Chapitre 32
Ana
J'étais réveillée depuis une bonne heure, incapable de retrouver le sommeil malgré la fatigue qui ne me quittait pas. Allongée sur le dos, je fixais le plafond avec une sensation de malaise qui me nouait l'estomac.
Je ne réalisais pas que quelques heures plus tôt, je risquais ma vie pour une mission suicide. La peur que j'avais ressentie au son du premier tir était encore présente. Mais mains tremblaient légèrement sur le matelas alors que je me remémorais chaque instant.
Puis, il y a eu Jace. La vue de son sang m'avait glacée, mais étrangement, une autre sensation s'était mêlée à ma terreur ; une chaleur étrange, comme si son bien-être comptait plus que tout à cet instant. Pourquoi ? Je ne savais pas. Était-ce parce qu'il m'avait sauvé ? Ou y avait-il autre chose, quelque chose de plus profond que je n'arrivais pas à saisir ?
Je me rappelais aussi le moment où je m'étais réveillée sur lui. Le contact chaud et rassurant de sa peau sous ma joue, sa respiration régulière. C'était la première fois depuis longtemps que je me sentais en sécurité, même au milieu de tout ce chaos.
Ces pensées tournoyaient dans mon esprit alors que je me redressais contre le mur en saisissant mon carnet. Écrire était un échappatoire, un moyen de mettre de l'ordre dans ma tête. J'attrapai mon stylo et commençai à griffonner à l'encre noire sur le papier.
Plongée dans mes pensées, j'entendis à peine la porte s'ouvrir. Ce fut le bruit sec d'un coup de feu qui me fit sursauter violemment.
Le stylo m'échappa des mains et je levai les yeux, terrifiée. Jace se tenait dans l'embrasure de la porte, une expression de rage déformant ses traits. Ce n'était pas le même homme que celui qui m'avait tenu dans ses bras plus tôt. Celui qui se tenait devant moi était sous l'emprise d'une colère aveugle.
Paniquée à l'idée qu'il m'ait tirée dessus, j'inspectais mes vêtements à la recherche d'une tâche de sang indiquant que j'avais été touchée. Je ne vis aucune blessure. Mais je n'étais pas pour autant soulagée.
- Qu'est-ce que tu as fait, Ana ? hurla-t-il, ses yeux flamboyant de colère.
La peur m'étreignit, me paralysant. Je n'arrivais pas à comprendre de quoi il parlait.
- Jace, je... je ne comprends pas... balbutiai-je, la voix tremblante.
- Arrête de faire l'innocente ! rugit-il en s'avançant vers moi, son arme toujours en main. À cause de toi, des hommes sont morts !
Mon cœur battait à tout rompre. Je ne reconnaissais pas cet homme enragé devant moi. J'essayai de me reculer, de m'éloigner de lui, mais la tête de lit m'en empêchait. Mes pensées étaient un brouillard confus, cherchant désespérément à comprendre de quoi il m'accusait.
- Je ne sais pas de quoi tu... parles.
- Ta cousine, lâcha-t-il avec une froideur qui me glaça le sang. C'est elle qui nous a dénoncés. Et tu es la seule à avoir pu la prévenir.
La réalité me frappa de plein fouet. Maddie. Le mot. Elle avait trouvé le mot que j'avais caché dans le livre et avait prévenu la police. J'étais responsable de cet assaut mené par la police. Et non le traître.
Mon esprit s'emballa, cherchant à trouver mes mots pour lui donner une explication. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Jace perdit encore plus les pédales. Il fit un nouveau pas dans ma direction, son visage déformé par la rage.
- Merde ! Putain ! cria-t-il en brandissant l'arme.
De violents tremblements s'emparèrent de mes mains, intensifiant la crise de panique qui montait en moi. Ma respiration devint saccadée et sifflante, aggravant encore mon état de détresse. Jace, toujours empreint de colère noire, s'approcha brusquement, braquant son arme contre mon front avec une proximité inquiétante.
- Calme-toi ! ordonna-t-il, sa voix tremblante de rage. Je ne veux pas...
Mais ses paroles eurent l'effet inverse. Cette fois, mon corps tout entier se mit à trembler et ma respiration se coupa. J'étais pétrifiée. Je ne pouvais plus penser, seulement ressentir la peur pure et brute.
