Chapitre 34

Je fixe mon reflet à travers le miroir avant de détourner mes yeux.

Putain, je me sens si bizarre. Je me sens pas à l'aise dans cette robe, mais je n'ai pas le choix. Cette fois-ci.

Je ne vais pas débarquer là-bas en pyjama, même si l'idée est tentante.

Un des sbires d'Enrique m'a donné ce fichu papier où il est écrit le nom d'une personne qui m'est précieuse. Il me menace.

Je ferai tout pour cette personne, mais ô grand jamais je laisserai gagner Enrique !

Je sais qui est Enrique, je sais de quoi il est capable. Non seulement il est un menteur, manipulateur, un trafiquant de drogue et la liste est encore très longue. Et puis, il y a moi à côté, jeune infirmière qui connaît que dalle sur les trafics de drogue.

Enfin bref.

Je quitte ma chambre à pas de loup. Le rendez-vous est à 23h, et à cette heure, ma mère et ma sœur dorment. Quant à mon frère et Sélène, ils vivent temporairement dans une chambre d'hôtel.

Du coup, je peux sortir tranquillement de la maison.

Je récupère la clé de la voiture de ma mère et en me retournant, je sursaute violemment en me retenant de crier.

Putain de merde ! Qu'est-ce qu'il fout ici ?!

Matthew juge ma tenue d'un œil acéré et mon cœur s'emballe. Sois zen Opal, sois zen !

— Où vas-tu ?

— Je pars danser avec mes amies d'enfance, mens-je.

Je lui souris pour cacher mon angoisse. Mais en voyant son visage, ça se voit qu'il ne me croit pas.

— Ne me prends pas pour un con, Opal, crache-t-il. Je sais que tu ne vas aller danser, je sais que tu vas plutôt rejoindre une personne...

— Écoute Kingston, ce sont mes affaires, pas le tien ! Je suis assez grande pour savoir nager dans ma merde !

Ma voix commence à monter en crescendo. Il faut vite que je me calme. Si ma mère ou Ofelia se réveillent, le plan est fichu.

— Je ne vais pas voir une personne dangereuse si tu veux savoir, dis-je d'une voix plus douce. Je dois juste mettre au clair quelque chose avec cette personne.

— Et qui est cette personne ? me demande-t-il d'une voix froide.

Je me mords la lèvre inférieure. Je ne peux pas lui dire, du moins, je ne veux pas qu'il sache.

— Une personne.

Kingston cache ses sentiments et hoche lentement sa tête. Je préfère quitter la maison à pas rapide.

Quand je démarre la voiture, je vois Kingston dans le rétroviseur et je déglutis avant de m'engager sur la route.

Durant le trajet, je tapote nerveusement mes doigts sur le volant, tout en réfléchissant à des horribles scénarios. J'ai peur, mais je suis en colère...

Fait chier ! Pourquoi je suis une humaine ?!

C'est horrible de ressentir ces émotions, c'est horrible de prendre sa responsabilité !

Tout ce que je veux actuellement, c'est de me sauter au-dessus d'une falaise.

Je gare ma voiture près de l'épicerie. Oui, c'est bien dans cet endroit merdique où j'ai mon tête à tête avec la tête de bite d'Enrique.

Je sors nerveusement de la voiture et toque à la porte de l'épicerie. Quelques secondes plus tard, un jeune homme l'ouvre et me jauge de haut en bas.

— C'est pourquoi ? demande-t-il d'une voix sèche.

Je lui souris pour cacher mon anxiété.

— J'ai besoin de trois tomates et de deux ananas.

Le jeune hoche la tête et me fait signe de le suivre. Oui, ça c'était un mot de passe.

Nous traversons un couloir étroit et la musique commence à s'entendre. En marchant, j'ai le cœur qui s'emballe de plus en plus. J'ai l'impression d'être en Enfer et je vais rencontrer le diable. Enrique est le diable.

