Chapitre 27
Ana
Je me retournai brusquement, fuyant la cave, et me précipitai vers la maison. Chacun de mes pas résonnait lourdement et chacune de mes respirations était douloureuse. L'air refusait de me procurer le réconfort dont j'avais désespérément besoin. La panique m'étouffait, mon cœur battant si fort qu'il semblait vouloir exploser hors de ma poitrine.
Mes pensées tourbillonnaient, chaotiques, incapables de trouver une stabilité dans le tumulte de mes émotions.
J'atteignis la porte d'entrée de la maison, mes mains tremblantes peinant à tourner la poignée. En franchissant le seuil, je sentis la chaleur intérieure m'envelopper et le silence m'offrît un réconfort temporaire, mais cela ne suffit pas à apaiser mon esprit tourmenté.
Je me dirigeai à l'étage, mes jambes menaçant de céder sous mon poids. Une fois dans la chambre qui me servait de prison, je verrouillai la porte, espérant que cela me protégerait, ne serait-ce qu'un peu, de ce que je venais de vivre. J'avançai jusqu'à la salle de bain et allumai la lumière. Mon reflet dans le miroir me renvoya l'image d'une femme terrifiée, les yeux écarquillés par la peur et les joues striées de larmes.
Je me déshabillai rapidement, les doigts engourdis par l'adrénaline et la peur, et m'assis dans la baignoire. Je fis couler l'eau chaude, espérant que la chaleur pourrait dissiper la froideur qui m'habitait. L'eau ruisselait sur ma peau, mais ne parvenait pas à laver les souvenir gravés dans mon esprit. J'aurai aimé pouvoir aussi oublier ce qui venait de se passer.
Mais les images tournaient en boucle dans ma tête. Jace qui me tirait à travers le jardin sans tenir compte de mes cris. La trappe cachée au fond du jardin. L'homme enchaîné dans cette cave humide. Instinctivement, je me bouchai les oreilles, tentant de fuir les échos de ses gémissement désespérés qui résonnaient encore en moi.
La réalité de ce que je venais de vivre était trop lourde à porter, écrasante. Je me recroquevillai sur moi-même, les jambes pliées contre ma poitrine, tremblante et vulnérable.
Les pensées de Jace me hantèrent. Comment avait-il pu changer à ce point ? La froideur calculatrice dans ses yeux, la brutalité de ses mots et de ses gestes, tout cela laissait entrevoir un côté de lui que je n'avais jamais vraiment connu. Ou que j'avais préféré ignorer. Comment pouvait-il être capable de telles horreurs ? Torturer un homme et le laissait agoniser des heures, des jours durant dans cet endroit abandonné et humide. Comment pouvait-il tenir une arme sans frémir ? Tuer ou menacer de tuer sans ciller ?
J'essayai de reprendre le contrôle de ma respiration. Mais même lorsque je fermais les yeux pour chasser les souvenirs de ma mémoire, les images revenaient en force, inexorables. Le moment où il avait pointé son arme sur l'homme enchaîné, les menaces qu'il avait proférées. Tout cela me ramenait à une réalité terrifiante : Jace était dangereux, imprévisible et capable du pire.
Une crise de panique commença à me gagner, mes pensées s'emballant, ma respiration devenant de plus en plus rapide et irrégulière. Dans un réflexe, je cherchai du regard mes comprimés sur le lavabo avant de me rappeler que je n'étais pas chez moi et que je n'avais pas mes médicaments avec moi. Je me sentis piégée, incapable d'échapper à l'horreur qui m'entourait. Les murs de la salle de bain semblaient se refermer sur moi, l'air devenant de plus en plus rare. Chaque respiration se bloquait au fond de ma gorge, refusant d'alimenter mes poumons en oxygène.
Je me forçai à respirer profondément, à calmer les pensées qui m'assaillaient. Je tentai de me concentrer sur l'eau chaude qui coulait sur ma peau, sur le bruit régulier que faisait l'eau en remplissant la baignoire. Mais chaque tentative de calme était balayée par la terreur omniprésente. Il aurait pu me tuer. Il voulait me tuer si je ne lui répondais pas, me répétai-je intérieurement.
Cette idée me terrifiait plus que tout. J'avais échappé à la mort une première fois. Je savais que je n'en rechaperais pas une seconde fois. Maintenant que Jace avait montré son vrai visage, je me demandais comment j'allais pouvoir survivre. Et si cela se reproduisait ? Si un jour, Jace me tuait vraiment ?
Je serrai les bras plus fort autour de mes genoux, cherchant désespérément un semblant de sécurité dans cette position. L'eau continuait de couler, se mêlant à mes larmes, créant un flot incessant de douleur et de peur.
