Chapitre 31

Jace

Je me réveillai avec une sensation de chaleur réconfortante sur mon torse. Mes yeux s'ouvrirent lentement et se posèrent sur Ana, profondément endormie contre moi. Ses traits étaient détendus, sans la moindre trace de cauchemar. Je l'observais assez souvent la nuit pour affirmer que c'était rare de la voir ainsi, paisible et vulnérable. Une vague de tendresse inattendue m'envahit, contrastant violemment avec la douleur lancinante de mon épaule. Le bandage qu'elle m'avait fait était imbibé de sang, tout comme le tissu du canapé sous mon corps.

Tout en observant son visage endormi, je laissai mes pensées dériver, repensant aux événements qui s'étaient déroulés quelques heures auparavant. L'assaut avait été rapide, brutal et je ne pouvais empêcher les questions de m'assaillir. Qui avait pu nous trahir ? Comment allais-je démasquer cet enfoiré ? Chaque visage des membres du réseau défilait dans mon esprit, chaque regard suspicieux ou parole ambigüe prenant une nouvelle signification.

Clayton descendit silencieusement les escaliers, ses traits étaient marqués par la fatigue. Il avait dû gérer la communication avec nos hommes et les membres du cartel allié pendant que je me reposais. Il s'approcha, me jetant un regard inquiet.

- Je vais l'emmener dans sa chambre, murmura-t-il en s'avançant vers Ana.

- Non, laisse-la ! répondis-je fermement.

Clay resta silencieux un moment, évaluant mes paroles avant de hocher la tête. Il ne savait pas à quel point ces moments de tranquillité étaient précieux pour Ana.

Une pointe de jalousie perça en moi en le voyant s'approcher d'elle avec cette intention protectrice. Pourquoi cela me dérangeait-il autant ? Pourquoi la simple idée qu'il veuille la protéger éveillait-elle cette réaction en moi ? Peut-être parce qu'au fond, je voulais que ce soit mon rôle. Je n'avais pas réussi à la protéger il y a deux ans, mais je ressentais le besoin de me prouver que j'en étais maintenant capable.

- J'ai des nouvelles, me fit-il savoir d'un ton grave. Plusieurs de nos hommes sont morts. Et Jared s'est fait tuer par la police.

Je serrai les dents, luttant pour contenir la rage et la tristesse qui montaient en moi. Cette matinée m'avait fait perdre des hommes fidèles et un partenaire fiable. Je détestais la position que j'occupais, d'autant plus dans ces moments-là.

Clayton hocha la tête, partageant ma rage. Sans un mot de plus, il quitta pièce, me laissant seul avec mes pensées tourmentées. Mes doigts effleurèrent la peau d'Ana, sa douceur m'apportant un peu de réconfort.

[***]

Un peu plus tard, le docteur Wilson arriva. C'était un vieil ami de la famille. Ses cheveux grisonnants et son visage marqué par les années témoignait de son expérience.

- Bon sang, Jace ! Dans quel merdier tu t'es encore fourré ? dit-il en examinant ma blessure.

Ana qui s'était réveillée quelques minutes seulement avant son arrivée s'était réfugiée dans sa chambre. Clay, quant à lui, avait pris place de l'autre côté du canapé et observait attentivement les gestes minutieux du médecin sur ma blessure.

Wilson ne posa pas de questions. Il connaissait bien les affaires de la famille Carter et respectait notre besoin de discrétion. Cet homme avait déjà sauvé la vie de mon père à plusieurs reprises et c'était à mon tour désormais.

- Les journaux télévisés ne parlent que de cet assaut mené par la police, nous fit-il savoir en nettoyant le sang autour de la plaie. Ils évoquent plusieurs morts et beaucoup de spéculations sur un gros coup contre le crime organisé.

Je ne répondis rien, me contentant de hocher la tête. La douleur à l'épaule était vive, chaque mouvement me rappelant la gravité de la situation.

- Tu as de la chance que la balle soit ressortie. Autrement, la douleur aurait été tout autre !

- Quelle chance, oui ! ironisai-je en grognant de douleur lorsqu'il exerça une pression sur la blessure.

Wilson me fit quelques points de suture puis me donna quelques recommandations avant de repartir.

[***]

Le reste de la journée passa lentement, rythmé par des discussions rapides avec Clayton sur l'état du réseau et les mesures à prendre pour découvrir le traître et éviter d'autres pertes. Ana, quant à elle, s'était rendormie, trouvant un semblant de répit dans ce chaos. Elle avait laissé la porte de sa chambre entrouverte, me permettant de l'observer de temps en temps pour m'assurer qu'elle ne faisait pas de nouveaux cauchemars.

À la nuit tombée, alors que je luttais pour rester éveillé malgré la douleur à mon épaule et la fatigue, mon téléphone se mit à vibrer. Aaron essayait de me joindre. Encore. Avec un soupir d'exaspération, je décrochai enfin.

- Qu'est-ce que tu veux, Aaron ? grognai-je, déjà agacé par sa persistance.

- Ce que je veux ? Arrête tes conneries, putain ! Quatre hommes, Jace ! On a perdu quatre hommes et un allié crucial ! Tu fous quoi, bordel ?

- Je suis sur le coup, répondis-je en serrant les dents pour ne pas laisser ma colère prendre le dessus.

- Tu es complètement largué ! hurla-t-il dans le combiné. L'intervention n'avait rien à voir avec le traître. C'était une dénonciation ! On a les flics sur le dos, putain !

- De quoi parles-tu ? le questionnai-je en me redressant sur mon fauteuil.

- Maddie Cooper.

Le nom résonna dans mon esprit comme un coup de tonnerre.

