Chapitre 11: C'est embêtant d'expliquer aux gens
- Mais où est-ce que tu étais hier?
- Tu veux pas me laisser m'installer tranquillement avant de me harceler de questions?
Léa M. fronce les sourcils et tape du poing sur ma table.
- On était tous inquiets pour toi! Tu as disparu soudainement, personne ne savait où tu étais, même pas tes parents! Et toi tout ce que tu trouves à dire quand tu reviens, c'est un simple « mais il ne s'est rien passé voyons! »?
- Calme-toi Léa, lui dis-je (j'ai l'impression qu'elle va faire une crise d'hystérie). Tout va bien maintenant...
Soudain le doute s'insinue en moi.
- Attends... Léa, qu'est-ce que tu veux dire par « mes parents ne savaient pas non plus »?
- On est allé chez toi à la pause de midi pour te rendre visite. Sauf que tu n'étais pas là, alors on leur a demandé pourquoi et où tu étais mais ils ne savaient pas non plus. Mais ce qui m'a le plus étonnée, c'est qu'ils n'ont pas paniqué, ils n'ont même pas paru étonnés. Ils ont accepté le fait que tu aies disparu très calmement.
Je garde le silence.
Si mes parents ont réagi ainsi, ce doit être parce qu'ils se sont doutés que je n'allais pas bien récemment (notamment à cause de mon amnésie) et que j'ai dû sécher ou quelque chose dans le genre.
D'un côté, je loue mes parents pour leur ouverture d'esprit incroyable et qui m'étonnera toujours. D'un autre côté, je leur en veux car maintenant mes amis se doutent qu'il y a quelque chose de louche...
- Écoute, finis-je par dire, hier c'est juste que j'allais pas bien, du coup j'ai séché. J'étais franchement déprimée pour une raison que j'aimerais garder pour moi, et je n'ai vraiment pas envie d'en parler. Je te prierais donc de ne plus me poser de question à ce sujet, surtout que maintenant je me sens beaucoup mieux.
Léa fronce encore les sourcils quelques instants, semble hésiter sur la marche à suivre puis finit par hocher la tête l'air de comprendre.
- OK, dit-elle, mais la prochaine fois que ça arrive, tu ne m'empêcheras pas de te faire subir un interrogatoire.
***
Évidemment, j'ai dû expliquer tout ce que je venais d'expliquer à Léa M. aux autres. Heureusement, personne ne m'a posé plus de questions. Je crois que je n'aurais pas pu le supporter.
Même les 4 fantastiques (enfin surtout Lucas) m'ont demandé où j'étais passée.
Enfin bref, c'est la pause déjeuner et je fais la queue au réfectoire avec les deux Léa.
Soudain, une main m'attrape par le bras et une voix masculine lance un « désolé je vous l'emprunte » aux deux Léa.
Je me retrouve donc au début de la file d'attente, face à Jonathan.
- Euh... oui? hésité-je en voyant son air soucieux.
- Jo...
- ... Quoi?
Nous nous servons et nous installons à une table.
- Écoute, je sais que tu n'as pas envie d'en parler, bla bla bla, mais qu'est-ce qu'il y avait hier?
- Jonathan... Tu sais très bien quelle sera ma réponse.
- Honnêtement, j'ai l'impression que depuis le début tu ne me dis jamais rien! À chaque fois je suis obligé de te tirer les vers du nez pour que tu me dises la vérité, ou ne serait-ce qu'un bout de la vérité!
La vérité, la vérité... C'est un mot qui envahit trop mes pensées ces derniers temps.
- Alors Johanna, laisse-moi reformuler ma question: qu'est-ce que tu as? reprend-il.
- Rien. Hier je me suis réconciliée avec moi-même.
- Ce qui signifie que tu étais en colère contre toi-même?
- Non. Que j'étais perturbée, tourmentée... Je savais plus trop où j'en étais. Alors je suis allée au parc, j'ai grimpé dans un arbre, et j'ai réfléchi toute la journée. Ça m'a apaisée, et maintenant j'ai l'impression qu'il n'y a presque plus aucun problème.
- « Presque »?
- ...
- Jo... Tu sais que tu peux tout me dire. Je t'ai bien dit à propos de ma sœur!
- ...Désolée.
Il soupire en se recalant dans sa chaise.
- Tu sais, tu es la seule de toute l'école à qui j'en ai parlé.
- Tu ne l'as même pas dit à Erwan? (C'est son ami le plus proche)
Il secoue la tête.
