Chapitre 31

Je claque la porte de ma chambre et refoule mes larmes en prenant une grande inspiration. Aller Opal, c'est Noël donc pas de pleurs...

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi, et rapidement je me retourne.

C'est Matthew.

Eh bien il a le toupet de rentrer dans ma chambre !

Putain je suis gênée maintenant. Enfin, c'est ma chambre quand j'étais ado, il y a des putains de posters collés sur chaque murs de cette chambre...

— Matthew...

— Ça va ? Je t'ai vu partir subitement, dit-il les sourcils froncés.

S'inquiète-il pour moi ?

Je ne sais pas, mais en tout cas, je me sens bizarre. Je souris pour lui montrer qu'il n'y rien à s'inquiéter.

— Un petit coup de blues, mais c'est passé bon  maintenant.

Il me fixe, sceptique, et s'approche de moi pour prendre ma main. Je le laisse faire, sans rien dire et son contact me fait frissonner.

— Opal, on a voulu de tout recommencer à zéro, on ne doit pas se cacher des secrets...

— Je te le dirai plus tard, soufflé-je. Je n'ai pas le courage de te le dire, là.

Un silence plane entre nous. Je regarde Kingston et il semble être dans ses pensées.

Est-ce que j'aurai le courage de tout lui dire ? Comme tous les autres êtres humains sur cette saloperie de Terre, j'ai des sombres secrets que je tente d'enterrer.

— Si tu ne veux plus venir au Costa Rica, c'est parce que ça te rend triste ? Il y a des personnes que tu ne voudrais plus voir ? me demande-t-il tout à coup.

Je déglutis et hoche lentement ma tête.

Putain, j'ai la forte impression que je devienne de plus en plus discrète sur mes secrets. Kingston est un homme intelligent, il peut trouver lui-même la raison pourquoi je ne veux plus revenir ici.

— Si on descendait ? Les invités doivent probablement nous attendre, dis-je pour changer de sujet.

*

Les cadeaux ouverts et des gosses heureux, nous passons enfin à table. Ayant retrouvée mon sourire grâce à ma cousine Oxana, je prends place à côté de Matthew.

Quelques minutes plus tard, ma mère se lève de table avec un grand sourire. Elle fait signe au DJ amateur qui est mon cousin d'arrêter la musique. Quand il y a le silence, elle s'exprime :

Mi familia, aujourd'hui je suis heureuse de partager ce repas de Noël avec vous. Pour qu'une fois la famille est au complet ! Et je suis si heureuse de voir mes enfants réunis là où tout à commencer.

Quand elle dit que « là où tout à commencer » c'est dans cette baraque que mon cher papa et maman nous a créer. Ouais, pas très glamour. Mais cette maison est tellement symbolique pour nous, c'est ici où j'ai tous mes souvenirs avec mon frère et avec ma famille.

— Depuis la mort d'Alejandro, c'est comme si la familia s'est disloquée. Owen est parti aux États-Unis, ensuite c'était sa soeur cadette... Mais ce soir, nous sommes tous là et je sais qu'Alejandro sera très heureux s'il nous voyait. Enfin, je vous souhaite un joyeux Noël !

Tout le monde applaudit et commence à se servir à manger. Tout en parlant de tout et de rien avec Kingston, je vois mon frère faire son entrée, suivit de sa petite-amie, Sélène. Celle-ci a le visage rouge, elle est gênée.

— Ah oui, je voudrais vous présenter mi novia : Sélène ! crie-t-il en  provoquant un silence.

J'avale de travers mon morceau de dinde et regarde le comportement de ma mère. Elle observe Owen, comme s'il sortait sur une autre planète et puis, son regard se converge sur la blonde.

Ouh... je pense que cette histoire va partir loin.

— No... novia ? (petite-amie)

Si.

Je me retiens à rire. Cette situation commence à me faire rire. Surtout la tête que fait mon frère. Il a perdu son sourire.

— Elle sait parler espagnol, au moins ?  s'inquiète ma mère.

— Maman...

— On parlera de tout ça après. Enfin, je lui ferais passer un petit entretien, coupe ma mère d'une voix neutre. Reprenez vos occupations.

Coup dur pour la Sélène.

Ma mère peut être parfois une chacal.

Alors que je mange tranquillement mon morceau de dinde, quelque chose passe rapidement dans ma tête.

— Dis, Matthew. Comment ça se fait que tu parles et  que tu comprennes l'espagnol ? demandé-je, surprise. Tu es latino ?

Le militaire m'observe un court moment et dépose sa fourchette.

— Ma mère adoptive est espagnol et mon père est américain, m'avoue-t-il. Elle parle beaucoup l'espagnol, du coup, je l'ai appris.

J'acquiesce. Mère adoptive ? Mais sa mère biologique ?

J'ose le demander :

— Tu as été adopté, Matthew ?

Son visage se rembrunit. Merde, je pense avoir touché une corde sensible.

— Non, ma vrai mère est morte, chuchote-t-il d'une voix pleine de colère.

Je décide de ne rien dire. Je sens un silence pesant entre nous. Putain, et moi qui voulait tout recommencer ! Je ne savais pas... enfin j'étais simplement curieuse. Mais on dirait que ma question ne lui ait pas plus.

Je relève ma tête dans la direction de la petite Alexa et celle-ci me semble étrange. Elle a perdu son air joyeux et enfantin... enfin, elle me semble malade. Je fronce mes sourcils et m'apprête de me lever pour la voir, mais le drame arrive subitement.

Elle tombe en arrière.

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