Chapitre 14: À m'asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi...

Les lumières s'éteignent complètement et le film commence.
Je jette un coup d'œil à Jonathan, installé juste à côté de moi, avant de reporter mon attention sur l'écran géant.

Tout va bien, on est là pour se détendre...
Je m'enfonce dans mon siège et cale mes bras sur les accoudoirs.
Il faut vraiment que j'arrête de me prendre la tête pour un rien.

Comme d'habitude dans ce genre de film, l'histoire parle en gros d'un danger interplanétaire qui menace l'humanité et qui apparaît comme par hasard aux États-Unis; avant que, toujours comme par hasard, quelques héros justement des États-Unis nous sauvent du danger, évitant ainsi l'extinction de l'espèce humaine.
Pour faire un résumé encore plus résumé, en gros c'est l'Amérique qui sauve le monde, rien que ça.

Bref. Nous en sommes à la phase où tout semble perdu, mais où en fait non, parce que paf! Retournement de situation grâce aux bons sentiments des protagonistes qui puisent dans leurs dernières ressources pour vaincre l'ennemi.

Et c'est à ce moment que Jonathan essaie de caler son bras sur l'accoudoir... avant de heurter de mien. Ce qui fait que nos mains s'effleurent. Je rougis en me disant qu'il n'y a pas plus cliché comme situation.
Il semble hésiter un moment, avant d'enrouler ses doigts autour des miens.

Je ferme les yeux.
Je crois que mon cœur va exploser.
Saleté de folle dans ma tête qui m'a embrouillée. C'est de ta faute si ça me fait bizarre maintenant. Et je sais que tu entends mes pensées alors ça veut dire que tu fais la sourde oreille. Je te hais.

Nous restons ainsi jusqu'à la fin du film où, oh bah ça alors quelle surprise, les protagonistes gagnent et bim! Happy end, avec des arcs-en-ciel et des licornes qui font des câlins à des bisounours.
Les lumières se rallument pendant que le générique défile.

- Ça t'a plu? s'enquiert Jonathan.

- Les effets spéciaux étaient vachement bien faits et l'image était très travaillée. L'univers était plutôt esthétique.

Il rit.

- Mais par rapport à l'histoire?

- Bah... Comme d'hab. Les États-Unis sauvent la planète, tout le monde est heureux, la routine quoi.

Nous rigolons ensemble.

- Je dois avouer que tu n'as pas tout à fait tort, concède-t-il.

- Ouais mais l'avantage c'est que c'est pas prise de tête!

- Ah bah ça c'est sûr!

Nous sortons de la salle, toujours de bonne humeur.

- Ça te dit un petit resto? me propose Jonathan.

- Oh hum, je ne voudrais pas te déranger et... bafouillé-je en faisant des gestes avec mes mains.

- Mais si je te propose c'est que ça me ferait plaisir patate! dit-il en m'ébouriffant les cheveux. Alors?

Je le regarde d'un air faussement inquisiteur.

- Mmh... Et c'est toi qui paye au moins?

- Haha! Bien sûr, je t'invite andouille! C'est le principe même du verbe inviter.

- Ok alors!
J'accélère le pas en faisant une démarche de diva.

- Bah alors, tu viens ou quoi? dis-je en imitant les cruches.
Il me rattrape et me donne un coup de coude en rigolant. Je fais de même.

Nous arrivons une dizaine de minutes plus tard à une brasserie qui a l'air plutôt sympa.
Jonathan m'ouvre la porte et me laisse entrer à l'intérieur avant de refermer et de rentrer à son tour. Wow, un vrai gentleman. (Même si dans les vraies règles de galanterie, l'homme est censé rentrer avant la femme pour vérifier si l'endroit est assez convenable pour elle. Mais ça, personne ne le sait car tout le monde s'en fout.)

Une serveuse arrive et Jonathan demande une table pour deux, avec une voix plus grave que d'habitude.

- J'ai toujours rêve de faire ça, m'avoue-t-il à l'oreille.

Nous nous installons et la serveuse nous apporte les menus.
Je choisis un bon gros steak tartare accompagné de frites maison, et Jonathan commande un lieu (c'est un poisson) avec des frites aussi.
En attendant que les plats arrivent, nous discutons. Puis nos repas sont servis, et nous nous mettons à manger.