- Ana ?
Quelqu'un appela mon prénom. Le bruit de l'eau m'empêcha d'identifier immédiatement qui se trouvait derrière la porte verrouillée de ma chambre. Et si c'était Jace ? Mes mains se remirent à trembler plus violemment à cette idée. J'essayai de me rassurer en me répétant qu'il ne pouvait pas m'atteindre. Je suis enfermée, soufflai-je. Je ne risque rien.
- Ana ? insista la voix. C'est Clayton ! Est-ce que tout va bien ?
La tension dans mes épaules se relâcha légèrement. Ce n'était pas Jace. Mais la panique ne s'éteignait pas. Elle restait là, tapie, prête à m'envahir à nouveau.
Je voulais le rassurer, mais j'étais incapable d'ouvrir la bouche. Alors, je me forçai à me lever, les jambes encore tremblantes, et enjambai difficilement les parois de la baignoire. Mes mouvements étaient précipités et maladroits, trahissant mon état.
J'attrapai une serviette et la serrai autour de mon corps pour le sécher. L'eau coulait encore dans la baignoire, le bruit me réconfortant quelque peu.
- Réponds-moi ou j'enfonce la porte pour vérifier par moi-même !
Enroulant la serviette autour de moi, je sortis de la salle de bain et avançai lentement vers la porte. Chaque pas me semblait une éternité, chaque mouvement une épreuve.
Arrivée devant la porte, je pris une profonde inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Mes doigts tremblants se posèrent sur le verrou et, avec une hésitation, je déverrouillai la porte.
Clayton se tenait là, l'inquiétude se lisant sur son visage. Il franchit le seuil sans attendre, ses yeux parcourant rapidement la pièce avant de se fixer sur moi. Il ne semblait pas gêné de me voir si légèrement habillée.
- Ana, tu es sûre que ça va ? me demanda-t-il doucement, ses mains se tendant légèrement vers moi, prêtes à me soutenir si nécessaire.
Je ne répondis pas immédiatement. Mes yeux cherchaient un point d'ancrage, quelque chose de stable dans ce tourbillon de peur. Finalement, je posai mon regard sur Clayton.
- Je... je ne sais pas... balbutiai-je.
Clayton hocha la tête, comme s'il comprenait mon débat intérieur. Il fit un pas en avant et je ne reculai pas. Au contraire, je m'avançai moi aussi, franchissant la distance qui nous séparait.
Il me prit doucement dans ses bras, et ce geste simple et réconfortant fit éclater les digues. Les larmes que j'avais retenues commencèrent à couler, silencieuses d'abord, puis accompagnées de sanglots incontrôlables. Clayton me tenait fermement, ses bras autour de moi agissant comme une ancre dans la tempête.
- C'est terminé, murmura-t-il. Jace n'était plus lui-même... il s'en veut de t'avoir fait subir ça. Une chose pareille ne se reproduira plus, c'est promis.
Ces mots, bien qu'infimes, parvinrent à percer à travers le voile de terreur qui m'étouffait. Je me raccrochai à cette promesse, me laissant bercer par la présence rassurante de Clayton. La crise de panique ne disparaissait pas complètement, mais petit à petit, la peur se transformait en une vague de tristesse et de fatigue.
Après ce qui me sembla une éternité, je m'éloignai légèrement, toujours enveloppée dans ma serviette. Cette proximité et mes cicatrices bien visibles commençaient à me mettre mal à l'aise. Clayton lui, me regardait avec tendresse, attendant que je sois prête à parler.
- J'ai besoin de...
Je n'arrivais pas à terminer ma phrase.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Mes médicaments...
Le grand blond hocha la tête et sembla réfléchir un instant.
- Si tu as ce qu'il te faut chez toi, je suppose que je peux t'y conduire.
Mon cœur bondit dans ma poitrine. Chez moi... Un sentiment de bonheur s'empara de moi à l'idée de pouvoir remettre les pieds dans l'appartement que je partageais avec ma cousine. Serait-elle là ?
- Ta cousine n'est toujours pas rentrée... elle ne sait rien de tout ça, me répondit Clayton, comme s'il lisait dans mes pensées.
La déception devait sur lire sur mon visage car il reprit :
- Si tu préfères, on peut passer à la pharmacie. Je pensais que retourner chez toi te ferait du bien... tu sais, après tout ce qui s'est passé.
- Non ! C'est très gentil Clayton, j'aimerai beaucoup passer chez moi. Ça me permettra de récupérer quelques affaires.
- Alors allons-y maintenant ! Nous avons de la route et j'aimerai que nous soyons rentrés avant le retour de Jace.
