。:゚Chapitre 9 ゚:。
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Quelque chose coule de mes lèvres, un liquide chaud au goût métallique. Je passe mon index sur ma bouche, révélant une belle tache d'un rouge aussi profond que les murs. Son odeur si singulière me pique doucement les narines, dérangée par le parfum du sang frais que je dois supporter depuis petite. Le paysage de mon doigt taché n'étant pas inconnu je ne m'affole pas, ce n'est nécéssaire de s'alarmer pour quelque chose qui finira par guérir avec le temps. Seul du sang coule, pas de larmes et pourtant c'est de la tristesse que je ressens en ce moment même. Mes yeux que je gardais baissés se relèvent pour tomber sur les sourcils froncés du noiraud, ses yeux turquoises ne semblent pourtant pas montrer une quelconque émotion. Bizarrement ses sourcils froncé indiquent qu'il n'est pas vraiment indifférent à ce qu'il se passe mais il devrait apprendre à retranscrire ses émotions dans ses yeux.
" — Pourquoi t'es-tu mordue ? Es-tu stupide pour faire ça ? "
" — Je préfère cette douleur là. " Je réponds mécaniquement.
" — Si t'as fait ça pour empêcher les larmes que tu retiens sache que c'est inutile, tu pleures déjà. "
| Muichiro |
Je ne comprends pas pourquoi elle réagit comme ça. Sa lèvre saigne, ses larmes qu'elle essayait de retenir coulent pathetiquement sur ses joues rosés mais son regard reste perçant comme celui d'un chat sauvage à qui on aurait marché sur la queue. Ses iris semblent m'insulter mais je n'y prête pas d'attention, qu'elle m'insulte si ça lui fait plaisir je ne reviendrai pas sur ma décision. Ses épaules tremblent légèrement sous le poids de sa supposée peine. Je m'inquiète de sa survie et elle devient triste, c'est à ne plus comprendre.
Je ne sais pas quel élant de gentillesse m'a poussé à agir mais je porte ma main à sa lèvre où des gouttes perlent une après l'autre pour couler le long de son menton. D'un geste rapide je retire les perles rubis et presse la plaie avec la manche de mon yukata, ses prunelles laissent défiler plusieurs émotions à la fois comme la tristesse à la surprise puis ses yeux brillent d'incompréhension.
" — Que faites-vous ? " Arrive-t-elle à marmonner malgré la gêne que représente mon pouce recouvert de tissu.
" — Je ne sais pas. "
" — Pourquoi ? " Insiste-t-elle.
Rapidement agacé je fourre mon doigt dans sa bouche pour la faire taire.
" — Tu parles trop "
Voyant l'exaspération apparaître sur son visage et les larmes s'arrêter je retire doucement mon pouce de sa bouche, le tissu légèrement mouillé de sang et de salive.
" — Tu m'expliques pourquoi tu pleurais ? Je n'ai fais qu'énoncer la vérité. " Demandé-je sans grande considération dans la voix.
" — Et la vérité blesse. "
" — Le mensonge aussi. "
Précipitemment, elle passe la manche de son yukata blanc sur ses lèvres et ses joues encore humides. Ruri finit par soupirer avant de s'adosser à la porte que je bloque toujours d'une main ferme, ses yeux défiant les miens.
" — Certaines jeunes filles qui travaillent ici sont souvent des enfants qui ont été vendu par leur famille en échange d'une bonne somme. En plus d'être perdue et déboussolée il faut savoir s'adapter et bien travailler si tu tiens à ta portion de nourriture. " Raconte-t-elle, son regard menaçant de se perdre dans mes iris turquoises
" — C'est l'histoire de l'autre brune ? "
" — Non, c'est la mienne. "
Je ne comprends pas... Comment peut-elle se montrer aussi impassible ? On dirait presque que c'est... Normal ?
" — Tu peux te lâcher, de toute façon je vais oublier. "
" — Je ne suis pas quelqu'un qu'on a voulu. Comme tu le sais déjà je fais partie ou plutôt faisait partie de la famille Miyamoto, des samouraïs reconnus. Mon géniteur est le chef de la famille et à cause de problèmes financiers, il m'a vendu à une maison close, bien que dégoûté car j'étais la seule enfants à avoir un peu de potentiel en art martiaux. Un jour j'ai fugué jusqu'à Edo, c'est là que j'ai rencontré Suma. "
Une famille d'art martiaux... Il me semble avoir connu quelqu'un qui disait que les gens de cette trempe sont tous égoïstes.
D'un coup, je me surprends à l'enlacer. Sur le moment, je ne pense qu'à deux choses. La première, qu'elle est très fine – peut-être un peut trop – et la deuxième, qu'elle tremble plus que je ne le pensais.
" — C'est cruel de faire ça après avoir parlé sur un ton glacial. " Murmure-t-elle en réfugiant sa tête dans mon cou.
Ses cheveux... Ont une odeur bizarre... On dirait ce que nous avait présenté le pilier de l'amour.
Je fronce légèrement les sourcils. Quelque chose me semble étrange.
" — De la teinture ? " Demandai-je, sans vraiment attendre de réponse.
À l'instant où ces mots franchissent mes lèvres, je sens son corps se tendre dans mes bras. Ai-je visé juste ? Mon instinct me pousse à vérifier. Avec la main que je tenais contre sa taille, je la tire doucement vers la salle d'eau, juste en face. La bassine est encore pleine d'eau chaude, et sans la prévenir, je la guide vers l'intérieur. Elle proteste faiblement, mais je suis déjà concentré sur ce qui se passe sous mes yeux.
L'eau transparente devient progressivement noire, comme de l'encre. Son visage pâlit, une preuve silencieuse de son malaise alors que la teinture s'efface lentement de ses cheveux.
" — Des mèches bleues... ? " Je murmure, surpris.
Ses cheveux sont magnifiques, d'un bleu profond, presque lumineux sous la lumière tamisée de la pièce. Je ne comprends pas pourquoi elle a voulu les dissimuler. C'est comme cacher une pierre précieuse sous une couche de poussière.
" — C'est... le symbole de la famille Miyamoto. Mais je n'en fais plus partie officiellement, alors je n'ai pas le droit de les garder. " Explique-t-elle doucement, lisant la question muette dans mes yeux.
Je reste silencieux un instant, observant les ondulations de sa chevelure bleutée. Malgré sa justification, je ne peux m'empêcher de lâcher :
" — C'est beau. "
Je me rends compte trop tard que j'ai pensé à voix haute. Ses joues se teintent aussitôt de rose, et je ressens une drôle de satisfaction en voyant cette réaction.
" — M-merci... Vous aussi... euh, je veux dire, vos cheveux sont beaux ! " Bégaye-t-elle, son visage virant au rouge écarlate, trahissant son embarras.
Je lutte contre un sourire qui menace de se former. C’est mignon, presque touchant. Un vrai petit chaton.
Ma main se tend d’elle-même vers ses cheveux, caressant doucement ces mèches désormais libérées de l'encre sombre. Elles sont soyeuses, brillantes, bien plus belles ainsi.
Je la regarde un instant en silence. Peut-être que je devrais retenir cette remarque pour plus tard. Je pourrai l’utiliser pour la faire taire à l'avenir, qui sait...
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