Chapitre 44

Il y eut un long silence après l'exclamation de Harry, puis Hermione soupira.

— Tu es injuste.

Harry haussa les épaules, buté.

— Vraiment ? Alors pourquoi ai-je l'impression d'être un enfant réprimandé par ses parents ? Je suis adulte, je peux prendre mes propres décisions, non ?

Hermione pinça les lèvres, avant de siffler, les yeux plissés.

— Si tu es un adulte, comporte-toi en adulte ! Bon sang, Harry, tu ne peux pas demander ta confiance quand tu as un comportement destructeur depuis des années !

Harry se figea et cligna des yeux, perplexe.

— Quoi ?

Hermione renifla, avant de répondre.

— Tu passes tellement de temps au Ministère que certains pensent que tu y dors. Tu te jettes sur les missions les plus dangereuses, tu ignores les conseils et les avertissements. Tu es probablement l'Auror qui a terminé le plus souvent à Sainte Mangouste puisque tu n'as aucun sens de l'autopréservation. Dois-je continuer ou est-ce suffisant pour te faire comprendre la réalité ?

Harry grimaça et il se passa les mains sur le visage. Puis, il répondit doucement, le regard dans le vague.

— Je fais juste... je faisais juste ce qu'on m'a appris depuis le début.

Hermione hoqueta et plaqua la main sur sa bouche. Harry haussa les épaules, avant d'ajouter tranquillement.

— Je crois que je ne m'en rendais pas compte, en fait. Mais... j'ai finalement ouvert les yeux. J'avais besoin de vacances pour... changer tout ça.

Après une brève hésitation, Harry reprit, parlant toujours d'une voix douce, perdu dans ses pensées.

— Je devais le faire seul. Je sais que vous avez toujours été là pour moi, mais... les choses changent, n'est-ce pas ? Nous sommes adultes, et ce ne sont plus des aventures d'enfant. J'avais aussi des décisions à prendre et j'avais besoin d'y réfléchir sérieusement.

Hermione le dévisagea avec suspicion, avant de demander, un peu sèchement.

— Alors, qu'as-tu décidé ?

Harry eut un bref sourire.

— J'ai décidé que je devais remettre de l'ordre dans ma vie.

La jeune femme marmonna entre ses dents, tandis que Ron plissait les yeux, pensivement. Finalement, il intervint.

— C'est à cause de Ginny ?

Harry cligna des yeux, perplexe.

— Comment ça ?

Ron roula des yeux et insista.

— L'article de la Gazette. Ses mystérieuses fiançailles.

Harry sourit, amusé.

— Non, Ron. Ma conversation avec Ginny m'a probablement aidé à ouvrir les yeux sur un certain nombre de choses, mais... mes décisions ne sont pas liées au fait que ta sœur soit amoureuse et heureuse.

Ron lui lança un regard dubitatif et il haussa les épaules. Hermione leva un sourcil inquisiteur.

— Mais il y a quelqu'un.

Harry rougit légèrement en gardant le silence, mal à l'aise. Hermione poursuivit, les sourcils froncés, réfléchissant.

— Au début, j'étais prête à parier que c'était une histoire avec Malefoy. Vous étiez tous les deux, après tout, et il t'a frappé en apprenant que tu avais menti, non ?

Ron marmonna, visiblement mécontent.

— Ouais, épargne-moi les détails, par pitié...

Hermione eut un bref sourire, avant de lancer un regard perspicace en direction de Harry.

— Cependant, même si je n'ai pas entendu votre conversation en détail, j'ai eu l'impression que tu parlais d'une autre personne avec lui. Quelqu'un proche de Malefoy. Quelqu'un qu'il protège, non ?

Harry se redressa, et lui lança un regard noir.

— Si tu le sais, pourquoi insister et retourner le couteau dans la plaie ?

Hermione haussa les épaules.

— Je ne sais pas de qui nous parlons en ce moment. Ni pourquoi tu sembles agir comme si c'était la fin du monde.

Harry hésita, puis il ferma les yeux un instant avant de souffler.

— Théo. Théo Nott.

Ron émit un halètement surpris.

— Nott ? Comme le...

Harry grogna aussitôt, le regard noir.

— Mangemort. Oui. Mais il n'est pas son père.

Hermione posa une main sur son bras pour l'apaiser, presque machinalement, puisqu'elle semblait fouiller ses souvenirs, les sourcils froncés.

Finalement, elle marmonna.

— Nott... il était à Serpentard, notre année. Bon élève, non ? Il était en arithmancie avec moi, je crois.

Harry se frotta les yeux, alors que Ron le fixait un instant, les yeux plissés.

— Et pourquoi tu n'as rien dit ?

Le jeune homme cligna des yeux, un peu surpris.

— Quoi ? Tu voulais que j'en parle à quel moment ?

Ron secoua la tête, avant de préciser, maladroitement.

— Je parle du fait que tu préfères les garçons. Tu nous as laissés croire que... qu'il y avait un truc avec Ginny toutes ces années, tu aurais pu... donner une explication.

Harry secoua la tête.

— J'ai toujours dit qu'il n'y aurait rien avec Ginny, mais ta mère était persuadée que... bref, peu importe. Et je n'ai rien dit parce qu'il n'y avait rien à dire. Je suis juste... j'ai juste... rencontré Théo et j'ai su que... Que c'était lui. C'est tout.

Ron écarquilla brièvement les yeux, tandis qu'Hermione le dévisageait avec surprise. Elle demanda, perplexe.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Harry rougit et il gratta le bois de la table d'un air distrait en évitant de regarder ses amis.

— Il... c'est lui qui m'a récupéré dans l'Allée et qui m'a conduit chez lui. Il m'a soigné et il a été vraiment... gentil. Au début, j'étais reconnaissant, tu vois ? Je l'appréciais vraiment et je me disais que... nous pourrions être amis. Mais plus j'apprenais à le connaître, moins j'avais envie de m'éloigner de lui. Je...

Harry s'interrompit, les sourcils froncés, alors qu'il cherchait ses mots. Finalement, il soupira.

— Je me sentais en paix avec lui. À ma place. Je n'avais pas vraiment compris jusqu'à l'article de la Gazette au sujet de mes... prétendues fiançailles avec Ginny. Théo n'arrêtait pas de me repousser en disant qu'il ne voulait pas profiter de moi alors que j'étais amnésique, que je devais penser à ma famille dans le monde réel et... et moi je m'accrochais à lui, parce que l'idée d'une vie sans lui me donnait l'impression de me noyer. J'étais prêt à tout abandonner, pourvu que je puisse avoir plus de temps. J'ai tenté de lui faire comprendre à quel point il était spécial, et je l'ai embrassé... mais il... peu importe.

Le jeune homme resta quelques instants le regard dans le vague avant de reprendre.

— Je pensais avoir un peu plus de temps, mais Théo a été blessé et... j'ai pris la décision d'arrêter l'agresseur avec Drago. La suite... tu la connais, non ? Tu as débarqué, mes mensonges m'ont explosé en pleine figure et Théo me manque à un point que je n'imaginais pas possible.

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