Chapitre 11
Quand la voiture noire s'arrêta dans un parking en plein centre-ville de Palerme, je détachai ma ceinture. Jeremiah m'imita et sortit à son tour de la voiture. Je fis de même et nous nous retrouvâmes face à face, ne sachant pas trop quoi dire. Je regrettai presque d'avoir proposé à Jeremiah de sortir. J'avais oublié à quel point il pouvait être majestueux. Et diablement intimidant. Je me sentais horriblement insignifiante. Je sentais ses yeux sur moi alors que je regardai pathétiquement les environs dans l'espoir de trouver quelque chose à dire. Soudain, Jeremiah fit quelque chose qui me surprit au plus au point. Il prit ma main et me tira. Le contact entre nos deux mains me plongea dans le passé et me fit frémir.
- Où m'emmènes-tu ?
- Tu voulais te promener, non ?
Oui, je le voulais. Et, j'étais heureuse. Oui, heureuse d'être avec lui. Alors je resserrai sa main dans la mienne et me mis à ses côtés. Nous arrivâmes bientôt sur une place bondée de monde où la chaleur était étouffante à cause de la population et je sentis Jeremiah raffermir sa prise sur ma main en me rapprochant de lui. C'était un spectacle de rue. Un magicien avait capté l'attention de l'assemblée avec des tours extraordinaires. Il faisait apparaître fleurs, lapins, jouets, pièces de monnaie et les donnait à la foule conquise. Jeremiah plaça ses mains sur mes épaules et se mit dans mon dos. Je sentais son souffle sur mes cheveux. J'étais bien. Non loin du magicien, des musiciens jouaient du djembé. Les gens tapaient des mains en rythme avec la musique endiablée que faisaient les trois joueurs. Je balançais la tête de droite à gauche, suivant la musique, alors que des pigeons blancs, apparus grâce au magicien, volaient au-dessus de nos têtes. Voulant les voir, je levai précipitamment la tête, heurtant par la même occasion Jeremiah. Quand il lâcha un grognement je me retournai précipitamment vers lui, les yeux ronds.
- Oh, désolée ! Est-ce que ça va ?
- Ce n'est pas grave, assura-t-il, tout en se frottant le menton avec une grimace.
Face à sa tête, je ne pus m'en empêcher et éclata brusquement de rire. Je mis ma main sur ma bouche, pétrifiée par mon éclat. Mais cela n'empêcha Jeremiah d'entendre mon rire. Il baissa ses yeux bleus amusés sur moi.
- Est-ce que tu viens de te moquer de moi ?
Alors j'éclatai de rire. Un vrai fou rire. C'était d'une certaine façon complétement hilarant. Je riais toute la pression accumulée depuis le début de la journée. Et j'étais bien. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais heureuse. Alors je riais, me tenant le ventre, tant les crampes étaient puissantes. Jeremiah soupira et me reprit la main. Le geste me parut naturel et ne me gêna pas. Je continuai de rire et Jeremiah me tira vers un autre endroit, l'air un peu vexé.
Nous marchions tranquillement depuis une demi-heure et il faisait toujours aussi chaud. Le soleil tapait sur ma peau. Nous parlions de tout et de rien, nous taquinant parfois. Soudain un détail me traversa l'esprit. Je tirai la main de Jeremiah afin qu'il me fasse face. Il fronça ses sourcils, interrogateur.
- Je n'ai pas prévenu les autres ! Ils doivent se demander où je suis, m'affolai-je.
- Ne t'inquiète pas, Eve. J'ai prévenu Noam, me rassura Jeremiah, en me caressant le bras.
Je soupirai de soulagement. Je me demandai bien ce que mes amis avaient bien pu penser de la présence de Jeremiah et encore plus du fait que je sois partie avec lui. Au moins, il avait été prévenant. Jeremiah eut un sourire en coin.
- Je pense à tout, moi, ajouta-t-il, de façon narquoise.
- Eh, râlais-je. J'étais juste distraite !
- Distraite par quoi, si je puis me permettre ?
Je piquai un énorme fard et détournai le regard de ses yeux un peu trop bleus. Jeremiah éclata de rire et je rougis davantage. Je croisai les bras et avança plus rapidement. Jeremiah me rattrapa bien vite, prit rapidement mon poignet et me ramena vers lui de façon à ce que je tombe littéralement dans ses bras. J'étais complètement soufflée. Je ne m'étais pas attendue à ça. Jeremiah me fit un sourire charmeur et je sentis ma pression artérielle augmenter. Il caressa mon poignet avec sa main et envoya des milliers de frissons le long de ma colonne vertébrale.
