Bonus 3


J'étais fin prête. Ma robe était jolie, mes escarpins assortis, mon sac chic, mes cheveux en ordre et mon maquillage élégant. Je me regardais encore une fois dans le miroir avant de lâcher un soupir quand mes yeux passèrent sur ma silhouette. A ce moment, Jeremiah entra en trombe dans notre chambre.

Il portait un costume noir avec une cravate beige. Je me sentis fondre à sa vue. Il était tellement beau. Après près de deux ans passés à ses côtés, je ne m'arrêtai jamais d'admirer son physique. Aujourd'hui, ses cheveux étaient brossés et repoussées en arrière, sa mâchoire rasée (bien que je préfère sa barbe de deux jours), il sentait le parfum que je lui avais acheté Noël dernier. Parfait. Et juste pour moi. Ses yeux bleus regardèrent dans la chambre avant de finalement se poser sur moi. Son regard parcouru mon corps et je vis ses sourcils se froncer.

- Tu vas vraiment porter ces chaussures ?

Aussitôt, je bouillai. C'était comme si une colère immense venait de naître en moi. Incommensurable. Enorme. Bon sang, j'étais tellement sur les nerfs en ce moment. En deux secondes, Jeremiah fut face à moi un sourire réconfortant sur le visage. Il prit mon visage en coupe et m'embrassa le front tendrement. Cela me calma aussitôt. Jeremiah était ma source de relaxation. Et ce, depuis toujours.

- Désolé, chérie, tu es magnifique. J'ai juste peur que cela ne te fatigue encore plus que d'habitude, dit-il calmement.

Il sourit et posa tendrement sa main sur mon ventre proéminent. Cet énorme ventre à cause duquel je ne pouvais même plus distinguer mes orteils. Il était immense et rendait mon corps étrangement gargantuesque. Enfin Jeremiah semblait aimer ce changement, ne manquant jamais une occasion de caresser mon abdomen protubérant. Je subissais une transformation, et cela était difficile. Et avec les hormones qui s'affolaient, mes émotions étaient sens dessus-dessous, me faisant passer de rage à pleurs, de rire à lassitude, d'ennui à tristesse.

Qui avait dit que la grossesse était une période fantastique ? Eh bien, pas moi. Entre les nausées, les insomnies, les constipations, les coups de fatigue, les maux de ventre, les maux de jambes, de dos et j'en passe, la grossesse était définitivement une période que je ne voulais absolument pas renouveler. J'étais constamment surveillée, assistée. Bon sang, je n'allais même plus au travail depuis presque deux mois. Je passais mes journées seule ou avec mes parents ce qui, au fil des jours devenait étouffant. Et enfin, quand Jeremiah était à la maison, j'avais l'horrible impression d'être une handicapée, un vase en porcelaine voire même une bombe à retardement. C'était horrible.

Jeremiah au contraire, était complètement amoureux de ma condition. J'étais sûre que cela avait un lien avec le fait que sa chère femme indépendante avait constamment besoin de lui, reboostant son égo stupidement masculin. Il avait acheté tous les livres sur la grossesse qu'il pouvait trouver, les avait lu et se prenait maintenant pour Dr. House. « Tu ne devrais pas faire ça, Eve », non mais pour qui est-ce qu'il se prenait ? Etais-je vraiment du genre à suivre des ordres ? Surtout quand c'était lui qui les donnait ?

Enfin, je compensai cette frustration et me vengeai en faisant faire à Jeremiah des choses inconcevables. Ce n'était pas vraiment ma faute, mon estomac habité me faisant avoir des envies étranges. Mais, c'était bien drôle de le voir s'arracher les cheveux à l'idée de me rapporter, au bébé et moi, six kilos de fraises. Oh, et je ne parlais même pas des dizaines et dizaines de tablette de chocolats que j'avais enfourné en un mois.

Je jetais un coup d'œil à mes chaussures.

- Mais Jeremiah, ce sont de simples escarpins !

Jeremiah parut hésitant.

- Mais il n'est pas conseillé de-

- Oh, tu m'énerves, coupai-je en lui passant devant jusqu'à la porte d'entrée. Dépêche-toi, on va être en retard.

J'entendis Jeremiah soupirer avec de me suivre. Nous arrivâmes bientôt en bas de notre immeuble où notre voiture blanche, nous attendait. Jeremiah me fit grimper avec attention dans la voiture et je grinçai des dents. Il démarra et la radio se mit automatique à jouer. Je jetai un coup d'œil à ma montre et poussai un halètement horrifié.

- Jer', accélère, on va vraiment être en retard !