Jace sembla réaliser l'effet de ses paroles et de son geste. Il baissa l'arme mais le mal était déjà fait. Je le regardai, les yeux remplis de terreur et de confusion. Les larmes se mirent à couler sur mes joues.
- Je... bredouillai-je entre deux sanglots.
- Ana, commença-t-il. Merde !
Il jeta l'arme sur le lit et s'éloigna, passant une main tremblante dans ses cheveux. La colère avait laissé place à une expression de désespoir.
Je restai là, pétrifiée, incapable de me calmer. Mes sanglots se faisaient plus bruyants, ma respiration plus erratique. Les gonflements de ma poitrine étaient affreusement douloureux et je savais que si je ne parvenais pas à m'apaiser, l'air allait bientôt me manquer.
Inspire. 1, 2, 3... Expire. 1, 2, 3... Mais mes tentatives étaient vaines. Ma peau était bouillante et je commençais à suffoquer doucement.
Jace se tourna dans ma direction et, voyant que la situation empirait, prit une décision rapide. Il s'approcha de moi, ses mains fortes mais tremblantes saisissant ma taille avec une détermination mêlée d'urgence. Je me débattis, incapable de prononcer le moindre mot, mais il ne me laissa pas le choix. Ses bras m'entourèrent, me soulevant du lit avec une facilité déconcertante.
- Trésor, murmura-t-il d'une voix rauque, essayant de me rassurer. Parle-moi !
J'en étais incapable.
Il me porta à travers la chambre jusqu'à la salle de bain attenante. Ses pas étaient rapides mais sûrs, et chaque mouvement me rappelait à quel point il était fort. J'étais trop bouleversée pour protester, mes larmes continuant de couler silencieusement.
Une fois dans la salle de bain, Jace me déposa doucement dans la baignoire. Je sentais la froideur de la porcelaine sous mes jambes et mes pieds nus. Sans perdre plus de temps, il tourna le robinet et fit couler de l'eau froide. Le bruit de l'eau qui s'écrasait contre le fond de la baignoire résonnait dans la petite pièce, créant une atmosphère à la fois apaisante et angoissante.
Comment savait-il quoi faire pour me calmer ? Cette question tournait en boucle. Je voulais la lui poser mais j'avais toujours la gorge nouée.
À ma plus grande surprise, il me rejoignit rapidement, me tirant contre lui, mon dos collé à son torse. Sa chaleur contrastait violemment avec la froideur de l'eau qui commençait à imbiber mes vêtements.
Je sentais ses bras m'entourer fermement, me maintenant en place alors que l'eau froide continuait de couler sur moi. La sensation glacée me fit frissonner, mais elle commença aussi à apaiser la panique qui me nouait la gorge. Chaque goutte d'eau froide sur ma peau semblait emporter un peu de ma terreur.
- Respire, murmura-t-il à mon oreille. Respire profondément.
Je fermai les yeux, me concentrant sur sa voix et sur la sensation de son torse solide contre mon dos. Peu à peu, ma respiration se fit plus régulière, mes sanglots diminuèrent. La froideur de l'eau et la présence rassurante de Jace m'aidèrent à retrouver un semblant de calme.
- Pourquoi m'as-tu sauvé ce soir-là si tu me détestes tant ? demandai-je lorsque je retrouvai l'usage de la parole.
Je faisais référence à cette nuit où il m'avait sauvé d'un viol. Cette nuit où il avait tué de sang-froid un homme et traîné son corps inerte sur plusieurs mètres.
- Pourquoi est-ce que tu n'as pas tiré sur moi ce soir ? continuai-je en séchant une larme sur ma joue. Tu serais débarrassé de moi.
Jace se figea un instant, comme si mes mots l'avaient frappé de plein fouet. Sa prise se resserra légèrement autour de moi, ses lèvres frôlant mon oreille lorsqu'il répondit.
- Je... je ne te déteste pas, Ana. Et je ne pourrai jamais te faire de mal. Je...
Sa voix se brisa, laissant sa phrase en suspens. Je tournai légèrement la tête pour croiser son regard, cherchant des réponses.
