Chapitre 21
Ana
Après avoir prononcé ces quelques paroles, Jace me tourna le dos pour disparaître derrière une porte qu'il referma sèchement, me laissant seule avec mes pensées meurtrières. Alors c'était donc pour cela qu'il avait « besoin de moi » ? Mon rôle se résumait à attendre sagement que lui et ses hommes fassent leur sale boulot ? Pourquoi ne m'avait-il pas laissé chez lui si je n'étais d'aucune utilité ?
À t'entendre on pourrait presque croire que tu regrettes de ne pas avoir de rôle à jouer ce soir, souligna ma conscience en haussant un sourcil. Bien sûr que non ! Je ne savais pas en quoi consistait sa mission mais une chose était certaine, je n'avais aucune envie d'y être mêlée. Risquer d'être tuée ? Très peu pour moi.
Cessant toute conversation avec mon subconscient, je faisais un tour sur moi-même pour observer les lieux. La pièce était plutôt... vide. À l'image de l'autre psychopathe.
Les murs d'un rouge vif étaient dépourvus de la moindre décoration. Seuls deux chaises et un bureau en bois massif faisaient office de mobilier. Sur ce dernier étaient éparpillées des feuilles mais ce n'est pas ce qui attira mon attention. En me rapprochant, je remarquais un cadre photo que je retournais. Il s'agissait d'une photographie ; une petite fille blonde dans les bras d'une ravissante femme aux yeux verts. Des yeux qui me rappelaient étrangement ceux de Jace. Serait-ce... ?
En regardant de plus près, je pouvais remarquer d'autres ressemblances comme la noirceur de ses cheveux ou encore le forme droite de son nez. Mais s'il s'agissait véritablement de sa mère, qui était cette petite fille qu'elle tenait aussi fermement dans ses bras ? Sa sœur ? Elle paraissait pourtant si différente, si angélique.
Mes interrogations cessèrent lorsque je perçus de l'agitation derrière la porte. Plusieurs hommes passèrent en courant et en disant des choses que je ne pouvais distinctement entendre.
Reposant le cadre photo à sa place, je m'approchai de la porte pour y coller mon oreille. Mais déjà, les voix avaient cessées et le calme était revenu. Une main sur la poignée, je tentais de l'abaisser et, à ma plus grande surprise, je constatais que Jace ne m'avait pas enfermé. Mon cœur s'affola lorsqu'il réalisa que j'avais là une occasion de m'enfuir.
C'était ma porte de sortie.
Et j'allais saisir ma chance.
Sortant seulement la tête à travers l'ouverture, je vérifiai qu'il n'y avait personne avant de m'engouffrer dans le long couloir sombre seulement éclairé par de faibles néons au sol. J'étais tentée de rebrousser chemin mais je savais que de l'autre côté de l'issue de secours, les hommes de Jace attendaient patiemment de cueillir quelqu'un. Alors, je décidai de suivre l'écho de la musique qui me mènerait au milieu de la boîte de nuit. Là, je pourrais passer inaperçue et trouver facilement la sortie principale.
Le cœur battant à tout rompre, j'accélérai le pas de peur de me faire attraper dans ma fuite. À chaque bruit suspect, je regardais par-dessus mon épaule pour être sûre que personne ne m'avait vu ou ne me suivait. Il ne fallait pas que quelqu'un me trouve. Je n'avais qu'une seule chance, et c'était celle-là.
Au fur et à mesure, la musique était plus forte dans mes oreilles. Et bientôt, une porte se dressa sur mon chemin. Les mains tremblantes, je la poussais. Mes tympans explosèrent alors et, presque simultanément, une épaisse fumée vint obscurcir ma vision et pénétra dans mon organisme, me faisant violemment tousser.
Retrouvant rapidement l'usage de mes yeux et de mes poumons, une vague de soulagement s'empara de moi en réalisant que j'avais réussi. C'était la salle principale, là où une foule de personnes se mouvait au rythme de la musique. J'étais libre.
Presque, la petite voix dans ma tête me ramena à la raison. Je n'étais pas encore sortie d'affaire. Il fallait que je sorte définitivement d'ici avant que Jace ou l'un de ses hommes ne remarquent mon absence. Ou ma présence, là où elle ne devrait pas être, pensai-je en me rappelant qu'ils étaient actuellement en train de visionner les caméras de vidéosurveillances.
Tous les gens autour de moi étaient trop éméchés pour remarquer mon apparition soudaine. J'en profitais pour m'éloigner de la porte qui se referma dans mon dos. Je ne devais pas perdre de vue mon objectif. Plus le temps s'écoulait et plus je risquais de me faire prendre.
