Chapitre 9

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Ana

Quelques semaines plus tard

J'avais terminé mon service depuis une bonne demi-heure mais Maddie n'était toujours pas là. Elle m'avait prévenu qu'elle avait un empêchement et qu'elle aurait du retard. C'était il y a quarante minutes. Et depuis, je n'avais eu aucune nouvelle.

Je tentais une nouvelle fois de l'appeler mais tombais directement sur la messagerie. Mais alors que je m'apprêtais à laisser un message vocal pour l'avertir que je serais sur le parking à son arrivée, un son bien trop familier retentit dans mon oreille. Oh non ! Je regardais l'écran qui confirma ce que je craignais ; je n'avais plus de batterie. Mon téléphone n'allait pas tarder à s'éteindre. Il fallait que je me dépêche d'écrire un message pour prévenir ma cousine.

- Merde ! vociférais-je lorsque mon téléphone s'éteignit entre mes mains avant même d'avoir pu envoyer mon message.

Je rangeais mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon et regardais autour de moi. Il était six heures du matin et il n'y avait plus personne dans les alentours. Je regrettais d'avoir refusé la proposition d'Isaac un peu plus tôt. Il avait suggéré de me ramener lorsque j'avais reçu le message de Maddie qui m'informait qu'elle aurait du retard. Mais comme une idiote, je lui avais dit de ne pas s'inquiéter et de rentrer chez lui sereinement. Après tout, rien n'indiquait qu'elle aurait autant de retard.

Que devais-je faire ? À part attendre, je ne voyais aucune autre option. La batterie de mon téléphone étant vide, je ne pouvais joindre personne. Alors à part me montrer patiente et espérer que ma cousine n'allait pas tarder, il n'y avait rien d'autre à faire. Avec un peu de chance, elle allait arriver. Ou alors je croiserais la route d'une gentille personne qui acceptera de me prêter son téléphone pour que je joigne Maddie. Tu peux toujours rêver ! Ma conscience n'avait pas tort. À cette heure-ci et dans la zone industrielle qui entourait la boîte, les rencontres que je ferais pourraient me mettre en danger.

Toujours plantée devant l'entrée principale du Rockstore, je décidais finalement de ne pas rester ici. Autant me rapprocher de l'entrée réservée aux voitures pour que Maddie me repère directement.

Ma clope se consuma dans sa totalité sur le chemin en direction du parking. Je n'avais que quelques minutes de marche mais le chemin était très mal éclairé. L'obscurité était saisissante et m'angoissait. Excepté le bruit de mes sandales sur le bitume, un silence assourdissant régnait. Néanmoins, je retrouvais le chemin sans grande difficulté. Je travaillais en tant que serveuse depuis presque un mois et les lieux m'étaient familiers à présent.

Le parking était pratiquement désert. Je longeais une file de quelques voitures, inhabitée. Il s'agissait sûrement de voitures laissées ici car les propriétaires n'étaient pas en état de conduire. Ils seraient alors rentrés avec des amis ou en taxi.

Mais soudain, un craquement me fit sursauter. Je m'arrêtais, comme figée sur place. Tu n'es peut-être pas si seule... me contredit la petite voix dans ma tête. J'accélérais le pas, dictée par la peur qui s'était saisie de moi. Un frisson me parcourut l'échine. Je sentais quelqu'un tout proche de moi. Calme-toi ! Ma conscience avait raison. Ce n'était peut-être que Maddie qui s'était garée sans que je la voie et qui me rattrapait. Rêve toujours...

Mais en regardant par-dessus mon épaule, je remarquais une ombre qui n'avait rien à voir avec la jolie silhouette de ma sœur. Mon cœur rata un battement. Je me précipitais vers une voiture pour me cacher. Je me jetais sur le sol et me mis à quatre pattes, mes mains moites s'écorchant sur le gravier.

La panique grandissait en moi. J'étais une fille, seule et sans défense sur un parking. J'étais à la merci de n'importe qui et je ne pouvais prévenir personne, ni même appeler à l'aide de peur de communiquer ma cachette à celui qui me suivait. Une sueur froide s'écoula le long de ma colonne vertébrale jusqu'au bas de mon dos, me faisant frissonner. Je n'entendais plus rien. Seulement le bruit de ma respiration haletante et le cognement incessant de mon cœur dans ma poitrine. Avais-je rêvé ? Non. Impossible. J'étais persuadée d'avoir reconnu l'ombre d'un homme derrière moi. Mais qui était-ce ? Se pourrait-il que je le connaisse ? Non. Il m'aurait appelé au lieu de me faire flipper comme ça. Étais-je en danger ? Assurément.