- Est-ce de ma faute ?
- Pas du tout, répliquai-je bêtement, rouge de honte.
Il continua de me sourire tout en me redressant. Je fus alors très proche de lui. Il plongea son regard dans le mien et j'en eus des frémissements. Mon sang battait fort dans mes veines et je me surpris à observer la bouche de mon compagnon. Celle-ci se mut sensuellement en un sourire moqueur. Alors je levai les yeux vers les siens qui étaient rivés sur quelque chose d'autre. Je me retournai et réprimai un frisson d'excitation quand je vis un stand de glace non loin de nous. Je fis un sourire complice à Jeremiah.
- Bouges pas, je vais t'en chercher.
Et il alla rapidement vers le glacier qui portait une moustache. Je le rejoignis malgré sa dernière phrase. Il se retourna vers moi, alors qu'il faisait la queue. Il fronça les sourcils quand il me vit. Je lui souris innocemment.
- Je voulais vérifier si tu n'allais pas te tromper de parfum, lançais-je.
En réalité, je ne voulais pas rester trop loin de lui. Et pas seulement à cause de tous ces regards appuyés qu'il recevait de plusieurs femmes. Avec son pantalon en lin retroussé beige, son tee-shirt blanc moulant divinement son torse, ses espadrilles brunes et ses lunettes de soleil qui jonchaient sa tête, il avait le total look du vacancier sexy. Je n'avais pas fait attention à sa tenue auparavant mais il était... délicieux. Oh, bon Dieu, à quoi pensais-je ?
Lorsque nous arrivâmes vers le glacier, il nous fit un sourire absolument chaleureux.
- Cosa posso fare per il piccolo coppia?
Je rougis, sachant parfaitement ce que l'homme venait de dire : « Que puis-je faire pour le petit couple ? ». Jeremiah se tourna vers moi avec un sourire tendre. Comprenait-il la langue ? Je ne lui avais jamais demandé. Je fronçai les sourcils en le regardant. Et je fus complètement confuse lorsqu'il commanda nos glaces en italien. Avec un parfait accent. Quand cela fut fait, il me tendit mon cornet tandis que je le regardai toujours bizarrement. Il leva ses sourcils en ma direction.
- Depuis quand parles-tu italien ?
- Eh bien, commença-t-il avec un sourire en coin. Les Italiens sont si conservateurs. Et si je veux les avoir dans ma poche, il faut bien faire quelques concessions. Comme apprendre leur langue.
- Malin, approuvais-je.
Comme toute réponse il me fit un clin d'œil coquin. J'observai sa glace avec envie. Je ne savais pas ce qu'il avait pris mais cela avait l'air bon. Il m'avait choisi les parfums caramel et Nutella ®. Les meilleurs du monde. Jeremiah se tourna vers moi avec un grand sourire enfantin.
- Tu as pris quels parfums, demandai-je.
Son sourire s'agrandit et il se mordit la lèvre. Doux jésus.
- Tu veux goûter ?
J'hochai la tête avidement. Il me tendit son cornet et j'avançai ma bouche pour goûter quand mon pied heurta quelque chose. Je sentis mon équilibre s'effondrer avant que le sol ne touche mon pauvre menton. Je lâchai un stupide cri alors que ma glace tomba au sol. Je vis, du coin de l'œil Jeremiah s'arrêter et accroupir, l'air inquiet. Je relevai péniblement ma tête. Et alors que je crus, qu'en bon sauveur, il me tendrait la main pour me relever, Jeremiah détourna subitement la tête. Je l'interrogeai du regard, un peu perturbée. Je faillis lui demander s'il allait bien - assez ironique vu que j'étais celle qui était au sol. C'est à ce moment-là que je vis avec effarement ses épaules se secouer. Je grognai et tapai rageusement au sol.
- Jeremiah, geignis-je.
Cet idiot tourna son incroyablement beau visage vers moi et, avec ahurissement, je vis ses lèvres trembler. Je fronçai les sourcils. Et tendis ma main vers ce goujat.
- Aide-moi, s'il te plait !