Où se trouvait la sortie ? Sur la pointe des pieds, j'essayais de m'élever au-dessus des têtes pour tenter d'apercevoir l'issue qui me rendrait ma liberté. Et enfin, je la vis. Elle était tout près. Il me suffisait de traverser cette foule de gens, de longer le bar et je serai libre ! Oui, d'une simplicité pour une agoraphobe comme toi ! Avais-je vraiment le choix ?
Je voulus jeter un dernier coup d'œil à la direction que je devais suivre mais quelqu'un vint écraser durement mon pied, me faisant perdre l'équilibre.
- Aïe !
Mais le coupable avait déjà pris la fuite.
Reprenant mes esprits, je me décidai enfin à affronter cette foule déchaînée.
Ne t'arrête pas ! Ne t'arrête pas ! me répétais-je pour me donner le courage d'avancer.
Ignorant les frustrations sur mon passage, je jouais des coudes pour me frayer un chemin à travers cet amassement. Mon cœur battait dangereusement, faisant pulser le sang à toute vitesse dans mes veines. Pour l'aider à se réguler, je tentai de prendre plusieurs grandes inspirations. Mais c'était peine perdue. Mon anxiété prit subitement le dessus et l'air se raréfia autour de moi. J'allais étouffer si je ne m'éloignais pas très vite de tout ce monde.
Sur le passage, une fille me tira en arrière par les cheveux pour que je m'excuse de l'avoir bousculé. Je pris la fuite, ignorant les injures qu'elle criait à mon égard.
Enfin, le foule se dispersa et je sentis la boule au fond de ma gorge disparaître. Je venais d'atteindre le bar, à mon plus grand soulagement. On a réussi ! s'exclama la petite voix dans ma tête.
Les mains appuyées sur le plan de travail, je reprenais doucement mes esprits. Mon cœur fonctionnait à nouveau normalement et je pouvais enfin reprendre ma course contre la montre pour sauver ma peau. Levant la tête, je cherchai la porte repérée quelques minutes plus tôt. En la voyant, une montée d'adrénaline s'empara de moi. Elle était juste là, à une dizaine de mètres.
- Est-ce qu'on se connait ?
Je relevai la tête pour dévisager l'inconnu qui venait de s'interposer entre moi, et la liberté. Âgé d'une trentaine d'années, il me dévisageait de ses prunelles sombres, un sourire en coin dissimulé sous une barbe parfaitement taillée. Dans le coin de son œil gauche, je remarquai une cicatrice. Bien que rien ne laisse penser qu'il était malintentionné, une alarme silencieuse s'enclencha dans un coin de ma tête. Quelque chose clochait chez cet homme, et mon sixième sens m'envoyait des signaux clairs.
- Non, répondis-je poliment avant de prendre congé.
Je le contournai sans plus attendre et me dirigeai vers la sortie. Chaque pas que je parcourais me procurait un sentiment indescriptible. J'allais enfin pouvoir retrouver ma vie, auprès de ma cousine Maddie.
- Vous n'êtes pas vraiment dans le thème de la soirée, m'interpella une nouvelle fois l'inconnu.
Sa voix, toujours aussi audible, m'interpella. Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule pour confirmer mes craintes. L'homme à la cicatrice était en train de me suivre.
- C'est parce que je ne reste pas, dis-je d'un ton sec en espérant le convaincre de me laisser tranquille.
C'était peine perdue... Je sentais sa présence dans mon dos, toujours plus proche à mesure que je me rapprochais de la sortie. Travaillait-il pour Jace ? Avait-il compris que j'essayais de m'enfuir ? Était-ce sa manière à lui de me retenir ?
- Oh, allez ! s'exclama-t-il. Juste un verre. Je vous l'offre !
Un frisson me parcourut l'échine en sentant son souffle chaud s'écraser dans ma nuque. Pourquoi me suivait-il ? Que me voulait-il ?
Face à la crainte de ce qu'il pourrait m'arriver, je lançai des regards inquiets autour de moi pour appeler silencieusement à l'aide. Mais personne ne les remarqua alors que je continuai d'avancer dans l'espoir qu'il lâche l'affaire face à mon ignorance.
Il ne me restait que deux mètres à parcourir.
Deux mètres et je serai libre.
- Je suis désolée, souffla soudain la voix près de mon oreille me glaçant le sang. Mais tu es la candidate parfaite. Tu vas nous faire rapporter gros.
Ciao ragga' !
Enfin ! Enfin, un nouveau chapitre. Mes excuses pour le temps que ça m'a pris pour le poster !
J'espère que l'attente n'a pas été trop longue. Si c'est le cas, j'espère que ce chapitre saura me faire pardonner.
Je reviens vite avec la suite...
En attendant, n'hésitez pas à laisser des commentaires sur la tournure des événements.
Bacio
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