Je sursautais une nouvelle fois en percevant le bruit de chaussures sur le gravier. Quelqu'un approchait. J'entendais plus seulement ma respiration mais celle de quelqu'un d'autre. Puis un grognement. Je tremblais de la tête au pied, trop effrayée pour faire le moindre mouvement. Pourtant, je ne devais pas rester là.

Dans un effort surhumain, je m'allongeais le ventre dans un silence presque surprenant. Me mettre sous la voiture était ma seule échappatoire. La seule cachette qui pourrait éventuellement me sauver.

Mais alors que je m'apprêtais à me cacher complétement de cet inconnu qui rôdait la nuit sur un parking désert, quelqu'un attrapa mon bras pour me forcer à me relever. Mon corps étant partiellement dissimulé sous la voiture, mon dos percuta violemment la carrosserie et je lâchais un cri de douleur.

La main autour de mon membre resserra son emprise et me tira une nouvelle fois. Plus brutalement encore. Et cette fois-ci, mon corps obéit et se redressa sur ses jambes. Je déchirais mon jean au passage et m'éraflais les genoux. Je sentis un corps dans mon dos. Quelqu'un me tenait fermement contre lui.

- Bonsoir ma jolie, susurra une voix d'homme dans le creux de mon oreille.

J'étais dos à celui qui s'en prenait à moi. Par conséquent, je ne pouvais pas voir son visage mais sa voix me disait vaguement quelque chose. Qui pouvait bien s'en prendre à moi ? Mes tremblements ne cessèrent pas et redoublèrent même d'intensité. Qu'allait-il m'arriver ? Mon rythme cardiaque était irrégulier. Trop irrégulier. Je me sentais mal. Prête à vomir mes tripes tellement j'avais peur de ce qui allait m'arriver.

- Qu'est-ce qu-que vous me voulez ? bégayais-je d'une voix tremblante.

- Toi, bien sûr.

Mon ravisseur me plaqua avec force contre la carrosserie d'une voiture, appuyant son corps contre le mien et tenant mes poignets le long de mon corps. Enfin, il me laissait l'opportunité de voir son visage. Il n'essayait même pas de se cacher.

Mes yeux s'écarquillèrent d'effroi lorsque je reconnu l'homme qui me tenait prisonnière et une nouvelle fois, ses paroles résonnèrent dans mon esprit. « Combien le patron accepterait-il de me la vendre ? J'ai besoin d'une présence supplémentaire dans mon lit... ». C'était l'homme au costume noir. Celui qui avait une arme. Celui qui avait suggéré de m'acheter lors de mon premier soir. Oh non ! Il fallait que je me sauve. Et vite.

- Trop longtemps que j'attends une telle opportunité !

Son visage était si proche du mien que je pouvais sentir son haleine qui empestait l'alcool et la cigarette.

J'avais envie de vomir.

J'avais envie de pleurer.

J'avais envie de crier à l'aide.

Mais rien ne me sauverait. Il n'y avait personne. Rien que lui et moi. Si je voulais m'en sortir, il fallait que je le fasse seule.

Malgré l'obscurité, je voyais ses yeux briller d'excitation. Il adorait ce qu'il voyait. Moi. M'agitant contre lui en haletant. Encore moi. Grimaçant de dégoût. Toujours moi. Complètement vulnérable et incapable de me défendre. Il était beaucoup trop fort.

- Tu es beaucoup trop sexy comme ça, dit-il en regardant mes seins. 

Non ! Non ! Non !

- Pitié, tentais-je en fermant les yeux face à son regard envieux.

- Continue à me supplier, ça m'excite.

Non ! Non ! Non !

Il bloqua subitement mes mains au-dessus de ma tête et je poussais un cri. Tenant mes poignets d'une main ferme, il pelota mes fesses de l'autre tout en déposant une traînée de baisers sur ma joue et le long de mon cou. J'étais écœurée et épuisée de me débattre. Aucune de mes tentatives ne le repoussait. Il me bloquait avec une telle force que je ne parvenais qu'à me vider de mon énergie. Et je compris que trop tard que c'était ce qu'il voulait. Que je sois si faible, si fatiguée de me débattre qu'il pourrait me faire ce qu'il voudrait. Il voulait que je lui facilite la tâche. Alors je m'arrêtais de bouger et je sentis son excitation grandir. Il devint tout à coup plus aventureux. Il pensait qu'il avait gagné. Mais jamais je ne renoncerais. Il fallait qu'il baisse sa garde.