- Pourquoi alors ? demandai-je, la voix tremblante. Pourquoi me ramener dans cette maison ? Pourquoi ne pas me tuer ?
- Je voulais juste comprendre, répondit-il en détournant le regard.
- Comprendre quoi ? insistai-je, sentant la curiosité mêlée à la confusion.
- Tu n'as vraiment aucune idée ?
Je secouai la tête, incapable de comprendre où il voulait en venir.
- Je voulais comprendre pourquoi tu es réapparue dans ma vie, murmura-t-il finalement, son regard vert se faisant plus intense.
- Tu veux... tu veux dire qu'on se connait ?
Était-ce la vérité ? Mais comment ? Comment pouvais-je connaître un criminel ?
- On s'est déjà croisé, dit-il simplement.
La révélation de Jace me frappe de plein fouet, une vague de confusion déferlant dans mon esprit. Mon regard se fixa sur lui, incrédule, alors que j'essayais de me rappeler un visage qui m'échappait totalement. Comment était-ce possible ? Jace était un criminel. Comment avais-je pu le croiser ? Je voulais en savoir plus mais décidais de faire taire toutes mes interrogations pour le moment.
- Je n'en ai aucun souvenir, admis-je, la voix brisée.
- Pourquoi ?
- J'ai eu un accident... je ne me rappelle pas grand-chose mais des fois, ça me revient... la nuit, expliquai-je avec tristesse.
- Tes cicatrices viennent de là ?
À la mention de mes cicatrices, une gêne intense s'empara de moi. Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Un dégoût familier monta en moi, ravivant la honte et l'horreur que j'éprouvais chaque fois que je voyais ces marques indélébiles sur ma peau.
- Elles me dégoûtent, avouai-je en baissant les yeux.
- Ne redis plus jamais ça ! s'exclama Jace avec une fermeté surprenante.
Son ton autoritaire me fit relever la tête. Je vis dans ses yeux une détermination farouche, une promesse silencieuse. Et le silence s'installa, seulement interrompu par le bruit de l'eau qui continuait de couler.
Les larmes coulaient encore doucement, mais la crise était passée. Jace continuait de me tenir fermement contre lui, sa chaleur contrastant toujours avec l'eau froide qui ruisselait sur nos corps.
Je relevai lentement la tête, mes yeux croisant les siens. Son regard était intense, rempli d'émotions contradictoires que je peinais à déchiffrer. Jace sembla lire quelque chose dans mes yeux, car il se pencha légèrement, rapprochant son visage du mien.
- Ana, murmura-t-il la voix vibrante.
Je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres, son regard brûlant ancré dans le mien. Le temps sembla se suspendre, chaque seconde s'étirant à l'infini. Mon cœur battait à tout rompre, et je sentis une chaleur nouvelle se répandre en moi. C'était une chaleur douce et enveloppante.
Il se pencha encore un peu plus, nos lèvres à quelques centimètres l'une de l'autre. Mon souffle se fit plus court, et je pouvais presque sentir le goût de ses lèvres. Tout en moi criait de combler cet espace infime, de céder à ce désir soudain et intense. Durant tout ce temps, ses yeux scrutaient mon visage, chacune de mes réactions à la recherche de mon consentement.
Mais alors que nos lèvres étaient sur le point de se toucher, une réalisation brutale me traversa. Je me redressai brusquement, rompant ce moment intime. Jace, s'il était surpris, ne laissa rien paraître.
- Je... je ne peux pas, murmurai-je en m'extirpant de la baignoire.
Il fallait que je m'éloigne de lui pour reprendre mes esprits. Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer les battements frénétique de mon cœur. La proximité de Jace, la chaleur de son corps, tout cela m'avait troublée bien plus que je ne voulais l'admettre.
À son tour, il se leva lentement, l'eau continuant de couler, et enjamba les parois de la baignoire. Ses yeux ne me quittaient pas.
- Je vais te laisser, dit-il simplement.
Puis il regagna la chambre qu'il quitta en refermant la porte, me laissant seule avec mes pensées tourmentée et le souvenir de cet instant presque volé.
Ciao ciao ragga !
J'espère que vous avez passé un bon moment à lire ce chapitre ! N'hésitez pas à commenter vos ressentis et à liker :)
Bacio
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