Un flux d'image m'envahit soudain. Qu'est-ce que ? Des images ? Ce sont des souvenirs. Mes souvenirs. Un souvenir lointain m'envahit soudain. Je me voyais, moi qui courrais à travers les feuillages derrières un garçon. Je jouais. J'étais enfant. J'avais à peine neuf ans. J'étais heureuse ou du moins je le semblais, car je souriais. Les traits de ce garçon me rappelaient vaguement quelqu'un, mais qui ?
Un bruit me ramène à la réalité. J'ouvre les yeux et me retrouve nez à nez avec Jude.
- Que fais-tu ici ? ! beugle-t-il à mon nez.
- Je... articulais-je prise de cours et effrayée.
Je reste stupéfaite et ouvre grand les yeux. Attendez, ce visage dans mon souvenir... Il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Jude. Tout coïncide. Ses yeux bleus glacés, sa bouche, ses cheveux blonds luisant à la lumière du soleil. Tout est clair à présent, limpide, mais alors, pourquoi-a-t-il changé autant depuis ce jour-là ? Que s'est-il passé après cette scène enfantine de notre enfance ?
Il me prend violemment le bras et me remet sur mes jambes. Il est si froid et distant en ma présence. L'atmosphère est pesante. Il me hait, je le sais. Mais ce sourire que j'ai vu il y a quelques secondes, pourquoi-a-t-il disparu ? J'aimerai le revoir, mais pourquoi ? Je le déteste pourtant. Ces yeux, ils étaient doux et gentils.
A côté de moi, je sens les conversations dont je suis exclue. J'entends les rires cristallins de Rosaline et Serena en discutant avec Jude. Maintenant, je sais que Jude fait exprès de rire à leur blague. Il sourit, car il doit sourire. Il cache ses sentiments, il est triste et se sent seule malgré son entourage.
Je sais qu'il me déteste quand il me regarde. Mais j'arrive désormais à avoir de la compassion pour lui. Lui qui vit parmi des sourires faux et des faux compliments. Au fond, je le plains, il doit être si triste. Je sais désormais qu'il me cache quelque chose. J'ai connu le vrai Jude, aux regards lumineux et aux rires enjoués.
Soudain, la marche s'arrête.
- Ne bougez plus ! chuchote Jude aux filles derrière lui.
Jude sort silencieusement son fusil et vise un ourson au pelage caramel. Mes mains se mettent à trembler. Je fronce les sourcils. Il ne va pas abattre quand même ? Le petit ne peut pas se défendre sans sa mère. Ce serait cruel.
Il ouvre le feu. Mon corps entier tremble et mes yeux se sont écarquille sur une image fixe. Mes oreilles bourdonnent et mon cerveau repasse en boucle le son du coup de feu. Je mets mes mains sur mes oreilles, essayant d'arrêter ce son abominable. Mais il n'arrête pas et résonne à la place dans chaque parcelle de peau de mon corps me faisant trembler de plus belle. Je ne veux plus l'entendre ! Arrêter ! Stop ! J'hurle et saute de cheval. Je tiens à peine sur mes jambes à cause de mes tremblements. Ce bruit, ce son, il ne m'est pas inconnu. Il semble être marqué dans ma mémoire. Gravé dans mon être. Comme un souvenir, un événement que jamais mon moi ne pourra oublier. L'effacer. Mon cœur tambourine tellement fort dans ma poitrine que j'en ai la nausée et une poussée de fièvre. Malgré cela, mes membres créent, façonnent un mouvement rapide. Une action me poussant à fuir l'auteur de ce bruit. A courir loin, à m'enfoncer dans la forêt, ignorant tout ce qui se passe derrière moi. Je slalome à travers les arbres. Les branches m'écorchent les bras, les genoux, et le visage. J'ai la peau égratigné de toute part et rougis par la couleur du sang. Mais je m'en fiche, cet instinct de survie me pousse à continuer à m'enfuir. Je trébuche sur une branche et tombe lourdement sur le sol en me bloquant pendant quelques secondes la respiration. Je tousse et reprends mes jambes à mon cou. Tout mon corps est en alerte comme si c'était moi l'animal et non l'ours.
J'entends des bruits de branche derrière moi. J'ai peur. Je suis couverte de boues et essoufflée. Je me cache derrière un arbre. Mon cœur bat tellement fort dans ma poitrine que j'ai peur qu'il explose. Mes poumons manquent d'oxygène. Je tousse à travers mes larmes. J'imagine l'ourson laissé pour mort. Je pleure adossés contre l'arbre son décès comme s'il était déjà plus de ce monde. J'entends une branche craqueter derrière moi. Je sursaute et oublie de respirer pendant quelques secondes.
- Amy où es-tu ? crie une voix rauque.