Alors-là, Jeremiah explosa de rire. Un rire grave et fou à la fois. Il riait si fort que certains passants se détournaient pour nous dévisager. Et quel tableau nous leur offrons ; une femme à terre et un bel homme qui se moquait allègrement. Je râlai à nouveau et décidai de me lever par mes propres moyens. Puisqu'il fallait se débrouiller toute seule. Je jetais un regard langoureux à ma glace, écrasée au sol. Je laissai l'abruti se tenir les côtes comme un singe et m'essuyai l'arrière-train. Je jetai encore un regard à Jeremiah qui n'arrivait visiblement pas à s'arrêter de rire et dont les yeux brillaient de larmes. Je soufflais de désespoir, un sourire restant néanmoins sur mes lèvres. Je croisai les bras et attendis que cet imbécile sans nom cesse de se moquer de moi. Mais comme son rire agaçant ne s'éteignait pas, je me retournai et fis mine de continuer mon chemin.
Je sentis un mouvement derrière moi. Je ne relevai même pas la tête sachant très bien qu'il s'agissait de Jeremiah. Je continuai de marcher silencieuse alors qu'il faisait tout pour me prendre la main. Mais je l'évitai rapidement. Je l'entendis grogner et je retins un sourire vainqueur. Il recommença la même action et je continuai mon manège.
- Eve, bon sang, râla-t-il.
Je me retournai juste assez pour lui envoyer un clin d'œil qui, je le savais, allait le faire enrager. Et, comme prévu, Jeremiah souffla de mécontentement. Avant que je ne puisse faire un pas de plus, je sentis des bras me soulever par la taille. Un cri muet s'échappa de ma bouche alors que, je ne sais comment, mon visage se retrouva à un cheveu de celui de Jeremiah. Ce dernier me souriait de façon triomphale. Nos torses étaient complètement collés et je sentais son cœur contre le mien. Jeremiah me regardai dans les yeux et je lui rendis son regard tendre. Soudain il s'abaissa et m'embrassa longuement la joue. J'en haletai. Il se détacha de moi, avec toujours le même sourire.
- Je t'ai eu.
- Oh, vraiment ? Souris-je.
Je ne pouvais m'en empêcher. J'étais heureuse à cet instant. Cela faisait des jours, des mois, des années que je n'avais pas été aussi heureuse. ET cela faisait aussi longtemps que je n'avais retrouvé le Jeremiah taquin et joueur, qui - je devais l'avouer - beaucoup manqué. Mes lèvres n'arrêtaient pas de se tordre en sourire et ma poitrine s'alléger.
Jeremiah et moi marchions dans les rues animées de Palerme, riant, chahutant parfois. J'étais bien. Tellement bien. Je savais que, de l'extérieur, j'avais surement l'air d'une pauvre femme naïve, mais je ne perdais pas mon sourire. L'après-midi était maintenant terminé, le soir commençait à apparaitre, donnant des couleurs rosées et orangées au ciel. Jeremiah et moi étions allés dans un petit restaurant local, caché, où nous avions mangé des spaghettis excellentes avec du parmesan typiquement italien. Cela avait été délicieux.
Nous étions actuellement dans la voiture de Jeremiah. Il nous ramenait à l'hôtel. Jeremiah aussi logeait à l'hôtel Haccews, étant donné que cela appartenait à sa famille. J'étais un peu déçue du fait que cette journée soit déjà finie. Cela avait été un super après-midi, si on oublie la partie Pino. Jeremiah gara sa voiture dans le parking privé, et nous primes tous deux l'ascendeur.
Dans l'habitacle, une étrange tension s'installa. C'était oppressant, très violent mais terriblement érotique. Je commençai à avoir chaud. Je sentais l'odeur si particulière de Jeremiah et une partie de moi voulu le toucher. Le seul contact que nous avons gardé était nos mains liées. Je sentais la mienne de venir moite, alors je lâchai la sienne. Je croisai le regard étonné de Jeremiah et préférai détourner le regard sous l'intensité de ce dernier. Mon souffle s'accéléra et je m'obligeai à le réguler. Arrivée à mon étage, je me précipitai de sortir. Avec surprise, je vis Jeremiah me suivre. Il n'était pourtant pas au même étage que moi. Je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard étonné.
- Je te raccompagne, Eve, dit-il simplement, la voix un peu plus grave.