Nous franchissons une porte et un autre monde s'offre à moi. Des personnes qui dansent, d'autres sont à poils, la musique à flots, l'alcool, la transpiration... C'est horrible, je veux déjà retourner chez moi.

— Je dois parler à Enrique, crié-je au jeune homme.

Il me fixe avec les gros yeux.

— Je suis... son ex-fiancée. Opal Lopez, annoncé-je, écœurée 

Le gars commence à balbutier et me fait signe de le suivre, une fois de plus. Nous montons des escaliers et entre temps, je touche le pendentif de mon collier qui est une croix du Christ.

J'ai encore l'opportunité de faire retour en arrière...

Putain Opal, porte tes couilles ! Tu dois affronter ton passé !

Nous entrons dans une salle VIP. Quelques personnes se retournent dans ma direction tandis que moi, je détourne mes yeux. Je me sens extrêmement gênée.

— Maître Enrique sera là dans quelques minutes, m'annonce le jeune homme.

Maître Enrique... eh bien, ses chevilles doivent bien gonflées ! Je n'hésiterai  pas de les faire exploser avec un putain de couteau et de les couper en rondelle.

Alors que le jeune homme s'en va, je m'adosse contre la balustrade et observe la foule au-dessous de moi. Ils sont tous fous, qu'est-ce que je fous entre ces fous...

— Opal Lopez en personne ! s'exclame une voix derrière moi.

Je me raidis et me pivote lentement avant de découvrir la pétasse numéro deux, Verena. Une des femmes de Enrique, autrement dit.

Depuis ma tendre enfance, Verena et moi nous ne sommes jamais entendu. Elle était jalouse lorsque j'attirais l'attention des autres et surtout celui d'Enrique. Même ma famille ne s'entend pas avec la sienne. Quand j'étais fiancée avec Enrique, j'ai entendu qu'elle était en cloque, mais de qui, je n'en sers rien.

— Verena, toujours aussi... pute, lâché-je en mirant sa tenue.

— Tu n'es pas mieux que moi, et puis ce qui se ressemble, s'assemble, miaule-t-elle en s'avançant de moi à pas de félin.

Verena est une blanche. Cheveux bruns comme de la merde et grande comme un lampadaire, je vais être franche avec vous, elle est assez jolie.

— Je ne suis pas une pute, dis-je pour me défendre.

Verena arque un sourcil avant de rire d'un rire strident.

— Tu étais une des putes d'Enrique, souligne-t-elle en claquant sa langue contre son palais. Qu'est-ce qui t'amènes ici ? Je croyais que tu t'étais barrée après ton mariage.

Je grince des dents et croise mes bras contre ma poitrine. J'ai envie de foutre mon putain de poing dans sa tronche.

— Revoir tout simplement la famille. Et toi ? J'ai entendu que t'étais enceinte avant que je me casse d'ici, soufflé-je.

Elle esquisse un grand sourire de vipère. Putain, je ne le sens pas...

Elle s'adosse contre la balustrade alors que mes pieds refusent de faire un pas.

— Oui, j'étais bien enceinte, d'un petit garçon, Ethan, dit-elle d'une voix bizarrement calme. Tu ne devineras pas qui est le père...

— Éric ? C'était le gars avec qui tu traînais le plus avant...

Elle explose de rire et pivote sa tête vers la mienne. Une leur étrange passe dans ses yeux.

Je déglutis.

– Éric... Éric est mort et je m'en fiche à vrai dire, soupire-t-elle en roulant des yeux. Le père de mon cher fils n'est qu'Enrique. Oui le Enrique qu'on connaît tous.

Je sens mes couleurs se perdent sur mon visage. Pa...Pardon ?

Le sourire de Verena s'agrandit, elle attendait ma réaction.

Avec combien de femmes Enrique m'a trompé ?

Même si tout cela est du passé, je me sens mal... j'ai du mal à respirer, surtout de rester près de cette vipère.

Je tourne mes talons sous les rires de Verena mais un regard azur me fait figer sur place.

— Opal, tu es enfin venue, s'exclame Enrique. 

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