- Non, Eve. On ne sait jamais ce qui peut arriver si j'-

Je me tournai brusquement vers, les yeux noirs.

- Je te jure, Jeremiah, que si on n'arrive pas à temps à ce mariage. Je vais te trucider et jeter tes cendres dans les toilettes, menaçai-je.

Merci les hormones pour mes répliques cinglantes.

- Bébé...

Jeremiah savait vraiment comment m'avoir. Je n'avais jamais aimé le surnom « bébé », le trouvant vulgaire, mais Jeremiah aimait l'employer dans nos échanges intimes. Et j'avais fini par apprécier le surnom, le trouvant intime et sexuel.

- Ne me « bébé » pas, Jeremiah.

Il me regarda brièvement avant de jeter un rapide coup d'œil à l'heure. Je le sentis abdiquer.

- Très bien, soupira mon homme.

La mairie était festive, tout le monde était réuni devant attendant la fameuse sortie des mariés, du riz entre les mains. Jeremiah tenait ma main et se pencha pour m'embrasser le cou. Je m'appuyai contre lui. J'étais assez émotive après la cérémonie. C'était l'effet des mariages. Surtout, que je me rappelai le mien. Le nôtre.

Notre mariage avait été grandiose. Toutes les personnes à qui Jeremiah et moi tenions avaient été présentes J'étais heureuse de voir ma famille et celle de Jeremiah s'entendre si bien, mes amis s'amuser. J'avais même enfin pus faire la connaissance, d'un vieil ami d'enfance à Jeremiah, Phil, qui vivait en Australie. J'avais ri et pleuré. Mais ce que j'avais retenu de plus fort était Jeremiah. Jeremiah qui avait prononcé ces mots d'amour, ses yeux chauds et doux, me regardant comme si j'étais la seule personne à ses yeux.

« Eve, avant toi j'étais juste un homme solitaire qui avaient des buts insignifiants. Puis tu es arrivée et tu es devenue mon but. Tu es belle, intelligente, impatiente et parfois capricieuse mais tu as mon cœur et mon âme. Tu ne sais pas à quel point tu me rends heureux, ne serait-ce que par ta présence ou tes mots. Je t'aime mon amour. Merci d'être là, à mes côtés. »

Cela avait été le plus beau jour de ma vie.

Les jeunes mariés sortirent enfin de la mairie et furent accueillis par une pluie de riz blanc. Cassandre était splendide dans sa robe immaculée en bustier et magnifique jupon brodé. Ses cheveux avaient été attachés en un chignon classique avec des perles. Sa peau noire était satinée et ses yeux sombres ressortaient de façon hypnotisant.

A ses côtés, aussi souriant qu'un enfant, Brent descendait les marches. Son costume blanc faisait ressortir ses yeux océans et ses cheveux blonds. Il avait l'air si heureux et ne cessait de jeter des coups d'œil à la femme qu'il avait enfin réussi à épouser.

Cassandre et Brent se sont rencontrés lors d'un dîner que j'avais organisé pour fêter notre nouvel appartement à Jeremiah et moi. Brent était immédiatement tombé sous le charme envoutant de Cassandre. Cependant Cassandre avait été assez froide quant aux approches de l'Américain. Elle m'avait confié, plus tard, qu'elle se sentait mal de sortir avec Brent parce qu'elle savait que ce dernier m'avait fait la cour lors de mes trois ans à New York. Mais je l'avais immédiatement rassurée en lui disant que Brent et moi étions juste allés à quelques rendez-vous et qu'on pouvait difficilement en parler comme étant une relation. J'étais d'ailleurs le témoin de Cassandre aujourd'hui. Enfin, Cassandre et Brent étaient partis faire le tour du monde ensemble et Brent s'était agenouillé au sommet d'une des gigantesques montages du Kenya.

Jeremiah passa son bras autour de ma taille et m'embrassa la joue.

- Je propose qu'on aille directement à la salle.

J'acquiesçai. Il avait beaucoup de monde à la place de la mairie et je commençai à me sentir un peu étouffée. Il faisait chaud et ma température intérieure augmentait deux fois plus vite en ce moment.

Deux heures plus tard tout le monde mangeait dans la salle de réception dans une ambiance festive et joyeuse. La salle était vraiment belle avec ses décorations dans les tons bleus et blancs. Je regardai avec épatement le plafond décoré et les services de table.

- C'est magnifique, soufflais-je.

