Chapitre 41
Fin de Flashback
Retour dans la réalité.
— Opal ! Qu'est-ce tu fous ! Viens nous aider ! me crie Esteban.
Je sors de ma transe et serre la lanière de mon sac avant de le suivre. L'atmosphère de la zone est pesante, effrayante et stressante. Il y a beaucoup de bruit, ce qui m'empêche de bien réfléchir à la situation.
Donc, là on va aider les blessés.
Pour l'instant, je soigne des personnes légèrement blessées. Elles ont quelques coupures mais rien d'alarmant. Je tente au mieux de les réconforter, de les aider psychologiquement mais beaucoup d'entre eux me demandent dans un horrible anglais de retrouver leur proche. Je leur fais des promesses, mais cela n'est pas à moi de le faire, je suis pas qualifiée pour. Je voudrais aider les militaires dans leur recherche, mais ils m'ont tous rembarré.
Après avoir soigné les blessés, je pars vers les débris afin de vérifier s'il y a de la vie, mais un militaire français me fait rappeler que ce n'est pas mon job.
Je lui lance un regard à travers avant que Lucy vient dans ma direction, haletante :
— Opal ! Opal ! On a besoin de toi !
Alertée, je la suis sans me poser des questions. Nous sommes à l'abri des regards et je vois Ramirez avec un homme pratiquement inconscient au sol.
Rapidement, je m'agenouille près de lui.
— Qu'est-ce qu'il a ? demandé-je, inquiète.
— Sa tension est faible et il est somnolent, précise Lucy près de moi.
— Il faut faire une intraveineuse, attend j'en ai, lui dis-je avant d'ouvrir mon sac.
Mais trop tard.
L'homme est inconscient. Alertée, Ramirez tâtonne son ventre, touche ses veines avant de faire un massage cardiaque. Je mets ma main devant les narines du patient, mais je sens aucun courant d'air, et mon cœur s'emballe de plus en plus.
Putain, non !
— Attend laisse-moi faire, intervient Lucy.
Ramirez se décale et là, Lucy fait un truc qui nous étonne toutes les deux. Carrément, la meuf balance son poing plusieurs fois sur la poitrine du patient avant de mettre sa main devant le nez de celui-ci. Elle se retourne vers nous, avec un petit sourire.
— Voilà ! Il est vivant, du moins, pour l'instant.
Ramirez part vérifier puis me lance un regard étonné.
— Dis, Lucy, comment tu...
— Mon frère avait l'habitude de faire des crises cardiaques, alors pour le réanimer, je faisais ça, dit-elle pour me répondre.
Ça me fait peur. Elle me fait peur.
— Son teint est pâle, le pouls est rapide et son ventre est gonflé, nous dit Ramirez.
Elle déchire le t-shirt du patient avant qu'on voit un énorme hématome violacé près du fois, à gauche.
— Il fait une hémorragie interne, soufflé-je, surprise. Il a une rupture de la rate, ce qui explique non seulement l'hématome mais aussi ces symptômes. Il faut l'opérer immédiatement !
Ramirez lâche un rire jaune et me regarde avec gravité.
— Sa vie est en jeu, Lopez. Le temps qu'on l'emmène à la base, il sera déjà mort...
— Mais on va pas le laisser mourir, non plus ! contredis-je avec sérieux. Il a une chance pour qu'il reste en vie et puis, je me permettrais pas de le laisser comme ça. Et dans tous les cas, la clinique est pleine, on doit chercher une autre alternative.
— Pourquoi pas de l'opérer ici ? propose Lucy.
Un silence plane et tout le monde est en réflexion mais le bip de l'appareil nous fait vivement retourner sur Terre.
— Dans cet endroit-là ? vocifère Ramirez, outrée. Ici c'est sale, il y aura des complications et puis, il faut lui faire passer un scanner. On ne sait pas vraiment si c'est une hémorragie au niveau de la rate !
On a pas vraiment le choix. Le patient ne vivra plus quand il arrivera à la clinique de la base, et puis la clinique est pleine.
L'idée de Lucy est risquée, mais nous avons pas vraiment le choix.
— Pas ici, mais au soleil. T'as raison, on ne sait pas vraiment si c'est une hémorragie de la rate, mais il faut tenter, m'exclamé-je vivement. Il faut vérifier et si c'est le cas, tu pourras le soigner.
