。⁠:゚Chapitre 2 ゚⁠:⁠。

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Pour la énieme fois depuis les premiers rayons de l'aube mon bokken (*) frappe les manequins. Le visage trempé par l'effort et la respiration sacadée je me redresse pour viser à nouveau un corps en bois.

   " — Tiens, bois un peu d'eau. C'est important de s'hydrater. " M'interompt une voix aiguë.

Je me retourne, à bout de souffle et récupère la gourde pleine d'eau fraiche qu'Hinatsuru m'a ramené.

  " — Merci. Tu t'en sort avec l'autre ? "

  " — L'autre ? "

  " — Ne fais pas comme si tu ne m'avais pas comprise, je parle du pilier. "

La noiraude sourit puis me caresse gentillement la tête.

  " — C'est un pilier, tu lui dois le respect. Allez va prendre une douche, le petit déjeuner est bientôt prêt. Ce serait dommage de laisser « l'autre » tout manger n'est-ce pas ? " M'intime-t-elle.

Cette femme est vraiment dangeureuse... Toujours le mot qui embobine l'interlocuteur. C'en est presque flippant... M'enfin, je l'écoute et file dans la salle d'eau, je crois que c'était sa manière de me dire que je ne sens pas la rose. Je fais chauffer l'eau et remplis le bassin en bois du liquide chauffé avant de me glisser dedans, une savonette à la main. Mon corps mousse sous le passage du savon au yuzu (*), retirant les impuretés et les mauvaises odeurs de transpiration. J'admets qu'une fois rincée et séchée on se sent bien plus légère...

Je laisse mes cheveux tomber dans mon dos, couvrant le motif de fleur qui se trouve à l'arrière du kimono que m'a offert Suma pour fêter mon arrivée au domaine du son en tant que diciple et seule enfant de la maison d'un homme qui possède quand même trois femmes...

  " — Eh chibi, la dame t'appelle pour manger. " Me prévient le pilier.

  " — Mer-ci beau-coup, que ferai-je sans toi ? "

  " — Vous. " Corrige-t-il de son habituel ton détaché de la réalité.

  " — Hein ? " lâché-je incrédule.

  " — Respecte moi, tu es peut-être une kinoe (*) mais je reste un pilier, mon temps sera toujours toujours plus precieux que le tiens. "

  " — De toute façon VOUS allez oublier cette OFFENSE dans moins de deux minutes alors pourquoi chipoter ? " Je réponds, ne retenant plus l'amertume dans ma voix.

Il ne me répond pas et se contente de partir, encore.
Ça m'agace, il n'y a que la vérité qui blesse j'en suis consciente et il a raison dans les grandes lignes mais ce n'est vraiment pas la politesse qui l'étouffe.  J'éspère qu'il va avaler son riz de travers, peut-être qu'il machera un peu plus ses mots quand il parle.

Sur le pas de course je me rends dans la salle à manger où les deux s'étaient déjà installé et il y a... Suma ?!  Mais que fait-elle là ?

Je sens une pression sur mon front. Mes yeux se relèvent instantanément pour voir le doigt de Suma entre mes arcades sourcilères.

  " — Ruri-chan, ne fronce pas les sourcils, tu vas avoir des rides enfin ! " Me réprimende-t-elle gentillement.

Je me laisse tomber à genoux à côté de Suma, un large sourire sur mon visage alors qu'elle caresse doucement mes cheveux. La tension de la matinée commence à se dissiper, remplacée par une sensation de confort et de chaleur.

  " — Où sont Uzui-sensei et Makio ? " Demandé-je, espérant qu'elle ne reparte pas en mission de sitôt.

  " — Tengen m'a dit de rentrer en premier, ils vont se charger des préparatifs d'une prochaine mission... "

  " — Sinon, votre mission consistait à quoi ? " Questionné-je pour lancer la discussion tandis que je me sers.

  " — Oh rien de particulier, une lune inferieure a été apperçue dans une montagne, on est aller s'occuper de son cas. "

Elle commence à me décrire le démon, me parlant de sa peau pâle, ses yeux rouges ou encore de sa coiffure étrange avant de me raconter à quel point il avait un mauvais caractère. Quand la jeune femme aux cheveux bicolores finit son discours, le silence se réinstalle l'espace d'un instant, seulement interrompu par la pluie de dehors et les tintement des couverts.

Suma et Hinatsuru sont en pleine discussion quand je sens un regard lourd à porter sur moi. Les yeux vides d'émotions de Tokito-dono me parylisent deux minutes, mes iris bleues dans les prunelles turquoises de mon aîné. Je n'arrive pas vraiment à savoir à quoi il pense ni si c'est vraiment moi qu'il fixe mais bizarrement le fait que son regard soit aussi simple me calme un peu... Et ça me gêne de ressentir ça alors qu'il peut être agassant comme peu de personne le sont. C'est je crois l'un des invités les plus difficiles à côtoyer que le domaine du son ait accueillit. Il fait la paire avec Dame Kochō qui me met mal à l'aise à cause de son sourire forcé. Bon j'admets que Shinazugawa-dono est assez énèrvant et idem pour le pilier du serpent, ils sont tous deux difficile à supporter mais chacun pour des raisons differentes. En soi je ne déteste pas Iguro-dono, après tout ce n'est pas de sa faute s'il n'aime pas la compagnie féminine ou s'il a une famille abominable. Comme on dit, on ne choisit pas sa famille.

  " — Arrête de me fixer, c'est malpoli. "

À ses mots, une veine gonfle sur mon front, prenant l'expression d'une Kochō en colère. Et mince son comportement malaisant commence à détindre sur moi...

  " — Arrête de me donner des ordres. Je n'aime pas ça. "

  " — J'en ai quelque chose à faire peut-être ? "

  " — Oui. "

  " — Si tu le dis. " Il se tourne ensuite vers Hinatsuru et désigne un yakisakama (*) " J'ai oublié son nom mais c'est très bon. "

Je reste choquée de mon côté. La femme lui sourit, ce que je suis actuellement incapable de faire, et lui propose de se resservir. Suma me frotte le dos et me dépose un morceau de tsukemono dans mon assiette à l'aide de ses baguettes, le tout d'un geste habile et précis. Je relâche mon expression boudeuse pour manger un concombre, dardant toujours Tokito-dono d'un regard légèrement amère.

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(*) bokken : littéralement " sabre de bois ", il s'agit d'un katana en bois souvent utilisé dans les entrainement martiaux.
(*) yuzu : agrume asiatique.
(*) kinoe : rang le plus élevé dans la hierarchie des pourfendeurs de demons.
(*) yakisakama : poisson grillé, généralement du saumon ou du maquerau, ( en l'occurence, ici c'est du saumon ).

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