Jeremiah hocha la tête, sa main toujours dans le bas de mon dos. Les mariés n'allaient pas tarder à faire leur entrée dans la salle. Ils étaient partis prendre des photos au Parc Monceau, entre l'Arc de Triomphe et la Place Clichy. Pendant ce temps, les invités entraient tour à tour dans la salle dans un brouhaha joyeux.

- Eve !

Entendant, mon prénom, je me retournai et fus heureuse de voir Javier et Raphael se tenir devant moi, en costume excentrique et cheveux bleus pour Raphael.

- Salut les garçons ! Alors quoi de neuf ?

Avec mon état de femme-baleine surprotégée, j'étais souvent restée à la maison durant les six derniers mois. Naturellement, Javier, Ambrosio et Raphael étaient passés chacun à son tour me rendre visite. Noam était parti en Océanie, sur la grande île australienne, depuis janvier et nous nous téléphonions parfois. Addison avait arrêté de travailler pour moi et tentait maintenant de se faire connaitre en tant qu'actrice sur les écrans et les tapis rouges. Courant après les castings inlassablement, elle avait rarement eu le temps de penser à ses relations sociales aussi notre amitié s'était doucement dissoute.

- Eh bien pas grand-chose, soupira Raphael.

- Moi si, sourit Javier.

J'haussai un sourcils, curieuse. Javier était resté mon grand confident, alors cela m'interpelait de savoir qu'il avait encore des choses à me faire découvrir.

Javier tendit la main vers sa droite et une femme vint la prendre. C'était une femme, petite de taille, des cheveux courts châtains, une bouche fine et des yeux absolument magnifiques. Ses yeux étaient en amandes cachés derrière de grandes lunettes sombres.

- Jeremiah, Eve, voici Aline, ma petite-amie.

Alors ça ! Si je m'étais attendu à ce qu'un des jumeaux allaient un jour me présenter sa compagne ! Disons juste que Javier et Ambrosio étaient des bourreaux des cœurs de notoriété internationale.

- Ferme la bouche, Eve, tu vas effrayer Aline, se moqua Javier, avec un air suffisant.

- Hm ? Euh, ouais, la ferme Javi', enchantée Aline, je suis Eve, me repris-je.

J'entendis Jeremiah rire derrière moi alors que la timide Aline me serra la main.

- Eh, bien, continuai-je, si je m'attendais un jour à voir Javier avec une vraie petite amie...

- Eh oui, mon frère est passé du mauvais côté de la force, ajouta une voix.

Notre groupe se retourna et fit face à un souriant Ambrosio, et à ses côtés, nul autre de Garrett.

- Garrett, s'exclama Jeremiah avant de donner une accolade amicale à Garret qui retourna son geste.

Oui, Garrett et Jeremiah était devenus de proches amis, pour ne pas dire meilleurs. Jeremiah avait décidé de repousser son côté d'homme des cavernes surprotecteur et faire un effort pour connaitre Garrett. Et les deux hommes s'entendaient comme deux vieux amis. Avec Noam et Brent, ils partaient souvent en week-end « spécial hommes » pour, comme il s'amuser à le dire, se ressourcer à l'abri de nos « exigences ». Javier et Ambrosio refusaient catégoriquement de les accompagner et Rafael détestait camper. Cependant, cela faisait longtemps que Jeremiah n'était pas parti faire un camping avec Garrett (une tradition qu'ils faisaient une fois tous les deux mois depuis deux ans) du fait de ma condition et du travail qui s'amoncelait sur son bureau.

Garrett se tourna vers moi et me sourit joyeusement.

- Eve, tu es resplendissante, dommage que ce qui pousse dans ton ventre ne soit pas de ma création...

Jeremiah croisa les bras et lança un regard noir à Garrett. Ce dernier ne cessait d'embêter mon mari et y arrivait assez bien. Garrett éclata de rire avant de se pencher pour me faire la bise. A ce moment, Noam rejoignis notre groupe d'amis. Il posa ses mains sur mon ventre rebondi et me sourit grandement.

- J'ai tellement hâte de voir la tête de ce bébé.

Je souris, heureuse. Moi aussi, j'avais hâte de voir mon enfant de mes propres yeux. La discussion avançait de bon train et les invités se servaient des premiers amuse-bouche servis en attendant l'arrivée de jeunes mariés. J'aimais les mariages. L'ambiance y était toujours festive et aucune hostilité ne se faisait voir parmi les invités. Je regardais les invités grignoter tranquillement en attendant avec plus ou moins de patience les mariés qui commençaient à se faire attendre.

- Eve... Eve Brastoli ?