C'est lui. Je me souviens du coup de feu. J'étouffe un sanglot. Je reprends ma course. Le vent m'arrache les tympans et les branches me fouettent le visage. Il ne reste pratiquement rien de mes vêtements devenus lambeaux. J'ai laissé tomber mon casque dans ma course parmi les arbres.
Je m'arrête avant une sorte de précipice. Un peu plus et je tombais. Je me retourne, hésitante. Jude est là devant moi. Je recule et me met dos à lui. Son regard froid et inexpressif me fait peur.
- Amy ! Reviens c'est dangereux ! hurle-t-il.
- Ne m'approche pas ! dis-je en me tournant face au vide.
Si je tombe, c'est une chute de trente mètre de hauteur.
- S'il te plait ne bouge surtout pas ! hurle-t-il en s'approchant de moi.
Je me retourne le visage noyé de larmes. Je veux qu'il voie la douleur qui m'envahit. Je veux qu'il se sente coupable de ce qui m'arrive. Ce bruit a réveillé en moi une alarme dans mes souvenirs. Une alarme douloureuse et un souvenir que je ne me souviens pas, mais que seul mon corps se souvient pour l'instant puisque mon cerveau l'a effacé.
Il s'avance, je recule de plus en plus.
- Laisse-moi ! Va-t'en ! ! Laisse-moi tranquille ! j'ordonne les mains sur mon visage.
Mon pied est au bord de la falaise maintenant. Jude s'approche, il est à quelques mètres de moi désormais. Son visage trahissait son inquiétude. Pour une fois. La terre en dessous de moi s'ébrèche à chaque seconde sous le poids de mon corps.
- Amy je t'en supplie ne bouge plus. Je suis désolée, je ne savais pas que tu avais peur de ce bruit, supplie-t-il en me prenant dans ses bras.
Moi non plus je ne le savais pas. Je ne sais jamais rien.
Je tremble, mais la chaleur corporelle de son corps me réchauffe de l'intérieur. Me procurant un frisson presque douloureux mais chaleureux à la fois. Difficile à imaginer. Il me sert contre son corps, et moi, je me contente de pleurer sur son épaule comme une enfant.
- J'ai peur, ce bruit ne veut pas s'arrêter de résonner dans ma tête, murmurais-je tétanisée sans trop savoir pourquoi.
Puis, la terre sous mes pieds s'écroule et sans même avoir le temps de crier, mon corps tombe telle une pierre. A la dernière seconde, j'arrive à agripper la main que Jude me tend de toutes mes forces. C'est le seul fils qui me maintient encore loin du fond du précipice. Une main couverte de sang, de mon sang provenant de mes entailles à la main. Mais tellement puissante.
- Ne me lâche surtout pas, compris ? ! ! ! me dit-il à bout de force.
Cependant, je sens ma main glisser de la sienne. Ma vie ne tient désormais qu'à un fil, qu'à une poignée de main. Offert par mon pire ennemi, l'homme qui me déteste le plus. Pourquoi ? Lui qui me déteste au plus haut point, pourquoi vouloir me sauver ? Il devrait être heureux et faire exprès de me lâcher dans le vide. Il pourrait enfin se débarrasser de moi alors pourquoi s'entête-t-il à m'aider ? Je ne comprends pas... Je ne comprends pas... Des larmes ruisselle le long de mes joues, pas des larmes de douleur, mais des larmes d'accablements, de douleurs morales.
- Je vais te hisser compris ? m'explique-t-il, alors ne lâche surtout pas.
Je hoche la tête signe que j'ai compris malgré ma vue embué et lui offre un sourire. Un sourire sincère. Vrai. C'est la première fois que je lui souris. Mais avant même qu'il est pu faire un geste pour me hisser. La terre s'écroule sous ses pieds. Et, je tombe dans le vide en échappant un cri aigu.
Je me réveille sous des blocs de terre. Mes membres me font horriblement mal. J'ai mal à la tête et j'ai sans doute plusieurs côtes cassée. Ma vue se brouille de plus en plus et mon corps devient de plus en plus faible. Quelqu'un soulève le bloc qui m'écrase, mais avant même que je voie son visage, tout deviens noir.
L'air d'automne. Les feuilles orangées des arbres. Tout est merveilleux. Mon corps est aussi léger qu'une plume. Je volais au-dessus des arbres. Les couleurs autour de moi défilaient variant du rouge au jaune. C'était beau. Oui, Magnifique. Ici, je me sentais bien, tellement bien. Pourtant, depuis tout à l'heure, une douleur me brise le cœur, j'ai l'impression d'être tirée vers le haut. Et bizarrement, j'ai envie de savoir, de quitter ce rêve pour voir qui cela peut bien être, cette personne ou chose qui me demande de remonter encore plus haut. D'y découvrir l'inconnu...
Fin chapitre 6 ! La suite Jeudi ! Comme d'habitude si vous aimez mettez des étoiles jaunes et commentez !♥ ❤ Bisous à tous ❤ ❤
Dernière modification : 01/09/2017
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