PDV Opal

Je n'ai pas perdu une seconde de plus car après cette annonce je suis partie rapidement rassembler mes affaires.

Désormais dans la camionnette, une musique douce plane dans l'atmosphère tandis que j'observe le paysage désertique qui défile sous mes yeux.

Tout à coup, je me retourne vers Matthew, qui lui, est concentré sur la route.

— Qu'est-ce qu'on va faire à Windhoek ?

— J'ai réussi à négocier avec mon supérieur de me donner quatre jours.

C'est encore le travail...

Je hoche simplement la tête, mais il continue :

— En vrai ces quatre jours sont uniquement pour nous.

Je fronce mes sourcils et insiste mon regard sur lui. Pour nous ?

— Comment ça ? Ce n'est pas pour le travail ? demandé-je, perdue.

Il garde le silence et me lance un sourire mystérieux.

Qu'est-ce qu'il a encore mijoté ?

Avec le temps, j'ai compris que Matthew adore faire des choses derrière les dos des autres.

— Mon supérieur me devait quelque chose, répond-t-il. Alors je lui ai dit de m'accorder 4 jours avec toi étant donné que tu vas repartir dimanche.

Tout de suite, un grand sourire s'élève sur mon visage. Sérieusement, il a vraiment fait ça ? Pour moi ?

Mon cœur se fond littéralement et je décide de lui smacker un baiser sur sa joue légèrement râpeuse à cause de la repousse de sa barbe naissante.

— Une chose est sûre, ça va être mon meilleur souvenir ici, rigolé-je avec lui. Non mais sérieusement, je ne sais pas quoi te dire à part merci, c'est vraiment trop... Je ne veux pas que t'aies des problèmes avec tes supérieurs à cause de moi...

- Opal, soupire-t-il en me lançant un regard lourd. Pas besoin de t'inquiéter pour moi. Tu sais quoi ? Imagine on part en France et là qu'on va aller voir la tour Eiffel.

Je lui lance un regard confus. Qu'est-ce qu'il me raconte encore ?

-  La chose à retenir en ce moment, c'est il ne faut pas penser au job. Oui, j'aurais quelques retards dans mon travail, mais c'est sans importance. On doit juste penser à nous deux et passer du bon temps.

Je me remets bien dans mon siège en réfléchissant à ses paroles. Il a raison, il a réussi à dégoter 4 jours de repos et je me mets à inquiéter pour lui.

Il faut vraiment que je profite de ces derniers moments avec lui. Parce que, quand je rentrerai à New-York, lui, il sera toujours ici, on se verra plus tout le temps... Juste en pensant à cela, mon putain de cœur me fait mal.

Tout à coup, je le fixe avec curiosité :

- Comment tu savais que je voudrais visiter la France ?

Il me fait un clin d'œil mais ne dit rien.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression d'avoir lu dans son clin d'œil le prénom " Owen"...

Ce con d'Owen...

*

Cela fait une heure qu'on est arrivé à l'hôtel. Il est super tard et on a mangé rapidement avant de remonter dans la chambre.

Car oui, on va dormir dans la même chambre, dans la même pièce, on va partager notre oxygène, du coup j'ai plus de chance de choper une maladie si lui, il est malade.

Je ne dis pas que cela me gêne, mais comment dire que je n'ai plus dormi à côté d'un gars depuis des d'années ?

Après Enrique, j'ai eu un autre petit-copain, mais on est pas resté longtemps car il devenait trop collant, du coup je l'ai largué.

MAIS BREF !

Comment on va faire ? Je ne sais pas.

Dans tous les cas, je dois dormir car je n'en peux plus.

Je sors de la salle de bain silencieusement et je vois Matthew sur son téléphone, près de la fenêtre.

Rapidement, je cours dans le lit et je pousse un soupir. Kingston éteint la lumière et s'allonge sur le canapé près de la fenêtre.

Tout à coup, mon téléphone émet un son et je le prends avant de percevoir que c'est un message de ma cousine, Oxana. Elle m'a envoyé une vidéo où Alexa peint une fleur... enfin ce qui est censé être une fleur.

J'ai petit sourire triste sur mes lèvres, puis je dépose mon téléphone sur la table de chevet avec un pincement au cœur.

Génial, j'étais de bonne humeur il y avait quelques secondes...

Je renifle pour contenir mes larmes.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande Matthew, dans l'obscurité.

Je prends une grande respiration et allume la lampe de chevet.

- Alexa. Oxana m'a envoyé une vidéo où Alexa peignait un truc moche, soufflé-je avec une boule dans la gorge.

Je vois du coin de l'œil Matthew se diriger vers moi puis il prend place dans l'autre côté du lit. Je me retourne vers lui et l'observe dans les yeux. 

Nous nous regardons dans les yeux pendant des longues secondes et pendant un court moment, j'ai oublié ma tristesse.

- Du coup, tu as décidé de ce que tu vas faire avec Alexa ? me demande-t-il plus tard.

Je pousse un long soupir.

- Ouais. Alexa va rester avec Oxana. Ce n'est pas une question que je n'aime pas ma fille, mais je ne veux pas la perturber. Pour elle, sa maman est Oxana, pas moi.

Il me lentement ma joue pour me réconforter, je lui lance un petit sourire.

- Mais il faut que je parle avec Oxana. Je voudrais qu'un jour Alexa sait que je suis sa mère biologique et je voudrais aussi passer du temps avec elle, mais je sais que j'aurai toujours la statue de "tia".

- Et l'enfoiré d'Enrique ? chuchote-t-il sèchement.

Ah. Ce gros con.

- Il a rien à foutre de ses gosses. Il veut juste avoir quelques gosses pour qu'ils héritent sa fortune, mais sans plus. Je sais qui est Enrique, et il a rien à foutre d'Alexa ou de ses autres gosses, répliqué-je avec une voix sèche. Et puis Oxana et Alexa vont s'installer en Espagne, afin que ce con ne les retrouvent pas.

Comme par hasard, ce con ne m'a plus téléphoné. Il a voulu me faire croire qu'il tenait tant à sa fille, mais je savais d'avance qu'il se lasserait et qu'il passerait à autre chose. 

Je redresse les cheveux bruns de Matthew sous son regard profond.

- Tu penses avoir d'autres enfants, plus tard ? 

Cette question me fait figer et je prends des longues secondes avant d'y répondre :

- J'en voudrais. Je sais quelle erreur à ne plus faire. Et toi ?

Je le fixe dans ses yeux bruns en attendant une réponse.

- Oui. Je voudrais, plus tard.

J'espère que c'est moi qui va porter ses enfants plus tard...

Il s'apprête à se lever pour retourner sur son canapé, mais je le retiens par la main. Il pivote sa tête vers moi, surpris.

- Reste avec moi, chuchoté-je, gênée.

Je voudrais passer cette étape avec lui.

Il revient vers moi et s'allonge sur le lit. J'éteins la lampe et pose ma tête sur son torse, en me laissant bercer par ses battements de cœur