- Oh... Hum... Merci. Franchement, ça me fait plaisir de voir que tu me fais autant confiance. Mais... Je suis désolée.
- Jo...
- Si j'ai changé d'école en milieu d'année, c'est à cause de ça. Tout le monde était au courant et ça me polluait. Soit ils en avaient rien à cirer et n'avaient aucune considération pour moi, soit ils en avaient limite trop et leur pitié m'agaçait. J'ai pas envie que ça recommence.
Jonathan réfléchit un instant avant de prendre la parole.
- Est-ce que tu as changé de comportement quand je t'ai dit ce qui m'était arrivé?
- C'est pas la mêm...
- Réponds à ma question.
- ... Quelque part, oui.
Il me lance un regard sceptique du genre « mais tu te fous de moi là? ».
- Bah euh... Si, me justifié-je. Je suis devenue un peu plus sympa avec toi.
- OK, je vais dire ma question autrement: est-ce que tu as ressenti de la pitié vis-à-vis de moi? Est-ce que, subitement, tu t'es mise à me jeter plein de regards de compassion à longueur de journée?
- Non.
- Bah voilà. Et je ferai pareil avec toi.
Un silence s'installe pendant quelques minutes. Je finis par le briser.
- Je vais t'en raconter une partie.
Il ne m'interrompt pas et me laisse continuer.
- Ce n'était pas le cas quand j'étais dans mon autre lycée et c'est assez nouveau donc c'est différent, mais c'est lié. En fait, pendant une semaine j'ai fait le même rêve, à chaque nuit. Il revenait sans arrêt. Il était très étrange et perturbant. La nuit qui précédait hier, pour la première fois je suis réellement intervenue dans mon rêve. J'en ai changé le cours. Et celui-là était encore plus perturbant que les autres. Il remettait en question tout mon univers. Et... c'est en grande partie à cause de ça si hier j'ai eu besoin d'être seule un moment.
- Je vois... dit-il en soupirant. Je suppose que tu ne m'en diras pas plus alors je vais me contenter de ça pour l'instant.
- Merci.
Il me regarde le plus sincèrement du monde avant de me répondre:
- Mais ne nous refais plus jamais ça.
***
J'adore le week-end, pas vous? Pendant ces deux jours je peux faire tout ce que je veux, quand je veux.
Pourquoi cette réflexion sur le week-end, vous demandez-vous sûrement. Eh bien tout simplement parce qu'aujourd'hui c'est samedi. Et samedi est un de ces deux fameux jours sacrés.
- Dis ma chérie, commence ma mère, est-ce que tu pourrais aller m'acheter quelques fruits au marché s'il te plaît?
- Euh oui bien sûr, de quoi est-ce que tu as besoin?
Maman me tend alors une liste.
- J'ai tout écrit là.
- OK, alors j'y vais! lancé-je en franchissant le pas de la porte.
***
Non seulement ma mère m'avait demandé des fruits, mais aussi du lait, des légumes, des œufs, du fromage... Bref, la liste était longue. Je reviens donc une heure plus tard à la maison.
- Je suis rentrée!!!
Et lorsque je relève la tête, quelle n'est pas ma surprise quand je vois les deux Léa, Jonathan et ma mère autour d'une table dans le salon!
Il semblerait qu'ils étaient en train de parler.
Et au vu des têtes consternées et coupables qu'ils font en me voyant, je me dis qu'ils parlaient peut-être de moi.
- Hum... Maman je t'ai ramené tout ce que tu avais demandé. Et euh... Qu'est-ce que vous faites là? demandé-je à mes camarades.
- Écoute Johanna... commence ma mère. C'est juste que... hum...
- Oui?
J'ai un mauvais pressentiment.
- Eh bien... Tes camarades sont venus, on a commencé à discuter et... Oh désolée ma chérie je sais que tu n'aurais pas voulu...
J'ai un très mauvais pressentiment.
J'ai peur de comprendre ce qu'elle essaye de me dire.
Je serre les poings et les dents, avant de hurler, au bord de l'explosion:
- MAIS VOUS PARLIEZ DE QUOI BON SANG???!!
————————————
Hey!
Ça y est, on a dépassé les 10 chapitres, ouiiiiii!!!!
Je ne sais pas combien il y en aura encore mais je pense que l'histoire ne devrait pas dépasser la vingtaine...
Eh mais du coup... Ça veut dire qu'on en est déjà à la moitié!! *réalisation soudaine*
Mais c'est génial ça! *énième danse de la joie*
Bref bref, comme d'habitude j'espère que ça vous a plu, et à la prochaine! ^^
- Nalvera
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