Chapitre 34
Enrique, juste en face de moi.
Tous les souvenirs partagés avec lui défilent sous nos yeux. Tous ces souvenirs que j'ai réussi à enterrer, pourtant. Je subis un mutisme, aucun mots franchissent mes lèvres, mais une chose est sûre, je veux m'en aller.
Le revoir est trop dur... Ses relations adultérines, son côté sombre. Ce n'est qu'un manipulateur et il s'est joué de moi. J'ai honte de la personne qui j'étais avant. J'étais trop naïve, avec des étoiles pleins au yeux. Je me croyais littéralement en une putain de princesse de Disney. Je croyais vivre un conte de fée.
Mais non.
Revenons à la réalité des choses. Je sors de ma transe et tente de dissimuler mes émotions.
— Enrique, ça ne me fait pas plaisir de te voir, dis-je d'une voix neutre.
Alors là, je peux me féliciter ! Je vois que cela le perturbe mais il se reprend.
— Suis-moi, on doit parler et rattraper ce temps perdu.
À contrecœur, je le suis. Je préfère qu'on parle dans un endroit discret, car je ne veux que cette pendeja de Verena nous entende.
Nous entrons dans un bureau. La lumière n'éclaire pas énormément, mais j'arrive quand même à distinguer ce connard de merde.
Sans attendre son autorisation, je prends place sur une des chaises disposées car j'ai bien peur que mes jambes ne vont plus me tenir trop longtemps.
Enrique m'observe et s'assoit de l'autre côté du bureau. Aucun de nous parle et nous nous observons. Il n'a pas changé, il a toujours son côté mystérieux, ce qui m'a fait tombé amoureuse de lui. Ce qui a un peu changé de lui c'est cette barbe bien rasé au millimètre près, mais ça ne le rend pas moche.
— Qué quieres ? demandé-je d'une voix froide. (qu'est-ce que tu veux ?)
Il me lance un sourire froid et s'appuie contre le bureau.
— Tú, dit-il d'une voix lente. Je voulais te voir et tu as vraiment changé. Tu n'as plus cet air innocent et j'aime ça.
Je hausse un sourcil.
— Dommage qu'un beau gars comme toi est une pourriture, craché-je avec un sourire. Si c'est pour se complimenter, je peux retourner chez moi...
— Vale, Vale ! claque-t-il en posant brutalement ses mains sur le marbre de la table. (d'accord, d'accord !)
Je retiens mon sursaut et le fixe. Qu'est-ce qu'il va me faire ? Me tuer ?
Je suis folle d'avoir venu ici, sans personne !
— Je veux toi. Tu es la seule femme que j'aime sur cette Terre...
J'éclate de rire. Poua... mais qu'est-ce qu'il me raconte ?
Je suis la seule femme qu'il aime ?
Mon rire se calme tandis que mon visage commence à montrer ma colère.
— Sérieusement, Enrique ? J'ai failli de retomber amoureuse de toi, là ! raillé-je en laissant entendre ma rage. Je vais un peu te rafraîchir ta mémoire : Tu as une relation avec une pétasse d'Halina ! D'ailleurs cette pendeja a osé de me dire la merveille nouvelle qu'elle était enceinte de toi le jour de mon mariage... de notre mariage...
— Opal...
Je le coupe en levant ma main.
— Puis je viens tout juste d'apprendre que cette connasse de Verena était aussi enceinte de toi ! Dis Enrique, avec combien de femme m'as-tu trompé sans le moindre scrupule ? M'aimais-tu vraiment ? lui crié-je au plein visage.
Je renifle et essuie les larmes logées dans le coin de mes yeux. Putain, j'ai l'impression d'être dans une foutue telenovela que ma abuelita Nani regardait. Notre couple n'était qu'un foutoir. Il a foutu en cloque deux filles, et moi je l'aimais...
Je fais une grimace de dégoût.
— J'étais perdu dans mes sentiments...
— Stop, Enrique ! Je ne te crois plus et je ne vois pas pour quoi on est toujours là, à remuer le passé, soufflé-je d'une voix moins colérique.
Il croise ses bras, puis passe une main dans ses cheveux sombres.
— On se reverra toujours, Opal. Je sais tout, annonce-t-il d'une voix grave.
Je ne laisse rien apparaître et l'observe.
— Savoir quoi ? On ne doit plus se revoir, dis-je d'une voix sûre de moi.
Un silence malaisant plane entre nous tandis que j'ai le cœur qui bat à la chamade. Qu'est-ce qu'il sait ?
— Ça ne sert à rien de nier, Opal, reprend-t-il d'un sourire. Je sais qu'on a un enfant. Une magnifique petite fille.
Mon cœur rate un battement et mes mais se mettent à trembler.
— Une magnifique petite fille qui est morte à la naissance, rajouté-je avec la voix vibrante.
Il tourne sa tête de gauche à droite et se lève en faisant les cent pas.
— Mentirosa. La petite Alexa, ça te dis ? Tu as osé cacher l'existence de ma fille, Opal ! Je ne savais pas que t'étais garce à ce point ! (menteuse)
Je me lève, les poings tremblants.
— Parce que tu le mérites, Enrique ! hurlé-je à mon tour. Je ne veux pas que notre fille... que ma fille s'approche de toi ! Je ne veux pas qu'Alexa voit qui tu es ! Tu es une personne ignoble, et Alexa ne mérite pas d'avoir un connard de père comme toi !
D'une vitesse hallucinante, il me plaque contre le mur. Son visage est près du mien et son souffle tombe sur mon face. Nous nous lançons des éclairs.
- Tu n'es pas mieux que moi, Opal, articule-t-il. Tu renies l'existence de notre fille. Tu ne la considères pas comme ta fille. Tu n'es pas un bon parent.
L'envie de pleurer me prend. Je prends des grandes inspirations pour me calmer. Mais d'un côté Enrique a raison, je ne suis pas un bon parent. J'ai ignoré et évité Alexa. Je suis aussi une merde dans cette histoire, je n'ai pas pris ma responsabilité.
— Toi aussi tu n'es pas un bon parent, Enrique, sifflé-je. Je ne veux pas que ma fille soit comme toi. Tu n'es pas un bon exemple !
Je le repousse de mes maigres forces.
Je réussis à sortir de son emprise.
— Toi non plus, répond-t-il d'une voix sèche. Tu as abandonné notre fille. Elle doit être avec ses parents ! Je ne veux pas qu'elle soit avec des inconnues !
Ses mots me brisent de plus en plus.
Je lui lance un regard haineux.
— Ne t'approches pas d'elle, Enrique. Tu vas le regretter.
— Soit une bonne mère, Opal, crache-t-il avec un sourire froid.
Je tourne les talons et sors rapidement de cette épicerie de merde. Quand je suis sur le chemin de retour, je suis automatique. Je roule sans rien penser.
Revoir ce con... c'est une de mes pires soirées.
J'entre dans la maison, livide. Puis, je croise Matthew, assis sur une marche d'escalier. Quand il voit mon état, il se précipite dans ma direction et je me laisse tomber dans ses bras, en éclatant de sanglots.
Enrique a raison sur un point, je suis une horrible mère.
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