Il plaqua ses lèvres sur les miennes et je fermais les yeux, incapable de supporter plus longtemps l'expression sur son visage à chacun de ses assauts. Le cœur aux bords des lèvres qu'il embrassait toujours avec fougue, je sentis sa main remonter sur mon corps et empoigner mon sein. Je ne me débattis pas et une vague de soulagement se répandit dans mon corps lorsqu'il relâcha un peu son emprise. C'était le moment. Il pensait que j'allais me laisser faire.

Dans un élan de fureur, je le repoussais et balançais un coup de genoux entre ses jambes. Il poussa un cri de douleur et me relâcha pour attraper de ses deux mains son entrejambe. Sans attendre une seconde de plus, je pris mes jambes à mon cou et courrais à toute allure. Je ne savais pas où aller. Mais je courrais à en perdre haleine. Je savais que mon assaillant était à mes trousses et qu'il ne me laisserait pas m'en tirer aussi facilement. Il voulait finir ce qu'il avait commencé. Et se venger de ma tentative de fuite.

- Cours tant que tu peux, hurla-t-il dans mon dos.

Il était proche. Je savais parfaitement que je n'avais aucune chance de lui échapper de cette manière. Mon accident avait laissé de trop grosses séquelles. J'étais incapable de fournir un effort physique aussi important. Surtout après ce que je venais de subir. Chaque pas me procurait une douleur insupportable qui se répercutait dans tout mon corps.

- Tu es trop lente... Mais qu'est-ce que c'est excitant !

Je hurlais lorsque ses doigts empoignèrent mes cheveux et qu'il me jeta sur le sol. Le goudron écorcha les parcelles de peau qui n'étaient pas protégées d'un tissu et mon front percuta violemment la surface dure. Le choc me sonna tellement qu'aucun son ne sortit de mes lèvres pour exprimer ma souffrance. Mais je revins vite à la réalité en sentant le corps lourd de l'homme au costume noir sur moi. Il m'écrasait tellement que j'avais du mal à respirer.

Une de ses mains tenait les miennes au-dessus de ma tête et de sa main libre, il essayait de retirer mon pantalon en le faisant glisser le long de mes jambes. Je me débattais toujours mais mes forces me quittaient petit-à-petit et la fin du scénario commençait à se dessiner dans ma tête. J'étais impuissante, incapable d'arrêter ce qui était en train de se passer. Je clignais des yeux et laissais échapper une larme. Une seule. Mon dieu ! Irait-il vraiment au bout des choses ?

Bientôt, je sentis l'air sur mes jambes nues. Il avait réussi à me débarrasser de mon pantalon et ses mains s'attaquaient maintenant à mes fesses. Il essayait désormais de me retirer ma culotte.

- Pitié, soufflais-je la tête maintenue contre le goudron froid.

J'avalais la poussière et parvenais de moins en moins bien à respirer. Je sentais que mon cerveau était en train de se déconnecter. Il essayait de me protéger. Comme il l'avait fait, deux ans auparavant lorsqu'il avait décidé de passer sous silence tout ce qui avait pu se passer avant mon accident. Il tentait désormais de me préserver des sévices que je m'apprêtais à subir.

Ce n'était plus qu'une question de temps. De secondes.

- Putain ! Mais qu'est-ce...

Puis tout à coup, le poids qui oppressait mon corps disparut. Sans perdre une minute, je me redressais tant bien que mal sur mes jambes et m'empressait de remonter mon pantalon le long de mes jambes. Mais que se passait-il ?

- Les règles étaient pourtant simples, s'exprima une voix que je connaissais que trop bien maintenant. J'avais dit qu'on ne devait pas la toucher !

Je me retournais doucement, la respiration sifflante. L'un de mes pires cauchemars venait de me sauver d'un autre cauchemar que je m'apprêtais à vivre éveillée. Quelle ironie ! Il n'avait pas respecter les règles. « Le patron leur interdit de toucher à son personnel féminin ». Je soupirais de soulagement. Isaac n'avait pas menti. J'étais sauvée. Sauvée mais pas de lui...

L'homme aux yeux verts avait passait son bras tatoué autour du cou de mon agresseur, menaçant ainsi de l'étranger. L'homme au costume noir essayait de desserrer l'emprise qui l'empêchait de respirer convenablement. Il était blanc comme un linge.

Ce que je ressentais en le voyant à son tour aussi vulnérable était indescriptible. Je savourais ce qui était en train de se dérouler sous mes yeux. Je ne voulais pas. Mais c'était plus fort que moi. Il allait me violer. Il méritait de souffrir autant qu'il s'apprêtait à me faire souffrir. Une sensation inconnue s'empara de moi et l'homme aux yeux verts, mon patron, le remarqua. Ce qu'il vit traverser mes yeux lui plut à en croire le petit sourire en coin qu'il arbora.

- Tu sais ce qui arrive quand on ne respecte pas les règles ?

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