2. Le chevalier dans la clairière
Arthur ouvrit les yeux et les referma précipitamment, ébloui par un rayon de soleil qui lui arrivait directement sur le visage. Des points lumineux continuèrent un moment à danser sous ses paupières avant de s'évanouir progressivement jusqu'à disparaître totalement. Il fit doucement glisser ses doigts qui rencontrèrent quelque chose de fin, de tendre qui s'élançait hors du sol et le mot herbe lui vint à l'esprit, avec un curieux petit moment de retard. Il était donc allongé sur de l'herbe. Où, pourquoi et comment, il ne le savait pas encore.
Procédant de manière méthodique, il rouvrit prudemment les yeux et se redressa tant bien que mal sur ses coudes. Pendant un court instant, le monde se résuma à quelques tâches de lumière crue qui tournaient vite,beaucoup trop vite. Pris de nausée, il gémit doucement en tentant de se reprendre. Un mal de tête terrible lui rendait les idées confuses et il lui sembla utile de commencer par faire le point : il s'appelait Arthur, il avait 17 ans et il devait rester ici.
Il fronça ses sourcils bruns, perplexe. Au fait, pourquoi devait-il rester ici? Il avait beau chercher, il ne se le rappelait pas. C'était comme si son cerveau refusait de fonctionner. Arthur avait l'impression que quelque chose l'empêchait de réfléchir correctement. Une sorte de... de barrière...
-Allez, se murmura t-il, rappelle toi, rappelle toi...
Il ferma à nouveau les paupières de toute ses forces et prit sa tête entre les mains pour mieux se concentrer. Il s'appelait Arthur, il avait 17 ans et il devait rester ici. Et... et... Rien d'autre.
A part cette phrase, Arthur était bien incapable de donner la moindre information sur lui-même. L'angoisse lui serra brusquement le ventre et il eut du mal à respirer. Ses mains tremblèrent sans qu'il parvienne à les contrôler. Que se passait-il donc ? Qui était-il ? Où était-il ? Pourquoi avait-il tout oublié ?
Sautant sur ses jambes, il jeta un regard paniqué autour de lui. Il se trouvait de toute évidence dans une clairière, étant donné qu'il était entouré d'arbres. Les quelques feuilles brunies par l'automne qui leur restaient se balançaient paresseusement, mises en mouvement par un léger vent. La brise souffla sur le tapis d'herbe qui se mit à onduler comme une vague. Il était seul et son environnement lui inspirait une curieuse impression de calme qui lui semblait...anormale, comme si quelque chose devait arriver... Ou s'était déjà produit...
Pendant un court instant Arthur eut l'impression qu'un élément lui revenait. Une vision vague, furtive, qui disparut presque aussitôt sans laisser de trace. Il se leva assez agacé en se massant les tempes. C'était important, il l'avait senti. Il en fut en tout cas apaisé. Peut-être suffisait-il d'attendre un peu et tout lui reviendrait.
Le jeune homme fit quelque pas pour vérifier sa forme physique, leva les bras et risqua également quelques mots qu'il prononça d'une voix relativement claire. Tout allait visiblement bien, même si sa tête lui tournait encore. Il eut brusquement une idée. Peut-être était-ce cela l'explication ! Il s'était cogné la tête et le choc l'avait rendu amnésique ! C'était une chose qui pouvait arriver. Fébrilement, il passa sa main sur son front pour trouver la marque d'une blessure, mais son crâne lui apparue tout à fait intact. Il soupira. Il aurait tellement aimé une explication...
Arthur s'intéressa alors à la façon dont il était habillé. Il portait une chemise blanche désormais parsemée de tâches vertes et un pantalon noir, assez élégant. Il fouilla désespérément dans ses poches pour y trouver une quelconque indication d'identité mais sa main ressortie bredouille. Le jeune homme ne se sentait pas familier avec ces vêtements, comme s'il les avait empruntés à quelqu'un ou qu'il s'était déguisé.
Il joua distraitement avec les boutons de sa chemise. Tout cela ne l'avançait pas beaucoup...
Une étrange lueur bleue apparaissant brièvement entre les arbres le détourna tout à coup de ses problèmes. Intrigué, Arthur regarda attentivement dans cette direction mais ne put rien discerner d'autre. Il fit quelques pas avant de s'arrêter, hésitant. Il devait rester ici. C'était du moins l'une des seules choses dont il se souvenait. En même temps, il n'avait pas la moindre idée de pourquoi. Il ne pouvait pas rester ici éternellement de toute façon... Et puis la lueur bleue l'intriguait. Elle lui était vaguement familière, comme sortant d'un rêve qu'il aurait fait plusieurs fois. Un rêve oublié. Un rêve merveilleux. Ce n'était pas loin. Il pouvait bien jeter un coup d'œil...
Résolument, Arthur fit un pas en avant. Du moins tenta. Ses jambes ne paraissaient pas décidées à en faire de même. Déséquilibré par le mouvement de son buste qui s'était élancé en avant sans être suivi par le bas de son corps, il tomba et se retrouva pour ce qui semblait être la seconde fois étalé dans l'herbe.
Il n'eut cependant pas à risquer une nouvelle tentative. Un garçon qui semblait avoir son âge, grand, blond aux yeux bleus, habillé étrangement avec une sorte d'armure légère qui lui recouvrait le torse et les bras, sortit du bois en faisant de grands moulinets avec la plus grosse épée qu'Arthur n'ait jamais vue. Enfin sans doute, puisque en réalité il ne se rappelait pas avoir vu d'épée.
Le garçon continuait de gesticuler avec une dextérité impressionnante, ne l'ayant pas remarqué. Intéressé, Arthur suivit son manège avec l'impression irréelle d'être au cinéma devant un film d'action particulièrement réaliste, bien qu'un brin déroutant. Ou bien cet étrange chevalier se battait contre un ennemi invisible, ou bien il était en train de faire semblant. Ou bien il était fou, une autre possibilité, étant donné qu'il poussait de temps en temps des exclamations comme « Ah Ah, personne ne peut me vaincre ! Je suis le plus grand chevalier mage de tout les temps ! » Ou encore : « Laisse cette noble dame horrible dragon ! »
Il fit soudain quelque chose d'encore plus étrange. Il se concentra, marmonna quelque chose d'inaudible et de ses mains jaillit la lumière bleue qu'Arthur avait déjà aperçue.
-Que dis-tu de ça,mal... ! s'exclama t-il d'un ton triomphant en tournant la tête avant de s'arrêter net en croisant le regard étonné d'Arthur, prenant pour le première fois conscience de sa présence.
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