Nous arrivâmes bientôt à ma porte. Je cherchai le badge que je gardai toujours avec moi pour justement éviter d'être perdue si je n'avais pas mon sac, comme à cet instant. Je déverrouillai la porte et me retournai vers Jeremiah qui m'observait de ses yeux brûlants. Je fus soudainement intimidée.
- Bon, eh bien, bonne nuit.
Je ne pouvais pas dire à bientôt parce que je ne savais pas si j'allais le revoir encore durant la semaine. Alors je restai neutre, ne trahissant pas mon envie mordante de le revoir. Jeremiah s'approcha de moi. Je me laissais faire, emportée par son parfum. Oh, que j'avais envie de l'avoir contre moi. C'était affolant. Je le désirais. Mais je n'osais pas. Nous avions eu une journée absolument parfaite et qui sait si je ne briserai pas tout en me jetant sur lui.
- Bonne nuit, Eve.
J'allais me retourner pour ouvrir ma porte quand il me prit la main. Brusquement, il me retourna et me plaqua contre la porte. Je levai les yeux vers les siens, brillants de détermination.
- Eve, je ne peux plus m'en empêcher, souffla-t-il contre ma bouche.
Et il m'embrassa.
Doucement, tendrement, comme s'il me laissait le droit de me retirer. Mais ce qu'il ne savait pas c'était que je ne voulais pas me détacher de lui. Au contraire, je le voulais encore plus près de moi. Ses lèvres étaient douces pourtant imposantes et cela suffit à m'embraser complètement.
Quand il se détacha de moi, je faillis lâcher un gémissement de frustration. Il plongea ses yeux dans les miens. Je ne lui laissai pas le temps de parler que je me jetai à sa bouche. Je l'embrassai fort, presque férocement. Je le sentis grogner contre mes lèvres. Mes mains passaient inlassablement dans ses cheveux foncés qui m'avaient tant manqués alors que ses mains me caressaient le ventre, me procurant des frissons dans tout le corps. Je le rapprochai de moi. Je le voulais plus près.
Jeremiah se détacha de moi et, accrochée à sa bouche, je lui mordillai la lèvre, lui arrachant un grognement rauque. Il rompit notre baiser et resta là, haletant contre ma bouche. J'étais dans le même état. Jeremiah me reprit la main et me fit marcher dans l'autre sens. Je sentais la précipitation dans ses gestes. Nous nous retrouvâmes bientôt dans l'ascenseur. A peine, les portes fermées que les lèvres excitantes de Jeremiah plongèrent contre ma bouche. Ses lèvres étaient entreprenantes et je me sentais presque défaillir. L'ascenseur ouvrit ses portes et, avec un sourire qui promettait beaucoup de choses, Jeremiah m'amena jusqu'à sa porte. Il l'ouvrit sans aucune difficulté et nous pénétrâmes dans une magnifique chambre. Cela ne m'étonna pas de Jeremiah. J'eus à peine le temps de regarder la chambre que Jeremiah me prit la taille et m'approcha de lui. Je ne pus m'empêcher de rire. Jeremiah eut un tendre sourire alors qu'il me caressait le visage de sa main. Il déposa un chaste baiser sur mon front et je gémis d'impatience. Il rit franchement cette fois-ci et m'embrassa à pleine bouche. Un bataillon d'émotion me traversa. C'était fort.
Je sentis quelque chose de mou contre mon dos et me rendis compte que c'était le matelas. Jeremiah déposa des baisers dans mon cou, sur le haut de ma poitrine et je me cambrai d'anticipation. Je le désirais.
Il releva la tête et ses yeux bleus me regardèrent avec un désir féroce.
- Je veux te faire l'amour, Eve.
***
Bonsoir !
Ce fut dur mais j'ai réussi à poster la suite avant samedi.
Alors que pensez-vous du chapitre? Personnellement c'est un de les chapitres préférés. On retrouve Eve et Jeremiah différents de ce qu'ils nous avaient offerts depuis le débuts du tome, plus ... apaisés ?
Et quelle belle fin hum ? ;););)
Alors, je vous préviens que ça va être de plus ene plus compliqué de poster parce que je - héhé - j'ai mon bac, les amis, alors hum, il faut que je révise *soupir* *re-soupire*
J'espère que vous aimez les vacances que passent nos personnages. Le changements de cadre et tout... Enfin, faites moi savoir :)
Allez, remontez moi le moral, un peu en votant et commentant !
TatianaNg
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