dévorant Jeremiah du regard.

Ce qui amena l'attention de mes frères et mon père sur Jeremiah. Ce dernier commençait à devenir mal à l'aise. Je savais que mes frères pensaient. Cet homme qu'ils avaient déjà vu deux fois dans leur vie, et dont je ne leur avais jamais parlé de relation de couple avec lui, était le patron d'une entreprise de mode et cosmétique qui faisait commençait à peser en bourse. Ça s'annonçait mal, tout ça.

- Donc, commença David, vous vous êtes connus lors de son stage, dit-il en pontant dans ma direction.

- Tu peux me demander à moi, David, contrai-je.

Il écarta ma remarque d'un geste de bras, se faisait imiter par son jeune fils, Tristan. Ses yeux se reconcentrèrent sur Jeremiah le forçant intimement à répondre.

- Oui, c'est ça.

- Et c'était... il y a trois ans, non ? Continua Alexandre, les yeux plissés.

Oh-la. Ça, ça va finir mal. Il fallait que je sorte de cette impasse. Mes frères vont croire que je suis avec Jeremiah depuis plus de trois ans et en relation secrète qui plus est !

- Il reste encore du gâteau de mariage dans le frigo, lança spontanément Chloé.

Cela attira l'attention de toute la famille, me sauvant. Je lançai une œillade rassurée à Chloé et me fit un clin d'œil.












***


Oh ne sont-ils pas mignons ? 

Enfin, j'ai adoré écrire ce chapitre, c'est encore tout sucre et tout miel ahahah

Désolée pour  le retard en fait !

Pas grand chose à dire merci de continuer à lire mon histoire :)

Votez commentez et voila !! 


TatianaNg

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