63. Un choix à faire
Justice avançait à pas de conquérante. Arthur la suivit tant bien que mal le long d'un couloir végétal. Il remarqua avec étonnement que sa guide portait à la taille une épée qui n'avait manifestement pas de lame. Quel usage pouvait donc avoir cette arme tronquée ? Avait-elle quelques propriétés magiques ? Ou s'agissait-il d'une coutume propre aux elfes blancs ?
Le jeune homme aurait aimé questionner cette Justice à ce sujet, mais il lui sembla soudain qu'il était sans doute préférable qu'il se concentre sur l'entretien à venir. Il prit donc sur le visage une expression qu'il espérait grave et solennelle tandis qu'ils franchissaient une porte qui menait vers une vaste salle ovale.
La reine Flavie était assise sur un trône en pierre. Elle était vêtue d'une légère robe bleu ciel et portait dans ses cheveux d'un blond presque blanc un simple diadème d'argent. Les derniers doutes d'Arthur s'évanouirent en voyant son visage. Il s'agissait bien de la femme qu'il avait vue naguère dans la vision qu'il avait eue à l'Académie des mages, plusieurs mois auparavant. Sa fille lui ressemblait énormément.
— Avancez, lui ordonna Justice en poussant le jeune homme dans le dos. La reine vous fait l'honneur de vous accorder une audience. Si les dieux le veulent, vous obtiendrez peut-être ce que vous êtes venu chercher. Mais j'en doute fort.
Dans un silence de mort, Arthur s'efforça de marcher le plus calmement possible, essayant de cacher sa nervosité. Le bruit de chacun de ses pas lui semblait assourdissant. Il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'était pas en train de commettre une erreur, une immense erreur. La reine était entourée d'une dizaine de gardes et de conseillers elfes hommes et femmes qui le fixaient avec hostilité et n'auraient pas la moindre difficulté à le maîtriser.
Et il y avait Absalom qui l'attendait dehors... S'il s'était trompé, il pourrait très bien s'agir effectivement de ses derniers instants de libertés.
Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres du trône, le jeune homme se rendit compte avec effroi qu'il ignorait tout du protocole en vigueur à la cour des elfes blancs. D'après ce qu'il avait pu observer en côtoyant Tassilon, leurs cousins noirs semblaient vivre de manière assez informelle. Peut-être était-ce également le cas à la Montagne Blanche ? Il se contenta donc d'incliner brièvement le torse en direction de la souveraine.
— On me dit que vous savez où se trouve ma fille, la princesse Junie, commença la reine des elfes sans s'embarrasser de politesse superflues.
— C'est exact, répondit simplement Arthur.
Flavie le scruta un long moment du regard. Le jeune homme avait la désagréable impression qu'elle était capable de lire en lui comme dans un livre ouvert.
— On raconte également que vous êtes très diminué suite à la perte de vos souvenirs. Que vous auriez désespérément besoin de ceci.
Elle souleva un délicat petit objet qui se trouvait sur une table basse à côté d'elle. Le jeune homme reconnut aussitôt la petite fiole dorée au motif de dragon qui contenait ses souvenirs et dut se retenir de faire un pas en avant.
— Mes elfes parcourent le monde pour retrouver ma fille depuis plus de vingt années, poursuivit la reine comme si de rien n'était. Vous avez perdu votre mémoire et vos pouvoirs. Comment pourriez-vous dans ces conditions avoir réussi à trouver ce qu'ils cherchent en vain ?
Arthur fit un geste nonchalant de la main. Toutes les torches de la pièce s'allumèrent brusquement, faisant sursauter malgré eux les gardes le long du mur.
— Oh, les rumeurs de ma diminution sont très exagérées. Quant à la princesse, je ne l'ai pas cherchée. Elle est venue à moi, répondit-t-il d'un ton aussi détaché que la reine.
Flavie prit un air hautement sceptique.
— Pourquoi ma fille serait-elle allée vous retrouver ? Même si vous n'êtes qu'un humain, vous êtes un allié de nos ennemis les elfes noirs. Cela fait de vous notre adversaire.
Le jeune homme conserva une expression neutre.
— Pourrions-nous convenir d'un accord ? Il se dit que vous auriez promis la récompense de son choix à celui qui vous ramènerait votre fille. Je demande donc à repartir avec le prince Tassilon et le flacon de mes souvenirs. Vous devrez aussi retenir Absalom suffisamment longtemps pour nous laisser lui échapper.
La reine le jaugea un instant.
— Qu'est-ce qui nous empêcherait de vous torturer pour obtenir l'information que nous voulons ? Vous n'êtes pas en situation de force. Je suis persuadée que le roi des humains serait tout à fait satisfait de vous recevoir en cadeau. Il nous suffirait de vous livrer à Absalom comme convenu.
Arthur s'efforça de ne pas montrer sa panique. Il avait de toute façon prévu cette réaction.
— L'un de mes hommes de main se trouve en ce moment précis en compagnie de la princesse. Il serait fâcheux qu'il ne me voie pas rentrer...
— Je n'ai aucune envie de vous remettre le Prince Noir, poursuivit Flavie comme si aucune menace n'avait été prononcée. Nous cherchons à le capturer depuis trop longtemps pour le laisser en liberté. Quant au flacon de vos souvenirs, il nous a été remis par Absalom, un ami de notre peuple. De plus, je n'ai promis qu'une seule récompense, pas deux. Si vous me dîtes la vérité et pouvez effectivement me remettre ma fille, je serais prête à vous laisser repartir librement, mais vous avez un choix à faire. Vos souvenirs ou votre ami.
Le cœur d'Arthur se serra légèrement. Il aurait cependant été très étonné que les elfes blancs acceptent de libérer Tassilon tout en lui remettant le petit flacon doré.
Le jeune homme regarda alors la reine droit dans les yeux.
— Je souhaite récupérer mes souvenirs.
Les lèvres de la souveraine s'étirent dans un faux sourire.
— Nous semblons donc avoir trouvé un accord...
----------------------------
Bonjour à tous.
J'aurais deux questions à vous poser.
Est-ce que vous vous souveniez bien de l'histoire de la Princesse Disparue ? Je l'avais racontée au chapitre 19 mais, comme je me doutais que vous l'aviez probablement oubliée, j'en ai fait un rappel au chapitre 56. Est-ce que c'était suffisamment proche ?
La princesse des elfes blancs a été enlevée bébé. La reine a promis d'accorder le souhait de celui qui pourrait lui rendre sa fille.
Sinon vous souveniez-vous ou non de la vision qu'Arthur avait eu à l'Académie des mages, au chapitre 24 ? En réalité, je l'avais insérée à cet endroit plus comme clin d’œil pour celui qui relierait un jour éventuellement cette histoire. Il n'était donc pas nécessaire de l'avoir retenue ^^ (même si je veux bien donner un bon point à ceux qui s'en souviennent).
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top