— Tu veux l'ouvrir ici et dans la poussière ? demande ironiquement Cindy. Meuf, il y aura des complications. Il pourra choper une septicémie ou autre saloperie.
Je me lève et la regarde gravement.
– Tu veux sauver ton patient ou pas ?
Elle reste silencieuse alors que Lucy nous informe que la tension artérielle du patient monte en flèche. Puis Cindy m'observe.
— Lucy va récupérer le kit chirurgicale et prend autant d'antiseptique que possible, annonce-t-elle soudainement.
Lucy part rapidement récupérer le kit. Maintenant, il faut déplacer le patient, il est hors de question qu'on doive l'ouvrir ici, dans un endroit poussiéreux !
Je tourne ma tête de droite à gauche puis je vois Assim. Je l'appelle et il se dirige rapidement vers nous.
— J'ai besoin de toi. Tu peux nous aider à déplacer le patient... là-bas ? lui demandé-je en pointant un endroit moins poussiéreux et sous le soleil.
Assim arque un sourcil.
— Pourquoi faire ? demande-t-il.
Je déglutis avant de dire :
— On va l'ouvrir.
*
L'opération terminée depuis quelques heures, un hélicoptère est venu récupérer le patient pour le déposer dans un hôpital voisin.
Le soir est installé dans la voûte céleste et je joue dans ma ration. Sérieusement, les soldats mangent cette merde quand ils sont en mission ?
C'est infecte mais je mange quand même. Je dois m'occuper d'autres patients.
Je vois de loin des militaires qui essayent de faire rire les infirmiers et de les faire penser à autre chose que cette vie tragique, et cela marche. Mais il y a toujours moi qui aborde la tête d'un enterrement et je veux qu'une chose : retourner chez moi, c'est-à-dire à New-York.
Je n'aurais jamais pensé que ce bénévolat allait partir aussi loin. Un tremblement de terre, quoi ! C'est pas tous les jours que je rencontre des tremblements de terre !
Quelques minutes plus tard, je rejoints les autres infirmiers et docteur Kang m'intercepte.
— Opal, demain à sept heures tu repars à la base, m'annonce-t-il.
J'observe qu'il a des énormes cernes sous ses yeux. Après c'est compréhensible, on a resté éveillé depuis hier. J'ai eu que deux heures de sommeil.
— Pourquoi donc ? Il y a un problème ?
Il fait un geste avec sa main comme pour balayer mes mots.
— Il manque du personnel et le docteur Hanaway ne peut pas gérer les patients qu'avec trois infirmières. Alors Esteban et toi, vous allez retourner à la base.
Je hoche la tête et le laisse seul. Bon, au moins, je pourrai me laver et me changer de tenue car celle-ci est parsemée de sang séché.
Je remarque que Matthew est seul. Rapidement je m'élance vers lui. Il n'a pas assez de temps pour comprendre à la situation. Je le serre fort contre moi comme pour me fondre en lui et sa présence me rend un peu mieux.
Il me sert contre lui et je sens son souffle s'échouer contre mon crâne.
— Quelque chose ne va pas ? me demande-t-il d'une voix calme.
Je ferme mes yeux et le serre encore plus fort entre mes bras. Ce qui s'est passé avant me remonte dans la tête mais je chasse rapidement ces souvenirs. Même si on s'est disputés avant, j'ai besoin de sa présence et lui aussi je pense, il ne m'a pas repoussé.
— Je suis fatiguée de tout ça, chuchoté-je. C'est stressant.
Il pose son indexe sous mon menton pour arrimer mon regard au sien.
– Opal, ça va bientôt finir. C'est un cauchemar, mais un cauchemar n'est que temporaire. Tout rentrera dans l'ordre.
Je lui réponds en déposant mes lèvres sur les siennes. Je m'accroche à lui comme s'il était une bouée et notre baiser a un brin de tristesse car oui, cette expérience est triste. Mais ses lèvres et ainsi que sa présence m'aident à penser à autre chose avant qu'une personne a le toupet de nous interrompre.
— Matthew, Owen t'appelle, s'exclame un militaire, gêné. Ils ont retrouvé des survivants.
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