Chapitre 42
Les militaires ont réussi à dégager les entrées de mines d'étain. Heureusement, il y a eu peu de blessés. La plupart n'ont rien, mais ils sont choqués psychologiquement.
Je boucle mon sac dans un soupir las avant de le porter.
— Prête ?
Je hoche la tête à Esteban et gentleman comme il est, il prend mon sac, et perso, je ne refuse pas. Je suis épuisée comme jamais. Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit, alors j'ai hâte de retourner à la base pour retrouver mon misérable lit.
Je salue mes collègues d'un petit geste et cherche du regard Matthew. Il doit certainement être à la recherche d'autres survivants.
Triste, j'entre dans l'hélicoptère, mais une voix me fait arrêter.
— T'aillais partir sans me dire au revoir !
Je me retourne et découvre Matthew avec le visage sale. N'empêche, ça lui donne un côté sexy, on dirait un aventurier à la quête d'un trésor.
Je lui lance un sourire et l'enlace brièvement dans mes bras.
— Je ne te voyais pas. Prends soin de toi, Matthew. Je ne veux pas te retrouver sur un brancard.
Il réussit à rire, malgré le visage sérieux qu'il aborde.
— Je ferai attention. Toi, par contre, tu as besoin de te reposer, dit-il en caressant ma joue avec son pouce. On se retrouvera ce soir.
Il m'embrasse tendrement, ce qui fait chavirer mon cœur, puis il me laisse partir.
J'ai un pincement au cœur de le laisser seul ici, je commence à trop m'attacher à lui. Je ne sais si je dois le prendre bien ou pas. C'est normal, non ? Ou peut-être c'est mal ?
Je chasse mes pensées et observe le paysage qui s'offre à moi.
En arrivant à la base, je me précipite d'aller récupérer des vêtements propre et me filer sous la douche. Le contact de l'eau chaude contre ma peau me fait un pousser un soupir d'extase, mais je me dépêche tout de même à me laver pour ensuite aller me reposer.
*
Il est 17 heures et c'est la première fois que la mini clinique est en pleine effervescence. Y'a des patients partout, il y a du bruit, trop de bruit. Et putain de merde, je déteste le bruit !
À New-York, l'hôpital est silencieux, il a du bruit uniquement dans la réfectoire ou dans le hall, mais là, j'ai l'impression d'être un salon d'agriculture.
C'est chiant !
— Infirmière Lopez, veuillez préparer le bloc opératoire numéro 2, m'avertit docteur Hanaway.
J'arrête de prendre la tension d'un patient pour regarder avec des gros yeux madame Hanaway.
— Que... Quoi ? Tout de suite ?
La blonde acquiesce, puis tape dans ses mains avec un regard agacé.
— Aller, dépêchez-vous ! C'est la vie d'un patient qui est en jeu !
Je n'ai pas le temps de répliquer un mot, elle part.
Okay...
On m'annonce ça tranquille. Je laisse le patient, pour aller préparer le bloc opératoire. Docteur Hanaway est une femme cool, quand elle n'est pas au travail. À l'hôpital, on la traite femme de rage. Pourquoi ? Elle ouvre sa gueule tout le temps, elle se plaint tout le temps. Autrement dit, elle est le sosie du docteur Martin. Au moins, ça se voit qu'elle aime son métier...
Une heure plus tard, l'opération se déroule et le pauvre patient a littéralement un morceau de métal qui transperce son abdomen, et chance pour lui, on dirait que le morceau de métal n'a pas touché un organe vital. Et si c'était le cas, l'opération sera plus rude.
— Ciseaux, m'ordonne docteur Hanaway.
Je lui tends l'objet tout en regard les tensions du patient.
Tout à coup, la tension patient ralentit. Le stress est à son comble dans le bloc opératoire.
— Préparez le défibrillateur cardiaque, Lopez !
Alors que Madame Hanaway commence son massage cardiaque, je prépare l'appareil avec les mains tremblantes.
Gère Opal... Pas de faux mouvement !
Je tends les électrodes au docteur et celle-ci me les arrache avant de nous ordonner de reculer. Les autres infirmiers et moi reculons et madame Hanaway pose les électrodes sur la poitrine du patient.
Rien.
Elle refait et toujours aucun signe. La tension ne s'améliore pas.
Je tremble de peur et après plusieurs reprises, docteur Hanaway éteint le défibrillateur avec une mine grave et nous comprenons son choix.
— Il y a plus rien à faire, nous annonce-t-elle.
— Attendez ! Il y a encore une chance ! m'exclamé-je stressé. Vous avez fait mal votre boulot.
— C'est trop tard, Lopez. Il est mort.
Je refuse d'entendre ça. Je me dirige rapidement vers le patient et commence à faire le massage cardiaque en psalmodiant une prière.
Non, non et non ! Tous les patients que j'ai opéré ont survit, il ne peut pas être un échec. Cet homme mérite d'être en vie et je ferai tout pour le réanimer.
Un silence plane et certains infirmiers partent de la salle. Puis, une idée passe dans ma tête. Lucy et son massage chelou.
Je pince mes lèvres et avec détermination, je balance mon poing avec férocité contre la poitrine du patient. Je le fais plusieurs fois et soudain, on entend le bip reprendre son rythme normal.
Surprise, j'ouvre grand les yeux et observe mes collègues.
— Il est vivant ! crié-je, contente.
Docteur Hanaway me lance un regard étonné avant de crier aux autres de revenir.
Putain de merde, je me sens fière !
Je remercierai Lucy pour sa technique bizarre.
*
En évitant les débris sur le terrain de basket, je réussie à me faire un chemin pour ensuite m'asseoir sur mon banc habituel. Mais je découvre Matthew, ce qui m'étonne.
Il est rentré depuis quand ?
Je ne cherche pas trop à répondre la question et me dirige vers lui avant de m'asseoir près de lui.
Un silence plane entre nous jusqu'à qu'il le brise :
— Katelyn est envoyé aux États-Unis. Enfin, elle a supplié au colonel de l'envoyer aux States.
Je sens mes lèvres s'étirer mais je cache vite mon sourire derrière ma main quand je vois Matthew m'observer.
Quoi ? Je vais pas présenter aucune excuse, et honnêtement, je suis heureuse ! Cette pétasse se casse !
— Et tu avais raison, continue-t-il d'une voix étrange. Elle m'a avoué ses sentiments... Elle avait le béguin pour moi, depuis longtemps.
— Une chose à retenir, Kingston : Les Lopez ont toujours raison. J'ai toujours raison. La seule fois où j'avais faux c'est quand j'étais convaincue qu'un patient avait une tumeur au foie alors que finalement il avait une tumeur au poumon.
Je lâche un petit rire quand le souvenir me repasse dans la tête et distraitement, je prends la main de Kingston dans la mienne et pose ma tête contre son épaule.
— J'ai été con, lâche-t-il soudainement.
— Je le sais et je te pardonne pour ça. Maintenant, tu sais que la prochaine il faut écouter la voix de la sagesse, c'est-à-dire moi.
Cette fois-ci, c'est lui qui rigole et il me serre contre lui.
— Katelyn a eu honte quand je lui ai remballé. Je suppose que c'est à cause de cela qu'elle a décidé de retourner aux States...
– Ne parle plus de cette Katelyn. Elle va comprendre sa connerie plus tard, soupiré-je en relevant ma tête. Écoute juste le vent qui fait danser les feuilles entre elles. C'est apaisant.
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