Entendant mon prénom, je me retournai et faillis avaler de travers le bout de pain que je mâchais. Je fermai la bouche et avala rapidement, les yeux aussi gros que des orbites. Je n'y croyais pas. Le visage de l'homme en face de moi se craqua en un sourire large comme un bateau, ses yeux verts s'illuminant. Des cheveux châtains, un visage avec de très légères taches de rousseur, un nez fin et pointu, mes yeux dévisageaient l'homme avant que son prénom ne se forment naturellement dans mon esprit.

- Ansel.

J'avais encore du mal à y croire. Cela faisait quoi... quatre ? cinq ans ? Depuis, qu'il avait quitté Indigo, Ansel était parti à Singapour travailler dans l'innovation informatique. Et je n'avais pas eu beaucoup de nouvelles depuis. Pour tout dire je n'avais pas vraiment pensé à lui depuis ce temps-là. Lorsque j'étais à Indigo, nous nous étions beaucoup rapprochés au point que j'avais inconsciemment pensé que je l'intéressais avant d'apprendre qu'il jouait dans l'autre cour. C'était néanmoins un très bon ami avec qui j'avais de très bons souvenirs de mon séjour à Indigo. Je ne m'attendais pas à le revoir ici bien que je savais qu'il était un très proche ami de Cassandre.

Ansel me dévisagea longtemps encore sous le choc. Et je l'étais aussi. Un sourire se dessina sur mon visage.

- Ca alors si je pensais te revoir un jour.

- Moi, aussi.

Il y eut un court silence.

- Oh fait moi un câlin, miss poulet ! s'écria Ansel en m'enveloppant de ses grands bras.

Je ris aux éclats. « Miss poulet », non mais, je n'y croyais pas. Soudain, Ansel se détacha de moite son regard s'abaissa sur mon énorme ventre.

- Eh bien, Cassandre m'avait bien dit que je serais surpris si je venais à son mariage mais alors ça... Félicitations ! Qui est le chanceux papa ?

- Il semblerait que cela soit moi.

Jeremiah venait d'apparaitre à nos côtés, un verre de thé glacé, pour moi, à la main. Son regard bleu était sévèrement placé sur Ansel qui avait la bouche si grande ouverte, que les mouches y aurait pu s'y loger. Anse détacha immédiatement ses bras d'autour de mon corps et recula d'un ou deux pas. Jeremiah passa possessivement son bras autour de ma taille et me tendit ma boisson sans quitter Ansel du regard. Ce dernier passa frénétiquement son regard vert de Jeremiah à moi, l'air complètement abasourdi.

- Jeremiah... ? Enfin, monsieur Haccews..., hum patron ?

J'éclatai de rire et Jeremiah me suivit. Les jumeaux se retournèrent et avisèrent le revenant avant de le saluer avec effusion. Ansel était bientôt le centre de l'attention.

Soudain, le DJ mit en marche une musique et les jeunes mariés entrèrent avec majesté dans la salle sous un tonnerre d'applaudissement. Je n'avais jamais vu Cassandre aussi heureuse.

Après avoir faire une ronde de salutations, les mariés arrivèrent enfin à notre groupe. Cassandre me prit aussitôt dans ses bras.

- Oh, Eve, je suis tellement heureuse de te voir !

- Moi aussi Cassandre.

- Je t'adore, lâcha-t-elle, avec toute l'émotion d'une jeune mariée.

Elle ma lâcha et partit embrasser les autres. La main de Jeremiah vint bientôt se poser sur ma taille avant qu'il ne se penche pour m'embrasser tendrement.

- Je t'aime, Eve, murmura-t-il contre mes lèvres.

Et là, je suis que je ne pouvais pas plus être heureuse.

J'avais toujours voulu la réussite. L'ambition était mon gros défaut. Je ne vivais que pour cela, et en regardant en arrière, je me disais que je n'aurais pas pu continuer comme ça. Mais Jeremiah avait changé ma vie. Il m'avait ouverte à tout ce à quoi je m'étais fermée. L'amour et le fait d'accepter d'être aimée. Et je ne souhaitais personne d'autre que lui de m'aimer comme il le faisait. Je faisais la part des choses maintenant. L'ambition, c'était bien. Il y avait juste des moments, où il fallait savoir faire des choix. J'avais choisi l'ambition à l'amour il y avait quelques années. Et je ne regrettais pas. Cela avait permis à Jeremiah et moi d'évoluer pour mieux se retrouver. Mais aujourd'hui, je changeai. J'allais privilégier l'amour et la famille. Au diable, le travail. C'était une nouvelle page qui se tournait

Je passai une main sur mon ventre.

Et ce n'était que le début.

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