- Dis Johanna...

- Moui?

- Hum... Et bien... Je sais que tu n'as pas forcément envie d'en parler et si tu ne veux pas c'est pas grave hein mais...

- Tu veux parler de mon amnésie c'est ça?

- Oui.

Je pose mes couverts.

- Qu'est-ce que tu veux savoir?

- Comment est-ce que tu l'as vécu? Ou plutôt, comment est-ce que tu le vis?

- Eh bien... Au début j'étais franchement perdue. Tous ceux autour de moi semblaient me connaître, alors que pour moi ils étaient de parfaits inconnus. Ils me connaissaient même mieux que moi-même. Alors, en réaction à ça, je me suis petit à petit refermée sur moi-même, je suis devenue plus froide et distante. J'ai aussi constaté que par rapport aux témoignages que me donnait mon entourage, mes goûts avaient complètement changé. En fait, c'est comme si j'étais devenu quelqu'un d'autre. Au bout d'un moment je n'en pouvais plus; alors j'ai demandé à mes parents de changer de lycée, pour tout repartir de zéro sur le plan social. J'avais besoin d'un changement d'air. On peut dire que ça a réussi, je me sens beaucoup mieux maintenant. La suite, tu la connais.

- Je vois...

J'hésite à lui parler des phénomènes étranges qui m'arrivent (comme pouvoir parler à des oiseaux ou communiquer avec une autre personne dans ma tête), mais je me résigne finalement à ne rien dire. Il me prendrait pour une folle et c'est la dernière chose que je souhaite. De plus, je ne sais même pas si l'autre Johanna serait d'accord.
Nous finissons notre repas en continuant à parler de choses et d'autres.

Quand nous sortons du restaurant, Jonathan me propose de s'asseoir un peu sur un banc du parc et profiter de la fraîcheur de la nuit. J'accepte.
Nous nous rendons au parc et nous asseyons sur un vieux banc en bois.

- J'aime beaucoup la nuit, pas toi? me demande Jonathan.

- Si. Parfois je me demande même si je ne suis pas un animal nocturne, plaisanté-je.

Je ferme les yeux et laisse l'air frais emmêler mes cheveux. Ça fait du bien.
Soudain, je sens quelque chose de doux m'effleurer les lèvres. J'ouvre rapidement les yeux, et je me rends compte que Jonathan est juste en train d'écarter son visage du mien.

- Oups, dit-il. Je suis repéré.

Je porte ma main à mes lèvres.

- Tu...

- Non, ne dis rien! s'exclame-t-il.

- ..?
- S'il te plaît. Considérons simplement que c'était un moment d'égarement de ma part, ok?

- Ok...

Après cet « incident », nous sommes tous les deux aussi gênés l'un que l'autre.
Mon cœur bat la chamade.
Fichu cœur.

Je parcours le parc du regard. En tournant la tête, quelle n'est pas ma surprise quand je vois... la chouette.
Oui, cette même chouette qui m'avait parlé de vérité ou je-ne-sais-quoi.

« Tu passes une bonne soirée? » questionne-t-elle.

« Oui, très bien merci. » je réponds simplement.

« Tant mieux. Parce que cette tranquillité ne va pas durer. »

Je n'ai même pas le temps de réfléchir sur ce qu'elle vient de m'annoncer qu'elle s'envole.
Je me retourne vers Jonathan. Il me regarde bizarrement.

- Euh... Jonathan?

- Tu... Tes yeux...

- Quoi mes yeux?

Il fronce les sourcils et secoue la tête, comme s'il essayait de se convaincre de quelque chose.

- Pendant un instant, je... J'ai cru voir...

- Mais quoi?

Il reprend contenance et dit:
- Pendant quelques secondes, tes yeux ont brillé d'une lumière violette.








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Heyy!!
J'ai toujours rêvé d'avoir les yeux violets, pas vous? Dommage que ça n'existe pas... :')
Sur ce, à la prochaine!
- Nalvera

PS: Au total on a dépassé les 100 vues! (Au moment où j'écris il y en a 112) Je sais que ce n'est pas beaucoup, mais ça me fait quand même hyper plaisir!! Alors voilà, je tenais à vous remercier ^^

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