Sa dernière phrase me fit frissonner de soulagement. Jace était donc parti. Et moi aussi, j'espérais qu'il ne serait pas rentré avant notre retour pour ne pas avoir à le croiser.
- Je m'habille et on peut y aller ! informai-je Clayton.
[...]
Clayton me conduisit à la voiture et nous prîmes la route en direction de l'appartement. Le trajet se déroula dans un silence relatif, ponctué par quelques mots rassurants de Clayton. Mon esprit était ailleurs, anticipant notre arrivée et ce que je devais faire une fois sur place.
Lorsque nous atteignîmes enfin le bâtiment, une vague de soulagement me submergea. L'idée de retrouver mon espace, même brièvement, me donnait l'impression de reprendre un peu le contrôle sur ma vie.
- J'ai pris tes clés ! s'exclama Clayton en s'arrêtant devant la porte.
Je ressentis un petit pincement au cœur à cette déclaration. Il détenait mes clés, me rappelant finalement que cette vie qui était la mienne ne m'appartenait plus vraiment.
En ouvrant la porte, je ressentis une bouffée d'air frais et familier. Rien n'avait changé. Même les plantes sur la terrasse n'avaient pas l'air d'avoir tant souffert du manque d'eau. Je m'avançai à l'intérieur, séduite comme au premier jour. Tout me rappelait ma cousine et les bons moments que nous avions partagés ensemble : nos soirées films sur le canapé incroyablement confortable, nos petits déjeuners sur la terrasse... même le lave-vaisselle sous l'évier qui me rappelait notre aversion commune pour la vaisselle à la main.
- Fais ce que tu as faire, je t'attends ici.
Je hochai la tête et me dirigeai vers le couloir. J'ouvris la porte de ma chambre, savourant la lumière naturelle qui inondait la pièce grâce à la grande fenêtre. Le lit double, le dressing spacieux et surtout la petite bibliothèque remplie de mes livres préférés m'apportaient un réconfort immense.
Je commençai à rassembler mes affaires, prenant quelques vêtements et mes médicaments sur ma commode et dans la salle de bain. Je décidai également de prendre quelques livres avec moi pour faire passer le temps.
Puis, profitant d'être seule et non surveillée par Clayton, je saisis l'occasion de prévenir ma cousine. Je n'avais plus accès à mon téléphone depuis mon kidnapping et je pouvais facilement deviner que quelqu'un conversait avec ma cousine à ma place, autrement elle aurait déjà soupçonné quelque chose et serait rentrée.
Je déchirai une page d'un de mes anciens carnets et écrivis rapidement un message : « Kidnappée par le gérant du Rockstore, un certain Jace. Ne fais confiance à personne. »
Je cachai le message dans mon livre préféré que j'allais déposer sur le bureau de ma cousine. Si Clayton ou Jace décidait d'aller fouiner, ils ne penseraient pas à regarder dans un simple bouquin si quelque chose y avait été dissimulé.
En retournant dans le salon, munie de mon gros sac de voyage, je pris une profonde inspiration. Clayton, qui tapotait sur l'écran de son téléphone, leva les yeux.
- Prête à partir ?
- Oui, dis-je en essayant de paraître calme.
Il ne devait pas me soupçonner d'avoir fait quelque chose pour prévenir ma cousine.
- Laisse-moi juste arroser les plantes !
[...]
Lorsque nous sortîmes de l'appartement, je fermai soigneusement la porte derrière moi et Clayton tourna la clé dans la serrure.
De retour dans la voiture, nous reprîmes le chemin inverse en direction de la maison, alias ma prison. Le trajet se déroulait sans encombre, jusqu'à ce que le téléphone de Clayton sonne. Il regarda l'écran et fronça les sourcils avant de répondre en mettant le haut-parleur.
- Clayton ! Tu es où putain ? Ana n'est plus là... sa chambre est vide !
Une peur glaciale envahit mon estomac. Il était déjà rentré.
- Je suis avec elle, répondit Clayton d'un ton neutre.
- Quoi ?
- Je l'ai amené à l'appartement pour qu'elle récupère ses médicaments et quelques-unes de ses affaires, expliqua-t-il. On est sur le chemin du retour, ne t'inquiète pas.
Un long silence s'ensuivit durant lesquelles je n'osais pas quitter Clayton du regard. Et si Jace avait un nouvel accès de colère ?
- D'accord, dit finalement Jace d'une voix calme. Je vous attends.
Ciao ragga !
Et voilà un nouveau chapitre ! J'espère que l'histoire vous plait toujours autant. Merci pour vos commentaires sous le chapitre précédent, votre soutien m'est précieux !
Je vous souhaite une bonne soirée et une bonne semaine !
Bacio
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