— Opal... tu... tu es...

Je hoche la tête avec un soupir et Matthew, toujours éberlué, fixe le petit bâtonnet entre ses doigts.

Un silence plane dans la pièce et cela m'angoisse de plus en plus. Pourquoi il ne dit rien ? Va-t-il me rejeter ? Je veux qu'il parle.

J'essuie mes mains moites sur mon jean et en rassemblant toutes mes forces, je fais face à lui et lui force de m'observer droit dans les yeux.

— Matthew, parle-moi.

Le militaire ouvre sa bouche puis la referme. Je n'arrive pas à déchiffrer son regard, il ne laisse rien paraître.

— Opal... Je m'y attendais pas.

Aïe.

Ça commence déjà mal.

Je retiens mes larmes et dis :

— Sache que j'ai l'intention de garder cet enfant, Matthew. Je pourrai le chérir, l'aimer, l'éduquer. Je n'ai pas pu faire cela à Alexa, mais cette fois-ci je pourrai le faire avec lui.

Matthew reste stoïque pendant quelques secondes avant de me prendre dans ses bras. Surprise, je reste figée pendant que l'information me monte dans la tête.

— Je suis heureux, sache-le Opal, me chuchote-il près de l'oreille.

Vivement, j'enroule mes bras autour de lui et soupir de soulagement.

Je me sens très soulagée... pendant quelques minutes, j'ai cru qu'il allait faire comme certains mecs qui ne veulent pas prendre leur responsabilité et abandonne la fille en cloque.

Même si Matthew ne voulait pas de cet enfant et qu'il me laisse toute seule, je garderai cet enfant.

— Ce n'était pas sur ma liste de souhait pour cette année, j'avoue... mais, tu sais Opal, grâce à cet enfant, on écrira un nouveau chapitre.

Je souris, émue. Je relève ma tête vers la sienne et lui souris tendrement.

— Mais avant d'écrire ce chapitre, je dois avant parler à mon frère, lui dis-je.

Je me lève sur les pointes de pieds et m'apprête à l'embrasser mais la sonnerie de mon téléphone m'interrompre brusquement. J'allais éteindre mon écran mais que je lis le prénom de cousine, je m'écarte brusquement de Matthew.

— Allô ?

J'entends des pleurs étouffés à travers la combine.

Je fixe le militaire, qui lui, fronce ses sourcils.

— Opal, tu vas me tuer, pleurniche Oxana.

Ouh...

Déjà il y a rien qui va... Oxana qui chiale et qui me craint, c'est bizarre. Car oui, c'est plutôt moi qui crains Oxana.

— Déjà avant que je tue, je dois bien savoir ce tu as fait, prima, soupiré-je.

— C'est Alexa.

Et c'est reparti pour un tour. Mon sang fait un tour alors que mon organe vital prend une allure beaucoup trop rapide.

— Alexa ? Qu'est-ce qu'il se passe, Oxana ? m'inquiété-je.

Matthew semble apercevoir mon angoisse et s'approche de moi. Je m'accroche à son bras et comme si c'était une bouée.

Oxana ne répond pas mais à travers ses pleurs, je suppose qu'Alexa ne va bien.

Qu'est-ce qui se passe bon sang ?!

— Oxana, parle-moi avant que je prenne le premier avion et te foutre mon poing dans ta gueule---

— Elle a disparu, lâche-t-elle avant que ses pleurs s'intensifie.

Je me paralyse et mon téléphone se glisse entre mes mains avant de s'échouer au sol.

J'ai l'impression de ne plus réussir à respirer. Genre, tout s'arrête autour de moi. Les mouvements, le temps, la vie. J'entends juste ma respiration haletante résonner à travers mes oreilles comme un écho sans fin. La voix assourdissante de ma cousine me hante l'esprit et d'un côté, l'information ne veut pas montrer dans ma tête.

Alexa a disparue...

Alexa a disparue...

Elle a disparue...

C'est une main sur mon épaule qui me fait sortir de ma transe. Je clignote plusieurs fois mes yeux avant de rencontrer une paire de yeux sombre qui semble s'inquiéter pour moi.

— Opal, on va la retrouver, me console Matthew.

J'observe le sol sans rien dire.

Ayant l'impression que la pièce se rétrécisse, je m'arme de mon téléphone et sors vivement de la pièce. Je déboule les escaliers à grand pas et attrape la clé de la voiture.

J'entends Matthew me héler mais quand j'allume le contact de la voiture, je pars m'aventurer sur la route.

Je sais où je vais et une profonde colère me monte soudainement et j'accélère la vitesse de la voiture, malgré la petite voix qui me dicte de me calmer. Mais comment me calmer ?

Après ce que Oxana a dit... Alexa est portée disparue et je sais c'est de l'oeuvre de qui.

J'arrive devant la grande maison d'Enrique.

Je sors en trombe de ma voiture en la laissant allumer. Je défonce la porte d'entrée et je tombe sur Halina. Surprise, elle m'observe avec grands yeux et je distingue une petite silhouette à côté d'elle.

Son fils, qui ressemble énormément à Enrique.

— Opal, qu'est-ce que tu fais ici ?

Le regard que je lui lance la fait taire de je la contourne pour me diriger vers le bureau de cette pourriture.

J'entre brusquement dans la pièce et découvre Enrique fumer tranquillement sa cigarette. Pourquoi il ne s'étouffe pas dans la fumée, ce gros lard ?

Il me voit et la surprise se lit sur son visage.

— Enrique, je vais te tuer, sifflé-je.