Maddie Cooper.

Le lien fut immédiat et cruel.

Ana Cooper.

Ma gorge se noua, mélange de trahison, de colère et de déception.

Comment était-ce possible ? Maddie avait quitté Miami pour s'occuper de sa famille et je m'étais assurée de ne pas éveiller les soupçons au sujet d'Ana en répondant régulièrement aux messages de sa cousine à sa place. Comment pouvait-elle être au courant pour Ana ?

- Cooper, répéta Aaron avec dégoût. Encore cette famille, merde ! Je te préviens Jace, si tu ne te charges pas de cette garce de traîtresse, je le ferai moi-même !

Cette garce de traîtresse. Aaron parlait d'Ana et l'idée qu'il puisse tenter de s'en prendre à elle m'était insupportable.

- Ferme ta gueule ! crachai-je, la rage montant en moi. Si tu t'approches d'elle, je te jure que je te tue !

Aaron laissa échapper un ricanement moqueur.

- Oh, vraiment ? Tu choisirais cette famille de traîtres à ton propre sang ?

- Elle n'y est pour rien, dis-je les poings serrés. Alors surveille tes paroles et tes actions, ou je te ferai regretter d'avoir osé me défier.

Ana était-elle réellement innocente ? Je savais qu'elle n'était pas celle qui nuisait au réseau. Son amnésie l'avait fait oublié notre existence, ce que nous avions fait. Mais comment Maddie était-elle au courant ?

Il y eut un moment de silence tendu, chacun mesurant les paroles de l'autre. Le poids de nos années passées ensemble rendait la menace encore plus lourde, les souvenirs d'anciens conflits et de loyautés mises à l'épreuve refaisant surface.

- Pourquoi la protèges-tu ? me demanda-t-il finalement, sa voix dégoulinant de mépris.

- Car elle n'essaye pas de nuire au réseau, insistai-je. Ana ne se rappelle pas de nous, du réseau et de nos liens avec sa famille. L'accident l'a rendu amnésique. 

Aaron resta silencieux, mais je pouvais sentir sa colère bouillonner à l'autre bout du fil. Il ne voulait pas croire mes paroles. Sa haine pour les Cooper était trop intense, elle l'aveuglait.

Mais il était hors de question que je laisse qui que ce soit toucher à Ana, même si cela signifiait devoir affronter Aaron.

- Tu te trompes sur elle, lança-t-il d'une voix plus calme, mais non moins menaçante. Ne gâche pas notre empire pour cette fille !

- Notre empire ? répétai-je avec mépris. C'est devenu mon empire le jour où tu m'as laissé affronter seul un destin que je n'avais jamais voulu !

Je coupai court à la conversation, raccrochant brutalement. La rage bouillonnait en moi, une tempête intérieure que je ne pouvais plus contenir. Je me levai brusquement, ignorant la douleur lancinante de mon épaule blessée. Mon regard se posa sur le cadre photo disposé au bord de mon bureau. Sans réfléchir, je l'attrapai et le lançai violemment contre le mur.

La vitre en verre explosa en une multitude de fragments, chacun reflétant ma colère. Les morceaux se dispersèrent sur le sol, mais cela ne suffit pas à apaiser la fureur qui grondait en moi. Comme au ralenti, la photo représentant le souvenir passé d'une famille heureuse, vola doucement avant de se poser doucement sur les débris.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Clay en se précipitant dans le bureau, alerté par le bruit.

Je secouai la tête, tentant de reprendre le contrôle.

- Nous avons été dénoncés par la cousine d'Ana. Contacte nos informateurs dans la police, ordonnai-je entre mes dents serrées. Qu'ils nous sortent de ce merdier !

- Comment ?

Je n'en étais pas certain. Mais je ne voyais qu'une seule possibilité pour expliquer comment Ana avait pu prévenir sa cousine. 

- Quand tu as accompagné Ana chez elle, commençai-je d'un ton froid. Es-tu resté avec elle pendant qu'elle prenait ses affaires ?

Clayton ne répondit pas immédiatement. Son visage se ferma, ses lèvres se serrèrent et il détourna légèrement le regard. Cette fraction de seconde de silence et son expression suffirent à me faire comprendre. Il l'avait laissé sans surveillance. Voilà comment elle avait pu prévenir sa cousine. Putain !

La colère refit surface, mêlée à une frustration intense. Comment avait-il pu être aussi négligent ?

- Putain de merde !

Mon ami et bras droit resta silencieux, les traits marqués par la culpabilité. Je passai une main tremblante dans mes cheveux, luttant contre l'envie de frapper quelque chose d'autre.

Mon regard se posa sur une arme à feu posée sur l'étagère. Sans réfléchir, je l'attrapai, sentant son poids familier dans ma main.

Clayton, voyant mon geste, pâlit instantanément et s'approcha précipitamment.

- Jace, qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda-t-il, la panique perçant dans sa voix.

Je le regardai avec une froide détermination.

- Occupe-toi de ce que je t'ai demandé, ordonnai-je d'un ton glacial.

Clay resta figé un instant, ses yeux oscillant entre l'arme dans ma main et mon visage. Puis, à contrecœur, il hocha la tête et se détourna pour me laisser passer.

Et sans un mot de plus, je me dirigeai en direction de la chambre d'Ana, ma poigne se resserrant sur l'arme.

Ciao !

Voilà un nouveau chapitre !

Comment l'avez-vous trouvé ? Avez-vous des hypothèses sur l'identité du traître ? Et sur qui est Aaron pour Jace ?

N'hésitez à répondre en commentaire et à liker le chapitre !

À bientôt, bacio.

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